Re: Pertes américaines (entre autres) du 11 novembre 1918
Publié : jeu. déc. 10, 2015 1:49 pm
Bonjour à tous,
Pour faire suite à ce sujet pages1418/Sites-et-vestiges-de-la-Grand ... htm#t26871 , la traduction des derniers paragraphes de l'article "World War I : Wasted Lives on Armistice Day" ("Première Guerre mondiale : des vies gâchées le 11 novembre" : http://www.historynet.com/world-war-i-w ... ce-day.htm ).
The army claimed to have put a hundred clerks to work on the subcommittee’s request for the number of AEF casualties that occurred from midnight November 10 to 11 o’clock the next morning. The figures provided by the adjutant general’s office were 268 killed in action and 2,769 seriously wounded. These figures, however, failed to include divisions fighting with the British and French north of Paris and do not square with reports from individual units on the ground that day. The official tally for the 28th Division, for example, showed zero men killed in action on November 11, but in individual reports from field officers requested by the subcommittee, the commander of one brigade alone of the 28th reported for that date, ‘My casualties were 191 killed and wounded.’ Taking into account the unreported divisions and other underreported information, a conservative total of 320 Americans killed and more than 3,240 seriously wounded in the last hours of the war is closer to the fact.
By the end of January 1920, Subcommittee 3 concluded its hearings. Chairman Johnson drafted the final report, arriving at a verdict that ‘needless slaughter’ had occurred on November 11, 1918. The full Select Committee on Expenditures in the War chaired by Congressman W.J. Graham initially adopted this draft.
Subcommittee 3’s Democratic member, Flood, however, filed a minority report charging that Johnson’s version defamed America’s victorious leadership, particularly Pershing, Liggett, and Bullard. Flood saw politics at work. The country had gone to war under a Democratic president. By 1918 the Republicans had won control of Congress, and it was they who had initiated the Armistice Day investigation. By the time the inquiry ended, Wilson’s hopes for the United States’ entering into the League of Nations were fast sinking and critics were questioning why America had gone to war in the first place.Flood suspected that the Republicans on the subcommittee were inflating the significance of the events of the last day, ‘trying to find something to criticize in our Army and the conduct of the war by our government.’ The committee, he claimed, had ‘reached out for those witnesses who had grievances….’ As for Ansell, whom he repeatedly referred to as the ‘$20,000 counsel,’ he had ‘been permitted to browbeat the officers of the Army.’ Flood also hinted that the lawyer had left the War Department, ‘with whom he is known to have quarreled,’ under a cloud. Finally, Flood argued that the select committee had been created to investigate wartime expenditures and not to second-guess generals on ‘matters beyond the jurisdiction of the committee.’
Flood’s dissent, with its patriotic ring, found enough sympathy that Chairman Graham took a rare step. He recalled the already approved Johnson report. Three hours of acrimonious debate followed.
In the end, Johnson bowed to pressure not to hold up the select committee’s report any further, and on March 3 he struck from his draft any imputation that American lives had been needlessly sacrificed on Armistice Day. The New York Times took the Dan Flood view, editorializing that the charge of wasted life ‘has impressed a great many civilians as being well founded….[But,] the civilian view [that] there should have been no shot fired if the commander of a unit had been notified of the signing is, of course, untenable….Orders are orders.’
American forces weren’t alone in launching assaults on the last day. The British high command, still stinging from its retreat at Mons during the first days of the war in August 1914, judged that nothing could be more appropriate than to retake the city on the war’s final day. British Empire losses on November 11 totaled some twenty-four hundred. The French commander of the 80th Régiment d’Infanterie received two simultaneous orders that morning: one to launch an attack at 9 a.m., the other to cease fire at 11. Total French losses on the final day amounted to an estimated 1,170.
The Germans, in the always-perilous posture of retreat, suffered some 4,120 casualties. Losses on all sides that day approached eleven thousand dead, wounded, and missing.
