Forum PAGES 14-18

Bonjour,
un Ami du Forum, spécialiste du 60ème RI, aurait-il des informations sur les 4 compagnies du 60è RI ( soit 1 bataillon ) qui se trouvèrent à Rethel les 29 et 30 août 1914 ? Eurent-elles des pertes ? Une erreur d'orientation dirigea ces compagnies vers Rethel alors que le 60è RI livrait de durs combats au Sud de Péronne ?

Dans sa publication " Deux ans de commandement sur le front de France, 1914-1916, 9è CA " le Général A. Dubois écrit: " Un bataillon de tirailleurs ( bataillon de Ligny ), dernier élément de la Division du Maroc qui venait de débarquer, était dès le 29 au soir, dirigé sur Rethel et mis à sa disposition (de la 9è DC) qui devait d'autre-part trouver dans cette ville 2 compagnies du 60è RI appartenant au 7è CA et qu'elle utilisa ( pour défendre les passages de l'Aisne ) et qui furent renforcées dés le soir par deux autres compagnies du même régiment " .


Merci, cordialement BB

Bonjour Bernard

Il semble s'agir d'une coquille du général Dubois qui aurait confondu 60e RI et 68e RI (de la 17e DI), dont la présence d'éléments dans la zone n'aurait rien de choquant.
Ceci a été relevé dans un document paru dans la revue d'infanterie : "la manœuvre de Signy-l'Abbaye - Rethel ; les 28, 29 et 30 août au 9e corps" (le fascicule comportant ce récit ne semble malheureusement pas être en ligne).
Dans le JMO du 7e régiment de marche de tirailleurs, il existe aussi la description de ce combat de Rethel livré par le bataillon de Ligny : http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... b6edeb38e0
Sur cette page, on semble lire 65e RI, ce qui est tout aussi erroné.

Cordialement
Eric

Bonsoir Eric,
je profite de ce 18 mai pour vous souhaiter une bonne fête .
60, 65, 68 ...... oui pas facile de s'y retrouver .
Je n'avais pas trouvé de tués du 60 RI .... d'où ma question .
Je vous remercie de votre réponse .
Cordialement BB

Bonsoir Bernard, bonsoir Eric,

Cela fait un moment que cela me trotte dans la tête, mais je crois qu'il est nécessaire de revenir sur l'affaire du 60e RI pour faire le tri entre les erreurs, la confusion et la pagaille. Je crois que les transferts de corps d'armée et d'unités décidé par le Q.G., notamment à la date du 25 août 14, ont conduit parfois à des conséquences dont l'ampleur n"était pas mesurée à l'époque mais qu'on peut aujourd'hui mieux appréhender . Pour moi, le "60e RI à Rethel" n'est ni une erreur typographique, ni un défaut de "mémoire historique", de même que la présence à Rethel à cette période d’éléments du 32e ou du 114e RI.

La confusion, ou la "pagaille" telle que celle qui régnait dans les rues de Juniville le 31 août, à mon avis, c’était autre chose.... c'était la simple conséquence de la retraite, en pleine nuit, d'unités harassées qui avait perdues le contact avec leurs chefs. A l’appui de ce que je viens d'écrire, voici quelques unes de mes réflexions:

1. Dans son livre « Deux ans de Commandement sur le Front de France 1914-1916 », le Général DUBOIS, ancien commandant du 9e Corps d’armée écrit :

« … A la gauche, la 9e division de cavalerie, entrant bien dans l’esprit de sa mission, était partie dès le matin. Elle s’était jetée au sud de Château-Porcien et de Corny, avait saisi les passages du Plumion et du ruisseau d’Urfosse et occupé le front Ecly-Ernicourt-Bertoncourt. Ayant ainsi repris de l’avance sur l’ennemi, elle commandait toutes les approches de Rethel, assurant finalement la mission que lui avait donné l’ordre du 9e corps le 28 août, à 10 heures.
Un bataillon de tirailleurs (bataillon de Ligny), dernier élément de la Division du Maroc qui venait de débarquer, était, dès le 29 au soir, dirigé sur Rethel et mis à sa disposition. Elle devait, d’autre part, trouver dans cette ville deux compagnies du 60e d’infanterie, appartenant au 7e corps (1), qu’elle utilisa, et qui furent renforcées, dès le soir, par deux autres compagnies du même régiment… » (Tome 1 – Page 115).

