Re: Le Drapeau du "II.Bataillons 3.Garde-Regiments zu Fuss"
Publié : dim. déc. 04, 2011 7:03 pm
Bonsoir,
Parmi les drapeaux perdus au cours de la première guerre mondiale, le sort de celui du 2ème Bataillon du 3ème Régiment de la Garde à pied prussienne occupe une place de choix à plusieurs titres:
-c'est le seul Drapeau de la Garde prussienne perdu au cours de la guerre et il appartient à un des régiments les plus prestigieux de ce corps, régiment au sein duquel servit le Maréchal Hindenburg pendant les guerres contre l'Autriche de 1866 et contre la France en 1870-71.
-c'est un des rares drapeaux enterrés à l'issue d'un combat à avoir été découvert fortuitement et quasi intact.
-enfin son histoire est particulièrement mouvementée.
Ce drapeau fut perdu à la fin du combat de Saint-Léonard (Marne) le 27 septembre 1914 dans les circonstances suivantes:
Le 26 septembre, la 1ère Division de la Garde lance une violente attaque à l'Est de Reims sur le front tenu par la 2ème Division de la Garde.Les unités d'attaque de la 1ère Division comprennent les trois bataillons du 3ème Régiment de la Garde à pied, couverts à droite par le 3ème Bataillon du 1er Régiment de la Garde à pied et à gauche par le 4ème Régiment de la Garde à Pied.
L'attaque véritablement foudroyante pénètre loin dans les lignes françaises tenues par le 63ème R.I et le 291ème R.I, bientôt rejoints par le 78ème R.I.Après le lever du jour, les éléments avancés allemands sont rapidement soumis à des tirs d'infanterie et d'artillerie provenant de trois directions différentes et ne peuvent ni avancer ni reculer.Seuls quelques rares éléments du 2ème bataillon du 3ème Régiment de la Garde à pied pourront rentrer dans leurs lignes dans la nuit du 26 au 27 septembre 1914.
A l'issue du combat, le 2ème bataillon est réduit à une compagnie et le 3ème bataillon à 2 compagnies, les français feront de surcroît plus de 200 prisonniers valides appartenant surtout au 2ème bataillon.
Il semble que le Drapeau du "II.Bataillons 3.Garde-Regiments zu Fuss" a été enterré le 27 septembre avec le corps du Sergent Kranich de la 5ème Compagnie afin d'éviter sa capture.La hampe du Drapeau avait été brisée au cours du combat, le sergent Kranich portait l'emblème et le sous-officier Schulz le morceau inférieur de la hampe portant deux anneaux (dans l'Armée allemande, la partie la plus précieuse du Drapeau est constituée par les anneaux gravés relatant les hauts-faits de l'unité).Si Schulz put regagner les lignes allemandes, on ne sait pas exactement les circonstances de l'enterrement de Kranich et du Drapeau, placé dans sa gaine, qui furent enfouis dans le talus de la voie ferrée par des soldats faits prisonniers le lendemain.
En tout cas, aucun des soldats de la Garde faits prisonniers ne révéla l'enterrement du Drapeau.
Le 20 janvier 1920, un ouvrier terrassier découvrit un cadavre et le drapeau dans sa gaine et le remit à des paysans de Witry-les-Reims.Ceux-ci le portèrent aux autorités, non sans garder à titre de souvenir l'angle supérieur du flottant.Ce morceau fut remis à la Place de Reims en février 1933 dans des circonstances non connues.Le Drapeau proprement dit avait déjà pris place aux Invalides dans une vitrine au milieu des autres drapeaux capturés en 1914.
En 1931, le Maréchal Hindenburg, devenu président de la République allemande, demanda officiellement le retour de cet emblème trouvé et non pris au combat.La France refusa en déclarant que le bataillon allemand n'avait pas réussi à sauver son drapeau resté sur le terrain repris de haute lutte par nos troupes et qu'en conséquence ce drapeau devait être considéré comme un trophée de guerre.
Le Drapeau, avec ses rubans du 1er janvier 1900, resta donc aux Invalides jusqu'en juin 1940, date de sa restitution à l'Allemagne.
Le président Hindenburg plaça la bague et le morceau de hampe rescapés à l'église de garnison de Postdam et y ajouta une nouvelle bague portant l'inscription "Mit dieser Fahne in der Hand fiel am 26.september 1914 beim Sturm auf St. Leonard-Schlacht bei Reims-Sergeant Kranich, 5.Kompagnie..." (suivent les circonstances de l'enterrement du drapeau et du sauvetage de la bague).
Sources:
-Revue d'Infanterie 1er juillet 1932 "Le combat de Saint-Léonard" par le général Levanier.
-Commandant Andolenko "Les Drapeaux de la Grande Guerre 1914-1918" écrit en 1937 mais publié à Stuttgart en 1945.
-Die Sammlungen des Wehrgeschichtlichen Museums im Schloss Rasstatt "3 Felzeichen Teil I "Das Königlich Preussische Gardekorps" 1982.
Le combat de Saint-Léonard, les bataillons marqués "F" sont les 3ème bataillons des régiments (bataillon de Fusiliers).
Le Drapeau du II.Bataillons 3.Garde-Regiments zu Fuss" aux Invalides entre 1920 et 1940.
