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Re: Bataille de Haelen.
Publié : ven. août 17, 2012 2:29 pm
par Piou-Piou
Bonjour à toutes et tous,
Bataille de Haelen.
12 août 1914.
A 8 heures, un peloton de cavaliers ennemis se présente au grand trot au pont de Haelen; fusillé à bout portant, il perd en un instant 4 hommes, 5 chevaux et 3 prisonniers. Ils appartiennent au 2e Cuirassier (le régiment des Cuirassiers de la reine).
L'un d'eux, blessé, reconnaissant des soins qu'il reçoit, conseille à nos cyclistes de se retirer, parce qu'il vont se trouver aux prises avec six régiments de cavalerie, accompagnés d'artillerie. En effet, une ligne de tirailleurs se glisse de haie en haie vers le village, de part et d'autre de la route d'Herck-la-Ville. Marwitz a prescrit à sa 4e division d'enlever la localité et le général von Garnier a déployé à cette fin ses deux bataillons de chasseurs à la droite, sa 3e brigade (ée cuirassiers et 3e uhlans) à la gauche et son artillerie à la sortie Ouest d'Herck-la-Ville.
Une fusillade lente et continue s'échange entre eux et la 3e compagnie cycliste.
Vers 9h30 un officier du Grand Quartier Général apporte au général de Witte l'avis que la 4e brigade mixte, venant d'Hautem-Sainte-Marguerite est en route vers le terrain du combat et qu'avec ce renfort il doit, au cas ou l'adversaire franchirait le cours d'eau, le refouler sur la rive droite. Le général calcule que la 4e brigade mixte ne pourra intervenir avant 13 heures et qu'il faut dans l'intervalle, enrayer l'attaque avec ses seuls moyens.
La 1er compagnie cycliste est portée à Haelen, en renfort de la 3e. La brigade des Guides prolonge, pied à terre, le front des Lanciers jusqu'à la Velpe.
Cependant les chasseurs ennemis rampent à 100 mètres de la Gette. l'artillerie allemande ouvre le feux et éventre les premières maisons du village ainsi que la barricade élevée en travers de la chaussée. Comme l'adversaire commence à déborder la droite, les défenseurs font sauter le pont et se replient sur la 1er compagnie déployée le longde la voie ferrée; les mitrailleuses prennent position au passage à niveau et tous se prépare à accueillir par un feu nourri l'ennemi, au moment où il émergera de l'agglomération.
Une demi-heure se passe; l'artilerie allemande cannone toujours le village d'où montent d'épais panaches de fumée. Soudain le bombardement cesse; une colonne de cavalerie traverse Haelen au galot et se présente pour déboucher. Aussitôt la fusillade crépite sur la ligne du chemin de fer; le bruit des deux fusils-mitrailleuses domine le vacarme : les chevaux s'arrêtent net, tounoient en déroute et disparaissent, jonchant le sol de cadavres.
A suivre.
Cordialement.
Phil.
Re: Bataille de Haelen.
Publié : ven. août 17, 2012 5:10 pm
par Piou-Piou
Notre 1er batterie à cheval ouvre le feu et procède, sur la chaussée axiale de la localité et vers le pont de la Gette, à un tir systématique qui sème la confusion et la mort dans les escadrons engouffrés entre les maisons. Il est exactement midi.
Peu à peu, l'infiltration des tirailleurs ennemis reprend; elle met en danger nos cyclistes, dénués d'appuis latéraux. Ils se replient dans un ordre parfait et vont se déployer à nouveau, parallèlement et à 300 mètres à l'Ouest du chemin creux Velpen-Liebrouck, la section de fusils-mitrailleuse sur le chemin de Loxbergen à Haelen.
Cette fois, ils sont en plein champ; à la hâte, les hommes se couvrent d'une minuscule levée de terre ou se couchant derrière les gerbes d'avone qui jaunissent au soleil.
