Re: VEDETTES DU CAF' CONC' mobilisées en 1914
Publié : sam. oct. 08, 2011 8:10 pm
Bonsoir,
Lors d’une recherche qui n’avait rien à voir avec le sujet ci-dessous, je me suis arrêté sur un article du Petit Parisien s’intéressant aux vedettes du « show biz » de l’époque, mobilisés depuis quelques mois en cet automne 1914. Si quelques uns d’entre eux, nous sont encore connus d’autres ont sombré dans l’oubli. Peut-être avez-vous des informations sur l’un d’eux à partager ?
Cordialement
Eric Abadie
LE PETIT PARISIEN 39e Année n° 13898 – édition du mercredi 18 novembre 1914 page 2
Ce que sont devenues les vedettes du Caf’ conc’
Dans quelques jours, la bienveillante intervention de M. Viviani, président du Conseil, va permettre d’entrouvrir théâtres et concerts.
La mesure comblera d’aise les parisiens qui, depuis trois mois, sont à peu près sevrés d’une de leurs distractions favorites. Aussi attendent-ils avec impatience que les régisseurs frappent les trois coups traditionnels.
Combien de « jeunes premiers » manqueront à cette réouverture sensationnelle, dont un faible écho leur parviendra peut-être jusque dans les tranchées par l’intermédiaire du Bulletin des armées qui ne saurait passer sous silence un tel événement !
Le monde des théâtres et des concerts a, lui aussi, payé l’impôt du sang ; depuis les grandes « vedettes » jusqu’aux obscurs figurants, chacun fait son devoir vaillamment, simplement.
Que sont devenus ceux, interprètes ou auteurs, que Paris aime tant, ceux qui émeuvent la foule ou la font rire aux larmes ?
Inscrits au livre d’or
Il en est qui sont tombés, face à l’ennemi, en braves, comme le comte de Bruyère, capitaine au 1er régiment d’infanterie, tué à la tête de ses hommes le 28 août, au combat de la Viéville (Aisne).
Très connu dans le monde des concerts sous le pseudonyme de Sainte-Foy, le comte de Bruyère, dont les œuvres respirent le patriotisme le plus ardent, le plus pur, a trouvé sur le champ de bataille une fin glorieuse, en tous points digne de sa vie.
Un autre chansonnier, M. Maubon, a vu de près la mort : une balle l’atteignit dans la région du cœur. Il a été évacué sur Angers, alors que son fidèle collaborateur Bertal, blessé était, de son côté, ramené à Toulouse.
Fait prisonnier près de la frontière franco-belge, Ryno, un compère de revue élégant et fin diseur, parvint, quoique blessé, à s’évader du camp où il avait été interné.
Après d’émouvantes pérégrinations à travers l’Allemagne, Ryno rentrait à son corps en passant par Bâle et Besançon.
Il lui fallut expliquer son absence avant d’être renvoyé sur le front.
Quelques jours plus tard, le jeune artiste était blessé une seconde fois, les armes à la main.
Dans le feu de l’action, le pansement sommaire se déplace ; une grave hémorragie s’ensuit, exigeant des soins immédiats et plus minutieux.
Alors que Ryno se dispose à rejoindre ses camarades, un obus éclate au-dessus de sa tête et le foudroie.
C’est dans une ambulance qu’a été tué Ambreville, dit Pitch, un artiste bruxellois, qui fut plusieurs fois engagé à Paris.
Mort également un des Bartros, acrobate, dont les deux autres associés sont seulement blessés.
Des trois fils Liénard, l’aîné a disparu alors que ses frères figurent parmi les blessés. L’un d’eux porte au bras une plaie effroyable produite par une balle dum-dum.
Le chanteur Sarthel, touché à l’épaule gauche par un éclat d’obus, va bientôt quitter l’ambulance de l’Elysée-Palace, où il a été soigné.
Moins heureux, son camarade Popino, blessé au ventre par un éclat d’obus, a dû être mis en réforme temporaire. Même situation pour Fraga, des concerts Pacra, blessé au bras à Gerbevillers.
Sous-lieutenant au 69e d’infanterie, le dessinateur d’affiches Posthomis est soigné à l’ambulance de Maisons-Laffite ; le caporal de chasseurs alpins Castel à l’hôpital de Puteaux.
