Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

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pierret
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par pierret »

Bonjour

Source : http://www.lepoint.fr/societe/les-fusil ... 503_23.php

De Louis Abbadie, fusillé le 24 décembre 1914 pour "abandon de poste en présence de l'ennemi", à Ben Omar Yahiaoui, passé par les armes pour le même motif le 17 septembre 1914 : un ouvrage inédit présente la biographie de 740 soldats fusillés durant la Grande Guerre.

A la veille de la commémoration du centenaire du début de la guerre, Frédéric Mathieu livre dans "14-18, les fusillés" (éditions Sébirot, 905 pages, 29 euros) les résultats d'une enquête minutieuse sur les traces de ces combattants fusillés par l'armée française. 680 furent passés par les armes à l'issue d'un jugement en conseil de guerre, 60 furent exécutés sans jugement.

Ce livre confirme les travaux entamés dès 1995 par André Bach sur les fusillés après jugement d'un conseil de guerre. Un sujet ressorti de l'oubli dans les années 90 et qui divise encore les Français sur la nécessité ou non d'une réhabilitation individuelle ou collective de ces 740 fusillés. Le nom de 220 d'entre eux est gravé sur un monument aux morts de France.

Passionné par la Première Guerre mondiale, Frédéric Mathieu, un normalien de 42 ans, est l'auteur du site "Ders des ders" consacré aux tout derniers survivants de tous les pays de la Grande Guerre. Pour "14-18, les fusillés", il s'est plongé, a-t-il expliqué à l'AFP, dans les dossiers des conseils de guerre conservés au Service historique de la Défense à Vincennes, en les recoupant avec d'autres sources : fiches de décès des militaires "Morts pour la France"; fiches des sépultures de guerre; registres matricules des 8,5 millions de combattants français; lettres et journaux de guerre de soldats.

Un travail de bénédictin qui a abouti à une première, la publication de 740 biographies toutes présentées avec la même grille d'analyse. 108 photographies de sépultures de fusillés, 33 portraits photographiques de suppliciés, quelques rares images d'exécution, des rapports médicaux (mutilations volontaires) ou des notes autographes du commandement complètent les biographies.

130 biographies comportent les témoignages, pour la plupart inédits, de fusillés lors de leur passage au "falot", le tribunal militaire en argot des tranchées, et 84 contiennent les témoignages de Poilus qui ont assisté aux exécutions ou aux faits reprochés aux fusillés.

Dans la seconde partie de son ouvrage, Frédéric Mathieu exploite les informations contenues dans les biographies de 668 soldats fusillés après leur condamnation à mort en conseil de guerre.
Première conclusion : les trois pics d'exécutions constatés durant les 52 mois de conflit correspondent aux trois crises graves auxquelles l'armée française a dû faire face : guerre de mouvement de l'automne 14, bataille de Verdun au début de l'année 1916 et mutineries du printemps 1917 lors de l'offensive Nivelle. Le pic le plus haut se situe de septembre 1914 à octobre 1915 avec 421 exécutions, soit 63% du total de la guerre.

De même, la comparaison des deux courbes, celle des pertes de l'armée française et celle des exécutions, montre qu'elles adoptent le même profil en atteignant leur maximum lors des batailles les plus meurtrières (guerre de mouvement, Verdun, offensive Nivelle).

Les 668 données biographiques permettent également de dresser un portait-robot du soldat fusillé : un militaire du rang (soldat ou caporal) de 23 ans, cultivateur ou artisan, originaire de la Seine, du Nord, du Pas-de-Calais, du Rhône ou encore de la Seine-Maritime, soit les départements les plus peuplés avant le début de la guerre, et condamné à mort pour abandon de poste ou refus d'obéissance devant l'ennemi.
A peine 6% (43) des soldats fusillés ont été officiellement réhabilités entre 1917 et 1934 par la Cour de cassation, la Cour d'appel ou la Cour spéciale de justice militaire.


