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Re: Interdit de musique !

Publié : mar. sept. 14, 2010 8:00 pm
par Laurent59
Bonjour à tous, j'ai lu dernièrement dans l'historique du 272ème RI que les régiments de réserve étaient interdit d'avoir une musique militaire jusqu'en 1916! est ce le cas uniquement pour ce régiment ?

Laurent :hello:

Re: Interdit de musique !

Publié : mer. sept. 15, 2010 7:59 pm
par christian baroin
Bonjour Laurent,
Bonjour à tous,

"La musique du 227e RI", carte écrite le 25 mai 1915.
Dans le premier rang, 8 soldats au moins portent un brassard de la Croix-Rouge.

Cordialement

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Re: Interdit de musique !

Publié : mer. sept. 15, 2010 8:08 pm
par RIO Jean-Yves
Bonjour à tous, bonjour Laurent

Si je m'en réfère au seul 316e RI, je n'ai retrouvé nulle part mention d'une musique dans ce régiment, et comme il fut dissous en juin 1916 ...
Etait-ce une interdiction véritable ?
De mon point de vue cette absence est un peu compréhensible dans la mesure où tous les régiments "de réserve" reformés en aout 1914 le furent en très peu de jours pour partir au front , l'urgence du moment - si je puis dire - était tout autre de que se préoccuper de disposer d'une musique . Les "musicos" réservistes intégrèrent souvent le corps des brancardiers et infirmiers .
J'en prends pour exemple celui de Pierre LE PAUTREMAT, ancien de la musique du 116e RI, qui partit avec le 316 avec cette fonction médicale et devait être l'un des premiers soldats du régiment à être cité , étant resté , en septembre, deux jours seul avec des blessés dans une ferme cernée par l'ennemi.

Lors des courtes périodes d'avant guerre où le 316e se "reconstituait" pour des manœuvres , je n'ai pas non plus trouvé mention d'une musique ; c'est apparemment celle du régiment d'active qui était mise à contribution en cas de défilé ....
Mais les spécialistes sauront certainement mieux répondre que moi.

Bien amicalement :hello:
Jean-Yves

Re: Interdit de musique !

Publié : mer. sept. 15, 2010 8:31 pm
par Laurent59
Ces propos ne sont pas d'ordre historique, ils sont rapportés par le rédacteur de l'historique du 272e RI, il ne précise pas l'origine de cette interdiction...d'où ma question.

Laurent :hello:

Re: Interdit de musique !

Publié : mer. sept. 15, 2010 10:16 pm
par christian baroin
Bonsoir Laurent,
Bonsoir à tous,

Manifestement, il y avait des Colonels mélomanes, et d'autres qui ne l'étaient pas.

JMO du 227e RI, le 11 mai 1915.

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Le chef Charcouchet est le n°1 sur la carte.

J'en profite pour vous demander votre avis concernant l'orthographe des autres numéros (lettres ouvertes, pas facile)
Je lis:
1 - CHARCOUCHET (notre chef)
2 - E. PIRON, ...............
3 - VIARD, violoniste
4 - NORME, le frère du bibliothécaire
5 - R. CHEVIGNARD
6 - M. TON [la carte est signée TON, et est envoyée à Mme Gaston Michel]
7 - BOULOGNE

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Cordialement

Re: Interdit de musique !

Publié : mer. sept. 15, 2010 10:42 pm
par Charraud Jerome
Bonsoir

La musique au 290ème RI, par le colonel Eggenspieler, en mai-aout 1915:

