Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour guitardière,
En ce qui concerne M. Ruppé, je lui ai emprunté, dans une publication d’une cinquantaine de pages, les quelques extraits que vous avez lus
Le texte est donc bien de lui et vous n'y êtes donc pour rien. CQFD.
Je voulais appuyer mes arguments sur la retranscription des JMO et sur une carte ; c'est un peu long et, comme je souhaite vous répondre rapidement, je vais donc résumer ce que j'ai perçu.
Le 6 septembre 1914 au soir, la 107e Brigade, composée des 301e, 302e et 304e RI, reçoit l'ordre de s'installer le lendemain matin au nord de la voie ferrée du "Meusien", en couverture de la 12e DI. Elle sera appuyée par deux compagnies du Génie. Le 301e RI se porte aux avant-postes de combat en fin d'après-midi sur cette ligne.
Le 7 septembre, à 5h00, le 301e RI subit un tir d'artillerie ; il est suivi par l'attaque d'un bataillon appuyé par des mitrailleuses, à laquelle il résiste. Il est rejoint à partir de 5h30 par les 302e et 304eRI pour occuper la position entre la route de Sommaisne / Rembercout à l'ouest, et la route Vaux-Marie / Beauzée à l'est. La Brigade se maintient sous le feu de l'artillerie allemande qui interdit tous les travaux d'organisation du terrain.
En début d'après-midi, l'infanterie allemande attaque et la progression des assaillants déborde les positions, permettant des tirs d'enfilades meurtriers qui obligent les trois régiments à se replier. Le général Estève, commandant la Brigade, est blessé et remplacé par le Colonel Desthieux, commandant le 301e, qui sera lui-même blessé de trois balles peu après. Le 6e Corps d'Armée estime les perte de la 107e Brigade aux 3/5 de son effectif.
Vers 16h30, le 29e BCP reçoit l'ordre de renforcer la 107e Brigade qui commence à plier. Pendant son mouvement vers l'avant il reçoit d'un officier de l'état-major du VIe Corps d'Armée l'ordre verbal "Portes-toi avec tout ton bataillon en renfort de la 107e Brigade qui plie." A près s'être renseigné auprès des artilleurs et avoir reconnu le terrain, le commandant du Bataillon décide d'occuper la position précédemment tenue par la 107e Brigade. L'ennemi n'occupe qu'une bande de terrain entre la station du Meusien et la ferme Vaux-Marie où se trouvent deux compagnies environ. La préparation d'artillerie, très efficace, oblige les allemands à quitter les positions conquises. A 18h30 le 29eBCP tient les objectifs prescrits.
L'attaque du matin a permis aux Allemands de préciser les positions françaises et d'en déterminer les points faibles ; bien appuyée par l'artillerie et des mitrailleuses, celle de l'après-midi oblige la Brigade, qui a subi huit heures de canonnade incessante, à se replier sous un feu meurtrier après deux heures de combat. Le plus gros des pertes semble avoir été subi au cours de l'attaque d'infanterie. Le JMO de la 107e Brigade donne les chiffres de pertes = 301e RI : 739,
302e RI : 448, 304e RI : 1123. Les deux compagnies du Génie, qui sont restées sur les positions malgré l'impossibilité de travailler et ont fait le coup de feu avec les fantassins, subissent aussi des pertes sensibles = 6/4 : 50, 6/5 : 36. L'artillerie lourde et de campagne a subi aussi des pertes, mais je n'ai pas encore trouvé de chiffres précis.
Edité pour ajouter : Le 4e groupe du 46e RAC (10e, 11e et 12e batterie) perd 4 tués et 18 blessés.
Il est clair, à mes yeux, que le sacrifice des fantassins et des sapeurs n'a pas été vain malgré ce que le récit de la journée pourrait laisser croire. En effet, si le 29e BCP ne trouve en face de lui que deux compagnies, malgré l'abandon certainement visible des positions, c'est que les Allemands ont été très éprouvés par la résistance de la 107e Brigade.
Jamais le nom du 304e RI n’est évoqué.
