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Re: Noublions pas le capitaine Terrasse...

Publié : dim. oct. 06, 2013 7:40 pm
par air339
Bonjour,

Dans son livre "Avant l'oubli", le capitaine Terrasse, du 355e RI, donne une description de ce que fut la journée du 23 août (et les suivantes) devant la chaussée Brunehaut, au nord ouest de Soissons.

Voici quelques photos prisent le 20 août dernier sur les lieux, livre en main...

Carte générale (base Geoportail), les numéros et flèches correspondent aux photos et leur angle de vue.
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Photo 1 : vue de la chaussée, qui s'élève en hauteur vers le sud. A noter le groupe d'arbres qui nous servira de repère.
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" Elle courait, absolument rectiligne, du sud au nord. C’était donc une sorte de rempart, derrière lequel les Boches nous attendaient, une sorte de muraille de Chine, défendue non pas par des dragons hurlants, mais par des nids de mitrailleuses et de fusils mitrailleurs savamment dissimulés"

Photo 2 : Du groupe d'arbres, le départ du chemin vers la ferme Valpriez, et où s'installe le PC du régiment.
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Photo 3 : Au point 71 29, à l'angle du chemin et de la route, exactement là où se tenait le PC du capitaine Terrasse. On reconnait le groupe d'arbres qui nous signale la chaussée.

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"Le 23, à 1 heure du matin, la relève du bataillon du 172 était terminée. Le 5e bataillon était déployé sur une ligne nord-sud, face à la chaussée, à environ 8 à 900 mètres de celle-ci et un peu à cheval sur la route du carrefour 71-29, à la cote 158 : 17e compagnie à gauche, 19e compagnie à droite, 18e et 5e CM en soutien, à proximité du PC du bataillon, que j’avais installé vers le carrefour 71-29. Là, la route qui mène à la ferme Valpriez forme un petit talus d’environ 1 mètre de hauteur ; au pied du talus, il y avait un élément de tranchée d’environ 4 mètres de longueur, quelques bouts de boyaux épars aux alentours et… des trous d’obus"

Photo 5 : La chaussée au point le plus haut (environ 3 m), infranchissable. Là vont périr de nombreux soldats le 23 août.

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"Nous arrivons enfin au talus de la chaussée, qui fait 3 à 4 mètres de hauteur. J’y arrive à genoux, je suis vanné. Je lève les yeux pour voir mon commandant de compagnie, le lieutenant Pailloux, qui lève les bras en l’air et, debout, son long corps s’abat au pied du talus. Au-dessus de moi, la fusillade éclate, très nourrie ; et, comme à un jeu de massacre, je vois des poilus qui tombent… Je vois tomber à côté de moi Le Neindre et Kermarel, deux Bretons… Mon cabot Philibert est à côté de moi, à genoux, tout à coup la colère le prend. « N… de D…, il faut tout de même que je vois ce qu’il y a devant nous. » Il monte doucement, mais sa tête n’a pas dépassé le haut du talus que l’on entend un coup de fusil. Philibert porte la main à sa tête et tombe en arrière… ».


Photo 4 :
Photo prise de la cote 162,8 - alors puissant nid de mitrailleuse qui massacre autant le 29e BCP qui lui fait face, que les hommes du 355e RI en contre-bas (l'arbre en boule est le premier du groupe d'arbres qui nous sert de repère)
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« Le 27 au petit jour, avec l’aide du mouvement débordant qu’exécute le 6e bataillon au nord de la chaussée, le bataillon se porte à l’attaque de celle-ci sous la protection des rafales de grenades Viven-Bessières. De petites colonnes progressent par tous les cheminements possibles et prennent comme objectif les nids de mitrailleuses ou de mitraillettes reconnus. Arrivé à proximité de la chaussée, elles y bondissent et à la grenade en chassent l’ennemi, déconcerté par la soudaineté de l’attaque, et occupent ainsi le talus ouest de la chaussée et s’y organisent. "


A 21h, le 27 août 1918, le 126 RI US relève les restes du bataillon du capitaine Terrasse. La chaussée Brunehaut devient alors la ligne de départ de l'attaque du 29 août 1918.

In memoriam

Régis