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Re: un étonnant appareil de détéction

Publié : mar. sept. 23, 2008 1:32 am
par nenou
Bonsoir à toutes et à tous.

Je viens de terminer de lire les carnets de guerre de rené Germain édités aux éditions Italiques sous le nom " il revint immortel de la grande guerre " ( que je recommande d'ailleurs à tous, car ce livre est un témoignage de premier ordre ).
A la page 204 l'auteur nous décrit un appareil étonnant permettant la détection par un système d'éléctro-aimants de la position des piéces d'artillerie ennemies.
Je me garderai bien de reproduire ( à contre-coeur je précise ) la description faite par rené Germain ( à cause de la fameuse protection des .... droits d'auteur ).
Néanmoins je pense qu'un spécialiste sur le forum doit certainement pouvoir nous en dire un peu plus sur le sujet, car pour ma part j'ignore totalement si cet " outil " fût utilisé de façon ponctuelle ou au contraire généralisé en première ligne dans le cas ou son efficacité en fît un auxilliaire précieux.
Merci d'avance pour la personne qui pourra éclairer ma lanterne.
Cordialement. ;)

Re: un étonnant appareil de détéction

Publié : mar. sept. 23, 2008 10:08 am
par Laurent59
Bonsoir à toutes et à tous.


Je me garderai bien de reproduire ( à contre-coeur je précise ) la description faite par rené Germain ( à cause de la fameuse protection des .... droits d'auteur )
Bonjour, si vous publiez un extrait vous devez en citer l'auteur et l'éditeur...ce n'est pas interdit !

Extrait "La loi sur le droit d'auteur prévoit une exception: la reproduction à des fins privées est permise sans l'accord de l'auteur (toutefois uniquement d'extraits ("courts fragments") d'une œuvre ou de la totalité ou d'une partie d'un article ou d'une œuvre d'art visuel). Cette exception vaut uniquement pour des œuvres qui sont fixées sur un support graphique ou similaire (comme des livres) et n'est donc pas d'application pour des œuvres qui sont fixées sur un support électronique. Imprimer des sites Internet qui sont protégés par le droit d'auteur n'est donc pas permis sans l'autorisation de l'auteur"

Laurent :hello:





Re: un étonnant appareil de détéction

Publié : mar. sept. 23, 2008 3:19 pm
par patrick corbon
Bonjour à tous, bonjour Nenou,

Assez étonnant. Vous avez soulevé ma curiosité ?

Ce peut être soit l'appareil de détection par le son que vous trouverez développé sur le site de jmpicquart http://pagesperso-orange.fr/jmpicquart/ ... eauson.htm ou alors un hypothétique calculateur Français qui aurait été également développé pour affiner les résultats des triangulations acoustiques. Ce dernier appareil reste mystérieux et hors sa mention je n'en ai pas trouvé trace. Peut-être une confusion avec le détecteur inventé par Daussy ou un serpent de mer parmi tant d'autres.

Si vous pouvez en dire plus je suis preneur.

