102e régiment d'artillerie lourde
Historique du 5e groupe du 102e R.A.L (Régiment d'Artillerie Lourde), devenu 5e groupe du 17e, Mars-novembre 1918
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... texteImage
HISTORIQUE DU 5e Groupe du 102e R. A. L. DEVENU 5e GROUPE DU 17e
Le mardi 2 avril 1918, le 5e groupe du 102e R. A. L. quittait le village de Droupt-Saint-Basle (C. 0. A. L. d'Arcis-sur-Aube) où, pendant le mois précédent, il s'était peu à peu constitué.
Le groupe avait été formé par un noyau provenant de la 22e batterie du 2e groupe du 109e R. A. L., auquel étaient venus se joindre les éléments les plus divers : des hommes de tous les régiments, de toutes les parties de la France ; des hommes de toutes armes : artilleurs, fantassins, anciens commis ouvriers. Chaque batterie comprenait, en outre, trente Malgaches.
Le 5e groupe, commandé par le capitaine
Thévenet, se composait des 13e batterie (commandant, lieutenant
Gurtelin), 14e batterie (capitaine
Bartin), 15e batterie (lieutenant
Veil), 5e colonne légère (lieutenant Féry).
Pour le profane, tous les régiments se ressemblent ; un groupe n'est qu'un ensemble de gradés, d'hommes, de chevaux, de canons; mais, pour l'observateur, il y a quelque chose de plus.
Une unité militaire doit avoir une âme, une conscience collective, qui la fait vivre d'une vie spirituelle, tout comme un individu. Nous allons voir comment, peu à peu, au cours de la campagne, le 5e groupe, formé des éléments les plus divers, acquerra cette force de cohésion, cette âme collective qu'on appelle l'esprit de corps, qui a fait admirer nos troupes par le monde entier, pour leur belle tenue dans les heures douloureuses des défaites passagères, comme dans les jours délirants de la victoire finale.
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Extrait de l'Historique du 5e groupe du 102e R.A.L (Régiment d'Artillerie Lourde), devenu 5e groupe du 17e, Mars-novembre 1918 :
Le secteur de La Faloise.
La Faloise est un petit village situé sur les bords de la Noye, rivière marécageuse qui coule du sud au nord. Plus à l'est, l'Avre, qui coule d'abord de l'est à l'ouest, après avoir passé à
Davenescourt, fait un brusque coude vers le nord à hauteur de Pierrepont. Entre la Noye et l'Avre, alors sensiblement parallèles, s'étend une bande de terrain qui sera notre champ d'action, et qui présente, de l'ouest à l'est, la configuration suivante.
Partant des bords marécageux de la Noye, le sol monte d'une façon assez sensible pendant 2 kilomètres, pour atteindre une ligne de crêtes dont les points principaux sont la cote 146, au
nord du village de Chirmont, et la cote 158, à l'ouest d'EsclainvilIers. A l'est de cette ligne de faîte se trouve un vaste plateau qui descend en pente très douce. Sur ce plateau, long de 8 kilomètres, s'élevaient les villages de Sourdon, puis Thory et Ainval, derniers villages occupés par nos troupes. Plus à l'est, et sensiblement sur une même ligne, les villages de Sauvillers-Mongival, Aubvillers, Malpart, occupés par l'ennemi. Citons encore, à l'extrémité est du plateau, les fermes Fourchon et Filescamps, qui peuvent servir d'observatoires à l'ennemi et qui seront, pour nous, des points d'accrochage. Le terrain s'abaisse ensuite brusquement jusqu'à l'Avre. Cette bande de 3 kilomètres, sillonnée de ravins et couverte en partie de bois, servira de repère aux batteries ennemies.
Cette disposition de terrain n'est pas favorable à notre artillerie, qui devra se placer à l'ouest de la crête 146-158.
Le plateau est bien coupé par des ravins, mais presque tous orientés ouest-est, c'est-à-dire pris d'enfilade par l'ennemi. On y trouvera tout au plus, à certains coudes, des positions pour
pièces balladeuses, une ou deux positions de batterie qui seront très vite repérées.
Les villages sont de peu d'importance; les maisons, bâties en torchis ou en briques légères, ont déjà beaucoup souffert du tir ennemi. Les champs cultivés, les blés qui commencent à pousser, les charrues et machines agricoles abandonnées çà et là, donnent l'impression d'un terrain que les civils ont évacué en toute hâte, où la lutte a été courte, mais violente. D'un côté comme de l'autre, pas de ligne de tranchées continue, seulement quelques ouvrages organisés pour la résistance. Aucune position de batterie aménagée. C'est dans ce secteur que le groupe prit position dans la nuit du 28 avril 1918.
Les 13e et 15e batteries s'installèrent dans des ravins au sud du village de Chirmont.
La 14e batterie, après avoir préparé deux positions en quelques jours, en occupa finalement une troisième près de la chapelle Saint-Aubin. Cette position, située sur le plateau et très
mal défilée, fut bien vite repérée. Une petite maison forestière du bois Saint-Martin servit d'abri au P. C. du groupe.