Je serais tenté de dire si, au moins une fois, sur le site
Verdun-Meuse :
<<Septembre 1914 : Rembercourt en première ligne dans les combats meusiens de la bataille de la Marne
Au début du mois de septembre 1914, l’offensive allemande a largement bousculé l’armée française, l’obligeant à un repli ordonné qui pousse les avant-gardes allemandes à 25 km de Paris. Dans l’espace meusien, la Ve armée allemande, après avoir contourné par le nord la place forte de Verdun, oriente son offensive vers le sud, fonçant sur la trouée de Revigny et la vallée de l’Ornain. Le 4 septembre, elle prend Clermont-en-Argonne, le 6 septembre, elle investit Revigny. Elle constitue alors le flanc gauche du dispositif offensif allemand engagé dans ce qui devient « la bataille de la Marne ». Face à elle, la 3e Armée française, après avoir étiré à l’extrême ses lignes de repli, engage, au diapason de l’ensemble du dispositif français, une contre-offensive qui se joue à l’Est de la vallée de la Meuse, sur les plateaux du barrois, et notamment autour de Rembercourt aux Pots, sur le plateau de la Vau Marie. C’est là que du 7 au 10 septembre 1914, sous une pluie battante, trois jours et trois nuits de combats ininterrompus opposent le 6e Corps d’Armée français, renforcé du 15e CA, et les VI, XIII et XVIe Corps allemands. Les pertes sont terribles dans les rangs des 25e, 26e et 29e bataillons de chasseurs à pied, le 67e RI et le 106e RI où un jeune officier, Maurice Genevoix, vit son épreuve du feu. Le 304e RI d’Alençon, engagé le 10 septembre sur le secteur, perd 60% de son effectif en 10 heures (plus de 600 morts et 200 blessés dénombrés) sous le feu de l’artillerie qui écrase le plateau de la Vau Marie et sa petite gare du Varinot. Les deux nécropoles française et allemande de Rembercourt, où l’on a rassemblé après guerre les corps des combattants tués dans le secteur, témoignent de la violence de ces combats : des milliers de corps étaient si méconnaissables qu’ils ont été rassemblés dans des fosses communes et des ossuaires au côté des tombes nominatives. Après trois jours d’offensives et de contre-offensives qui voient aussi la destruction quasi complète du village de Rembercourt, l’armée allemande se replie finalement sur l’Argonne mais réussit dix jours plus tard à investir un saillant autour de Saint Mihiel, parvenant ainsi à encercler aux deux tiers la forteresse de Verdun : les fronts meusiens s’installent dès lors pour quatre longues années de lutte.>>
La page est datée du 1er juillet 2010, elle est donc postérieure aux conférences de monsieur Ruppé, dont celle du 10 avril 2010. Toutefois, deux erreurs dans le texte me font penser (
sans certitude il est vrai, mais bon, on ne prête qu'aux riches) que cette évocation du 304e RI ne doit rien à monsieur Ruppé : la date du 10 a lieu du 7 et le nombre de tués et blessés, s'il est du même ordre, n'est pas identique.
Si monsieur Ruppé a engagé des démarches auprès des collectivités et associations locales, elles n'ont pas encore porté leurs fruits. (?)
Comment expliquer l’occultation totale de ce que l’on pourrait appeler la « première bataille de Rembercourt » ?
Les combats des 9 et 10 septembre se sont déroulés sur les même lieux que ceux du 7, contrairement à ce que laisse habilement entendre l'auteur. La bataille de Vaux-Marie s'est donc déroulé en deux temps. La mémoire collective n'a certes retenu que le deuxième temps, combats acharnés et victorieux, glorieux donc, ce qui peut paraître injuste mais dans la logique de la mémoire humaine. La première bataille a provisoirement arrêté l'offensive allemande, alors que la deuxième l'a brisée. Vous remarquerez aussi sur le site
memorial GenWeb, indiqué par Achache, que le monument érigé à la gloire du 29e BCP par le commandant Pol Jolibois n'évoque aussi que le deuxième temps de la bataille, alors que ce Bataillon a participé aux combats du 7 septembre!
Ne pas oublier que le 106e RI compte dans ses rangs Maurice Genevoix
Monsieur Ruppé semble oublier que Maurice Genevoix a non seulement participé au combat de Vaux-Marie avec le 106e RI, mais aussi qu'il l'a décrit dans "Ceux de 14". Sa célébrité actuelle est certainement mise en valeur pour attirer le touriste mais elle n'est pas instrumentalisée.
Le 304e RI d’Argentan ne s’est jamais vraiment remis de cette journée du 7 septembre, et il ne participe plus que rarement aux grandes offensives avant d’être finalement dissous en juin 1916 pour constituer les 3e bataillons des 203e et 341e RI.
Je ne mets pas en doute le fait que le 304e ait eu du mal à se remettre de cette journée, pour autant qu'il s'en soit remis. De là à laisser entendre que sa dissolution en découle, c'est un détournement. De nombreux régiments de réserve seront dissous en 1915 et 1916 pour porter les autres régiments à 3 bataillons. Le 301e RI sera d'ailleurs dissous en juin 1915, un an avant le 304e. Voir les régiments de réserve sur le site du
Chtimiste.
Rembercourt-aux-Pots (aujourd’hui Rembercourt-Sommaisne) le 07 septembre 1914, localité si petite qu’elle n’apparaît sur presque aucune carte militaire de l’époque.
Je ne sais pas ce que Jean-Chrisophe Ruppé entend par "carte militaire" ni ce qu'il veut dire par cette phrase, mais Rembercourt apparaît bien sur la Cassini, la 1/40 000e et la 1/80 000e.
Pour autant que je sache, des cartes supplémentaires ont bien été éditées mais elles étaient d'une échelle plus précise!