Cordialement
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Jean RIOTTE
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour,
Merci de cette première approche de ce livre que j'ai commandé hier à la FNAC de Bayonne.
Cordialement,
Jean RIOTTE
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RADET Frederic
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par RADET Frederic »

Bonjour,

il en est dèjà question ici:
pages1418/annonces-pages-bibliophile/fu ... 5335_1.htm

cdl,
Frédéric
Courage on les aura !
http://www.ouvragedelafalouse.fr/
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christophe lagrange
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par christophe lagrange »

Bonjour,

Merci pour cette présentation.

Je relève ces infos sur le nombre :
740 fusillés
Les 668 données biographiques [...]
Mais combien étaient-ils ?

D'autres recherches à prévoir : celles relatives aux exécutions sommaires, et là les sources sont rares, très rares.

Amicalement,
Christophe
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Charraud Jerome
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir
Bonjour,
Merci pour cette présentation.
Je relève ces infos sur le nombre :
740 fusillés
Les 668 données biographiques [...]
Mais combien étaient-ils ?
D'autres recherches à prévoir : celles relatives aux exécutions sommaires, et là les sources sont rares, très rares.
Amicalement,
Christophe
Effectivement, intéressante différence entre les 2 chiffres.
Si quelqu'un a l'ouvrage, il serait intéressant de voir à quoi correspond ce décalage.

En attendant une livraison par la Poste, première impression à partir des vues de l'ouvrage trouvées sur le net: La présentation me laisse sur ma faim. Cela fait un peu "bricolo". J'attends donc de voir le contenu.

Amicalement
Jérôme
Les 68, 90, 268 et 290e RI dans la GG
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LABARBE Bernard
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par LABARBE Bernard »

Bonsoir,

Cela fait un peu "bricolo". J'attends donc de voir le contenu.
Jérôme tu ne sera pas déçu..
Je viens de le recevoir, un truc énorme. Il s'agit bien des biographies et fiches de 740 militaires fusillés de l’armée française. (Dont des abattus sans jugement)
639 de France métro
26 autres pays européens (des légionnaires sans doute)
72 d’Afrique
1 d’Asie
2 français d’outre mer (St-Pierre-et-Miquelon + Nouvelle Calédonie)
Il précise que nombre de civils ou soldats armées étrangères qui ont été fusillés mais sont exclus de l’étude.
Ordre alpha, Noms prénoms régiments, pour chacun état-civil, résumé des faits, souvent le CR du conseil de guerre, et surtout les sources.
Bonne lecture et bon courage !
Cordialement,
Bernard
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pierret
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par pierret »

Bonjour Bernard.

Les biographies des 3 (ou plus ?) fusillés du 133° RI font elles partie des 740 biographies présentes dans cet ouvrage ?

Merci par avance de votre réponse.

Cordialement.

Jean-Louis.
133° RI "Les Lions du Bugey"
"Pas s'en faire, pas s'en fichtre .... Le Lion atteint toujours sa proie"
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Eric Mansuy
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par Eric Mansuy »

Bonjour M. Pierret,

Ils sont six du 133e, ce qui fait qu'il en manque déjà au moins un.

Amitiés,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
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LABARBE Bernard
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par LABARBE Bernard »

Bonjour,
6 du 133: AUBRY, BILLOIR, FAUCHER, FRAISSE, HARTMANN, MEHU.
Eric, il en manque déjà au moins un lequel ?
Serait-ce celui là ? http://guillotine.voila.net/Palmares1871_1977.html
Voir milieu de page en 1917, TERRIER Ernest Joseph fusillé (en bleu)
Cordialement,
Bernard
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pierret
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Re: Les fusillés de la Grande Guerre ont désormais un nom

Message par pierret »


Bonjour

Source : http://www.lepoint.fr/culture/1914-18-r ... 7008_3.php

Publié le 01/10/2013 à 07:35

1914-18 : réhabiliter les fusillés "pour l'exemple"

Certains ont craqué un jour, refusant d'aller à la tuerie, malgré les ordres de leur officier, d'autres se sont mutinés: un rapport d'historiens remis mardi au ministre des Anciens Combattants, Kader Arif, préconise des pistes pour réintégrer dans la mémoire nationale ces soldats français, souvent "fusillés pour l'exemple" par les leurs, entre 1914 et 1918.