Parmi les artistes belges blessés, je noterai aussi le maréchal des logis Meus, du 1er guides, et le carabinier Mesmakers, secrétaire général de la « Saison » belge au théâtre Antoine ; tous deux sont en convalescence.
Après un séjour de quelques semaines à l’hôpital de Lorient, le chansonnier Marc Hély est reparti pour le front.
Son camarade Rodor est encore en traitement à l’hôpital de Bourges.
Le « grand » Chevalier, fantaisiste hilarant, blessé, est prisonnier à Magdebourg avec le frère de Polaire, Dufleuve, le « joyeux troupier ».
Ceux qui défendent le drapeau
Car, métier oblige, les « troupiers » ont repris du service : Blondhin, du Nouveau-Cirque, est sergent de territoriale à Dunkerque ; Danglard a dû rester à Saint-Cloud, le séjour dans les tranchées étant pour lui imposible à cause de sa taille, Dulac, transformé en « vitrier », a été blessé près de Verdun ; rien n’a pu altérer sa bonne humeur, mais il a perdu… une vingtaine de livres ; le sous-officier Monray, de la Scala, tient garnison dans les environs de Reims.
Le créateur de maints refrains chantés par nos midinettes, Georgel, de l’Eldorado, est artilleur au fort de Vincennes, ainsi que Naudier.
« Artiflots » également : Resca, au 59e ; Martial, fourrier au 31e ; Ducar, au 3e ; Alph. Leduc, à Dijon ; Deville, à Briançon ; Nomis, conducteur d’auto-mitrailleuse.
Junka garde les voies ferrées à Noisy-le-Sec ; Karl Ditan est infirmier à Nancy, tout comme Denalair à l’hôpital des Récollets ; Abadie monte sa faction au fort d’Aubervilliers ; Berter est sous-officier au 11e chasseurs à cheval ; Gilles est exilé à Nîmes ; Bordes, de la Scala, est à Borde…aux ; Vannier, à Beauvais ; Lornec, chanteur breton, à Alençon ; Darcet, à Chartres ; Raimu, au 15e escadron du train des équipages.
Le mime Volber, au masque tragique, le terrifiant Démonios du Cinéma, a rejoint Villefranche-sur-Rhône où, sergent, il est préposé à l’instruction des jeunes recrues ; tout comme, à Marseille, son ami, le caporal Serres.
Pol-Pol, prince des comiques, est caporal à Belfort ; Pélissier est à Autun ; Plébins, à Auxerre ; Darius M…, à Marseille ; Tramel, à Toulon ; Serjius, automobiliste au ravitaillement ; Gradels, au fort de Rosny, avec Paul Denis et le fourrier Pauletty ; Moricey, clairon au 170e d’infanterie ; Hiram, au 315e de ligne ; Tsom-Tsom, des Morris Abbins, est cycliste au 4e d’infanterie ; le chansonnier Bénech est major au 97e territorial ; le chef d’orchestre Fantapié, du Kursaal, brancardier à Amiens ; Tom-Titt, caporal infirmier à Salé (Maroc) ; Marcellus, à l’hôpital de Saint-Mandrier, à Toulon ; le compositeur Valsien, à l’ambulance du 21e corps, etc.
Eugénio, maître de ballet et metteur en scène à l’Olympia, est à Laval ; Béraldy, régisseur de la Scala, est à Angoulême ; Grisolet, metteur en scène chez Gaumont, est au 22e territorial ; Gavel, chef d’orchestre, est au 208e d’infanterie ; le chansonnier Emile Gibert, maréchal des logis, est attaché en qualité d’interprète au 2e hussards anglais et Charles Fallot, directeur de la Pie qui chante, pilote des automobiles militaires à Cormeilles.
Plus de la moitié des administrateurs de l’Union syndicale des artistes lyriques sont mobilisés : Delmas, sapeur de génie, à Compiègne ; Dordec, à Vierzon ; Stéville, à Landerneau ; Sterval, dans le Nord ; Sorius, à Pau ; Rosel, retour d’Athènes où il était en engagement lors de la déclaration de guerre, et où il a laissé sa femme ; Max Bernard, Adam, Constans, Dellas, dont est sans nouvelles ; Dorbel, à Nîmes ; Dréan qui va comparaître devant un nouveau conseil de révision ; Rosieu, secrétaire général, est hors classe : et il n’en est pas plus fier.