Indeed, Armistice Day exceeded the ten thousand casualties suffered by all sides on D-Day, with this difference: The men storming the Normandy beaches on June 6, 1944, were risking their lives to win a war. The men who fell on November 11, 1918, lost their lives in a war that the Allies had already won. Had Marshal Foch heeded the appeal of Matthias Erzberger on November 8 to stop hostilities while the talks went on, some sixty-six hundred lives would likely have been saved.In the end, Congress found no one culpable for the deaths that had occurred during the last day, even the last hours of World War I. The issue turned out much as General Sherburne predicted in his testimony. Soon, except among their families, the men who died for nothing when they might have known long life ‘would all be forgotten.’
"L’armée déclara avoir mis 100 secrétaires au travail sur la demande de la sous-commission concernant le nombre de pertes du Corps Expéditionnaire Américain subies entre minuit, dans la nuit du 10 au 11 novembre, à 11 heures le 11 novembre. Le bureau de l’Adjudant-général chiffra les tués à 268, les blessés graves à 2769. Ces chiffres, cependant, manquaient d’inclure les divisions combattant au nord de Paris aux côtés des Britanniques et des Français, et ne concordaient pas avec les rapports des unités de terrain pour cette journée. A titre d’exemple, le total officiel des pertes de la 28th Division ne mentionnait aucun tué le 11 novembre, alors que dans les rapports des officiers de terrain réclamés par la sous-commission, le commandant d’une brigade de cette division rendait compte à cette date : « mes pertes ont été de 191 tués et blessés. » En incluant les divisions non prises en compte, et les renseignements insuffisamment complétés, un total général d’au moins 320 Américains tués, et plus de 3240 blessés graves, au cours des dernières heures de la guerre, est plus proche de la réalité.
Fin janvier 1920, la 3e sous-commission achevait ses séances. Le président Johnson rédigeait une version préliminaire du rapport final, aboutissant à la conclusion qu’un « massacre inutile » avait eu lieu le 11 novembre 1918. La commission d’enquête parlementaire sur les dépenses de guerre, présidée par le membre du Congrès W.J. Graham, adopta cette version préliminaire à la majorité.
Néanmoins, Flood, membre démocrate de la 3e sous-commission, déposa un rapport minoritaire à charge contre Johnson, accusant ce dernier d’entacher la renommée des vainqueurs de l’Amérique, en particulier Pershing, Liggett et Bullard. Flood voyait la politique à l’œuvre. Le pays était entré en guerre sous présidence démocrate. En 1918, les Républicains avaient pris le contrôle du Congrès, et étaient ceux qui étaient à l’origine de l’enquête sur le 11 novembre. Au moment où cette enquête tirait à sa fin, les espoirs de Wilson de voir les Etats-Unis intégrer la Société des Nations sombraient rapidement, et des critiques s’élevaient sur les raisons pour lesquelles l’Amérique était entrée en guerre. Flood subodorait que les Républicains siégeant à la sous-commission faisaient enfler l’importance des événements du dernier jour de guerre, « tentant de trouver quelque chose à critiquer au sein de notre armée et au sujet de la conduite de la guerre par notre gouvernement. » Il déclara que la commission « avait déniché les témoins porteurs de griefs… » Quant à Ansell, qu’il appelait constamment « l’avocat à 20000 dollars », on lui avait « permis d’intimider les officiers de l’armée. » Flood insinua également que ce juriste avait quitté le Département de la Guerre, « avec lequel il est connu pour s’être querellé », sous le feu des critiques. Au final, Flood estima que la commission d’enquête avait été créée pour examiner des dépenses du temps de guerre et non pour mettre en cause des généraux sur des « questions dépassant les attributions de la commission. »
La contestation de Flood – avec sa tonalité patriotique – s’attira assez de sympathies pour que le président Graham prenne une mesure des plus rares : il suspendit le rapport Johnson, qui avait déjà été approuvé, et trois heures de débats houleux s’ensuivirent.