Cordialement
Patrick

Re: un étonnant appareil de détéction

Publié : mar. sept. 23, 2008 6:41 pm
par ALVF
Bonjour,

Il serait souhaitable de décrire cet "appareil de détection", car un grand nombre de scientifiques se sont donnés "le beau rôle" dans l'invention et le développement du repérage par le son.Le plus connu est Georges Claude (surtout connu pour l'utilisation et l'industrialisation de l'air liquide), celui-ci dans son livre très polémique "Politiciens et Polytechniciens" règle surtout ses comptes avec les personnes nommées dans le titre de son ouvrage mais ne manque pas de magnifier son rôle dans le repérage par le son.Ce livre eut néanmoins un grand succés dans les milieux scientifiques en 1919.
Ce qui est certain, c'est qu'un grand nombre de professeurs d'université, d'officiers d'artillerie et du génie et d'industriels se sont penchés sur ce délicat problème, tant pour découvrir les batteries d'artillerie ennemies que pour détecter les avions se dirigeant vers des cibles stratégiques (Paris notamment).
Les résultats ont été remarquables, la France ayant devancé l'Allemagne et nos alliés dans les études et les réalisations.A la fin de la guerre, les Sections de Repérage par le Son (S.R.S.) étaient capables de situer à 20 m près une batterie en action, en reconnaissant le calibre de celle-ci, sans se laisser leurrer par les contre-manoeuvres de l'ennemi.
A titre d'exemple, les Sections de Repérage par le Son purent situer le "Pariser Kanone" tirant sur Paris depuis la position de Beaumont-en-Beine depuis le 27 mai 1918, malgré un camouflage exceptionnel, des fausses positions, des tirs synchrones d'autres pièces de Marine tirant à la même seconde, etc...
Les aviateurs français au prix de sacrifices notables prirent des photos aériennes et les officiers spécialites de l'interprétation des photos se laissèrent leurrer par l'excellence des contre-mesures allemandes.Les Sections de Repérage par le Son maintinrent leur interprétation qui situait le "Pariser Kanone" à plusieurs centaines de mètres du lieu indiqué par les photos aériennes.Il fallut la reprise du site pour se rendre compte que les S.R.S. ne s'étaient pas trompées.
De nombreux autres exemples montrent que le travail des S.R.S. étaient d'une grande qualité.
Pour se faire une idée de la complexité de la question et de la perfection des appareils mis au point à cette époque, il faut se référer aux cours de Repérage de l'Ecole d'Artillerie de Fontainebleau qui décrivent bien la complexité des appareils qui ne ressemblent en rien aux "bricolages" de génie improvisés ici et là, qui ont toutefois pu rendre des services locaux en guerre de position, mais n'ont certainement pas pu détecter une batterie d'artillerie en action à 20 km au milieu des tirs simultanés de dizaines d'autres batteries!
Cordialement,Guy.

Re: un étonnant appareil de détéction

Publié : mer. sept. 24, 2008 1:02 am
par nenou
Bonsoir à toutes et à tous,
Merci laurent pour vos précisions sur les droits d'auteur.
Voici donc ce qu'écrit rené Germain sur cet étrange appareil : " sur un cadran métallique horizontal, gradué en degrés et orienté à la boussole, une longue aiguille pouvait se déplacer pour indiquer un angle avec le nord géographique représenté par le chiffre 0.
En position d'attente, l'aiguille était maintenue sur le 0 par deux petits éléctro-aimants de force égale, se neutralisant l'un et l'autre.
Ils étaient reliés à deux écouteurs paraboliques situés à égale distance de l'appareil et contenant chacun en leur foyer une mince capsule d'or.
Le bruit -ou mouvement vibratoire-produit par le canon ennemi arrivait dans les écouteurs à des temps différents et les parcelles d'or influençaient les petits électro-aimants l'un aprés l'autre.
L'aiguille, d'abord attirée par le premier, était bientôt retenue par le second avec un léger retard et s'arrêtait en face d'une division donnant exactement la ligne d'angle sur laquelle se trouvait le canon.
Lorsque celui-ci se trouvait dans l'axe de l'appareil, l'aiguille restait sur le point 0, les deux écouteurs étant frappés en même temps.
L'observateur notait très exactement l'heure à laquelle s'était produit le coup, puis téléphonait au poste voisin distant de 2 kilomètres pour lui demander ses coordonèes. Les deux renseignements étaient alors transmis à un officier qui déterminait facilement le point où se trouvait la pièce par recoupement des deux directions ."

Cordialement.