Entretemps, les Allemands rétablissent le pont de la Gette, assez mal détruit et lancent une passerelle d'équipage à Donck; leurs tirailleurs garnissent le chemin de fer, et engagent une fusillade de plus en plus vive avec nos carabiniers dont les officiers, un fusil à la main, encouragent leurs hommes de la voix et de l'exemple.
A quelques centaines de mètres au Nord, un escadons et deux pelotons de cycliste sont barricadés dans Zelck; un peu en arrière, trois escadrons du 4e lanciers occupent la ferme de l'Yzere-Beek et ses abords, prolongés vers le Sud par trois escadons du 5e lanciers et par deux escadrons du 2e guides. L'organisation de la position est nulle; quelques unités ont cherché un masque derrière les haies, les talus ou dans les fossés; la plupart des tirailleurs sont en plein champ, sans rideau ni couvert...
Soudain, de Haelen fumant, surgissent de toutes parts, dans la poussière qu'ils soulèvent, des essaims de cavaliers gris !
Le général Marwitz, impatient, a donné l'ordre d'enfoncer nos tirailleurs et d'enlver notre 1er batterie à cheval. La brigade de dragons du Mecklembourg charge d'abord. Le 17e dragons s'élance au galot par la chaussée de Diest, deux escadrons en colonne par quatre sur la route - d'où les clotûres empêchent de déboîter - et un escadron un peu à l'Ouest. La garnison du poste de Zelck, dissimulée derrière les haies, les reçoix par un feu d'enfer qui abat l'escadron de tête et l'escadron de flanc garde presque en entier. La charge a été menée avec tant de fougue, que bon nombre de cavaliers arrivent quand même jusqu'à la barricade; hommes et chevaux culbutent et s'amoncellent en tas sanglants. De ces deux escadrons, il ne s'échappe que 13 hommes...
L'autre fait demi tour et n'aventurera plus de la journée que quelque tirailleurs pied-à-terre.
Le 18e dragons débouche du passage à niveau et, à mesure leur déploiements, ses trois escadrons partent à fond de train vers la hauteur 55. Ils submergent les carabiniers -, qui, intrépides au milieu de la tornade, ravagent leurs rangs - franchissent haies et clôtures, et se ruent vers la ferme de l'Yzere Beek pour escalader la croupe 55. Reçus à bout portant par le feu des lanciers, ils fondent comme neige au soleil. Le commandant du régiment gît parmis les morts.
Mais la 3e brigade aussi a reçu l'ordre d'enlever notre artillerie. Sortant de Donck par Velpen, en trois charges successives, poussées avec le plus grand mordant, les huit escadrons de la Reine et du 9e uhlans mènent à leur tout la chevauchée de la mort.
Brisés en front par les cyclistes, battus en flanc par les guides et surtout par les lanciers, ils vont successivement, dans le labyrinthe de l'Yzer-beek, se faire exterminer par nos carabiniers et nos fusil-mitrailleuses.
En quelques instants, ces quatre beaux régiments ont été anéantis. Le sang-froid de nos cyclistes et de nos Lanciers a été magnifique; les feux, exécuté méthodiquement, au commandement,presque à bout portant. Nos pertes sont légères; celles de l'ennemi visibles; des centaines de chevaus gisent sur la plaine, et d'autres, à vide, traversent nos lignes en nombre considérable.
Au tumulte des charges succède une courte accalmie, rompue par le tir de l'artillerie allemande qui a profité du rideau de sa cavalerie pour s'installer vers la borne 59 de la route de Haelen à Zelck.
Bientôt le feu de la mousqueterie reprend avec intensité. Des chasseurs et des mitrailleuses se portent en avant, grossis par des cavaliers qui émergent de derrière les cadavres de leurs montures. Marwitz fait déployer pied-à-terre la brigade des hussards de la mort, établir l'artillerue de la 2e division en avant de Haelen, et poster dans Velpen le détachement des mitrailleuses de la Garde. Les deux dernière brigades (5e et 8e) suivent au delà de la Gette pour se former au Sud de Haelen.
