Re: Le pov'poilu de Lihons...
Publié : mar. sept. 06, 2005 1:52 am
Bonsoir,
L'autre jour, je roulais du côté de Lihons et m'arrêtais quelques instants pour visiter le petit cimetière communal.
J'ai rapporté cette photo... Un poilu bel et bien oublié... Pas de croix, pas de pierre tombale... Dessus lui, la terre, un Christ en croix sans croix et cette plaque émaillée rongée... C'est tout.

LA-HAUT
- D'où viens-tu ?
- De la Terre.
- Qu'as-tu fait ?
- J'ai souffert. . . et je doute qu'un autre ait souffert plus que moi.
- Le Christ aussi a souffert. Il a porté sa Croix.
- J'ai porté mon sac.
- Sa Croix était lourde, et sous son poids, ses épaules étaient meurtries.
- Mon sac était pesant. . . les courroies ont marqué mes épaules en traits sanglants. . .
- Le Christ a traîné sa Croix jusqu'au Calvaire avec l'aide de Simon.
- J'ai porté mon sac de l'Argonne à l'Yser. . nul ne m'a jamais aidé.
- Le Christ a veillé dans la nuit troublante, au Jardin des Oliviers.
- J'ai veillé au petit poste du point X, sous le bombardement, en attendant la mort.
- Le Christ a pleuré sur les Hommes.
- J'ai pleuré sur un frère d'armes, tué près de moi.
- Le Christ a été lié au poteau, et battu de verges.
- J'ai été enchaîné à mon poste par la consigne... la neige, la pluie, le vent m'ont flagellé.
- Le Christ a passé près de sa Mère en larmes.
- J'ai quitté la mienne en pleurs.
- Le Christ est tombé trois fois, épuisé...
- Trois fois j'ai été blessé.
- Le Christ a été crucifié, les clous ont percé ses mains et ses pieds.
- Les éclats ont traversé ma chair.
- Le Christ a eu le flanc percé d'un coup de lance.
- Une balle a crevé ma poitrine.
- Le Christ a été placé entre deux larrons.
- J'étais entre deux Allemands.
- Les ténèbres se sont faites. Le tonnerre a grondé.
- La nuit est tombée dans un orage de torpilles.
- Le Christ est mort pour le salut du Monde.
- C'est aussi pour le salut du Monde que j'ai donné ma vie.
- Qui donc es-tu ?
- J'étais un Soldat de France
Y. Bonis-Charancle, "La Légende des Bougres", Imprimerie du journal Le Petit Havre.
L'autre jour, je roulais du côté de Lihons et m'arrêtais quelques instants pour visiter le petit cimetière communal.
J'ai rapporté cette photo... Un poilu bel et bien oublié... Pas de croix, pas de pierre tombale... Dessus lui, la terre, un Christ en croix sans croix et cette plaque émaillée rongée... C'est tout.

LA-HAUT
- D'où viens-tu ?
- De la Terre.
- Qu'as-tu fait ?
- J'ai souffert. . . et je doute qu'un autre ait souffert plus que moi.
- Le Christ aussi a souffert. Il a porté sa Croix.
- J'ai porté mon sac.
- Sa Croix était lourde, et sous son poids, ses épaules étaient meurtries.
- Mon sac était pesant. . . les courroies ont marqué mes épaules en traits sanglants. . .
- Le Christ a traîné sa Croix jusqu'au Calvaire avec l'aide de Simon.
- J'ai porté mon sac de l'Argonne à l'Yser. . nul ne m'a jamais aidé.
- Le Christ a veillé dans la nuit troublante, au Jardin des Oliviers.
- J'ai veillé au petit poste du point X, sous le bombardement, en attendant la mort.
- Le Christ a pleuré sur les Hommes.
- J'ai pleuré sur un frère d'armes, tué près de moi.
- Le Christ a été lié au poteau, et battu de verges.
- J'ai été enchaîné à mon poste par la consigne... la neige, la pluie, le vent m'ont flagellé.
- Le Christ a passé près de sa Mère en larmes.
- J'ai quitté la mienne en pleurs.
- Le Christ est tombé trois fois, épuisé...
- Trois fois j'ai été blessé.
- Le Christ a été crucifié, les clous ont percé ses mains et ses pieds.
- Les éclats ont traversé ma chair.
- Le Christ a eu le flanc percé d'un coup de lance.
- Une balle a crevé ma poitrine.
- Le Christ a été placé entre deux larrons.
- J'étais entre deux Allemands.
- Les ténèbres se sont faites. Le tonnerre a grondé.
- La nuit est tombée dans un orage de torpilles.
- Le Christ est mort pour le salut du Monde.
- C'est aussi pour le salut du Monde que j'ai donné ma vie.
- Qui donc es-tu ?
- J'étais un Soldat de France
Y. Bonis-Charancle, "La Légende des Bougres", Imprimerie du journal Le Petit Havre.