En fin de compte, Johnson s’inclina sous la pression et décida de ne pas soutenir plus longtemps le rapport de la commission d’enquête ; le 3 mars, il supprima de son projet de rapport préliminaire, toute accusation selon laquelle des vies américaines avaient été inutilement sacrifiées le 11 novembre. Le New York Times adopta le point de vue de Dan Flood, fondant son éditorial sur le fait que l’accusation des vies gâchées « avait fait forte impression sur de nombreux civils comme étant bien fondé… [Mais] la croyance des civils [selon laquelle] aucun coup de feu n’aurait été tiré si un commandant d’unité avait été informé de la signature de l’armistice, ne tient pas, bien sûr. Les ordres sont les ordres. »
Les forces américaines n’ont pas été les seules à lancer des attaques en ce dernier jour de guerre. Le haut commandement britannique, qui ne s’était toujours remis de la retraite de Mons, au cours des premiers jours de la guerre, en août 1914, jugea que rien ne serait plus approprié que de reprendre cette ville durant le dernier jour de la guerre. Les pertes de l’Empire Britannique le 11 novembre se montèrent à 2400. Le chef de corps du 80e régiment d’infanterie français reçut deux ordres simultanés ce matin-là : partir à l’assaut à 9 heures, et cesser le feu à 11 heures. Le total des pertes françaises de cette journée ont été estimées à 1170.
Les Allemands, dans l’exercice hautement périlleux de leur retraite, ont accusé quelque 4120 pertes. Les pertes du 11 novembre, toutes armées confondues, approchèrent les 11000 tués, blessés, disparus. En effet, les pertes du 11 novembre ont dépassé les 10000 pertes subies par l’ensemble des troupes alliées le Jour J, à cette différence près : les hommes qui se sont rués sur les plages de Normandie le 6 juin 1944 risquaient leur vie pour gagner une guerre. Les hommes tombés le 11 novembre 1918 ont perdu la vie dans une guerre d’ores et déjà gagnée par les Alliés. Si le maréchal Foch avait entendu l’appel lancé le 8 novembre par Matthias Erzberger, de suspendre les hostilités pendant que les pourparlers se poursuivaient, près de 6600 vies auraient vraisemblablement été épargnées.
Au final, le Congrès ne désigna aucun coupable des morts enregistrés au cours du dernier jour, et même des dernières heures, de la Première guerre mondiale. Le sujet prit globalement la tournure prédite par le général Sherburne dans ses mémoires. Bientôt, hormis dans leur famille, les hommes morts pour rien, et qui auraient dû jouir d’une longue vie, « seraient tous oubliés. »"
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Pour faire suite à ce sujet pages1418/Sites-et-vestiges-de-la-Grand ... htm#t26871 , la traduction des derniers paragraphes de l'article "World War I : Wasted Lives on Armistice Day" ("Première Guerre mondiale : des vies gâchées le 11 novembre" : http://www.historynet.com/world-war-i-w ... ce-day.htm ).
The army claimed to have put a hundred clerks to work on the subcommittee’s request for the number of AEF casualties that occurred from midnight November 10 to 11 o’clock the next morning. The figures provided by the adjutant general’s office were 268 killed in action and 2,769 seriously wounded. These figures, however, failed to include divisions fighting with the British and French north of Paris and do not square with reports from individual units on the ground that day. The official tally for the 28th Division, for example, showed zero men killed in action on November 11, but in individual reports from field officers requested by the subcommittee, the commander of one brigade alone of the 28th reported for that date, ‘My casualties were 191 killed and wounded.’ Taking into account the unreported divisions and other underreported information, a conservative total of 320 Americans killed and more than 3,240 seriously wounded in the last hours of the war is closer to the fact.
By the end of January 1920, Subcommittee 3 concluded its hearings. Chairman Johnson drafted the final report, arriving at a verdict that ‘needless slaughter’ had occurred on November 11, 1918. The full Select Committee on Expenditures in the War chaired by Congressman W.J. Graham initially adopted this draft.
Subcommittee 3’s Democratic member, Flood, however, filed a minority report charging that Johnson’s version defamed America’s victorious leadership, particularly Pershing, Liggett, and Bullard. Flood saw politics at work. The country had gone to war under a Democratic president. By 1918 the Republicans had won control of Congress, and it was they who had initiated the Armistice Day investigation. By the time the inquiry ended, Wilson’s hopes for the United States’ entering into the League of Nations were fast sinking and critics were questioning why America had gone to war in the first place.Flood suspected that the Republicans on the subcommittee were inflating the significance of the events of the last day, ‘trying to find something to criticize in our Army and the conduct of the war by our government.’ The committee, he claimed, had ‘reached out for those witnesses who had grievances….’ As for Ansell, whom he repeatedly referred to as the ‘$20,000 counsel,’ he had ‘been permitted to browbeat the officers of the Army.’ Flood also hinted that the lawyer had left the War Department, ‘with whom he is known to have quarreled,’ under a cloud. Finally, Flood argued that the select committee had been created to investigate wartime expenditures and not to second-guess generals on ‘matters beyond the jurisdiction of the committee.’
