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Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mar. oct. 17, 2017 1:46 pm
par naoyasu
Bonjour à toutes et à tous,

J'ai lu quelque part que l'hivers de 1916-1917 était le plus dur pendant la guerre 14-18, et que la Seine a été complètement recouverte de glace.

J'aimerais savoir s'il y a moyen de connaître exactement la température la plus basse au front occidental en hiver 1916-17 via, par exemple, la base de données de Météo-France s'il y en a ?

Merci infiniment par avance.

Cordialement,
Naoyasu

Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mar. oct. 17, 2017 5:02 pm
par Yv'
Bonjour Naoyasu,

La réponse se trouve peut-être dans la presse de l'époque.
Pour l'instant, j'ai trouvé cet article de février 1917, qui dit que le froid a commencé le 14 janvier.
L'Intransigeant, 6 février 1917 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k788093s/f1.item

Sinon, il y a ce site qui permet d'afficher une carte, mais ce n'est pas très précis :
http://www.infoclimat.fr/cartes/observa ... rance.html

Cordialement,
Yves

Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mar. oct. 17, 2017 5:15 pm
par Yv'
D'après le site dont j'ai donné le lien, la température la plus basse pourrait avoir été atteinte entre le 3 et le 5 février 1917. Mais cela est difficile à évaluer, car il peut toujours y avoir une température extrême sur une zone très localisée.

Yves

Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mar. oct. 17, 2017 5:27 pm
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,

D'après ce qu'en ont écrit certains combattants :

"A la fin du mois de janvier [1917], le froid était devenu plus vif encore. Nous fumes relevés alors que nous étions au bataillon de droite. Au soir de la relève, après le départ des compagnies, j’étais resté en ligne pour passer les consignes aux successeurs. Ceci fait, avec mes agents de liaison nous prenons la route d’Auzeville. La neige glacée nous faisait trébucher à chaque pas. On dut se donner le bras pour se soutenir mutuellement et résister à la bise qui nous empêchait d’avancer. Celui qui lâchait prise était infailliblement roulé dans le fossé. J’avais endossé un sac de soldat qui amortissait les chutes, sans quoi je me serais rompu les os.
J’avais donné consigne à un agent de liaison parti avec le campement, de nous attendre à l’entrée d’Auzeville. Mais à notre arrivée, avec un froid pareil, personne à qui s’adresser. Nous passons près d’une heure à chercher partout, nous faisant insulter par les personnes que nous dérangions. Enfin nous trouvons les baraquements de nos compagnies dans un champ surélevé. Le talus fait trois ou quatre mètres ; je me mets à six fois pour le grimper, roulant chaque fois dans le fossé avec armes et bagages. Je peste autant que mes infortunés camarades. Le jour commençait à poindre quand nous pûmes enfin nous allonger sur nos couchettes.
Quelques heures après, nous quittions Auzeville pour Jubécourt, toujours par un froid vif et sur la terre gelée. La fantaisie nous prend de manger des huîtres, mais il nous faut les dégeler sur le feu.
De Jubécourt, nous allons au Camp Davoust près de Nixéville sur la fameuse Voie Sacrée. Cette étape est encore plus pénible que celle de la veille. Le service du Génie et des territoriaux s’affairent à jeter du sable sur la route et à racler la terre avec des pics pour éviter les chutes des chevaux, tous cependant ferrés à glace. Le froid est tel que la moustache des poilus se recouvre de glace jusqu’à former des chandelles qui pendent de chaque côté de la bouche.
Nous passons deux ou trois jours dans ce camp où nous voyons la température atteindre moins dix-huit degrés. Le vin gèle dans les tonneaux, le pain est coupé à la hache, l’encre gèle dans les encriers. Dans notre baraque aux planches disjointes, malgré trois ou quatre couvertures, il n’est pas possible de dormir. Ces premiers jours de février 1917 furent les plus froids de toute la guerre. Ceux qui se trouvaient dans les tranchées ces jours là durent en souffrir tellement plus encore que nous." (Pierre Bellet, 96e RI)