J'espère que cette contribution répond à votre demande. Elle sera complétée dès que ma disponibilité me le permettra.
Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
Edité pour ajouter la carte copiée sur ce site et apporter quelques rectifications de pure forme.
Sources :
JMO des
301e RI ,
302e RI,
6e Corps d'Armée,
29e BCP,
compagnie 6/4,
compagnie 6/5
304e RI
JMO du 304e RI
7 septembre 1914
Le Régiment qui, couvert par des avant-postes, a bivouaqué sur ses positions de la veille, se porte au lever du jour par les Merchines et Rambercourt sur la croupe située à 200 ou 300 mètres au nord de la ligne ferrée à une voie, s'y établit à 1 800 mètres au nord de Rambercourt. Sa gauche est vers la cote 285 appuyée à la route de Rambercourt à Sommaisne ; sa droite reliée au 301e est vers la station située à 700 mètres au N.O. de la ferme des Vaux-Marie, et à environ 200 mètres de cette station.
Les huit compagnies du régiment occupent la crête (le 5ème bataillon à gauche) et reçoivent l'ordre d'établir des tranchées (Dans le courant de la journée quelques fractions du 302e viendront s'établir en réserve derrière le 304e au sud de la voie ferrée). Ce travail est rendu impossible par le tir de l'artillerie ennemie qui canonne la position dès l'arrivée du Régiment (vers 5h30). Jusqu'à 15h00 le Régiment ainsi déployé sur un front de 1 500 mètres environ reste exposé à une violente canonnade de l'artillerie lourde et de l'artillerie de campagne ennemies. Toutefois les pertes sont peu considérables. Vers 15 heures, l'infanterie ennemie qui s'était retranchée à l'ouest de Sommaisne, se porte en avant et le Régiment répond à sa fusillade. Mais vers 16 heures toute la ligne commence à essuyer des feux d'écharpe venant de la gauche. Bientôt l'ennemi apparaît sur la gauche du Régiment, à l'ouest de la route de Rambercourt à Sommaisne, vers la cote 285. Un mouvement de recul s'opère alors dans tout le Régiment en commençant par les unités établies vers cette route et en se transmettant jusqu'à la droite. Les différentes unités [strike]se retirent dans un certain désordre[/strike] opèrent leur mouvement de repli, principalement dans la direction ouest-est dans la direction de la ferme de Vaux-Marie, c'est à dire en se prolongeant sur le front de l'attaque venue du nord. Quelques éléments cependant battent en retraite dans la direction de Rambercourt ; ce seront les moins éprouvés par le feu de l'ennemi. Les pertes en tués et blessés sont considérables, les deux sections de mitrailleuses restent aux mains de l’ennemi. Le drapeau est sauf.
Les débris du régiment se rallient dans le ravin situé au nord de Marats-la-Petite à l'Est du bois de Hymeaucote (soit 350 à 400 hommes), ravin où affluent quantité de blessés.
vers 18 heure, ces éléments du 304e, sont conduits vers Marats-la-Grande.
Le Lieutenant Colonel commandant la Brigade donne l'ordre au 304e de s'établir au bivouac au sud de Marats-la-Grande.
les pertes s'élèvent à Tués Blessés Disparus
Officiers 13
Sous-officiers 9 21 22
Caporaux et soldats 31 202 621
Totaux 53 223 643
Le Régiment s'installe au sud de cette localité dans un petit ravin situé près de la route. 450 hommes répondent à l'appel reçu vers 20h30.
8 septembre 1914
Le régiment reçoit l'ordre de s'installer sur la croupe située au sud de Marats-la-Grande, vers la cote 286, d'y exécuter des tranchées de façon à constituer avec les deux autres régiments de la Brigade installés, le 301e sur la croupe située au nord du bois du Fays, vers la cote 312, le 302e sur la croupe située au sud de Marats-la-Petite faisant face au nord et à l'ouest, une position de repli.
Il est reconstitué provisoirement de la façon suivante : le 6ème bataillon forme 3 compagnies, le 6ème forme une seule compagnie, placée sous les ordres d'un adjudant. .../...
107e Brigade
JMO de la 107e Brigade
7 septembre 1914
le 301e a passé la nuit aux avant-postes sur la voie de chemin de fer au nord de Rembercourt ; le reste de la Brigade le rejoint au jour et doit tenir à tout prix la position. Le 301e est attaqué avant l'arrivée des 302e et 304e ; le renforcement semble arrêter l'offensive ennemie. La canonnade commence vers 5h30. La Brigade résiste toute la journée. Vers 15h les 301e et 302e pris d'écharpe par un feu très violent d'artillerie , doivent abandonner la droite. Vers 17h à gauche le 304e est pris d'enfilade par des feux très violents d'infanterie, de mitrailleuses, d'artillerie ; il doit se replier à son tour.
Bivouac de la Brigade à Marats-la-Grande.