"Aujourd'hui, on compte autour de 600 à 650 fusillés pour des faits relevant de la désobéissance militaire et, en comptant les crimes de droit commun et l'espionnage, 740 environ au total", recense ce rapport issu du groupe de travail animé par le président du Conseil scientifique de la Mission du Centenaire, Antoine Prost.

Les auteurs du document prennent soin d'effectuer une distinction entre les "fusillés" et les "mutins" de l'année 1917. "La plupart des fusillés l'ont été en 1914 et 1915" et seulement "une petite trentaine" des 40 à 80.000 mutins, "suivant des estimations récentes", ont été passés par les armes.

"Les exécutions devaient exercer un effet dissuasif sur la troupe (...) Elles devaient servir d'+exemple+ , ce qui ne veut pas dire que les soldats exécutés étaient innocents, mais signifie que leur jugement visait aussi à éviter d'autres désobéissances d'autant que l'exécution se faisait devant la troupe."

Le rapport relate quelques cas poignants, comme celui de ces quatre soldats condamnés à mort et exécutés, en 1915, pour avoir refusé de repasser à l'attaque, alors qu'ils venaient de s'épuiser dans de vains assauts.

"la plupart étaient de bons soldats qui ne méritaient pas la mort"

"La question posée aujourd'hui (...) n'est plus celle des victimes d'injustices avérées, mais celle de fusillés en quelque sorte +ordinaires+. Pas nécessairement des mutins, ni des fusillés +pour l'exemple+", mais des soldats qui "ont eu un jour un moment de faiblesse ou de ras-le-bol".

Cent ans après le début du premier conflit mondial, "un large consensus existe dans notre société pour estimer que la plupart n'étaient pas des lâches" mais de "bons soldats, qui avaient fait leur devoir et ne méritaient pas la mort", souligne le rapport.

"Nos contemporains, insiste-t-il, de droite comme de gauche, n'ont plus l'intransigeance d'antan; beaucoup plus sensibles aux conditions épouvantables (des Poilus), ils comprennent que certains aient un jour ou l'autre +craqué+, sans être des lâches pour autant."

Le rapport rappelle le discours de Lionel Jospin, en 1998, à Craonne (Aisne), appelant à ce que ces soldats "plongés dans un désespoir sans fond (qui) refusèrent d'être des sacrifiés", réintègrent "notre mémoire collective nationale", ainsi que l'appel de Nicolas Sarkozy, dix ans plus tard à Verdun, défendant la mémoire de bien des "fusillés pour l'exemple".

Le rapport avance en conclusion quatre scénarios possibles pour les pouvoirs publics.

Les auteurs écartent les deux premières solutions, "ne rien faire" ou une "réhabilitation générale". "On ne peut honnêtement déclarer que Mata Hari, fusillée en exécution d'un jugement de conseil de guerre, soit morte pour la France."

La troisième solution, "la réhabilitation au cas par cas", constituerait une entreprise "très lourde, d'un coût hors de proportion avec ses résultats probables (...) Refaire des procès cent ans après les faits n'a guère de sens".

Les auteurs du rapport ne cachent pas leur préférence pour une quatrième solution: "une déclaration solennelle éventuellement renforcée d'un projet pédagogique".

Cette déclaration affirmerait "de façon très forte que beaucoup de fusillés, mais non pas tous, l'ont été dans des conditions précipitées, parfois arbitraires".

"Déclarer que ces soldats sont eux aussi, d'une certaine façon, +morts pour la France+, constituerait une réhabilitation morale, civique ou citoyenne."

"Le débat sur les faits, conclut le rapport, nous semble aujourd'hui tranché; il reste à en tirer les conséquences au plan mémoriel et symbolique, pour réintégrer pleinement les fusillés dans la mémoire nationale."


Cordialement.

Jean-Louis

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