Bonjour,
Intéressant, cet alsacien servait sur le L19 (LZ54) comme Obermaschinistenmaat autrement dit mécanicien ce qui sous entend un certain niveau d’éducation, il devait être affecté sur l’un des quatre moteurs de ce dirigeable.
Ce zeppelin entre en service le 22 novembre 1915 est basé à Dresde jusqu’au 16 janvier 1916 date à laquelle il rejoint Tondern
Ce zeppelin est parti à midi le 31 janvier de Tondern (ville retournée au Danemark après la guerre) pour aller bombarder le Royaume uni avec 9 autres dirigeables. Son équipage théorique était de 18 hommes mais pour gagner du poids généralement 3 hommes restaient en base arriere ce qui fut le cas pour ce raid.
le raid comprenait les zeppelins: L11, L13, L14, L16, L17, L20 et L21
Le dirigeable etait commande par le Kapitänleutnant Loewe (19 janvier 1884 Stettin, 2 février 1916 Mer du Nord), le raid étant lui sous le commandement du Fregattenkapitän Strasser embarqué à bord du L11 (commandant kapitänleutnant Max Dietrich) ce raid visait Liverpool. (Peter Strasser était le chef de la flotte de dirigeables de la marine impériale depuis 1913, né à Hanovre le 1 avril 1876, il est mort avec les 22 hommes d’équipage du L70 abattu par les britanniques le 5 aout 1918 au large du Norfolk lors du dernier raid allemand)
les zeppelins ont atteint la cote entre 17:50 et 19:20 en ordre dispersé (du fait des mauvaises conditions météo) A 22:45 le L19 bombarde Burton (Trent) puis largue le reste de ses bombes dans les environs de Birmingham (durant ce raid 61 personnes ont été tuées et 101 blessées, mais aucune du fait du L19, à noter que le commandant du L21 pensait lui avoir bombardé Liverpool alors qu’il en était à 140 km au nord)
Le L19 semble avoir des problèmes de compas et de moteur car il reste près de 10 heures sur l’Angleterre
Le retour se passe mal, le L19 se perd, tourne en rond a des ennuis continuels avec ses moteurs par la suite 3 moteurs sur 4 tomberont définitivement en panne, (5 des 9 zeppelins du raid ont eu des problèmes de moteur il s'agissait de nouveaux moteurs Maybach HS lu de 140 chevaux 6 cylindres en ligne plus légers et plus puissants mais pas tout à fait au point)
Perdu le L19 lance de nombreux appels pour obtenir par triangulation sa position, son dernier signal provient d'un point situé à 40 km de l'Ile néerlandaise d'Ameland à 16/20 le 1er février il fait état de la perte de 3 moteurs et de disfonctionnement de son equipement radio. La Station de Nordholtz le capte
« FT-Anlage war unklar, zeitweise 3 Motoren unklar, Standort etwa Borkum, Wind ungünstig. L19 »
le problème est que si le L19 estime sa position aux environs de l’île allemande de Borkum mais grâce à la triangulation sa position est estimée à 22 nautiques de l’île d’Ameland cette position est notifiée à Loewe et les torpilleurs qui étaient sortis en mer pour aller à sa rencontre sont décommandés puis à minuit le dirigeable n'étant pas rentré sont de nouveau envoyés à sa recherche. Le 2 février un torpilleur retrouvera un des reservoirs de carburant à 12 nautiques au nord de Borkum.
Perdant de l'altitude il se dirige vers l'Ile d’Ameland où une unité hollandaise ouvre le feu sur lui, poussé par le vent il amerrit en Mer du Nord, Loewe jette un message à la mer dans une bouteille avec 4 lettres à sa famille (bouteille qui sera retrouvée mi février par le yacht Stella) la relation de cet évènement peut se voir sur le site :
http://query.nytimes.com/mem/archive-fr ... 5B868DF1D3
L'épave est trouvée par un navire de pêche britannique (le King Stephen) alors que l'équipage est sur les allemands,) à noter qu’il pêchait en zone interdite pour les anglais et aurait du se justifier et aurait perdu sa licence si ces faits avaient été découverts. Il abandonne l'équipage à son sort et retourne vers la Grande Bretagne il signale l'épave à la Royal Navy mais donne (sans doute volontairement pour ne pas avoir à reconnaitre son non respect des consignes) une mauvaise position, ce qui fait que la marine britannique cherchera l’épave ailleurs…. D’ailleurs les allemands captent grâce à une de leur stations de radio à Lille un message le 3 février relatant la découverte de l’épave par le King Stephen à 110 nautiques à l’est de Flameborough ce qui est très éloigné de la zone réelle où eu lieu la rencontre
Loewe lance un autre bouteille à la mer celle ci sera retrouvée par des pêcheurs suédois prés de Marstrand son message dit:
“Mit fünfzehn Mann auf der Plattform und dem First des in etwa 3°Ost schwimmenden Körpers des L19 versuche ich eine letzte Berichterstattung. Dreifache Motorhavarie, leichter Gegenwind auf der Rückfahrt verspäteten die Rückkehr und brachten mich in Nebel, dieser nach Holland, wo ich erhebliches Gewehrfeuer erhielt, es wurde schwer, gleichzeitig drei Motorpannen. Am 2. Februar 1916 nachmittags, etwa ein Uhr - ist wohl die letzte Stunde. Loewe »
« Avec 15 hommes sur la plateforme et la crête (du zeppelin) approximativement à 3° est, de l’épave flottante du L19 j’envoie un dernier compte rendu. Trois avaries de moteur, un léger vent contraire lors de notrvoyage de retour nous ont retardé et m’ont emmené dans la brume au dessus de la Hollande où nous avons essuyé de violent coups de feu, c’était difficile, simultanément trois moteurs tombent en panne. Le 2 février après midi aux environs de 1 heure. C’est probablement notre dernière heure. Loewe »
On peut trouver une relation de ce message dans le Flight du 17 aout 1916 sur le site :
http://www.flightglobal.com/pdfarchive/ ... 00709.html
Y étaient jointes 15 lettres de son équipage à leurs familles dont une citant nommément le navire britannique
Le steurmannsmaat Hans Dreyer écrit :
« Mon Ada et sa mère! Il est à 11 heures du matin, la 2.2. Nous vivons tous encore, mais rien à manger. Ce matin, un chalutier est apparu, un Anglais, cela ne nous a pas sauvé. Son nom était « King Stephen » de Grimsby. Le courage tombe, la tempête augmente. Du ciel toujours pensant à vous Hans
Pour 1/2 00 heures, nous avons collectivement prié et pris congé les uns des autres
Votre Hans »
Le Leutnant zur See Erwin Braunhofan écrit à son père :
« 2.II.16 Mer du Nord.