Devant cette attaque très supérieure, deux de leurs capitaines frappés à mort, nos carabiniers se retirent définitivement sur la ligne des lanciers, dont toute la brigade ouvre le feu. Aux abords de l'Yzer Beek, le 4e lancier (2 1/2 escadrons) ne cède pas d'une semelle. Du toit de la ferme, le major Bourgouis dirige la défense, et, à la vue de l'héroïque commandant Demaret carabine au poing, les moins vaillants deviennent intrépides.
Mais vers 15h30, une pluie d'obus s'abat sur l'Yzer beek; les mitrailleuses s'approchent à 150 mètre. Le major Bourgouis est mortellement atteint, le commandant Demaret est tué. Les derniers défenseurs se résignent à abandonner la ferme en flammes pour prendre position un peu en arrière.
La ligne du 5e lanciers se trouve aussi cannonée et balayée par des rafales de mitrailleuses. La 1er batterie à cheval, prise d'écharpe par des tirailleurs qui s'avancent sous le couvert de Liebroeck change laborieusement de front sous un feu combiné d'artillerie et de mitrailleuses.
Fort opportunément, la 4e brigade mixte débouche sur le champ de bataille. Partis seulement vers 10 heures de Hautem-Sainte-Marguerite, ses quatre bataillons (2.800 fusils), ses trois batteries et sa compagnies de mitrailleuses ont marché sans arrêt, malgré la chaleur accablante, gros par Miscom et Cortenaeken, un bataillon par Hoeleden et Blekkom. Elle est fatiguée.
Re: Bataille de Haelen.
Publié : ven. août 17, 2012 6:30 pm
par Piou-Piou
Conformément aux ordres du Haut Commandement, le général de Witte désire cependant l'employer offensivement. L'effort principal de l'adversaire s'est porté vers la ferme de l'Yzere Beek, et le terrain entre celle-ci et Velpen, très dénudé, ne se prête pas à une attaque; les couverts de la vallée de la Velpe semble plus propices. Deux bataillons attaqueront côte à côte de part et d'autre de la rivière; un autre marchera au secours de l'Yzere Beek; le dernier formera réserve.
Quand arrive le groupe d'artillerie qui a pris les devants atrot, deux de ses batteries sont envoyées prendreposition aux abords du moulin pour combattre l'artillerie de la borne 59; l'autre , la 9e est dirigée vers la lisière Sud du village pour soutenir l'attaque.
Vers 14h30, l'avant-garde, - six compagnies du 4e de ligne et une compagnie de mitrailleuses, - déboîte par le château de Blekkom sur Velpen, et assiste à la dernière charge des cavaliers ennemis.
L'énergique major Rademaekers forme bientôt son dispositif d'attaque : deux compagnies en première ligne, deux compagnies en soutien, un demi-bataillon en réserve. Il se met d'accord avec la 9e batterie, et, à défaut de liaison téléphonique, convient qu'à 16 heures elle ouvrira le feu sur Velpen; enfin, il essaie, sans succès, de se lier avec le bataillon flanc garde (III / 24) qui doit attaquer par l'autre rive de la Velpe.
Sans incident marquant, sans subir la moindre perte, l'avant-ligne arrive très près de la lisière Ouest de Velpen; les explorateurs ne signalent pas d'ennemis.
Soudain, un crépitement de mitrailleuses éclate et couche à terre les compagnies à découvert. Impossible d'avancer; qui se lève est instantanément fauché.
En vain, le major Rademaekers essaie de combiner une attaque de flanc avec une menace de front, en vain il engage ses six compagnies et même une compagnie du 24e que le lieutenant Stroops lui amène de Loxbergen; tout échoue devant l'activité des mitrailleuses de la Garde, postées avec soin et parfaitement invisible. Les officiers, si peu nombreux, sont presque tous tués ou blessés; et comment mener à l'attaque, sous un pareil feu sans chefs, sans gradés instruits, sans soutien méthodique d'artillerie, douze cents hommes qui ne se connaissent pas ?.
Une grange voisine, incendiée par le tir de la 9e batterie et devenue brasier, accentue l'embarras; de nombreux blessés refluent vers Loxbergen; l'assaut est bloqué.