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Extrait de l'Historique du 5e groupe du 102e R.A.L (Régiment d'Artillerie Lourde), devenu 5e groupe du 17e, Mars-novembre 1918 :
Le 9 mai. - Affaire de Grivesnes.
Nos troupes tenaient le village de Grivesnes, le château et une petite partie du parc. L'ennemi s'était accroché dans l'autre partie; sa proximité nous gênait et la surveillance de ses mouvements était rendue difficile. Le commandement décida de tenter une petite attaque pour s'emparer de la totalité du parc.
Ce point se trouvant à la droite de notre secteur, nous devions appuyer surtout l'infanterie de la division voisine. La veille de l'attaque, le sous-lieutenant
DUJOUX, de la 13e batterie, se rendit dans les premières lignes, au bois Poignard, pour régler les batteries. Le point de réglage consistait en quelques sapins plantés à l'extrémité nord-est du parc, très peu visibles des lignes. Pour les mieux voir, le sous-lieutenant
DUJOUX n'hésita pas à grimper dans un arbre, bien que l'endroit fût très exposé.
Le 9 mai, dans l'après-midi, après une préparation courte, mais très violente, à laquelle coopérèrent un grand nombre de mortiers de tranchée, l'infanterie s'élança à l'assaut des positions et les emporta très rapidement, faisant plusieurs centaines de prisonniers. Notre ligne passa alors en lisière du parc et nous donna des vues du côté du village de Malpart.
x x
La 14e batterie, obligée d'exécuter des tirs de longue durée en pleine vue des ballons ennemis, fut particulièrement repérée. Dans la matinée du 19 mai, elle subit un violent bombardement d'obus de 210. Quelques projectiles tombèrent entre les pièces, menaçant fortement les abris à peine amorcés. Dans la soirée, le canonnier malgache
Raïnizanantsoa RAÏNIZANANTSOA reçut un éclat qui lui broya la cuisse ; le malheureux supporta la douleur avec un grand courage, se mordant les lèvres pour étouffer ses plaintes ; il prononça seulement quelques mots pour remercier le commandant
THÉVENET, qui accrochait la croix de guerre sur sa poitrine. Ce soldat dévoué mourut deux jours plus tard des suites de sa blessure.
Pendant tout le mois de mai, cette batterie fut soumise à des tirs fréquemment répétés ; mais, sous le commandement énergique du sous-lieutenant
THOUAT, assisté du sous-lieutenant
MÉNOTTE et de l'adjudant
DELAYE, le personnel de la batterie se comporta avec courage, réparant les abris démolis par le bombardement, creusant de nouvelles sapes et n'abandonnant le travail que pour servir les pièces. Le 2e canonnier
LETERTRE (Roland) se fit particulièrement remarquer en allant plusieurs fois réparer la ligne de l'observatoire sous un bombardement violent.
Vers la fin du mois de mai, les tirs d'artillerie devinrent un peu moins nourris, l'attention et la surveillance ne furent pas relâchées pour cela ; on s'attendait d'un jour à l'autre à une vio-
lente offensive ; mais l'endroit où elle se produirait était encore indéterminé.
Si l'ennemi était relativement calme le jour, il n'en était pas de même la nuit ; les 13e et 15e batteries eurent particulièrement à souffrir des tirs d'obus toxiques. Grâce aux bonnes dispositions prises par les commandants de batterie, les masques furent toujours mis à temps, et, à part quelques brûlures inévitables par l'ypérite, il n'y eut aucun accident grave à déplorer.
Dans la nuit du 6 au 7 juin, la 15e batterie reçut des tirs de harcèlement ; un coup malheureux dans un magasin à gargousses fit craindre un moment la destruction complète de la batterie. Le maréchal des logis
SAINT-OMER organisa la lutte, retira lui-même du magasin des gargousses qui fusaient déjà, évitant ainsi, par son sang-froid et sa présence d'esprit, un grave accident.
Le 28 mai, le P. C. du groupe, qui s'était transporté dans une carrière, au sud du village de Chirmont, fut violemment bombardé par une batterie de gros calibre. Les abris consistaient en deux mauvaises entrées de sapes, ne communiquant pas entre elles. Un obus percuta sur l'une des entrées où se trouvaient le sous-lieutenant
GROLLEAU, un autre officier et le médecin auxiliaire
DEGUILLAUME. Ces officiers parvinrent à s'échapper en rampant à travers les décombres et à gagner les abris de l'I. D., situés à peu de distance. A ce moment, le sous-lieutenant
GROLLEAU, inquiet sur le sort du commandant
THÉVENET, qui s'était réfugié dans la seconde entrée de sape, n'hésita pas à quitter un abri sûr, alors que les obus tombaient à raison de deux par quinze secondes, pour s'assurer de l'état de la deuxième entrée de sape qui, par bonheur, avait été épargnée.