Une mention particulière s’impose pour ceux qui, dispensés de toute obligation militaire, ont réclamé l’honneur de combattre dans l’armée de leur patrie d’adoption.
C’est là le cas de M. Serpiert, compositeur et chef d’orchestre, qui, s’il eût été Français d’origine, aurait pu très probablement ne pas quitter ses foyers.
Le chanteur Novelly (Italien) est au camp de Mailly ; le fantaisiste Jahulot (Italien) est aux Tourelles ; Haryso (Luxembourgeois), déjà caporal, est à Avignon.
André Pelletier, jadis réformé pour sa vue, a été versé au 48e territorial.
A cinquante et un ans, le sergent fourrier de zouaves Reard Roselty a repris du service : il est chargé de l’instruction de la classe 1915.
Le compositeur Gordovil (Espagnol) est caporal au 1er régiment étranger.
Engagé volontaire également, Chamilley, qui chante les troupiers, vient d’être mis en réforme temporaire.
Ceux qui ne sont pas partis
La liste n’est pas longue des vedettes du caf’ conc’ qui n’ont pas encore endossé l’uniforme et abandonné les feux de la rampe pour la ligne de feu.
Le bon Polin, créateur d’un type immortel de troupier français, roublard, débrouillard et bon enfant, se lamente de ne pouvoir rejoindre les camarades ; mais, rien à faire, sa classe ne sera pas appelée, non plus que celle de Mercadier.
Mayol, réformé, a transformé en ambulance sa villa de Toulon ; il fait des « tournées » fréquentes dans les hôpitaux militaires de la région et ne manque aucune occasion d’affirmer sa solidarité vis-à vis des camarades moins fortunés.
Depuis le licenciement de la garde civique d’Enghien, dont il faisait partie, Dranem s’est retiré au Treyas, où il attend l’heure d’une comparution devant le conseil de révision de Grasse.
Le chanteur populaire Bérard, dont le phonographe a reproduit toutes les créations, serait au comble de ses vœux s’il était autorisé à rejoindre sans délai son ancien régiment. Mais le bureau de recrutement paraît l’avoir oublié et, pour un peu, Bérard assignerait son commandant devant les tribunaux. Faute de mieux, il reste tous les soirs en permanence à la gare du Nord et se fait une joie de bourrer de mille douceurs les poches de nos braves petits blessés.
Dickson, qui susurre la romance et dirige un cabaret montmartrois… au Quartier-Latin, sera prochainement convoqué devant un conseil de révision ; il espère bien passer du service auxiliaire au service armé.
Max Dearly et Morton ont traversé le channel : tous deux font actuellement la joie des Londoniens, car ils se donnent la réplique aux Ambassadeurs.
Sa corpulence lui interdisant l’accès des tranchées, Mansuelle envie l’élégance de Mériel, l’humoriste anglais, qui attend son ordre d’appel.
Milcamps, l’homme aux cent têtes, se fait applaudir tous les soirs dans un cinéma du cours de Vincennes.
Celles qui ont donné leurs fils
Ne serait-il pas injuste de les omettre dans cette longue – et pourtant incomplète – nomenclature, celles qui, ne pouvant verser leur sang pour la patrie, lui ont donné leurs fils.
Berthe Adham a vu partir ses deux enfants : Paul est dans les tranchées près de Soissons ; Albert, qui tenait garnison en Tunisie, vient d’arriver à Hazebrouck.
Luce Bailly n’est pas moins fière de son petit gars, engagé à dix-sept ans et le plus jeune de nos fusiliers marins actuellement sur le front.
Rosita B… a également sous les drapeaux deux fils qui font leur devoir et dont elle est sans nouvelles.
Le fils de Brunerie, incorporé au 19e chasseurs à pied, a été blessé au ras et à la main gauche, le 14 août, en défendant Mourmelon.
Et que d’autres encore qui attendent avec anxiété – comme toutes les mères – la fin de cette terrible campagne où le plus pur de notre sang coule pour la défense du droit et le triomphe de l’humanité !