"20 février [1917] : [...] Le 16, nous allons relever notre 1er bataillon qui se trouve aux environs du Linge. Nous y allons comme travailleurs. Ma compagnie occupe les baraquements du camp Bouquet et moi, avec ma section, je vais travailler au camp Morlière. Les autres sections travaillent au Linge. Quel labyrinthe de boyaux dans ces parages, il y a de quoi se perdre, on fait des heures de marche sans sortir des boyaux dont la plupart sont couverts. Le dégel commence, puis fait place aux rudes froids de fin janvier et commencement février. L’hiver 1916-1917 pourra compter, car il a fait jusque 22 degrés au-dessous." (Georges Curien, 43e RIT)

"Le 18 (janvier 1917) nous débarquions à Château-Thierry, et nous allions cantonner à 1500 mètres plus loin, à Chierry, d’où le 19 il fallut repartir à pied pour la Chappelle-sur-Chézy (Aisne). La 2ème Cie fut logée au hameau des Caquetons. La vie n’y fut pas rose, plus de 20 degrés au dessous de zéro, pain gelé, vin gelé, zouaves frigorifiés, tels sont les souvenirs que je retiens des Caquetons. Nous partons le 2 février. On repasse à Château-Thierry, où on passe une nuit et le lendemain, nous sommes à Chevillon (3 kilomètres de Dammard), d’où le 8, les autos nous transportent à Bourg-et-Comin, pour y faire des travaux préparatoires pour l’offensive du 16 avril. Nous passâmes près d’un mois dans ce village. Logés dans le grenier d’un dépôt de vin, vide cela va sans dire, nous eûmes beaucoup à souffrir du froid. Toutes les nuits, nous allions au travail. Nous faisions une piste à l’usage de l’infanterie et de l’artillerie de campagne ; la terre gelée, jusqu’à une profondeur de 40 centimètres, ne se laissait pas facilement entamer, et de nos efforts ne résultait qu’un avancement infime à la tâche. Enfin le 6 mars on estima que nous avions assez travaillé et on nous ramena un peu plus en arrière…" (Claudius Viricel, 3e RZ)

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mar. oct. 17, 2017 5:35 pm
par CD9362
Dans un livre j'ai vu mentionné dans les sources : "infoclimat(en ligne): températures et précipitations au quotidien en france depuis la moitié du XIX siècle jusqu'à nos jours"
http://www.infoclimat.fr est bien un site, avec un forum, donc possible que des gens aient fait ce travail
CDT
Ad-line

Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mar. oct. 17, 2017 6:07 pm
par Stephan @gosto
Bonjour,

Extraits de quelques témoignages de combattants du 74e R.I., alors en position dans les Hauts-de-Meuse :

"Le mois de décembre s’écoule lentement mais sans grande activité. Il y a 40 centimètres de neige et 15 à 18° au-dessous de zéro. Cette température – la même en face – calme-t-elle l’ardeur des combattants ?
Le 29 décembre, je pars en perme, juste au bout de mes quatre mois et je rentre le 12 janvier 1917, retrouvant ma section à M-6, toujours dans la neige et avec – 20° !"

Un peu plus loin :

