bonsoir à toutes et à tous.
Bonsoir Didier, bonsoir Achache.
Voici ce que j'ai pu trouver sur le 23e R.I.C. pour les journées 16 au 28 juillet 1918.
Ces quelques lignes sont extraites du livre du général Puypéroux " La 3e division coloniale dans la grande guerre".

Lieutenant-Colonel Desclaux, commandant le 23e R.I.C. et le drapeau de ce régiment.
La vallée de l’Ardre.
Les 16 et 17 juillet 1918, la situation est difficile dans la région de Chaumuzy-Cournas, tenue par le 2e corps d’armée Italien, à l’Ouest de Reims.
Du côté de la 3e D.I.C., la ruée allemande a été seulement enrayée de Sillery à Beaumont-sur-Vesle et plus à l’Est, mais les contre-attaques reprennent du terrain. LE 23e R.I.C. de cette division, en réserve de corps d’armée, est envoyé en renfort à la disposition de la 2e D.I.C. (général Mordrelle.)
Le 18 juillet, le 23e R.I.C. (lieutenant-colonel Desclaux) avec 2 de ses bataillons et le 32e B.T.S. doit attaquer avec objectif : lisière sud et ouest du bois du Petit Champ jusqu’au chemin de Courmas à Chaumuzy.
LE 23e R.I.C. est neuf dans la contrée ; le italiens dans cette région ont dû faire face au S. S. O. L’attaque française passera à travers leur zone qui n’a plus qu’une faible épaisseur.
Cette attaque conduite par le 32e B.T.S. (commandant Teulière) flanqué à droite par le 1er bataillon du 23e R.I.C. (commandant Marquet) et à gauche par le 3e bataillon du 23e R.I. (commandant Renauld) débouche, gagne du terrain au prix des plus grosses difficultés, repousse de violentes contre-attaques, atteint une grande partie de ses objectifs et s’y maintient. C’est rendre justice au 32e B.T.S. que de reconnaître qu’il eut à supporter le plus gros poids de cette journée.
Cette avance avait dégagé Courmas et la gauche de la 2e D.I.C..
Dans la nuit du 19 au 20 juillet, les bataillons du 23e R.I.C. font mouvement pour se mettre en place en vue d’une action, le 20 juillet, avec le 22e C.A.W. (corps d’armée britannique), qui doit attaquer à l’ouest de la ligne Marfaux Cuitron Château de Commetreuil.
Le 1er bataillon du 23e R.I.C. (capitaine Jeux) est dans la partie ouest du bois de Vrigny. Les 2 autres bataillons sont maintenus provisoirement en réserve derrière le 22e C.A.W. dans le bois du petit champ.
L’attaque britannique ayant échoué, l’action du bataillon Jeux est ajournée, ce bataillon se reporte dans le bois Maître Jean (1500 m sud de Ville-Domange).
Le 20 juillet, après une très violente et courte préparation d’artillerie, l’ennemi s’élance à 22 h 15 contre le front tenu par les bataillons Marquet et Renauld. Il est complètement repoussé.
Le 21 juillet, la 187e brigade W attaque dans la direction du parc de Commetreuil, les bataillons Marquet et Renauld reçoivent ordre de pousser au contact des anglais de forts détachements de liaison de manière à pouvoir profiter, le cas échéant, du succès de nos alliés ; mais ceux-ci après avoir progressé dans le bois du Petit Champ, n’ont pu pénétrer dans le parc du château de Commetreuil.
LE 22 juillet, les bataillons Marquet et Renauld sont relevés par 2 bataillons du 38e R.I.. Ils se portent en position d’attente dans le bois d’Ecueil et de la Fosse.
En vue d’une attaque qui doit avoir lieu le lendemain, le 23e R.I.C. porte dans la nuit du 22 au 23, ses 3 bataillons, bataillons Jeux et Marquet dans le bois de Vrigny et bataillon Renauld dans le bois des Grands Savarts ; le mouvement est terminé à 2 h 00 environ. Le 23 juillet, le 23e R.I.C. reçoit l’ordre d’attaquer à midi dans la direction générale bois de Vrigny-bois Naveau. Il a à sa droite le 43e R.I.C. (colonel Calisti) et à sa gauche un régiment italien ;
La formation du 23e R.I.C. est : 2 bataillons l’un derrière l’autre (bataillon Jeux en tête et bataillon Marquet en arrière) le bataillon Renauld en réserve.
Le régiment italien, par suite d’une erreur, déclenche son action à 11 h 00 au lieu de 12 h 00, ce qui amène une C.P.O. ( ?) et un barrage sur toute la ligne.
Malgré les pertes subies de ce fait, les bataillons Jeux et Marquet partent avec une résolution et un élan remarquables.