Article signé H.D.
Lors d’une recherche qui n’avait rien à voir avec le sujet ci-dessous, je me suis arrêté sur un article du Petit Parisien s’intéressant aux vedettes du « show biz » de l’époque, mobilisés depuis quelques mois en cet automne 1914. Si quelques uns d’entre eux, nous sont encore connus d’autres ont sombré dans l’oubli. Peut-être avez-vous des informations sur l’un d’eux à partager ?
Cordialement
Eric Abadie
LE PETIT PARISIEN 39e Année n° 13898 – édition du mercredi 18 novembre 1914 page 2
Ce que sont devenues les vedettes du Caf’ conc’
Dans quelques jours, la bienveillante intervention de M. Viviani, président du Conseil, va permettre d’entrouvrir théâtres et concerts.
La mesure comblera d’aise les parisiens qui, depuis trois mois, sont à peu près sevrés d’une de leurs distractions favorites. Aussi attendent-ils avec impatience que les régisseurs frappent les trois coups traditionnels.
Combien de « jeunes premiers » manqueront à cette réouverture sensationnelle, dont un faible écho leur parviendra peut-être jusque dans les tranchées par l’intermédiaire du Bulletin des armées qui ne saurait passer sous silence un tel événement !
Le monde des théâtres et des concerts a, lui aussi, payé l’impôt du sang ; depuis les grandes « vedettes » jusqu’aux obscurs figurants, chacun fait son devoir vaillamment, simplement.
Que sont devenus ceux, interprètes ou auteurs, que Paris aime tant, ceux qui émeuvent la foule ou la font rire aux larmes ?
Inscrits au livre d’or
Il en est qui sont tombés, face à l’ennemi, en braves, comme le comte de Bruyère, capitaine au 1er régiment d’infanterie, tué à la tête de ses hommes le 28 août, au combat de la Viéville (Aisne).
Très connu dans le monde des concerts sous le pseudonyme de Sainte-Foy, le comte de Bruyère, dont les œuvres respirent le patriotisme le plus ardent, le plus pur, a trouvé sur le champ de bataille une fin glorieuse, en tous points digne de sa vie.
Un autre chansonnier, M. Maubon, a vu de près la mort : une balle l’atteignit dans la région du cœur. Il a été évacué sur Angers, alors que son fidèle collaborateur Bertal, blessé était, de son côté, ramené à Toulouse.
Fait prisonnier près de la frontière franco-belge, Ryno, un compère de revue élégant et fin diseur, parvint, quoique blessé, à s’évader du camp où il avait été interné.
Après d’émouvantes pérégrinations à travers l’Allemagne, Ryno rentrait à son corps en passant par Bâle et Besançon.
Il lui fallut expliquer son absence avant d’être renvoyé sur le front.
Quelques jours plus tard, le jeune artiste était blessé une seconde fois, les armes à la main.
Dans le feu de l’action, le pansement sommaire se déplace ; une grave hémorragie s’ensuit, exigeant des soins immédiats et plus minutieux.
Alors que Ryno se dispose à rejoindre ses camarades, un obus éclate au-dessus de sa tête et le foudroie.
C’est dans une ambulance qu’a été tué Ambreville, dit Pitch, un artiste bruxellois, qui fut plusieurs fois engagé à Paris.
Mort également un des Bartros, acrobate, dont les deux autres associés sont seulement blessés.
Des trois fils Liénard, l’aîné a disparu alors que ses frères figurent parmi les blessés. L’un d’eux porte au bras une plaie effroyable produite par une balle dum-dum.
Le chanteur Sarthel, touché à l’épaule gauche par un éclat d’obus, va bientôt quitter l’ambulance de l’Elysée-Palace, où il a été soigné.
Moins heureux, son camarade Popino, blessé au ventre par un éclat d’obus, a dû être mis en réforme temporaire. Même situation pour Fraga, des concerts Pacra, blessé au bras à Gerbevillers.
Sous-lieutenant au 69e d’infanterie, le dessinateur d’affiches Posthomis est soigné à l’ambulance de Maisons-Laffite ; le caporal de chasseurs alpins Castel à l’hôpital de Puteaux.