"Les jours suivants, le secteur reste agité et nous redoublons de surveillance et il y a de fréquentes alertes. Il est d’ailleurs très difficile pour les hommes de veille aux petits postes et les sentinelles en premières lignes, en raison de leur accoutrement imposé par le froid, de se défendre très efficace-ment. Ils ont tout des esquimaux. D’abord, par-dessus les souliers, de grosses bottes en toile huilée avec des semelles de bois qui ne rendent pas la marche facile. Ensuite, par-dessus la capote, une grande peau de mouton ou de chèvre en forme d’étole, la laine en dedans, ficelée à la ceinture, qui tient chaud sans laisser beaucoup de mobilité. Enfin, sur la tête, sous le casque, un passe-montagne de laine et un gros cache-nez tout autour. Dans cet équipement, ils tiennent la faction pendant une demi-heure seulement, engourdis tout de même, et en cas de surprise, ne peuvent facilement se mou-voir et se battre ! Le gradé qui est de veille par section, entre chaque ronde, est occupé à faire chauffer du jus ou du thé sur de petits réchauds à alcool solidifié et à en emporter aux hommes de veille tous les quarts d’heure.
On relève jusqu’à 23 et 24° au-dessous ; le pain et le vin gèlent dans les gourbis quand ils ne le sont pas déjà à leur arrivée aux tranchées. Pour le vin, on le fait chauffer et fondre, mais le pain, lors-qu’il a été bien mouillé et chauffé, il n’est pas appétissant ! De plus les rats pullulent et tout doit être suspendu par des fils de fer. Les totos non plus ne désarment pas et semblent, au contraire, tenir davantage à nous plus le froid extérieur augmente !" (Marcel Legentil)


"Jeudi 1er février 1917
Il fait de plus en plus froid : nous avons 17 au-dessous.

Vendredi 2 février 1917
Ce matin, au réveil, les hommes de ma compagnie ont constaté, dans la grange où ils sont cantonnés, 17 au-dessous. En campagne il y a certainement 20. Avec le commandant de la compagnie et les autres officiers, nous nous entendons pour adoucir le sort de nos braves poilus : boissons chaudes, rhum, etc.

Mardi 6 février 1917
[...] Parti hier matin de très bonne heure, je suis arrivé au moment indiqué. Une voiture avait été mise à ma disposition mais les quelques 20 ou 25 degrés ne permettaient pas de demeurer immobile ; je suivais la voiture tantôt au pas, tantôt en courant – Tommy, mon petit chien, courait à mes côtés. J’avais à chaque extrémité des moustaches deux glaçons que je faisais fondre en me couvrant la bouche avec mes gants mais qui se reformaient dès que je les retirais ! (lieutenant Passefond)


Bonne fin de journée.
Stéphan

Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mar. oct. 17, 2017 7:01 pm
par Yv'
Pour l'instant, j'ai trouvé cet article de février 1917, qui dit que le froid a commencé le 14 janvier.
L'Intransigeant, 6 février 1917 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k788093s/f1.item
Camille Flammarion donne plus de détails dans cet article paru en 1917 dans la revue L'Astronomie : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9633293c/f76.item

Cordialement,
Yves

Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mar. oct. 17, 2017 8:10 pm
par Alain Dubois-Choulik
Bonjour,
Un aperçu pour Poitiers : ( mais entre Poitiers, Nieuport ou Belfort, la différence peut être grande)
Image
Cordialement
Alain

Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mer. oct. 18, 2017 9:59 am
par Rutilius
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Bonjour à tous,


Pour un aperçu général des températures minimales observées quotidiennement en France en Janvier et Février 1917, se reporter à la rubrique « La température ~ Bureau central météorologique » du journal ... Le Temps.

—> http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb3443 ... e1917.item

Ainsi, pour les journées des 31 janvier et 1er février 1917 (Le Temps, n° 20.298, Jeudi 1er février 1917, p. 3 ~ Le Temps, n° 20.299, Vendredi 2 février 1917, p. 3) :


Image Image

Re: la température la plus basse au front occidental en hiver 16-17 ?

Publié : mer. oct. 18, 2017 1:25 pm
par jpbte63
Bonjour
Dans le portail documentaire de Météo France
http://bibliotheque.meteo.fr/exl-php/ca ... ml&query=1

Renseigner uniquement "Année d'édition entre " 1916 et 1917, il y a 54 notices à consulter, bonnes recherches.

Cordialement
Jean-Pierre