Le renvoi (1) en bas de page apporte une précision qu’on ne doit pas négliger :

« (1) Nous ignorons comment ce bataillon du 60e s’est trouvé dans la région de Rethel. C’était vraisemblablement un détachement de renforts, que les circonstances avaient obligé à débarquer à Rethel. »

Pour la journée du 30 août, en page 122, il précise par ailleurs que le commandant de la 9e division (de cavalerie) « ne croyant pas possible de tenir de nuit la rive nord de l’Aisne avec sa seule division et d’y assurer sa subsistance, était allé passer la nuit dans la zone Thugny-Biermes-Château Porcien-Avançon-Saint Loup. Il avait préalablement détruit le pont de chemin de fer de Rethel, faisant tenir les autres ponts par les compagnies du 60e signalées précédemment. »

Enfin, on notera – en pages 136 et 137 – l’état de confusion extrême qui a régné dans la nuit du 30 au 31 août dans les rues de Juniville. Aux blessés « vinrent bientôt se joindre des isolés qui avaient perdu leurs corps dans l’obscurité et qui appartenaient, quelques-uns à des régiments du corps d’armée, les autres, pour la presque totalité, à la 52e division ou même à d’autres corps d’armée. »

2. Dans son manuscrit sur l’invasion des Ardennes en août 1914 (Côte 1 J 7 aux A.D. de Charleville-Mézières, Emile Marlier fait également, en page 680, allusion à la présence du 60e RI à Rethel le 29 août : « … le 60e R.I. continuait à garder les ponts de Rethel. » (Information peut être extraite directement du livre du Général Dubois ?).

En page 682, le même Emile Marlier précise que le 30 août, « … vers 9 heures, on entend tonner le canon à l’ouest, du côté de Château-Porcien ; c’est la 9e Division de cavalerie, qui aurait du se trouver pour 8 heures au nord de Rethel ; ses cyclistes devaient, à l’aube, garder le pont d’Ecly, et les compagnies du 60e R.I. s’avancer des ponts de Rethel pour la couvrir dans son rassemblement au nord de la ville. »

3. Le J.M.O. du 60e RI (Côte SHD 26 N 652/1 – Vue 33/46) précise que l’Etat-major du régiment, sa CHR et ses 3 bataillons ont embarqué en gare de Belfort le 26 août. Ils ont débarqués en gare de Guillancourt, sur la ligne d’Amiens à Chaulnes et Péronne le 27 août.

4. Dans son ouvrage « Les Chemins de fer de l’est et la Guerre de 1914-1918 », A. Marchand écrit en page 296-297 : « … La décision du 25 août prévoit que le groupement à constituer dans la région d’Amiens comprendra le 7e corps et 4 divisions de réserve et peut-être un autre corps actif ; en fait les évènements ne permettront pas d’accéder à la région d’Amiens… ».

5. Dans le JMO du 7e Régiment de marche (Côte SHD 26 N 850/5) , à la date du 29 août, on note que le bataillon Deligny « part de Givry à 17h45 et arrive à Rethel à 21h45. La ville est complètement évacuée et on n’y trouve qu’environ 80 réservistes venant du dépôt du 114e et tenant sous les ordres d’un sous-lieutenant de réserve le pont sur l’Aisne (le génie avait à la fin de la journée fait sauter le pont de chemin de fer)… ».

En outre, à la date du 30 août, il y est mentionné l’arrivée, vers 2h00 du matin de 600 réservistes du 65e RI, commandés par 2 sous-lieutenants de réserve et 2 sergents de réserve. Une centaine de réservistes est alors envoyée au cimetière pour appuyer le retrait éventuel de la 13e Compagnie et tout le reste des réservistes est placé sous le commandement du capitaine adjoint major Bern pour la défense immédiate des ponts.

