Bonsoir,
Qu'est-il donc advenu de cette compagnie le 23 février 1916 ? Je n'en trouve pas trace dans le JMO, merci d'avance, cordialement, Hervé.
Bonsoir,
Il y a quelques infos sur l'historique du 165 RI.
"Du 10 décembre 1915 au 15 janvier 1916, le régiment, rattaché à la 72e D. I., tient le secteur
Beaumont – Herbebois – Ornes.
Du 15 au 23 janvier, repos à Charny et à Vacherauville.
Du 24 janvier au 15 février, le régiment exécute des travaux d'organisation défensive (rive droite
de la Meuse) sur le front : Samogneux – cote 344 – ferme de Mormont, bois des Fosses, bois Le
Chaume, plateau des Caurières. Chaque nuit, sous une pluie continuelle, dans la boue glacée, la
troupe fournit vaillamment l'effort exceptionnellement pénible demandé par ses chefs en raison des
symptômes d'attaque qui se précisent chaque jour davantage.
Du 15 au 20 février, le renforcement du front défensif fait attribuer au régiment, commandé par le
colonel VAULET, l'honneur de tenir en première ligne le terrain compris entre la corne sud-est du
bois d'Hautmont et la lisière est du bois des Caures.
Le 21, lorsqu'à 7 heures du matin la plus formidable attaque allemande montée sur le front français
depuis la bataille de la Marne, se rue sur Verdun, les trois bataillons occupent les positions
suivantes :
Le 1er bataillon (capitaine DELAPLACE) réparti en petits postes, grand'gardes et réserves, tient le
sous-secteur compris entre la route Hautmont, Flabas (exclue) et la lisière est du bois des Caures,
en liaison à gauche avec le 362e R. I. et à droite avec le groupe des 56e et 59e bataillons de chasseurs
à pied (lieutenant-colonel DRIANT).
Le 2e bataillon (commandant BERTRAND) et le 3e bataillon (commandant MAUGRAS) sont en
réserve de secteur et de D. I. à Vacherauville.
Dès le début de l'action, les trois bataillons prennent le dispositif d'alerte : 2e bataillon, cote 344, et
3e bataillon, ferme de Mormont, P. C. du colonel.
Ils ont à subir le tir de préparation de l'artillerie ennemie d'une violence et d'une intensité inconnues
jusqu'alors.
Lorsqu'à 17 heures se déclenche la première attaque d'infanterie ennemie, le 1er bataillon résiste
énergiquement sur ses positions, dispute le terrain pied à pied, exécutant de nombreuses contreattaques
locales (2e compagnie).La lutte se poursuit la nuit. Malgré ses efforts, l'infanterie ennemie
est arrêtée jusqu'aux premières lueurs du jour sur la ligne des grand'gardes. La grand'garde n°1
(compagnie MAUDUIT), bien qu'encerclée au bois d'Haumont, parvient à se dégager.
Pendant toute la journée du 22, l'afflux des renforts ne permet pas à l'assaillant, qui a dépassé la
ligne des grand'gardes, d'entamer la troisième ligne.
Vers 21 heures, le 2e bataillon, quittant la cote 344, se porte à la ferme d'Anglemont, en soutien du
1er bataillon qui a subi de très lourdes pertes.
Dans la nuit du 22 au 23, deux contre-attaques principales parviennent à rétablir momentanément
la situation. L'une (5e compagnie, deux sections de la 2e compagnie et une section de mitrailleuses),
sous le commandement du capitaine FURIOUX, est lancée en direction de la corne sud du bois
d'Hautmont dont elle chasse l'adversaire et où elle se maintiendra pendant toute la journée du 23
(lieutenant DRESCH tué, capitaine VAUQUELIN blessé). L'autre (7e et 8e compagnies) sous les
ordres du capitaine VALETTE, parvient à reprendre la ligne de résistance à l'intérieur du bois des
Caures. Malgré de terribles pertes, le capitaine VALETTE, admirable de courage et de sang-froid,
y luttera jusqu'au petit jour le 24 (sous-lieutenants MOLINET et DUJONC tués).
