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Re: les prisonniers sur parole
Publié : ven. juin 07, 2013 7:44 pm
par chanteloube
Bonjour à toutes et à tous,
Je cherche plus d'informations sur les officiers prisonniers sur parole, si une ou un d'entre vous avait des informations je serais preneur....
Merci
CC
Re: les prisonniers sur parole
Publié : lun. juin 10, 2013 2:43 pm
par Jean RIOTTE
Bonjour à tou(te)s,
Bonjour chanteloube,
Voilà un bon sujet à débroussailler!!
Il m'intéresse beaucoup, moi aussi. C'est pourquoi je me jette à l'eau et entame le débat.
Au cours de mes diverses lectures j'au cru comprendre que les personnels faits prisonniers par les Allemands et admis à être soignés en Suisse (maladie, blessure...) devaient très vraisemblablement "donner leur parole" de ne pas profiter de la proximité de la fontière française et d'une surveillance plus lâche pour s'évader, regagner la France et reprendre le combat. On ne parle toujours que des officiers mais sans doute que ce devait être aussi le cas pour les sous-officiers et les soldats.
Le premier accord d'internement en Suisse est paraphé le 15 janvier 1916 par les trois parties: l'Allemagne et la France s'engagent "à restituer à la Suisse les évadés",les autorités helvétiques n'assumant "aucune responsabilité en cas d'évasion".
Autre cas, différent des échanges de malades et de blessés.
Dans le courant de l'été 1915 les autorités suisses réclament et obtiennent le renvoi en Suisse du sous-lieutenant Eugène GILBERT, pilote interné 2 mois plus tôt pour avoir atterri en territoire helvétique à la suite d'une panne de moteur. Reprenant sa parole après avoir écrit aux autorités suisses pour les avertir qu'il repartait au combat, il sévade à nouveau. Paris ne le renvoie pas cette fois-ci mais le retiendra éloigné du front jusqu'à son décès accidentel le 17 août 1918.
Cordialement,
Jean RIOTTE
Re: les prisonniers sur parole
Publié : lun. juin 10, 2013 5:27 pm
par stcypre
Bonjour,
Le premier convoi d'internés (terme utilisé à l'époque) arrivent en 03/1915. Il concernait une centaine de tuberculeux de chaque nationalité. Puis petit à petit ce furent des blessés légers qui bénéficièrent d'un départ en Suisse. En décembre 15, ce furent les déportés civils qui bénéficièrent de ce voyage.
Les partants pour la Suisse étaient envoyés au camp de Constance afin d'y subir une visite par une commission germano-suisse.
A noter que la Suisse logea la grande majorité des PG dans des hôtels. Les prisonniers étaient certains de rester dans ce pays jusqu'à la fin des hostilités, à moins qu'en cas d'indiscipline grave, le détenu était envoyé dans un établissement pénitentiaire et si l'acte était très grave, le puni pouvait être renvoyé en Allemagne...
Puis il y eut les accords de Berne de 1918, qui permirent d’échanger les PG valides, tête à tête, grade à grade...
Certes la Suisse paraissait comme un eldorado mais la discipline était sévère... Certains anciens que j'ai rencontré en gardait un mauvais souvenir, notamment pour les soins.
J.Claude
Re: les prisonniers sur parole
Publié : jeu. juin 13, 2013 11:21 am
par chanteloube
Bonjour à toutes et à tous,
Merci pour les précisions données par Jean Claude mais dans le cas dont je vous parle il s'agit d'officiers prisonniers sur parole en France.
Il y a eu un "incident" national, une campagne assez semblable à celle dirigée contre le 15°Ca au début de la guerre, orientée cette fois contre certaines villes de Bretagne et de Provence, "accusées" de recevoir des officiers allemands prisonniers sur parole avec beaucoup trop d'égards
Voici un extrait du Gaulois du 15 janvier 14
[….Voici maintenant une ville du midi. Il s’agit de Draguignan. Les officiers allemands s’y promènent librement, hautains et raides. Certains habitants de la ville, certains commerçants les traitent avec la déférence due à de bons clients.
Ce sont de bons clients d’ailleurs car ils ont de l’argent plein leur poche. Des relations se sont crées et des officiers allemands se sont assis en invités à des tables françaises.
On ne croirait jamais, à voir circuler ces Allemands, qu’ils sont prisonniers, tant ils ont repris avec aisance leurs habitudes des garnisons d’outre Rhin. On les salue et volontiers ils se font craindre...]