Personnellement je ne concevais pas un régiment d'infanterie sans musique. Le cavalier regarde fièrement le piéton du haut de sa monture. Le canonnier se redresse devant ses pièces aux gueules menaçantes. Le fantassin lui, n'est rien, tant qu'il ne marche pas derrière une musique. Mais quand il s'amène derrière le fracas de ses cuivres et le roulement de ses tambours, c'est lui qui est roi. Il transporte la foule et pour le voir il fait courir une ville entière. Ceux qui avant la guerre ont fait leur service militaire dans une grande garnison ne se rappelleront pas sans émotion l'effet des retraites militaires. Dans l'Est, les Allemands venaient eux-mêmes voir ce spectacle, tant il était beau.
Les Officiers du régiment consultés au sujet de la constitution d'une musique partagèrent mon sentiment à cet égard. Ils se mirent en campagne et en quelques jours nous avions tout ce qu'il fallait pour mettre la musique sur pied. Le tambour-major Moulin avait déjà formé une clique de premier ordre; le brancardier Bavouzet, plus tard sergent, se chargea de la musique. En très peu de temps elle fut au point. Nous avions une batterie de clarinettes qui aurait fait le bonheur de plus d'un chef de l'active.
Je me rappelle encore quelques numéros du répertoire Poète et Paysan, modulé agréablement par un saxophone; Le Ballet d'Isoline, exécuté admirablement par une des clarinettes. Nous avions des morceaux avec chant : Dis-moi quel est ton pays, chanté par Girolet, un homme au type gaulois, eut chaque fois un grand succès. Nos marches étaient les plus entraînantes du répertoire des musiques militaires. Bref, avec notre musique, nous étions un régiment d'infanterie complet. A notre retour des dunes nous traversions West-Cappel où se trouvait le Q.G. de la 152e D. I. Le Général Cherrier venait toujours nous voir défiler. Il nous complimentait chaque fois de notre belle allure.
Notre musique nous a permis d'organiser à Wylder des fêtes comme jamais les habitants n'en avaient vues.
Les fêtes les plus brillantes avaient été celles du 14 Juillet et du 15 Août. Toute la population, ainsi que les régiments des cantonnements voisins étaient invités et y venaient. Pour nos exhibitions on avait mis à notre disposition un grand pré. Nos fêtes comportaient en général une partie hippique et une partie burlesque. Pour la partie hippique on avait organisé tout autour du pré une piste avec obstacles. Nous avions au régiment de jeunes cavaliers, des artilleurs, des officiers sortant du train et aussi de simples fantassins qui s'y connaissaient en chevaux. Parmi nos chevaux de selle il y avait quelques vieux canassons qui franchissaient encore très convenablement la barre et la haie. Parmi nos sauteurs figurait au premier rang la jument de M. Patureau-Mirand qui avait été classée deuxième au raid Paris-Biarritz.
La partie comique de nos représentations était celle qui eût le plus de succès auprès du public. Il y avait des numéros qui étaient aussi réussis que ceux des grands music-halls. Parmi les artistes du régiment je citerai le Lieutenant Saintin (violon), le sous-lieutenant Salutrinsky (piano), les musiciens Pouzet (clarinette) et Rouby (airs berrichons), l'infirmier Cochet (histoires berrichonnes) et le téléphoniste Bonnard (scènes burlesques). Des artistes des régiments voisins nous prêtaient leurs concours; je me rappelle parmi eux les sous-lieutenants Guitel (artillerie) et Jouvenet (R.I.T.). Enfin, parmi la population nous fûmes aidés par Mlle Delaby, institutrice (comédie) et Mlle Versheure (jeune diseuse).
Si les cantonnements voisins venaient assister à nos fêtes nous nous rendions également à celles qu'ils organisaient. Il y avait tout près de nous, à Quaedypre, un régiment territorial breton qui avait un grand cachet d'originalité. Il était commandé par un Lieutenant-Colonel d'Infanterie coloniale en retraite. C'était un excellent camarade. Un jour il m'a fait l'honneur du défilé de son régiment. Il avait comme tête de colonne une espèce de nouba composée de binious. C'était très curieux à voir et à entendre. Le régiment avait très bonne allure. Il avait du reste fait le coup de feu sur le front de Flandre.



Le colonel Eggenspieler souhaite donc une musique au 290e RI, il l'a constitue donc.