Que des éléments du 65e RI, appartenant au 11e C.A. du D.A. Foch aient été présents à Rethel le 29 août n’est pas en soi quelque chose de surprenant. Par contre, on peut s’interroger sur les raisons de la présence d’éléments des 60e et 114e RI.

• Pour ce qui est du 60e R.I., on peut effectivement considérer que des renforts du 60e RI ont transité par Rethel fin août 14. Lest rois bataillons du 60e étant engagés à ce moment dans le secteur Péronne/Harbonières où ils ont eu de lourdes pertes. Il ne peut s’agir – à Rethel- que de renforts arrivés fortuitement en raison de l’impossibilité d’accès par voie ferrée au secteur d’Amiens. Il ne faut pas oublier que les transports, programmés 3 à 4 jours à l’avance, pouvaient être perturbés du fait des opérations militaires. L’honnêteté qui transparait dans les propos du Général Dubois, notamment dans le renvoi de bas de page, où il insiste sur le fait que ces éléments appartenant au 7e Corps d’armée sont arrivés dans des conditions qu’il ne s’explique pas, me semble aller dans ce sens.
• En ce qui concerne le 114e R.I., ce régiment qui devait à l’origine faire mouvement avec le 9e C.A. sur le nord des Ardennes a été maintenu in extrémis dans le secteur de Nancy pour des raisons opérationnelles. Vraisemblablement le transport de ses renforts avait déjà été programmé vers les Ardennes et c’est pourquoi une quarantaine de soldats du 114e R.I. sont MPLF dans le secteur de Rethel….
Je pense que c’est la même logique qui permet d’expliquer qu’un certain nombre de poilus du 32e RI sont également MPLF dans les Ardennes fin août 14.

Bonne soirée. Cordialement

Jean-Pierre

Bonsoir Jean-Pierre,
je te remercie de ces intéressantes informations . A ce jour, je n'ai trouvé aucun tué ou disparu du 60 RI dans les Ardennes alors que j'en ai pour le 32 RI et le 114 RI . Peut-être en trouveras tu dans les JORF ?
J'ai découvert fortuitement que le 151 RI livra, avec quelques pertes, deux jours de combats à St Remy le Petit ( un petit clin d’œil vers ton ancienne résidence ) les 31/08 et 01/09 pour soutenir les troupes en retraite à franchir La Retourne . Dans les JORF auras tu aussi quelques noms du 151 RI ?
Bonne soirée, amitiés BB

Bonjour Bernard,

Je ne crois pas que l'on trouvera de MPLF du 60e RI en août 14 dans les Ardennes.

En effet, ce n'est bien sûr qu'une hypothèse, mais à mon avis, il est probable que les renforts du 60e soient repartis vers la région de Compiègne, avant le début des opérations militaires dans le secteur de Rethel, pour y rejoindre le "gros" de leur régiment. Appartenant au 7éme C.A., à la 14éme D.I. (Belfort) et à la 27ème Brigade (Lons le Saulnier), ils ne relevaient pas de l'autorité du 9éme C.A. qui se devait quand même de leur assurer des conditions de cantonnement et de subsistance à titre transitoire pendant leur passage dans le secteur.
Par contre, lorsque les renforts du 114e R.I. sont arrivés dans le secteur de Rethel alors que le régiment avait été maintenu in extrèmis en Lorraine, l'Etat-major du Général DUBOIS n'a vraisemblablement eu aucun scrupule à les utiliser puisqu'ils étaient organiquement rattachés au 9e C.A.
Pour le 32e RI, pas de surprise: il est arrivé de Verdun à La Neuvilette juste avant d'être engagé brièvement dans le secteur l'Ecaille- Saint Rémy le Petit avant de faire retraite vers les Marais de Saint Gond.
J'ai quelques noms de MPLF pour les 32e et 114e RI. Je les envoie en mail perso.

Cordialement

Jean-Pierre