Bonjour,
Je m'excuse de creuser si profond dans les archives mais je souhaites apporter mon humble contribution au debat (dix ans en retard).
Ce fil de conversation m'a captivé depuis mon arrivé sur le forum. Le siège de Vaux étant au centre de mon livre, je me devais de me pencher sur certains points évoqués ici. Concernant la réserve de 100 L présente dans le PC du fort, adjacent au poste de secours, de prime abord dubitatif, je suis desormais persuadé de son existence.
Cette réserve a pu être stocké dans le PC, l'infirmerie, ou laissé dans la citerne.
Le 3 juin, les hommes ont reçu entre 25 CL (cit. Buffet) et 0,75 CL (cit. Gaillard)
Je pense néanmoins que la réserve fut utilisé pour procéder à une dernière distribution le 5 juin.
Eau pour abreuver les pigeons ? Non. Le dernier pigeon matricule 787-15 quitte le fort le 4 juin à 11 h 30, donc avant la découverte de la citerne vide.
stcypre a écrit : ↑jeu. janv. 01, 2009 10:44 am
[...]
Enfin H. Meuth (ancien combattant allemand du fort) que j'ai eu la chance de réunir en 1986 avec le dernier survivant français du fort F. Viviés m'a confirmé la présence du bidon de 100 litres d'eau dans la chambre du commandant. Raynal ayant répondu que cette eau servait à désalterer les pigeons !!!! [...]
J.Claude
À propos du fond de la citerne, le 4 juin, dans l'après-midi :
"Le commandant lui-même est venu se pencher anxieusement sur cette catastrophe. Tout ce que l'on dit, toute la surprise, toutes les suppositions ne font pas déborder cette pauvre flaque. Prudemment, on l'extrait. C'est une boue infâme, vaseuse, putride et qui, certes, ne sent pas bon. Toutefois, il n'est pas permis de la laisser perdre. Les docteurs en autorisent la consommation après qu'elle aura été désinfectée.
Il y a de l'eau de Javel dans le magasin. On en jette deux litres dans cette boisson que déjà chacun regarde avec envie. Puis on prélève la moitié de cette mixture jaunâtre pour le poste de secours, et prudemment, scrupulement, à chaque homme, on distribue le reste : un demi-quart peut-être, qui, d'ailleurs, est avidemment absorbé aussitôt que reçu." (Sous-lieutenant Roy, 101e RI, Avec les honneurs de la guerre, p.135-136)
Ou stocker cette eau? Sous la garde du médecin Boisramé ou dans le PC. (À noter que le commandant Raynal, dans l'édition 1919 de son livre, et le medecin auxiliaire Gaillard dans sa lettre à Jacques Péricard au debut des années 30, soulignent le fait qu'aucune distribution n'est faite le 4 juin, en contradiction avec le récit ci dessus datant de 1917)
Appuyant le récit fait par le sous-lieutenant Roy, le brancardier Roger Vannier note à propos du 4 juin, peu de temps après la bataille :
"Plus rien à boire aujourd'hui : à peine avons nous touché un quart bien petit de mauvaise eau toute jaune, toute trouble." (1ère classe Vannier, 2e bataillon du 101e RI, Histoire de la guerre par les combattants, tome 3, p.268)
À propos de la réaction de la garnison :
"Je décide en conséquence de distribuer les dernières gouttes d'eau à odeur de cadavre que contient la citerne (distribution que j'ai reservé, résistant à toutes demandes, pour la dernière extrémité.)" (Commandant Raynal, 96e RI, Mémorial de Verdun, Manuscrit du Drame du fort de Vaux p.11)
Cette ligne incite a penser que la présence d'eau était connue d'une partie de la garnison au moins.
Après guerre, les tensions entre le commandant Raynal et certains anciens membres de la garnisons ont du amplifier le souvenir de cet épisode.
Cordialement
Zachary