Cependant, dès le 12 aout 1914, il est à noter :
Le 12 au matin, le régiment se mit en route. C'était une marche comme toutes les marches du temps de paix. On se crut loin de l'ennemi. Les hussards éclaireurs de terrain précédaient la colonne. On n'entendit rien, on ne vit personne. Il faisait terriblement chaud. D'entraînement, les hommes n'en avaient pas. Mais, c'étaient des hommes ayant encore la force de la jeunesse. Ils avaient leur amour-propre de vieux fantassins. Ils ne voulaient pas caler. C'est seulement aux heures où le soleil de plomb darda sur leurs têtes, au moment où le pays devint plus accidenté que les défaillances commencèrent. Ah ! les figures douloureuses que l'on vit aux bords des fossés. Les larmes creusèrent des sillons dans les visages poussiéreux. Chacun s'évertua à secourir et à encourager les pauvres diables qui n'en pouvaient plus.
Dans les rangs un peu relâchés, on continua la tête basse, abruti et entêté, ne voulant pas penser pour ne pas être tenté de s'arrêter. Les officiers se placèrent à hauteur de ceux qu'ils sentaient prêts à faiblir et leur parlaient. Ils essayaient, mais en vain, d'amorcer des plaisanteries ou des chants entraînants. Soudain, la musique en tête de la colonne a déboîté de la route et s'est placée dans un champ. D'abord, c'était la «marseillaise » qui résonna, puis la charge. En entendant le «monteras-tu la côte là-haut » tous les corps se redressèrent. Un «oh ! hisse ! » et tous les sacs remontèrent sur l'échine. Ceux des fossés repartaient, et dans un long frisson qui chantonna de ci de là, la colonne monta la côte.


Une certaine forme de musique existait donc déjà au sein du régiment.
Une interprétation: Le régiment comprend, organiquement, dès la mobilisation, un ensemble de clairons et tambours. Cependant, il ne possède pas de clique, d'où l'idée en 1915 d'en créer une.

Sources: Colonel Eggenspieler -Le 290e RI, un régiment de réserve du Berry

Cordialement
Jérôme Charraud

Re: Interdit de musique !

Publié : jeu. sept. 16, 2010 10:01 am
par Laurent59
Bonjour à tous et merci de vos réponses.

Laurent :hello:

Re: Interdit de musique !

Publié : jeu. sept. 16, 2010 1:48 pm
par pierreth1
Bonjour,
les clairons et équivalents font partie intégrantes de chaque unité élementaire d'active ou de réserve pour une raison simple les transmissions d'ordres se font au clairon (il n'y a pas de radio à cette époque) (à noter qu'il y a quelques années ces clairons étaient toujours sur le TEDG (tableau des effectifs guerre) des unités élémentaires le clairon lui même étant dans les matériels mobilisation de l'unité
il en est de même en 1914 pour les tambours ( ce qui permet de créer une batterie fanfare dans les régiments)

Cordialement
Pierre

Re: Interdit de musique !

Publié : ven. sept. 17, 2010 1:15 pm
par er lann
Bonjour à tous
je lis,que la municipalité d'Hennebont (56) subventionne à hauteur de 50F la musique du 262ème RI formée à Lorient (56) à priori en 1915 mais la date n'est pas très claire!
Source: J Guilchet HENNEBONT 1800 - 1950

Re: Interdit de musique !

Publié : ven. sept. 17, 2010 2:00 pm
par Charraud Jerome
Bonjour

Il est intéressant de noter que les différents apports mentionnent une création de musique courant 1915, vers la fin du premier semestre (227e, 290e RI et potentiellement le 262e), à peu près en même temps.
Ce week-end, je vais relire l'ouvrage "La musique au fusil" de Claude Ribouillault (Editions du Rouergue). J'y trouverais peut-être une piste, une confirmation, ...

Cordialement
Jérôme Charraud