RAINIZANATSOA
Mort pour la France le 21 mai 1918 à Grandvilliers - ambulance 2/51, (Oise) des suites de blessures de guerre.
Né en 1893 à Antajona (MADAGASCAR) (Madagascar) province de Tananarive
25 ans
Dépôt des isolés coloniaux (Artillerie lourde)
soldat de 2e classe au 102e régiment d'artillerie lourde (102e RAL)
N° matricule au corps : 24002
Classe : inconnue
Matricule au recrutement : inconnu
Mention : Mort pour la France
RAINIZATASOA
Mort pour la France le 21 mai 1918
soldat au 102e R.A.L.H.
Mention : Mort pour la France
Lieu de sépulture : Beauvais (Oise)
Nom du site de sépulture : nécropole nationale de "Marissel"
Type de sépulture : tombe individuelle
Numéro de la sépulture : 280
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Extrait de l'Historique du 5e groupe du 102e R.A.L (Régiment d'Artillerie Lourde), devenu 5e groupe du 17e, Mars-novembre 1918 :
Au début du mois de juin, les bulletins de renseignements annoncèrent une attaque ennemie en préparation dans la région de Montdidier. Allions-nous être compris dans cette attaque ?
Le 9 juin (
1918), au milieu de la nuit, un bombardement terrible nous réveilla; les batteries commencèrent, aussitôt des tirs de contre-préparation, bien que les obus ennemis tombassent, très près des pièces. Par bonheur, malgré la violence du bombardement, les
communications téléphoniques restèrent longtemps intactes.
Au bout de deux heures, les renseignements parvinrent des lignes, assez rassurants. On était presque sûr que ce gaspillage de munitions n'était qu'une diversion, mais ne laissait prévoir
aucune attaque.
Quelque temps après nous apprîmes, malheureusement, que deux hommes de la 13e batterie avaient été tués dès le début de l'action, par un obus percutant ; au milieu de leur abri. Les secours s'organisèrent, dirigés par le lieutenant CURTELIN, sous un bombardement extrêmement violent, pour tâcher de dégager les malheureux, mais on ne put retirer des décombres que des débris horriblement mutilés. Le 2e canonnier
Lefèvre (
LEFEVRE) (Gustave) se fit particulièrement remarquer par son sang-froid et son mépris du danger pendant les recherches.
Les corps des victimes, les canonniers
PIOT (Julius) et
COLLOT (André), furent inhumés le 10 juin au cimetière de la chapelle Saint-Denis, près du village de Chaussoy.
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COLLOT Emile, 1er canonnier servant (1er C.S.) à la 13e Batterie du 102e RAL, + le 9 juin 1918
J.O. du 19 février 1920 page 2784
COLLOT (Emile), matricule B 013485, canonnier de 1ère classe : très bon canonnier, ayant toujours fait bravement son devoir. Tué à l'ennemi le 9 juin 1918. Croix de guerre avec étoile de bronze.
Journal officiel du 10 mai 1922 (22 mai 1922 rectifié) pages 2006 et 2007
CITATION
102e rég. d'artillerie lourde.
COLLOT (Emile-Alcide), matricule B 013481, premier canonnier : canonnier brave et dévoué. Glorieusement tombé pour la France, le 9 juin 1918, à Chirmont. Croix de guerre avec étoile de bronze.
Emile Alcide
COLLOT
Mort pour la France le 9 juin 1918 à Chirmont (Somme)
Né le 1er avril 1890 à Champaubert (Marne)
28 ans, 2 mois et 8 jours
1er canonnier conducteur au 102e régiment d'artillerie lourde (102e RAL)
Classe 1910 - Bureau de recrutement de Neufchâteau (Vosges) - Matricule au recrutement : 710
Mention : Mort pour la France
Lieu de transcription du décès : Champaubert-aux-Bois (Marne)
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Julius Adolphe
PIOT
Mort pour la France le 9 juin 1918 sur le territoire de la commune de Chirmont, (Somme) - Tué à l'ennemi.
Né le 24 avril 1887 à Chamouilley (Haute-Marne)
31 ans, 1 mois et 15 jours
maître pointeur au 102e régiment d'artillerie (102e RA)
N° matricule au corps : B 09280
Classe 1907 - Bureau de recrutement de Neufchâteau (Vosges) - Matricule au Rt : 1012
Mention : Mort pour la France
Lieu de transcription du décès : Chamouilley (Haute-Marne) le 20 août 1918
Journal officiel du 14 juin 1919 page 6160
PIOT (Julien), matricule B 09290, maître pointeur (reserve) à la 19e batterie du 132e régiment d'artillerie lourde : servant à la batterie de tir depuis la mobilisation, n'a cessé de faire preuve des plus belles qualités d'entrain et de courage. Excellent maître pointeur, s'est particuglièrement distingué à Verdun, et sur la Somme. Tué sur la position de batterie, Ie 9 juin 1918 au cours d'un violent bombardedcment. A été cité.