Le bataillon Jeux atteint vers 13 h 00 la lisière sud du bois Naveau ; les italiens sont la ferme Méry. La droite du bataillon Jeux et la gauche du 43e R.I.C. n’ont pu beaucoup progresser par suite d’un fort îlot de résistance ennemi à la cote 211 (crète entre Mery et Gueux) ; La liaison entre les deux régiments n’est plus assurée, le bataillon Marquet pousse deux compagnies pour essayer de la rétablir, mais la solution de continuité subsiste néanmoins. Une violente contre-attaque allemande, arrêtée net sur le front parvient à se glisser dans ce trou. Le capitaine Guérard (2e compagnie du 23e R.I.C.) voit le danger, il s’élance avec sa compagnie à la baïonnette. Les sous-lieutenants Solnon et Gaudillot fondent dur les allemands à la tête de leurs sections. Le sous-lieutenant Gaudillot est grièvement blessé après avoir abattu deux allemands à coup de révolver. Sous le choc l’ennemi plie et fuit à travers bois. Le moment critique est passé. La liaison avec le 43e R.I.C. est rétablie et une compagnie du 23e R.I.C. ( la 11e du bataillon Renauld) passe momentanément sous les ordres du commandant Favalelli du 43e R.I.C.. La journée du 24 juillet est employée par le 23e R.I.C. à organiser sa position, laquelle forme un saillant très avancé. Un ordre de 19 h 15 prescrit au lieutenant-colonel Desclaux d’avoir dans la nuit à se replier sur la ligne générale S. O.-N. E. Etang de Méry, col entre les hauteurs 211 et 240.
Le 25 juillet à 1 h 00, l’ordre de repli arrive aux bataillons, ceux-ci abandonnent avec regret un terrain chèrement acquis conservé malgré de violentes contre-attaques, et sur lequel ils étaient décidés à tenir.
Cette opération de repli en pleine nuit, sur un terrain peu connu, est délicate.
A 4 h 30, le mouvement est terminé pour les bataillons Marquet et Jeux, le bataillon Renauld est en réserve dans le ravin de Coulommes et sa 11e compagnie étant toujours avec le bataillon Favalelli, du 43e R.I.C..
A 5 h 30 la préparation d’artillerie allemande commence ; un tir concentrique et concentré d’une violence inouïe atteint toute la région de la cote 240.
Vers 6 h 00, les allemands envoient vers nos lignes des reconnaissances sous la forme de groupes de quelques hommes progressant par petites colonnes. Nos petits postes sont dissimulés dans des trous d’obus à la lisière du bois de Vrigny. Le soldat du 23e R.I.C. Geye Soulemane originaire de Dakar, sort spontanément de son trou et se précipite, baïonnette au canon, sur un groupe de 6 Allemands à la tête desquels marche un sous-officier. Leur surprise et leur terreur sont telles qu’ils jettent leurs armes et se rendent à Geye Soulemane tandis que ses camarades ouvrent le feu, empêchant les autres groupes de venir au secours des prisonniers.
A 6 h 30, l’ennemi passe à l’assaut ; le front tenu par le 23e R.I.C. résiste, le flot allemand essaye de s’infiltrer entre le 23e R.I.C. et le 43e R.I.C..
Le capitaine Guérard, du 23e R.I.C. envoie en soutien de la compagnie de gauche du 43e R.I.C. une demi-section et des munitions.
Sous la violence de la poussée allemande, les éléments des deux régiments se replient en combattant sur les pentes de la cote 240 ; toute nouvelle tentative ennemie st repoussée, des contre-attaques partielles font même des prisonniers.
A la droite les Allemands ont débordé le plateau, par l’Est ils cherchent à s’infiltrer vers Coulommes
Vers 8 h 00, tous les éléments disponibles du 3e bataillon du 23e R.I.C. (bataillon Renauld) qui sont aux abords de ce village sont mis à la disposition du commandant Derendinger ( 2e bataillon du 24e R.I.C.) ; celui-ci, dans son rapport, s’exprime ainsi : « En résumé, l’action des éléments du bataillon Renauld a été déterminante dans l’échec des projets ennemis dans la direction de Coulommes. »
Les 26 et 27 juillet, les bataillons Jeux et Marquet très réduits par les pertes, tiennent dans le bois de Vrigny et s’y organisent. Le bataillon Renauld est regroupé Coulommes, poussant cependant une compagnie au S.E. du bois de Vrigny.
Dans la matinée du 28 juillet, le 23e R.I.C. relevé est en réserve dans la région de Chamery-Nogent.
Pendant cette période de dix jours de combats ininterrompus ; le 23e R.I.C. a perdu :
18 officiers et près de 800 hommes de troupe.
Enlevé le 17 juillet de la 2e position du secteur Ludes sur laquelle il était déployé, il a été transporté brusquement en pleine bataille, dans une région totalement inconnue des officiers et de la troupe.
Il eut à subir les effets d’un temps extrêmement mauvais (orages et pluies abondantes les 17, 18, 21, 23, 27 juillet).
Il affirma une fois de plus « ses belles qualités de vaillance dans l’attaque et la ténacité dans la défense ».
Dans la nuit du 31 au 1er août, il va se reconstituer à Bouzy (E.M. et 2 bataillons) et à Tours-sur-Marne (un bataillon).
Bien cordialement.
Denis