La 9e compagnie avait, pendant la nuit du 22 au 23, sous les ordres du capitaine HERY, d'une
bravoure légendaire au régiment, pris part, avec des éléments du groupe des bataillons de chasseurs,
aux contre-attaques exécutées à l'intérieur du bois des Caures. (Le capitaine HERY, ayant perdu la
main droite, est fait prisonnier, mais s'échappe en tuant deux de ses gardiens.) Les 10e, 11e et 12e
compagnies demeuraient solidement établies sur la position intermédiaire à hauteur de la ferme de
Mormont, malgré la violence croissante du tir d'artillerie ennemie (commandant MAUGRAS
blessé).
A 10 h.30, le colonel VAULET est tué à proximité de la ferme, au moment où il cherche à se rendre
compte par lui-même des progrès de l'attaque.
Pendant toute la journée du 23 et la nuit du 23 au 24, les restes des 1er et 2e bataillons combattent
héroïquement dans la partie sud et sud-ouest des bois d'Hautmont et des Caures. Débordés à
droite et à gauche, ils luttent dans des conditions désespérées. Les munitions, les vivres sont
épuisés. Aucune liaison n'est plus possible. Au milieu des arbres déchiquetés, des abris éboulés, des
tranchées bouleversées, officiers et soldats parviennent par leur ténacité à faire perdre à l'adversaire
le bénéfice de la surprise stratégique des premières heures et l'obligent à marquer un temps d'arrêt.
Décimés, à bout de forces, ils voient peu à peu le cercle de feu se resserrer sur eux. Quelques uns
seulement parviennent, au péril de leur vie, à traverser les lignes allemandes et à se joindre aux
unités du 3e bataillon tenant encore la ferme de Mormont. Le commandant BERTRAND est
blessé à la tête au moment où il se porte en avant dans le bois pour contre-attaquer avec les
éléments ralliés. Nombreux furent les actes d'héroïsme dans ces glorieuses journées.
La 1re compagnie de mitrailleuses (capitaine PERLIET) se distingue par l'endurance et la ténacité
de ses sections et mérite la citation suivante à l'ordre du 30e corps d'armée, n° 74 :
Occupant des positions particulièrement exposées au feu de l'artillerie lourde allemande, s'y est
maintenue pendant trois jours consécutifs, malgré un bombardement d'une intensité sans précédent
au cours duquel trois pièces ont été ensevelies avec leurs servants.
Une fois de plus, le 165e R. I. a largement rempli la mission qui lui avait été confiée. Après trois
jours et trois nuits de combats incessants, le régiment, ayant perdu 30 officiers, 119 sous-officiers et
1.337 caporaux et soldats, ne quitte le champ de bataille que par ordre, et après avoir été relevé par
un régiment de tirailleurs de la brigade BOURGNE.
En récompense de ce superbe effort, la croix de guerre était décernée au drapeau, et le général
PÉTAIN citait le régiment à l'ordre de la IIe armée en ces termes :
Admirablement entrainé par son chef, le colonel VAULET, tué glorieusement, a résisté au prix de
pertes énormes, pendant trois jours, au bombardement le plus violent et aux attaques d'un ennemi
très supérieur en nombre. A sans cesse contre-attaqué dans un esprit de sacrifice absolu.
Du 25 au 29 février 1916, le régiment, formé en un bataillon de marche à cinq compagnies,
cantonne à Landrecourt. Le 28 février 1916, le lieutenant-colonel FAURE-BEAULIEU en prend
le commandement.
Par Pierrefitte-sur-Aire, Ribeaucourt et Pargny-sous-Muraux, le régiment est acheminé vers la
région de Lure où il va recevoir des renforts et se reconstituer."
Cordialement,
Alain