Beaucoup d'autres journaux suivirent et jusqu'à l'Echo d'Alger...
Je ne connais pas en détails d'autres exemple mais je sais qu'il y a eu au moins un autre incident en Bretagne puisque la Presse en parle.
Je n'ai pas trouvé, ou pas su bien chercher, à Vincenne des documents concernant ces officiers Allemands. Je sais qu'il y a eu, sans en avoir de traces écrites, des échanges de personnels médicaux entre la France et l'Allemagne via l'Italie mais je n'ai pas de détails sur d'autres officiers.
A bientôt. CC
Re: les prisonniers sur parole
Publié : jeu. juin 13, 2013 12:26 pm
par Jean RIOTTE
Bonjour Claude,
Je te prie de m'excuser pour mon erreur... je n'avais pas du tout "tilté" que tu parlais des officiers allemands en France.
Effectivement, je me souviens avoir lu quelque part, mais où et quand?, "l'affaire de Draguignan". En revanche je ne savais pas qu'en Bretagne et en Provence il y avait eu aussi "des mouvements d'humeur".
Cordialement,
Jean RIOTTE
Re: les prisonniers sur parole
Publié : jeu. juin 13, 2013 1:00 pm
par Yv'
Bonjour à tous,
Voici un communiqué officiel du 3 février 1915 qui vous intéressera peut-être :

(
L'Ouest-Eclair (Rennes), 4 février 1915,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k644256w/f3.image )
Cordialement
Yves
Re: les prisonniers sur parole
Publié : jeu. juin 13, 2013 1:07 pm
par Jean RIOTTE
Bonjour Yves,
Encore une fois merci pour tes trouvailles que tu n'hésites pas à partager ce qui enrichit notre Forum... et ses lectrices et lecteurs .
Cordialement,
Jean RIOTTE
Re: les prisonniers sur parole
Publié : jeu. juin 13, 2013 1:27 pm
par DW
En un siècle (1813-1814 =>1914) la situation avait en effet bien changé. Des recherches généalogiques, puis historiques, m'ont conduit à m'intéresser au sort des officiers prisonniers sur parole sous le 1er empire, qui a fait héberger en France des fournées d'officiers prussiens, russes et autrichiens. En 1813, je possède des documents précis sur cet état de "prisonnier sur parole". Non seulement la France leur versait une solde, mais sous la seule réserve d'un appel quotidien le matin à la caserne, ces officiers (prussiens en l’occurrence) logeaient librement en ville s'ils le préféraient et pouvaient se louer une chambre, pouvaient même aller chasser et excursionner (l'un d'entre eux a rédigé à son retour à Berlin un ouvrage géographique, botanique, sociologique et économique très détaillé sur le Limousin de 1813). Ils étaient effectivement invités dans les familles et par la société locale.
J'ai lu que le sort des officiers français prisonniers de l'autre côté étaient parfois assez semblable. Mais il est certain qu'un siècle plus tard, surtout après le traumatisme de 1870 qui a renforcé le sentiment national, les esprits avaient évolué dans le sens d'une moins grande largesse d'esprit.
Re: les prisonniers sur parole
Publié : jeu. juin 13, 2013 2:58 pm
par chanteloube
Bonjour Yves,
merci de ce lien, d'autant qu'au dos Draguignan est évoqué.
Merci encore
A bientôt
CC
Re: les prisonniers sur parole
Publié : ven. sept. 06, 2013 11:11 pm
par Alain 57
Bonsoir à vous,
Concernant les prisonniers libérés sur parole, il y a également le cas des officiers allemands emprisonnés au Fort Richelieu de Cette. Au début du mois d’octobre 1914, le Gouvernement français proposa aux officiers condamnés à la prison jusqu’à la fin de la guerre, de quitter Cette pour la Corse, où ils bénéficieront en contrepartie de leur parole d’honneur, d’un endroit sain et calme pour se loger ainsi que d’une liberté totale de mouvement. Après mûre réflexion, la proposition a été acceptée par la majorité des officiers qui ont ainsi quitté le Fort pour la Corse, dès le 24 octobre. De leur côté, quatorze médecins et un pharmacien ont, quant à eux, pu tourner le dos à la France le 30 octobre suivant afin de rejoindre l’Allemagne, leur patrie. Seuls les officiers des compagnies sanitaires ainsi qu’une partie du personnel sanitaire n’ont pas été libérés.
Cordialement
Alain