Flood’s dissent, with its patriotic ring, found enough sympathy that Chairman Graham took a rare step. He recalled the already approved Johnson report. Three hours of acrimonious debate followed.
In the end, Johnson bowed to pressure not to hold up the select committee’s report any further, and on March 3 he struck from his draft any imputation that American lives had been needlessly sacrificed on Armistice Day. The New York Times took the Dan Flood view, editorializing that the charge of wasted life ‘has impressed a great many civilians as being well founded….[But,] the civilian view [that] there should have been no shot fired if the commander of a unit had been notified of the signing is, of course, untenable….Orders are orders.’
American forces weren’t alone in launching assaults on the last day. The British high command, still stinging from its retreat at Mons during the first days of the war in August 1914, judged that nothing could be more appropriate than to retake the city on the war’s final day. British Empire losses on November 11 totaled some twenty-four hundred. The French commander of the 80th Régiment d’Infanterie received two simultaneous orders that morning: one to launch an attack at 9 a.m., the other to cease fire at 11. Total French losses on the final day amounted to an estimated 1,170.
The Germans, in the always-perilous posture of retreat, suffered some 4,120 casualties. Losses on all sides that day approached eleven thousand dead, wounded, and missing.
Indeed, Armistice Day exceeded the ten thousand casualties suffered by all sides on D-Day, with this difference: The men storming the Normandy beaches on June 6, 1944, were risking their lives to win a war. The men who fell on November 11, 1918, lost their lives in a war that the Allies had already won. Had Marshal Foch heeded the appeal of Matthias Erzberger on November 8 to stop hostilities while the talks went on, some sixty-six hundred lives would likely have been saved.In the end, Congress found no one culpable for the deaths that had occurred during the last day, even the last hours of World War I. The issue turned out much as General Sherburne predicted in his testimony. Soon, except among their families, the men who died for nothing when they might have known long life ‘would all be forgotten.’
"L’armée déclara avoir mis 100 secrétaires au travail sur la demande de la sous-commission concernant le nombre de pertes du Corps Expéditionnaire Américain subies entre minuit, dans la nuit du 10 au 11 novembre, à 11 heures le 11 novembre. Le bureau de l’Adjudant-général chiffra les tués à 268, les blessés graves à 2769. Ces chiffres, cependant, manquaient d’inclure les divisions combattant au nord de Paris aux côtés des Britanniques et des Français, et ne concordaient pas avec les rapports des unités de terrain pour cette journée. A titre d’exemple, le total officiel des pertes de la 28th Division ne mentionnait aucun tué le 11 novembre, alors que dans les rapports des officiers de terrain réclamés par la sous-commission, le commandant d’une brigade de cette division rendait compte à cette date : « mes pertes ont été de 191 tués et blessés. » En incluant les divisions non prises en compte, et les renseignements insuffisamment complétés, un total général d’au moins 320 Américains tués, et plus de 3240 blessés graves, au cours des dernières heures de la guerre, est plus proche de la réalité.
Fin janvier 1920, la 3e sous-commission achevait ses séances. Le président Johnson rédigeait une version préliminaire du rapport final, aboutissant à la conclusion qu’un « massacre inutile » avait eu lieu le 11 novembre 1918. La commission d’enquête parlementaire sur les dépenses de guerre, présidée par le membre du Congrès W.J. Graham, adopta cette version préliminaire à la majorité.
