Forum PAGES 14-18

Bonjour à tous
le 22 décembre 2014 je vous annonçais la parution du livre "Le tournant de mort" journal de guerre du soldat breton Loeiz HERRIEU, écrit en breton et traduit en français par Mr CARRE. Dans ce livre à la page 231 il est raconté le fait suivant: cela se passe le 28 septembre 1916 un lieutenant est dans l'obligation de désigner un soldat pour la croix de guerre ! Ne sachant qui désigner...il propose un soldat, un pauvre bougre plutôt porté sur la bouteille, non pas pour son mérite....mais "pour rire un peu". Le soldat reçoit sa croix de guerre avec l'éloge suivant "Soldat dévoué et courageux........"
Que penser d'un tel témoignage ? ne jette-t-il pas le discrédit sur la symbolique de la croix de guerre ?

Kenavo

Bonjour,

La lecture de nombreux témoignages montre toute la distance qu'il faut prendre avec les citations. On pourrait reprocher de la frustration aux auteurs de ne pas en avoir, mais c'est parfois leur propre citation qu'ils critiquent. Erreur dans les faits, dans la date, personne citée qui n'a jamais mis les pieds en première ligne, attribution injustifiée, texte stéréotypé ou faux concernant le caractère de l'homme décoré... Les exemples sont nombreux. Comme tout acte humain, les considérations théoriques étaient soumises à l'interprétation, à des choix. Le cas que vous citez est caricatural mais tout à fait possible.

Quelques exemples :
-Pierre Chaine dans Mémoires d'un rat (qui critique l'attribution de décorations après un échec).
-Gabriel Chevallier dans La Peur
-Paul Géraldy, La guerre, madame...
-Léon Werth, Clavel soldat

Tout cela fait que, comme toutes les sources à notre disposition, il faut prudent avec leur texte. Je ne dis pas qu'elles sont toutes critiquables évidemment, juste qu'il faut être prudent.

Bien cordialement,
Arnaud

Bonjour,

Je vois qu'Arnaud est plus rapide que moi à vous répondre...

Vous posez deux questions :

1- que penser de ce récit : seule la lecture de l'ensemble permet de donner un avis sur sa véracité...
2- le discrédit : il retombe certainement sur l'officier qui attribue indûment une récompense.

Comme le mentionne Arnaud, des cas existent. Je rajoute le témoignage du capitaine Desagneaux du 359eRI, qui voit en juillet 1917 son régiment puni, et dont des citations ne seront accordées qu'aux non-combattants de la CHR. Le ressentiment (le mépris) sera tenace !

Cordialement,

Régis