Re: Octove Monjouin
Publié : jeu. nov. 11, 2004 2:34 am
Bonsoir François Xavier,
j'ai pris des notes (ne pas lire pour le cas où des intervenants auraient l’intention de visionner plus tard ce film-reportage) :
L’individu est fait prisonnier au début de la guerre. Après l’armistice, on le trouve errant gare de Lyon. Les services militaires le prennent en main : il est hagard, ne parle pas, il bredouille son nom et prénom, on retient « Anthelme Mangin » ; Il est interné à l’asile de Rodez. A ce moment 300 000 soldats sont porté disparu (on en a ensuite identifié 70 000 jusqu’en 1939). Notre Mangin est un inconnu vivant. Les mères, les frères, les épouses (une bonne vingtaine) croient dans leur malheur qu’il est à eux (des photos ont été publiées). Tout les traumatisés psychiques rentrent dans leur famille, sauf Mangin. Le médecin qui a sa charge, un homme digne, ne peut l’accepter au regard des expertises médicales (on ne parlait pas d’ADN). Mangin est calme, mais ne parle pas. Son hypothétique frère ne le reconnaît pas dans un premier temps. Le médecin tente de l’amener dans son village supposé natal (Saint Maur sur Indre), des choses se passent, il dit là (ses seules paroles), « le clocher a changé », ce qui est vrai. Il s’assoie sur un banc ou régulièrement il allait enfant. On commence à lui mettre un nom : « Octave Monjoin ». La doctoresse qui succède au docteur précédent emploie des méthodes fortes : injection de térébenthine, il en suit une fièvre à 40 (attendue), le nom de « Octave Monjoin » est maintenant prononcé.
Sa famille peut maintenant l’accueillir et bénéficier d’une pension que Anthelme n’a pas pour l’instant (légalement, alors impossible quand l’individu n’a pas d’état civil !).
La vingtaine de familles qui maintient le contraire en revendiquant qu’il est à eux fait procès :
-en 37, Anthelme Mangin est bien reconnu «Octave Monjoin »
-appel, décision première confirmée
-cassation : interrompue en 39 pour cause de guerre
En quelques semaines : toute la famille (père, mère, sœur) meurent, ils ne pourront accueillir le traumatisé Octave.
C’est une autre guerre : les asiles psychiatriques son délaissés par le pouvoir de Vichy, on y meurt de faim et d’absence de soin. Octave Monjoin meurt en 42, il est mis en fosse commune, il a été tué deux fois.
Deux films d’époque évoquent le sujet. Un des cinéastes réussi à faire inhumer Octave dans son village, Saint Maur sur Indre. Sur sa tombe : aucune date de naissance, aucune mention de sa participation à la guerre.
J’ai beaucoup apprécié ce film-reportage, et en fus ému.
Cordialement,
François
PS : c’est une autre forme de traumatisme,
Je pense à Adelson (mon agp mort en 16) dont l’épouse se remariera avec un rescapé : il fut bohème et alcoolique toute sa vie.
j'ai pris des notes (ne pas lire pour le cas où des intervenants auraient l’intention de visionner plus tard ce film-reportage) :
L’individu est fait prisonnier au début de la guerre. Après l’armistice, on le trouve errant gare de Lyon. Les services militaires le prennent en main : il est hagard, ne parle pas, il bredouille son nom et prénom, on retient « Anthelme Mangin » ; Il est interné à l’asile de Rodez. A ce moment 300 000 soldats sont porté disparu (on en a ensuite identifié 70 000 jusqu’en 1939). Notre Mangin est un inconnu vivant. Les mères, les frères, les épouses (une bonne vingtaine) croient dans leur malheur qu’il est à eux (des photos ont été publiées). Tout les traumatisés psychiques rentrent dans leur famille, sauf Mangin. Le médecin qui a sa charge, un homme digne, ne peut l’accepter au regard des expertises médicales (on ne parlait pas d’ADN). Mangin est calme, mais ne parle pas. Son hypothétique frère ne le reconnaît pas dans un premier temps. Le médecin tente de l’amener dans son village supposé natal (Saint Maur sur Indre), des choses se passent, il dit là (ses seules paroles), « le clocher a changé », ce qui est vrai. Il s’assoie sur un banc ou régulièrement il allait enfant. On commence à lui mettre un nom : « Octave Monjoin ». La doctoresse qui succède au docteur précédent emploie des méthodes fortes : injection de térébenthine, il en suit une fièvre à 40 (attendue), le nom de « Octave Monjoin » est maintenant prononcé.
Sa famille peut maintenant l’accueillir et bénéficier d’une pension que Anthelme n’a pas pour l’instant (légalement, alors impossible quand l’individu n’a pas d’état civil !).
La vingtaine de familles qui maintient le contraire en revendiquant qu’il est à eux fait procès :
-en 37, Anthelme Mangin est bien reconnu «Octave Monjoin »
-appel, décision première confirmée
-cassation : interrompue en 39 pour cause de guerre
En quelques semaines : toute la famille (père, mère, sœur) meurent, ils ne pourront accueillir le traumatisé Octave.
C’est une autre guerre : les asiles psychiatriques son délaissés par le pouvoir de Vichy, on y meurt de faim et d’absence de soin. Octave Monjoin meurt en 42, il est mis en fosse commune, il a été tué deux fois.
Deux films d’époque évoquent le sujet. Un des cinéastes réussi à faire inhumer Octave dans son village, Saint Maur sur Indre. Sur sa tombe : aucune date de naissance, aucune mention de sa participation à la guerre.
J’ai beaucoup apprécié ce film-reportage, et en fus ému.
Cordialement,
François
PS : c’est une autre forme de traumatisme,
Je pense à Adelson (mon agp mort en 16) dont l’épouse se remariera avec un rescapé : il fut bohème et alcoolique toute sa vie.