Le bataillon flanc garde n'est pas plus heureux, il s'avance à la file indienne par les fossés du chemin pavé au Sud de la rivière. Quand sa première compagnie arrive au pont, elle est reçue à bout portant par un feu de mitrailleuses qui, battant la route d'enfilade , cause en un instant des ravages effrayants. La suivante s'installe dans les cabanes avoisinantes; faites de torchis, elle ne sont pas tenables. Une ligne de tirailleurs venant de Bloemendael, prend bientôt en flanc et à revers la réserve, qui, faute de champ de tir est incapable de riposter. Enfin, une nouvelle mitrailleuse, enfilant le chemin de Blekkom, tue le major et achève de semer la confusion dans ce pauvre bataillon, dont les débris, à peu près sans officiers, s'en retournent dans leur cantonnements de la veille, à Hautem-Sainte-Marguerite.
Quand au bataillon dirigé vers la gauche (I / 24) il essaye inutillement de s'approcher de la ferme de l'Yzere Beek toujours bombardée.
Et cependant l'ennemi est aux abois ! Du haut de la côte 66, l'artillerie à cheval a discerné le mouvement des masses allemandes (5e et 8e brigades), arrosé leurs traversée de Haelen et salué leur rassemblement à l'Ouest de Donck. Marwitz en est impressionné qu'il rappelle ses régiments sur la rive droite. Ce demi-tour en colonne, dans un défilé cannoné, jette toute cette cavalerie dans la confusion. Elle est complète quand, vers les 17 heures, notre groupe à cheval ayant repéré l'emplacement des batteries ennemies à l'Ouest de Haelen, l'écrase par un feu violent. Une mare de sang, des tas de cartouches chargées, des chevaux éventrés et un caisson culbuté, témoigneront le lendemain de l'efficacité de ce tir.
Enfin, soutenue par la 8e batterie montée, quelques volontaires courageux forment une ligne d'attaque et réoccupent l'Yzere Beek.
L'ennemis disparaît, ses tirailleurs filent un à un sur Haelen. Trois escadrons de guides remontés à cheval, que le général de Witte a envoyé tenter un mouvement tournant par le Bockenberg, ne trouvent pas l'occasion d'intervenir. Depuis 16 heures, le général Marwitz juge la journée perdue, et l'opiniâtreté de la lutte à Velpen ne provenait que de la crainte d'être rejeté précipitament sur les ponts; l'infernal engin qu'est la mitrailleuse a - malheureusement pour nous - servis ses projets.
Le soir tombe; le silence et l'obscurité s'étendent sur le champ de bataille. Pendant que l'ennemi, atterré, reflue en panique d'une traite jusque Hasselt et Alken, nos cycliste et nos cavaliers, nos fantassins et nos artilleurs, bivouaquent sur la terre abreuvée de leur sang et goûtent la satisfaction grave de la victoire ardemment disputée.
En ce glorieux jour du 12 âoût 1914, brillament conduite par le lieutenant-général de Witte, la division de cavalerie belge, renforcée par la 4e brigade mixte, a battu en rase campagne, un détachement de force supérieure, appartenant à la première armée du monde !.
Source : L'Armée Belge dans la grande guerre mondiale.
Par le Général-Major Tasnier et le Lieutenant-Colonel B.E.M R. Van Overstraeten. Edition 1931.
Cordialement.
Phil.
Re: Bataille de Haelen.
Publié : ven. août 17, 2012 11:36 pm
par sylvain80
Bonsoir Phil
merci pour le détail de la bataille, le slieux évoqués nous les avons arpentés à pied samedi lors d'une marche souvenir et ce qui m 'a vraiment surpris c'est cette absence de grand monument célébrant la victoire belge remportée ici, sais-tu si il y a une raison particulière à cette "absence"?
cordialement
sylvain
Re: Bataille de Haelen.
Publié : sam. août 18, 2012 2:10 pm
par Piou-Piou
Bonjour Sylvain,
N'étant pas de cette région je ne connais pas les raisons de l'absence de monument.
Cordialement.
Phil.