Affectation dans les régiments à la mobilisation

[jcp66]

Bonjour
Je fais une étude sur le 215ème RI d'Albi. Sur 148 soldats décédés durant l'année 1914 : 33% étaient issus du recrutement d'Albi, 4% du recrutement de Carcassonne alors que le sud du département du Tarn y était rattaché. Mais 44% étaient issus des recrutements d'Agen, Marmande et Montauban (17ème CA).
Je me pose donc la question: comment se fait il qu'il y ait autant de soldats de ces centres de recrutement sur un régiment qui ne faisait pas partie du même CA. On n'a pas une telle surreprésentation pour des recrutements voisins comme Carcassonne (on l'a vu) mais aussi Rodez, Perpignan, etc.
Si quelqu'un a des informations sur les rattachements de soldats réservistes aux unités je suis preneur.

Merci

Cordialement

Jean-Claude

[Arnaud Carobbi]

Bonjour Jean-Claude,

Pour les régiments de réserve, les choses sont assez simples à la mobilisation : les réservistes résidaient ou étaient domiciliés à proximité du régiment. Mais avec les pertes importantes du début du conflit, les hommes restés au dépôt ne suffirent pas à compenser les pertes du régiment d'active et du régiment de réserve. On fit alors appel aux hommes d'autres dépôts. Il est d'ailleurs fort probable que vous retrouviez cet état de fait dans vos statistiques : des locaux dans les pertes en août et septembre et très vite des pertes d'hommes provenant d'autres unités.
La grande difficultés dans ces études est que chaque régiment a à la fois son parcours propre et des provenances de renforts variables.

Bien cordialement,
Arnaud

[jcp66]

oui et c'est pour cela que je me suis limité aux morts de l'année 1914et beaucoup sont d'ailleurs morts en aout à Didenheim. Cela reflete davantage le recrutement à la mobilisation.
Jean-Claude

[chanteloube]

Bonjour,

En 1914 le recrutement régional était de moins en moins important dans les régiments.....et plus du tout systématique...

peut-être serait-il utile pour votre étude, mais vous l'avez sans doute fait, de classer les pertes de votre régiment par âge, et ainsi de voir quand les hommes ont été incorporés et depuis combien de temps ils étaient soldats au 215° RI.
A bientôt
CC

[Arnaud Carobbi]

Bonjour,

En 1914 le recrutement régional était de moins en moins important dans les régiments.....et plus du tout systématique...

Il l'était toujours pour les réservistes, et donc encore à la mobilisation. Je ne parle ici que de l'infanterie.

Cordialement,
Arnaud

[DOUDOU44]

Bonjour !
D'où l'obligation de faire constater à la Gendarmerie, les changements de domicile, résidence et déplacements pour voyager ou se rendre à l'étranger (Cf. annotations sur le LIVRET INDIVIDUEL).
Tout homme qui s'abstiendrait de faire sa déclaration de changement de domicile ou de résidence est passible de sanctions...
Cordialement,

P.S. : certaines subdivisions et régions étaient déficitaires en hommes, d'autres excédentaires, d'où " application du principe des vases communicants ".

[b sonneck]

Bonjour,

Pour pousser dans le même sens que Chanteloube et expliciter, je dirais qu'il conviendrait de compléter le relevé des recrutements d'appartenance, probablement opéré à partir des fiches Mémoire des Hommes, par l'examen systématique des fiches matricules.
Cela permettrait peut-être d'identifier le ou les processus qui ont conduit à alimenter ce régiment à partir d'hommes relevant d'autres bureaux de recrutement que le sien :
- étaient-ils déjà affectés au 215e à la mobilisation ?
- sont-ils arrivés en renfort après la mobilisation, et si oui provenaient-ils d'un dépôt ou étaient-ils déjà aux armées avec un autre régiment ?

Il ne pourrait être tiré de conclusions qu'une fois en possession de ces données.

Cordialement
Bernard

[Charraud Jerome]

Bonsoir
Comme ces affaires ne sont pas réellement simples, même à résumer, je conseillerai la lecture de "La France devant la conscription - Géographie historique d'une institution républicaine - 1914-1922" de Philippe Boulanger.
Les affectations sont effectuées par le bureau de recrutement (BR) pour des affectations sur son territoire, mais aussi sur les territoires autres, en fonction des besoins.
Le suivi militaire des conscrits est fait par le BR (En 1914, les BR sont composés de 1600 soldats et sous-officiers au niveau national, sans compter les officiers) .

Cordialement
Jérôme Charraud

[pierre C31]

Bonjour à tous,
Il n'est pas anormal que l'on retrouve dans l'effectif des régiments, de manière presque systématique des soldats originaires de subdivisions situées un peu plus à l'ouest que celle de leur régiment d'affectation. Il faut en rechercher la source dans le décalage entre le centre de gravité des besoins et celui de la ressource. Le premier est naturellement décalé vers l'est, direction d'où vient la menace et où la densité des troupes est naturellement plus grande ( 5 corps d'ramée de couverture à effectifs renforcés. Pour les recrues actives on procédait à des affectations par abonnement aux bureaux de recrutement, mais en mobilisation il fallait jouer sur la proximité aussi j'ai pu constate ce décalage vers l'est dans toute la zone sud-ouest de la France. Les 143e et 243e RI recevant des réservistes venant des subdivisions de la 17e région, les 83e et 283e RI formés dans le sud de la Haute-Garonne recevant pour leur part des réservistes bigourdans béarnais ou landais provenant du territoire de la 18e région. Ces mesures ont pour but de compenser de proche en proche le déséquilibre des centres de gravité des besoins et de la ressource. Il convient de noter que ce déséquilibre a subsisté jusqu'à la suspension de la conscription.
Bien cordialement
Pierre

[Charraud Jerome]

Bonsoir
Je n'aurais pu mieux expliquer ce qu'écrit Pierre ci-dessus.
Voici la carte que j'avais présenté lors d'une conférence à la fac de Chateauroux, ayant trait à la mobilisation dans le département de l'Indre. Le département est inclut dans la 9e RM, les décés d'Aout-Septembre 1914 des classes d'appelés (1911 à 1913) sont principalement liés à des unités affectés dans des RM plus à l'Est




Cordialement
Jérôme Charraud