Re: un étonnant appareil de détéction

Publié : mer. sept. 24, 2008 4:41 pm
par Ferns
Bonjour Nenou,
c'est fascinant. On connait aussi le système d'écoute des communications téléphoniques de l'enemi dans les tranchées. Une anecdote : le général Mangin à Verdun est informé de l'existence de ce sytème. Il va s'en rendre compte lui-même sans trop y croire. le téléphoniste lui passe les écouteurs. L'écoute était tellement claire que Mangin sursauta et se retourna vivement voir s'il n'y avait pas un Allemand derrière lui !
Source : Capitaien Morin, A l'écoute devant Verdun, Paris 1938.

Re: un étonnant appareil de détéction

Publié : mer. sept. 24, 2008 6:18 pm
par ALVF
Bonjour,

L'appareil décrit par René Germain semble assez rudimentaire au regard de ceux en service à la fin de la guerre.
Il est généralement admis que les bases du principe du repérage par le son ont été développées par l'astronome Charles Nordmann, de l'observatoire de Paris, parti simple soldat de 2° classe et heureusement repéré dès le début de la guerre par le Colonel Nivelle, commandant du 5° Régiment d'Artillerie de Campagne (on oublie que si Nivelle fut un commandant en chef calamiteux, il fut auparavant un excellent Colonel d'Artillerie qui, grâce à des ordres remarquables, amena la destruction puis la capture d'un Groupe entier de canons de 7,7 cm allemands en Haute-Alsace dès le début de la guerre).Nordmann, poussé et encouragé par Nivelle, a mis au point tout le travail théorique du repérage par le son à l'automne 1914 et réalisa les premiers appareils.
Georges Claude perfectionna les instruments de Nordmann dès novembre 1914 et put en faire l'essai avec succès à la 56° Division d'Infanterie en avril 1915 en Artois.
Ensuite,une multitude de chercheurs civils et militaires perfectionnèrent le système du repérage, notamment Ernest Esclangon, encore un astronome,auteur d'un livre très "pointu" sur la théorie du repérage "Acoustique des canons et des projectiles" et le professeur Jean Perrin qui mit au point des récepteurs acoustiques portables par un seul homme.
En 1917 et 1918, les matériels étaient très fiables mais nécessitaient de gros efforts d'installation: base élargie de récepteurs très sensibles répartis sur tout le front d'une Armée et tous reliés à un Poste Central comprenant des oscillographes, des enregistreurs de bande, des chronographes et bien d'autres appareils techniques.On imagine la difficulté d'installation des postes de réception, reliés par fils au poste central et les difficultés de repli en cas d'avance de l'ennemi, comme au printemps 1918.
Dans les dernières années de la guerre, les appareils étaient capables de discerner l'onde de bouche de l'onde balistique des pièces en action, de distinguer la "signature" acoustique des pièces à grande puissance, même au milieu d'une grande préparation d'artillerie.Par contre, les pièces les plus courantes de l'artillerie de campagne ne pouvaient être détectées nettement si il y avait trop de pièces en action.Les tirs de pièces isolées étaient par contre détectées avec une grande précision.Pour être complet, il convient aussi de préciser que le réglage du tir d'une pièce "amie" pouvait être effectué de nuit ou par temps de brouillard, grâce à la technique du repérage par le son.
Je ne connais malheureusement pas de livre complet sur ce sujet à part un excellent article de synthèse du Cl Thiberge "Le Service des Renseignements d'Artillerie" paru dans le N° 1-2 spécial "Artillerie" de la Revue Historique des Armées de 1975 qui retrace les étapes de l'organisation du repérage au cours de la guerre.
Cordialement, Guy.

Re: un étonnant appareil de détéction

Publié : mer. sept. 24, 2008 8:04 pm
par Cyril Cary
Bonsoir

Voici quelques vues d'un poste S.R.S. Le manuel comporte 117 pages détaillant techniquement et trés précisement le fonctionnement d'un poste avec beaucoup de schémas éléctrique.
Comme l'a dit ALVF, ce sont des instruments trés complexe, comportant plusieurs appareils distincts.
La documentation date de 1933 mais les postes étaient sensiblement restés les mêmes.

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Cordialement
Cyril.