Un témoignage du 230 RI vers Reillon, Leintrey, Gondrexon Eté 1915, c'est ici ;
http://1914-joseph-duchene.eklablog.com ... a118059382
En voici un extrait :
"Reillon – Ogéviller -
14 juillet 1915 – journée calme. Nous devons être relevés ce soir par le 333. Relève sans incidents
- Dans la soirée un tir bien réglé de 150 allelmand a enterré 4 hommes de la 24è au bois Zeppelin et enterré un 5è -
Je file à bicyclette avec Quétand par
Vého - Domjevin ; nous rencontrons des autos, voitures, trous d'obus.
Tout est calme. A Domjevin, une assiette de bouillon à la cuisine roulante, un verre de vin et un quart de café excellent.
Je remplis mon bidon de vin pour Vittet et moi et en route pour
Ogéviller par la route puis la route nationale Paris - Strasbourg.
Ogéviller est à 4 km de
Benaménil, à 11 de
Blâmont . Vittet et Véron nous attendent à l'entrée du village.
Je vais faire une «bourre» avec Véron et ses 2 hommes et je leur «gagne» 3fr.
" 15 juillet 1915.
La 24è Cie arrive à 2h 1/2 ; la 23 è à 3h 1/4 avec le Commandant – Le Capitaine est toujours malade à St Nicolas.
Les 22 è et 21 è sont à Fréménil. Dormi sur nos sommiers dans maison évacuée de 5h à 10h.
Soupe – Promenade dans le village entre 2 averses, pluie violente.
Deux obus sur le village dont l'un n'éclate pas.
Le soir, la popote fonctionne.
Alerte ! Bois Zeppelin
Bornand vient nous chercher. Nous nous asseyons : Alerte ! Le Ct fait demander la liaison
- une auto de la Division et là - on regarde la carte - on part pour
Fréménil par Buriville.
Violente canonnade sur tout le secteur;
on voit les éclatements sur toutes les crêtes – l'artillerie lourde allemande semble être nombreuse.
Arrivée à Fréménil de nuit : le téléphone nous apprend que
le Bois Zeppelin est pris par les Allemands
et nous apporte l'ordre de partir pour
le bois de l'Étang.
Les 21è et 22 è sont déjà loin. On laisse les bagages et chevaux de selle à Fréménil. - En route à travers chemins boueux;
notre artillerie tire énergiquement ; les Allemands envoient de gros obus sur quelques villages - Domjevin.
Nous pataugeons effroyablement; la bicyclette s'encrasse de boue; les 2 roues se bloquent -
je perds le Commandant et la liaison.
Nuit noire, quelques averses - heureusement les coups de canons et les fusées éclairantes sans nombre nous montrent les mares qui coupent les sentiers.
Je reste en pane dans le bois - puis je peux filer à travers champs dans l'herbe et les blés mouillés -
j'arrive au bois, tantôt portant, tantôt traînant la bicyclette que je finis par laisser dans un buisson.
Je traverse les hommes couchés ou assis sur leurs sacs ; j'arrive au téléphone du bois Jeanne d'Arc
au moment où le Commandant et la liaison viennent de partir - les obus de 150 tombent avec un fracas terrible autour de nous.
Je reviens chercher Gebs pour venir au téléphone;
Bientôt arrive l'ordre au 23 et 24 de partir pour Reillon, pour reprendre le bois perdu.
Départ. Je décide de rester au téléphone, jusqu'au petit jour, d'aller chercher la bicyclette de la confier aux téléphonistes et de gagner Reillon.
Je dors jusqu'à 2h 1/2.
Les 50è chasseurs, Ct Imbert, arrivent dans le bois - Je laisse la bécane au poste et je pars. Notre artillerie seule tire -
J'arrive à Reillon vers 4h ; je retrouve la liaison -
On dit que le capitaine de Ladevèze est blessé - sa section du bois a beaucoup souffert;
Vulliet (Victor) tué - beaucoup d'hommes ensevelis - Boccard serait blessé et Mérel tué. La 22è Cie, sous-lieutenant Westphal a réoccupé le bois.
[8 morts, 93 blessés, 4 disparus. JMO]
Tout est calme et silencieux. Je bois 1/2 litre de café, mange un bout de chocolat et je mets à jour mon calepin dans l'abri où j'ai passé 3 jours et 3 nuits.
J'ai les pieds tout mouillés et glacés, la capote couverte de boue et toute mouillée. Les oiseaux chantent - Un biplan vole paisiblement.
Toute la division a été mise sur les dents pour cette affaire - J'essaie de me coucher un moment.
Les compagnies qui étaient autour du village sont reparties prendre les sacs au bois J.d'Arc et ont dû rentrer à Fréménil d' Ogéviller.
Le peloton de la 22è reste. Le Ct G. se dit malade et rentre en auto. Vers 2h, la liaison part toute seule - les autres, par la ferme de l'Étang,
moi par route Blémerey - Domjevin, vue de l'ennemi - ma bicyclette ne marche pas; je vais tâcher de réparer à Domjevin.
Un automobiliste me verse 1/2 litre d'essence dans changement de vitesse - j'en retire cinq ou six branches de paille et ça marche -
Bu un verre de vin et en route - Vu Vulliet (frère tué) - A Domjevin, on me croyait tué -
Je rentre à Ogéviller par grand-route –
2 obus fusants sur voitures de paille – 3 sur convoi.
À 6h dîner copieux à la popote - soir cartes (banco) à la popote – Je gagne 30 fr de Perret. "
Au plaisir d'échanger !
Cordialement
ADline