Parmi les artistes belges blessés, je noterai aussi le maréchal des logis Meus, du 1er guides, et le carabinier Mesmakers, secrétaire général de la « Saison » belge au théâtre Antoine ; tous deux sont en convalescence.
Après un séjour de quelques semaines à l’hôpital de Lorient, le chansonnier Marc Hély est reparti pour le front.
Son camarade Rodor est encore en traitement à l’hôpital de Bourges.
Le « grand » Chevalier, fantaisiste hilarant, blessé, est prisonnier à Magdebourg avec le frère de Polaire, Dufleuve, le « joyeux troupier ».
Ceux qui défendent le drapeau
Car, métier oblige, les « troupiers » ont repris du service : Blondhin, du Nouveau-Cirque, est sergent de territoriale à Dunkerque ; Danglard a dû rester à Saint-Cloud, le séjour dans les tranchées étant pour lui imposible à cause de sa taille, Dulac, transformé en « vitrier », a été blessé près de Verdun ; rien n’a pu altérer sa bonne humeur, mais il a perdu… une vingtaine de livres ; le sous-officier Monray, de la Scala, tient garnison dans les environs de Reims.
Le créateur de maints refrains chantés par nos midinettes, Georgel, de l’Eldorado, est artilleur au fort de Vincennes, ainsi que Naudier.
« Artiflots » également : Resca, au 59e ; Martial, fourrier au 31e ; Ducar, au 3e ; Alph. Leduc, à Dijon ; Deville, à Briançon ; Nomis, conducteur d’auto-mitrailleuse.
Junka garde les voies ferrées à Noisy-le-Sec ; Karl Ditan est infirmier à Nancy, tout comme Denalair à l’hôpital des Récollets ; Abadie monte sa faction au fort d’Aubervilliers ; Berter est sous-officier au 11e chasseurs à cheval ; Gilles est exilé à Nîmes ; Bordes, de la Scala, est à Borde…aux ; Vannier, à Beauvais ; Lornec, chanteur breton, à Alençon ; Darcet, à Chartres ; Raimu, au 15e escadron du train des équipages.
Le mime Volber, au masque tragique, le terrifiant Démonios du Cinéma, a rejoint Villefranche-sur-Rhône où, sergent, il est préposé à l’instruction des jeunes recrues ; tout comme, à Marseille, son ami, le caporal Serres.
Pol-Pol, prince des comiques, est caporal à Belfort ; Pélissier est à Autun ; Plébins, à Auxerre ; Darius M…, à Marseille ; Tramel, à Toulon ; Serjius, automobiliste au ravitaillement ; Gradels, au fort de Rosny, avec Paul Denis et le fourrier Pauletty ; Moricey, clairon au 170e d’infanterie ; Hiram, au 315e de ligne ; Tsom-Tsom, des Morris Abbins, est cycliste au 4e d’infanterie ; le chansonnier Bénech est major au 97e territorial ; le chef d’orchestre Fantapié, du Kursaal, brancardier à Amiens ; Tom-Titt, caporal infirmier à Salé (Maroc) ; Marcellus, à l’hôpital de Saint-Mandrier, à Toulon ; le compositeur Valsien, à l’ambulance du 21e corps, etc.
Eugénio, maître de ballet et metteur en scène à l’Olympia, est à Laval ; Béraldy, régisseur de la Scala, est à Angoulême ; Grisolet, metteur en scène chez Gaumont, est au 22e territorial ; Gavel, chef d’orchestre, est au 208e d’infanterie ; le chansonnier Emile Gibert, maréchal des logis, est attaché en qualité d’interprète au 2e hussards anglais et Charles Fallot, directeur de la Pie qui chante, pilote des automobiles militaires à Cormeilles.
Plus de la moitié des administrateurs de l’Union syndicale des artistes lyriques sont mobilisés : Delmas, sapeur de génie, à Compiègne ; Dordec, à Vierzon ; Stéville, à Landerneau ; Sterval, dans le Nord ; Sorius, à Pau ; Rosel, retour d’Athènes où il était en engagement lors de la déclaration de guerre, et où il a laissé sa femme ; Max Bernard, Adam, Constans, Dellas, dont est sans nouvelles ; Dorbel, à Nîmes ; Dréan qui va comparaître devant un nouveau conseil de révision ; Rosieu, secrétaire général, est hors classe : et il n’en est pas plus fier.
