Re: Premier fusillé de la guerre (avant le Commandant Wolff)
Publié : dim. nov. 04, 2012 1:39 pm
Bonjour à tous
Jean Yves Le Naour évoque le sujet dans "Fusillés" récemment paru chez Larousse. Une lecture au passage fort intéressante.
On y apprend le comportement de Wolff qui avait envisagé sa reddition pour sauver la vie de ses hommes.
D'après l'auteur, la veuve du commandant a fini par abandonner toute demande en révision sur les conseils de son avocat.
Il semblerait qu'en ce 1er septembre 1914 il fut officiellement le premier fusillé de la guerre.
Cordialement
Pierre
Bonjour
Le tout premier fusillé de la guerre... Ce n'est certainement pas le Commandant Wolff, et il s'en faut de beaucoup.
C'est du réchauffé, puisque la question a été soulevée dans plusieurs messages qui remontent à septembre. L'un des tout premiers fusillé (mais l'information n'est pas recoupée), est peut-être un civil, à Ancenis le 4 en tout cas, avant le 6 août.
Sous le titre "Antimilitariste fusillé", Le Petit Courrier daté du 6 août 14, indique qu'un civil, dont le nom n'est malheureusement pas donné, fut fusillé à Ancenis dès le 4 août 14 après jugement immédiat devant une Cour martiale : Un individu entré dans le mess des officiers en criant « le premier qui sort, je le crève » ; le chef de musique s’étant levé pour intervenir, il fut blessé d’un coup de couteau au bras. L’antimilitariste fut aussitôt appréhendé. Traduit devant une cour martiale, il a été condamné et fusillé immédiatement.
Cela dit, ma liste chronologique des fusillés comporte l'indication de plus de 40 fusillés durant le seul mois d'août 14. Je dis bien "indication", parce que la plupart proviennent de témoins qui ne connaissaient pas les noms des fusillés, voire des individus abattus purement ou simplement, en vitesse. Il y a eu des "erreurs" regrettables, telles celle-cile triste sort du soldat Georges BIGARD, du 165e RI, abattu par une sentinelle le 4 août 14 à Delut (Meuse). Je cite le JMO du 91e RI:
Sa fiche MDH le donne mort pour la France d'une "blessure de guerre".3 heures. Reçu du 3e Btn avis de l’arrivée à Delut en automobile de Mr. Ferry, élève de Saint-Maixent, promu sous-lieutenant et affecté à la 10e Cie. Le conducteur de l’auto, le soldat Bigard du 165e, ayant continué à s’avancer malgré 4 appels successifs de la sentinelle, a été tué d’un coup de feu.
Parmi les fusillés "officiels", pour reprendre l'expression de Pierre, d'août 14, on trouve une majorité de civils tenus pour des traîtres ou des espions.
La femme West a défrayé la chronique, je vous livre ci-dessous les indications que j'ai réunies à son sujet. Elle est fréquemment désignée comme "la femme du forestier West", de Schlierbach, et elle fut fusillée le 22 août 14 au champ de tir du fort de la Justice à Belfort, après sa condamnation à mort par le 3e Conseil de Guerre de Belfort, pour "intelligence avec les ennemis, recel d’ennemis et cruautés". Echo de cette affaire dans La Grande Guerre entre les lignes…, lettre d’Amand Saint-Pierre à son épouse Marguerite, p. 4, qui évoque l'arrestation et le châtiment sans donner le nom de la femme. Le Journal quotidien du Midi (AD de l’Hérault), relate l'affaire sous l'intitulé: « JUSTE CHÂTIMENT », citant une dépêche officielle de l'Agence Havas, reprise telle quelle par l’ensemble de la presse nationale et régionale, dont L’Eclair de l’Hérault du 22 août, La Croix du 25 août 14 : « Une femme passée par les armes ». Le Journal de la Vienne et des Deux Sèvres, en date du 22 août 14, « La femme d’un forestier allemand condamnée à mort », accusée d’avoir scié le coup (sic) d’un soldat français. Son mari, lui, fut condamné à 20 ans de TF. Ils auraient tous deux attiré dans un guet-apens une patrouille de dragons français, dont l’un fut tué et deux autres, blessés, par les soldats ennemis cachés dans la maison.
Il y a aussi le maire et le receveur des Postes de Thann, des otages, des présumés saboteurs, un uhlan déguisé..., ce sont parfois des ragots ou des rumeurs, parfois des articles de presse qui faisaient mousser l'efficacité du contre-espionnage français et les noirceurs de l'espionnage allemand, afin de montrer qu'il actif de longue date, et que l'Allemagne avait voulu la guerre et s'y était remarquablement préparée.
Bon dimanche.
aB