Cordialement,
Guy François.
Parmi les drapeaux perdus au cours de la première guerre mondiale, le sort de celui du 2ème Bataillon du 3ème Régiment de la Garde à pied prussienne occupe une place de choix à plusieurs titres:
-c'est le seul Drapeau de la Garde prussienne perdu au cours de la guerre et il appartient à un des régiments les plus prestigieux de ce corps, régiment au sein duquel servit le Maréchal Hindenburg pendant les guerres contre l'Autriche de 1866 et contre la France en 1870-71.
-c'est un des rares drapeaux enterrés à l'issue d'un combat à avoir été découvert fortuitement et quasi intact.
-enfin son histoire est particulièrement mouvementée.
Ce drapeau fut perdu à la fin du combat de Saint-Léonard (Marne) le 27 septembre 1914 dans les circonstances suivantes:
Le 26 septembre, la 1ère Division de la Garde lance une violente attaque à l'Est de Reims sur le front tenu par la 2ème Division de la Garde.Les unités d'attaque de la 1ère Division comprennent les trois bataillons du 3ème Régiment de la Garde à pied, couverts à droite par le 3ème Bataillon du 1er Régiment de la Garde à pied et à gauche par le 4ème Régiment de la Garde à Pied.
L'attaque véritablement foudroyante pénètre loin dans les lignes françaises tenues par le 63ème R.I et le 291ème R.I, bientôt rejoints par le 78ème R.I.Après le lever du jour, les éléments avancés allemands sont rapidement soumis à des tirs d'infanterie et d'artillerie provenant de trois directions différentes et ne peuvent ni avancer ni reculer.Seuls quelques rares éléments du 2ème bataillon du 3ème Régiment de la Garde à pied pourront rentrer dans leurs lignes dans la nuit du 26 au 27 septembre 1914.
A l'issue du combat, le 2ème bataillon est réduit à une compagnie et le 3ème bataillon à 2 compagnies, les français feront de surcroît plus de 200 prisonniers valides appartenant surtout au 2ème bataillon.
Il semble que le Drapeau du "II.Bataillons 3.Garde-Regiments zu Fuss" a été enterré le 27 septembre avec le corps du Sergent Kranich de la 5ème Compagnie afin d'éviter sa capture.La hampe du Drapeau avait été brisée au cours du combat, le sergent Kranich portait l'emblème et le sous-officier Schulz le morceau inférieur de la hampe portant deux anneaux (dans l'Armée allemande, la partie la plus précieuse du Drapeau est constituée par les anneaux gravés relatant les hauts-faits de l'unité).Si Schulz put regagner les lignes allemandes, on ne sait pas exactement les circonstances de l'enterrement de Kranich et du Drapeau, placé dans sa gaine, qui furent enfouis dans le talus de la voie ferrée par des soldats faits prisonniers le lendemain.
En tout cas, aucun des soldats de la Garde faits prisonniers ne révéla l'enterrement du Drapeau.
Le 20 janvier 1920, un ouvrier terrassier découvrit un cadavre et le drapeau dans sa gaine et le remit à des paysans de Witry-les-Reims.Ceux-ci le portèrent aux autorités, non sans garder à titre de souvenir l'angle supérieur du flottant.Ce morceau fut remis à la Place de Reims en février 1933 dans des circonstances non connues.Le Drapeau proprement dit avait déjà pris place aux Invalides dans une vitrine au milieu des autres drapeaux capturés en 1914.
En 1931, le Maréchal Hindenburg, devenu président de la République allemande, demanda officiellement le retour de cet emblème trouvé et non pris au combat.La France refusa en déclarant que le bataillon allemand n'avait pas réussi à sauver son drapeau resté sur le terrain repris de haute lutte par nos troupes et qu'en conséquence ce drapeau devait être considéré comme un trophée de guerre.
Le Drapeau, avec ses rubans du 1er janvier 1900, resta donc aux Invalides jusqu'en juin 1940, date de sa restitution à l'Allemagne.
Le président Hindenburg plaça la bague et le morceau de hampe rescapés à l'église de garnison de Postdam et y ajouta une nouvelle bague portant l'inscription "Mit dieser Fahne in der Hand fiel am 26.september 1914 beim Sturm auf St. Leonard-Schlacht bei Reims-Sergeant Kranich, 5.Kompagnie..." (suivent les circonstances de l'enterrement du drapeau et du sauvetage de la bague).
Sources:
-Revue d'Infanterie 1er juillet 1932 "Le combat de Saint-Léonard" par le général Levanier.
-Commandant Andolenko "Les Drapeaux de la Grande Guerre 1914-1918" écrit en 1937 mais publié à Stuttgart en 1945.
-Die Sammlungen des Wehrgeschichtlichen Museums im Schloss Rasstatt "3 Felzeichen Teil I "Das Königlich Preussische Gardekorps" 1982.
Le combat de Saint-Léonard, les bataillons marqués "F" sont les 3ème bataillons des régiments (bataillon de Fusiliers).
Le Drapeau du II.Bataillons 3.Garde-Regiments zu Fuss" aux Invalides entre 1920 et 1940.
Cordialement,
Guy François.