Une mention particulière s’impose pour ceux qui, dispensés de toute obligation militaire, ont réclamé l’honneur de combattre dans l’armée de leur patrie d’adoption.
C’est là le cas de M. Serpiert, compositeur et chef d’orchestre, qui, s’il eût été Français d’origine, aurait pu très probablement ne pas quitter ses foyers.
Le chanteur Novelly (Italien) est au camp de Mailly ; le fantaisiste Jahulot (Italien) est aux Tourelles ; Haryso (Luxembourgeois), déjà caporal, est à Avignon.
André Pelletier, jadis réformé pour sa vue, a été versé au 48e territorial.
A cinquante et un ans, le sergent fourrier de zouaves Reard Roselty a repris du service : il est chargé de l’instruction de la classe 1915.
Le compositeur Gordovil (Espagnol) est caporal au 1er régiment étranger.
Engagé volontaire également, Chamilley, qui chante les troupiers, vient d’être mis en réforme temporaire.
Ceux qui ne sont pas partis
La liste n’est pas longue des vedettes du caf’ conc’ qui n’ont pas encore endossé l’uniforme et abandonné les feux de la rampe pour la ligne de feu.
Le bon Polin, créateur d’un type immortel de troupier français, roublard, débrouillard et bon enfant, se lamente de ne pouvoir rejoindre les camarades ; mais, rien à faire, sa classe ne sera pas appelée, non plus que celle de Mercadier.
Mayol, réformé, a transformé en ambulance sa villa de Toulon ; il fait des « tournées » fréquentes dans les hôpitaux militaires de la région et ne manque aucune occasion d’affirmer sa solidarité vis-à vis des camarades moins fortunés.
Depuis le licenciement de la garde civique d’Enghien, dont il faisait partie, Dranem s’est retiré au Treyas, où il attend l’heure d’une comparution devant le conseil de révision de Grasse.
Le chanteur populaire Bérard, dont le phonographe a reproduit toutes les créations, serait au comble de ses vœux s’il était autorisé à rejoindre sans délai son ancien régiment. Mais le bureau de recrutement paraît l’avoir oublié et, pour un peu, Bérard assignerait son commandant devant les tribunaux. Faute de mieux, il reste tous les soirs en permanence à la gare du Nord et se fait une joie de bourrer de mille douceurs les poches de nos braves petits blessés.
Dickson, qui susurre la romance et dirige un cabaret montmartrois… au Quartier-Latin, sera prochainement convoqué devant un conseil de révision ; il espère bien passer du service auxiliaire au service armé.
Max Dearly et Morton ont traversé le channel : tous deux font actuellement la joie des Londoniens, car ils se donnent la réplique aux Ambassadeurs.
Sa corpulence lui interdisant l’accès des tranchées, Mansuelle envie l’élégance de Mériel, l’humoriste anglais, qui attend son ordre d’appel.
Milcamps, l’homme aux cent têtes, se fait applaudir tous les soirs dans un cinéma du cours de Vincennes.
Celles qui ont donné leurs fils
Ne serait-il pas injuste de les omettre dans cette longue – et pourtant incomplète – nomenclature, celles qui, ne pouvant verser leur sang pour la patrie, lui ont donné leurs fils.
Berthe Adham a vu partir ses deux enfants : Paul est dans les tranchées près de Soissons ; Albert, qui tenait garnison en Tunisie, vient d’arriver à Hazebrouck.
Luce Bailly n’est pas moins fière de son petit gars, engagé à dix-sept ans et le plus jeune de nos fusiliers marins actuellement sur le front.
Rosita B… a également sous les drapeaux deux fils qui font leur devoir et dont elle est sans nouvelles.
Le fils de Brunerie, incorporé au 19e chasseurs à pied, a été blessé au ras et à la main gauche, le 14 août, en défendant Mourmelon.
Et que d’autres encore qui attendent avec anxiété – comme toutes les mères – la fin de cette terrible campagne où le plus pur de notre sang coule pour la défense du droit et le triomphe de l’humanité !
Article signé H.D.