2 jours et 2 nuits à nage, aucune aide! Salutations vous. Un vapeur anglais ne nous a pas sauveé.
Erwin »
L’Obermaschinistenmaat Otto K r u s e ecrit à ses parents:
«Nous luttons depuis deux jours en Mer du Nord. C’est bientôt fini. Encore une fois merci beaucoup pour votre amour. Aimantes salutations
Votre Otto »
Le corps d'un des marins fut retrouvé poussé par la marée à terre 4 mois plus tard au Danemark il s’agit vraisemblablement de notre marin
Pour les allemands l'abandon des marins sur leur épave par le capitaine Martin fut considéré comme un crime de guerre, et même au Royaume Uni ce comportement a été critiqué par certains.
Le petit journal supplement illustre du 27 fevrier 1916 relate l’incident
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7171981/f1.image
La revue Flight du 10 février 1916 reproduit une gravure de cet évènement avec une justification de l’attitude des marins britanniques
http://www.flightglobal.com/pdfarchive/ ... 00111.html
Les Néerlandais justifieront leur attitude en Mai 1916 car les allemands les accusent d’avoir tiré sur un aéronef en perdition au lieu de le laisser se poser copie du cable adressé au NY time en mai 1916
http://www.flightglobal.com/pdfarchive/ ... 00111.html
Sur le site :
http://query.nytimes.com/mem/archive-fr ... 946796D6CF
vous avez le fac similé du cable envoyé au New York Time le 5 février 1916 relatant le récit du capitaine Martin
Le capitaine Martin sera débarqué son navire passera sous le contrôle de la Royal navy, lil meurt le 24 février 1917, et a priori aurait reçu des lettres de menace pour son comportement
http://www.flightglobal.com/pdfarchive/ ... 00206.html
lien sur le journal Flight relatant cet évènement
A noter qu’en avril 1916 le King Stephen sera coulé son équipage capturé, pendant un temps avant de se rendre compte que l’équipage a changé les allemands envisagent un procès pour crime de guerre sur le site de gallica le cable relatant cette capture
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7171981/f1.image
La disparition de ce zeppelin fut donc un évènement du fait des circonstance tragiques dans lesquelles elle est survenue
Un poême sera écrit sur cette tragédie :
“Durch Gischt und Schaum auf den Wellen hin
Da treibt im Nordmeer ein Zeppelin.
Zur Spähe flog er mit keckem Mut,
Es riß ihn nieder in Sturm und Wut.
Schon sank die Gondel, die Hülle kaum
Beut der Besatzung noch Halt und Raum.
Die Hülle, sie saugt sich voll und schwer,
Sie schreien hinaus ins wilde Meer:
Zu Hilfe, zu Hilfe in letzter Not!!
Da naht "King Stephen" und schickt ein Boot.
Ein englisches Schiff "Kind Stephen" ist,
Das englischer Ehre wohl nicht vergißt.
Es schickt ein Boot zu dem Luftwrack aus.
Sie jauchzen dort auf im Sturmgebraus.
Gerettet! Endlich in letzter Not!!
Vom wackern Feinde. - Da - wendet das Boot. - !
"Seid Eurer zu viel!" so klingst`s voll Hohn.
Und Schiff und Boot, sie fahren davon. - -
Die Hülle, sie saugt sich voll und schwer
Und langsam sinkt sie hinab ins Meer.
Und über die opfersatte Flut
Gellt noch ein heiserer Schrei der Wut.
Was ihr gelitten, ihr Brüder mein,
Getäuscht, verspottet in Todespein,
Das hat ein Höh´rer sich wohl gebucht,
"King Stephen" aber, du bis verflucht! »
W. v. Ostini au front
Karl Goetz (1897-1950) graveur de médailles connu gravera une médaille commémorative de cet évènement dont le coté porte gravé une phrase maudissant les britanniques laissant périr les naufragés et sur le coté face est reproduit un zeppelin s’enfonçant en mer avec des survivant appelant à la rescousse un navire s’éloignant
Cordialement
Pierre