Néanmoins, Flood, membre démocrate de la 3e sous-commission, déposa un rapport minoritaire à charge contre Johnson, accusant ce dernier d’entacher la renommée des vainqueurs de l’Amérique, en particulier Pershing, Liggett et Bullard. Flood voyait la politique à l’œuvre. Le pays était entré en guerre sous présidence démocrate. En 1918, les Républicains avaient pris le contrôle du Congrès, et étaient ceux qui étaient à l’origine de l’enquête sur le 11 novembre. Au moment où cette enquête tirait à sa fin, les espoirs de Wilson de voir les Etats-Unis intégrer la Société des Nations sombraient rapidement, et des critiques s’élevaient sur les raisons pour lesquelles l’Amérique était entrée en guerre. Flood subodorait que les Républicains siégeant à la sous-commission faisaient enfler l’importance des événements du dernier jour de guerre, « tentant de trouver quelque chose à critiquer au sein de notre armée et au sujet de la conduite de la guerre par notre gouvernement. » Il déclara que la commission « avait déniché les témoins porteurs de griefs… » Quant à Ansell, qu’il appelait constamment « l’avocat à 20000 dollars », on lui avait « permis d’intimider les officiers de l’armée. » Flood insinua également que ce juriste avait quitté le Département de la Guerre, « avec lequel il est connu pour s’être querellé », sous le feu des critiques. Au final, Flood estima que la commission d’enquête avait été créée pour examiner des dépenses du temps de guerre et non pour mettre en cause des généraux sur des « questions dépassant les attributions de la commission. »
La contestation de Flood – avec sa tonalité patriotique – s’attira assez de sympathies pour que le président Graham prenne une mesure des plus rares : il suspendit le rapport Johnson, qui avait déjà été approuvé, et trois heures de débats houleux s’ensuivirent.
En fin de compte, Johnson s’inclina sous la pression et décida de ne pas soutenir plus longtemps le rapport de la commission d’enquête ; le 3 mars, il supprima de son projet de rapport préliminaire, toute accusation selon laquelle des vies américaines avaient été inutilement sacrifiées le 11 novembre. Le New York Times adopta le point de vue de Dan Flood, fondant son éditorial sur le fait que l’accusation des vies gâchées « avait fait forte impression sur de nombreux civils comme étant bien fondé… [Mais] la croyance des civils [selon laquelle] aucun coup de feu n’aurait été tiré si un commandant d’unité avait été informé de la signature de l’armistice, ne tient pas, bien sûr. Les ordres sont les ordres. »
Les forces américaines n’ont pas été les seules à lancer des attaques en ce dernier jour de guerre. Le haut commandement britannique, qui ne s’était toujours remis de la retraite de Mons, au cours des premiers jours de la guerre, en août 1914, jugea que rien ne serait plus approprié que de reprendre cette ville durant le dernier jour de la guerre. Les pertes de l’Empire Britannique le 11 novembre se montèrent à 2400. Le chef de corps du 80e régiment d’infanterie français reçut deux ordres simultanés ce matin-là : partir à l’assaut à 9 heures, et cesser le feu à 11 heures. Le total des pertes françaises de cette journée ont été estimées à 1170.
Les Allemands, dans l’exercice hautement périlleux de leur retraite, ont accusé quelque 4120 pertes. Les pertes du 11 novembre, toutes armées confondues, approchèrent les 11000 tués, blessés, disparus. En effet, les pertes du 11 novembre ont dépassé les 10000 pertes subies par l’ensemble des troupes alliées le Jour J, à cette différence près : les hommes qui se sont rués sur les plages de Normandie le 6 juin 1944 risquaient leur vie pour gagner une guerre. Les hommes tombés le 11 novembre 1918 ont perdu la vie dans une guerre d’ores et déjà gagnée par les Alliés. Si le maréchal Foch avait entendu l’appel lancé le 8 novembre par Matthias Erzberger, de suspendre les hostilités pendant que les pourparlers se poursuivaient, près de 6600 vies auraient vraisemblablement été épargnées.
Au final, le Congrès ne désigna aucun coupable des morts enregistrés au cours du dernier jour, et même des dernières heures, de la Première guerre mondiale. Le sujet prit globalement la tournure prédite par le général Sherburne dans ses mémoires. Bientôt, hormis dans leur famille, les hommes morts pour rien, et qui auraient dû jouir d’une longue vie, « seraient tous oubliés. »"
Bien cordialement,
Eric Mansuy