Re: L'usure des effectifs français en octobre-novembre 1918
Publié : sam. juil. 16, 2016 6:53 pm
Bonsoir,
Lorsqu'on examine les "historiques" divers des combats de l'automne 1918, on y lit souvent que les compagnies d'infanterie allemandes étaient souvent réduites à 50 ou 80 hommes du fait de l'usure des effectifs et de l'importance des pertes subies depuis le printemps 1918.
Mais il est tout aussi intéressant d'examiner ce qu'il en est dans les Armées alliées à cette période de la guerre.
-l'Armée américaine est à gros effectifs avec des Divisions comptant plus du double d'hommes que les nôtres, de surcroît, des centaines de milliers d'hommes et de divisions entières ne verront jamais le front et rentreront aux U.S.A sans avoir été engagées.
-l'Armée anglaise souffre de l'usure des effectifs, surtout à partir de la fin de l'été 1918.
-l'Armée française, pour sa part, a les plus grandes difficultés à maintenir ses effectifs à la dotation théorique et les Divisions "d'attaque" ont particulièrement souffert depuis mai 1918. En effet, il y a bien, n'en déplaise aux partisans des thèses du parfait "égalitarisme" des unités de l'Armée françaises, des Divisions d'attaque et...les autres.
Il suffit d'étudier la situation des effectifs de quelques Divisions de ce type pour se faire une idée de l'extraordinaire usure de ces belles divisions, surtout lorsqu'elles ont été employées par des chefs "offensifs", symbolisés par le général Mangin et quelques autres: voir à ce sujet les pertes et l'état des effectifs des 1ère et 2ème Divisions Marocaines, des 37e et 38e Divisions ou des Divisions"bleues", 46e et 47e Divisions, dont l'infanterie est composée de Bataillons de Chasseurs.
Ces difficultés de maintien des effectifs, associées à l'extraordinaire usure du matériel d'artillerie, expliquent mieux la relative lenteur de l'avance des Armées alliées malgré des succès offensifs importants.
Ainsi, au sein de la 46e Division d'Infanterie, les pertes ont atteint plus de 7000 hommes pour la seule période de mai à octobre 1918. Cette grande unité, ayant relativement peu souffert en 1917, notamment du fait d'avoir été maintenue en réserve en avril dans le but d'exploiter un éventuel succès, a par contre été employée dans de nombreuses offensives à partir de mai 1918 en Belgique, en Champagne, à l'offensive du 8 août en Picardie, dans la bataille de Saint-Quentin puis de l'avance en direction de la Belgique.
Dans ces conditions, les Bataillons de Chasseurs ont beaucoup souffert. Les pertes de l'artillerie sont beaucoup plus rarement évoquées.
Pour illustrer la rapidité de l'usure des unités d'artillerie de campagne, je joins un extrait du rapport établi le 20 novembre 1918 par le colonel Verguin, commandant de l'A.D 46. En deux pages, s'appuyant sur les rapports des commandants de batterie, cet officier dresse un tableau impressionnant de l'état de l'artillerie de campagne de la 46e Division dans les tous derniers jours de la campagne. Un chapitre de ce rapport, intitulé "Usure des effectifs par l'ypérite", illustre la situation des batteries du 227e R.A.C chargées d'appuyer l'infanterie dans la phase de poursuite de l'ennemi en cours de repli vers la Meuse belge.
Ce cours chapitre résume bien l'état réel des troupes françaises en fin de guerre:
Cordialement,
Guy François.
Lorsqu'on examine les "historiques" divers des combats de l'automne 1918, on y lit souvent que les compagnies d'infanterie allemandes étaient souvent réduites à 50 ou 80 hommes du fait de l'usure des effectifs et de l'importance des pertes subies depuis le printemps 1918.
Mais il est tout aussi intéressant d'examiner ce qu'il en est dans les Armées alliées à cette période de la guerre.
-l'Armée américaine est à gros effectifs avec des Divisions comptant plus du double d'hommes que les nôtres, de surcroît, des centaines de milliers d'hommes et de divisions entières ne verront jamais le front et rentreront aux U.S.A sans avoir été engagées.
-l'Armée anglaise souffre de l'usure des effectifs, surtout à partir de la fin de l'été 1918.
-l'Armée française, pour sa part, a les plus grandes difficultés à maintenir ses effectifs à la dotation théorique et les Divisions "d'attaque" ont particulièrement souffert depuis mai 1918. En effet, il y a bien, n'en déplaise aux partisans des thèses du parfait "égalitarisme" des unités de l'Armée françaises, des Divisions d'attaque et...les autres.
Il suffit d'étudier la situation des effectifs de quelques Divisions de ce type pour se faire une idée de l'extraordinaire usure de ces belles divisions, surtout lorsqu'elles ont été employées par des chefs "offensifs", symbolisés par le général Mangin et quelques autres: voir à ce sujet les pertes et l'état des effectifs des 1ère et 2ème Divisions Marocaines, des 37e et 38e Divisions ou des Divisions"bleues", 46e et 47e Divisions, dont l'infanterie est composée de Bataillons de Chasseurs.
Ces difficultés de maintien des effectifs, associées à l'extraordinaire usure du matériel d'artillerie, expliquent mieux la relative lenteur de l'avance des Armées alliées malgré des succès offensifs importants.
Ainsi, au sein de la 46e Division d'Infanterie, les pertes ont atteint plus de 7000 hommes pour la seule période de mai à octobre 1918. Cette grande unité, ayant relativement peu souffert en 1917, notamment du fait d'avoir été maintenue en réserve en avril dans le but d'exploiter un éventuel succès, a par contre été employée dans de nombreuses offensives à partir de mai 1918 en Belgique, en Champagne, à l'offensive du 8 août en Picardie, dans la bataille de Saint-Quentin puis de l'avance en direction de la Belgique.
Dans ces conditions, les Bataillons de Chasseurs ont beaucoup souffert. Les pertes de l'artillerie sont beaucoup plus rarement évoquées.
Pour illustrer la rapidité de l'usure des unités d'artillerie de campagne, je joins un extrait du rapport établi le 20 novembre 1918 par le colonel Verguin, commandant de l'A.D 46. En deux pages, s'appuyant sur les rapports des commandants de batterie, cet officier dresse un tableau impressionnant de l'état de l'artillerie de campagne de la 46e Division dans les tous derniers jours de la campagne. Un chapitre de ce rapport, intitulé "Usure des effectifs par l'ypérite", illustre la situation des batteries du 227e R.A.C chargées d'appuyer l'infanterie dans la phase de poursuite de l'ennemi en cours de repli vers la Meuse belge.
Ce cours chapitre résume bien l'état réel des troupes françaises en fin de guerre:
Cordialement,
Guy François.