Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril
Publié : dim. avr. 22, 2007 4:10 pm
Union suite :
Il y a 90 ans, le front rémois du Chemin des Dames (9) Le marteau pilon
Le 26 avril, le capitaine Adam apprend qu'à la 151e DI on ne comptait pas sur la réussite de son régiment et que ses hommes étaient sacrifiés pour faciliter l'attaque du régiment immédiatement placé à sa gauche. L'officier dit comprendre pourquoi la préparation d'artillerie avait été aussi homéopathique devant les lignes où il était monté à l'assaut. A Reims qui est une ville toujours bombardée, les gradés de son unité sont impressionnés par les dégâts infligés aux habitations. Il mentionne : « Autour de la cathédrale Notre-Dame, il y a de nombreux trous de 380 et la pauvre basilique Saint-Remi est mutilée presque tous les jours ». Il y a tout de même quelques accalmies mais il est interdit de faire le tour de la cité parce qu'il faut être prêt à tout instant à repartir pour le front. Le commandant de la 9e garde le moral d'autant qu'il a de bonnes nouvelles de ses officiers blessés. Martin va mieux, Boisnard a été envoyé à Amiens et d'Aubry est dans un hôpital à Sens. Il précise : « Je vais avoir deux nouveaux officiers. Gallice mon ancien adjudant passé sous-lieutenant au 2e bataillon en août revient à ma demande. Le deuxième est Thiébaux qui vient d'être nommé sous-lieutenant ».
Incivisme
Les poilus s'ennuient dans les caves. Ils ont mauvaise mine. « Ils sont pâles comme des navets » remarque le capitaine. Et d'ajouter : « Ils ont beau faire des parties interminables de manille, le séjour dans ce cachot n'a rien d'agréable et dure trop longtemps ». Quelques hommes dérogent au règlement et vont faire provision de bonnes bouteilles dans des caves voisines. Il s'agit de vols. Adam n'excuse pas ces pillages qui l'indignent mais il constate le changement de mentalité des hommes. S'il s'interpose et arrête plusieurs de ces poilus, il entend leurs explications : « Plusieurs m'ont déclaré qu'ils estimaient avoir bien mérité la satisfaction de boire une bonne bouteille après les souffrances qu'ils ont endurées ». Quelques-uns font preuve d'humour et assurent qu'il faut mieux profiter de ces breuvages avant que les caves soient pulvérisés par les obus lourds de l'ennemi. Adam atténue leur faute et est formel : « Pour rien au monde, je n'aurais fait passer un soldat en conseil de guerre pour avoir pris une bouteille dans une cave particulière ». L'officier s'en prend à l'attitude de certains Rémois qui cherchent à faire de l'argent sur le dos des poilus : « Ce qui me révoltait c'était de voir des habitants venir vendre à nos soldats trois et quatre francs des bouteilles qu'ils avaient certainement volées aussi ! ».
Le nombre d'obus incendiaires envoyés dans le quartier de l'hôtel de ville et de la gare inquiète les officiers du 403. Adam fait son commentaire : « On dirait que les boches trouvent que le bombardement n'anéantit pas assez vite la malheureuse ville. Ils ont décidé d'y mettre le feu ». Le temps est propice au développement des incendies. Le vent souffle en tempête si bien que ce sont de vrais feux d'îlots qui se développent et recouvrent la ville d'un épais nuage noir.
Hervé Chabaud
Prochain article : le retour en ligne
Il y a 90 ans, le front rémois du Chemin des Dames (9) Le marteau pilon
Le 26 avril, le capitaine Adam apprend qu'à la 151e DI on ne comptait pas sur la réussite de son régiment et que ses hommes étaient sacrifiés pour faciliter l'attaque du régiment immédiatement placé à sa gauche. L'officier dit comprendre pourquoi la préparation d'artillerie avait été aussi homéopathique devant les lignes où il était monté à l'assaut. A Reims qui est une ville toujours bombardée, les gradés de son unité sont impressionnés par les dégâts infligés aux habitations. Il mentionne : « Autour de la cathédrale Notre-Dame, il y a de nombreux trous de 380 et la pauvre basilique Saint-Remi est mutilée presque tous les jours ». Il y a tout de même quelques accalmies mais il est interdit de faire le tour de la cité parce qu'il faut être prêt à tout instant à repartir pour le front. Le commandant de la 9e garde le moral d'autant qu'il a de bonnes nouvelles de ses officiers blessés. Martin va mieux, Boisnard a été envoyé à Amiens et d'Aubry est dans un hôpital à Sens. Il précise : « Je vais avoir deux nouveaux officiers. Gallice mon ancien adjudant passé sous-lieutenant au 2e bataillon en août revient à ma demande. Le deuxième est Thiébaux qui vient d'être nommé sous-lieutenant ».
Incivisme
Les poilus s'ennuient dans les caves. Ils ont mauvaise mine. « Ils sont pâles comme des navets » remarque le capitaine. Et d'ajouter : « Ils ont beau faire des parties interminables de manille, le séjour dans ce cachot n'a rien d'agréable et dure trop longtemps ». Quelques hommes dérogent au règlement et vont faire provision de bonnes bouteilles dans des caves voisines. Il s'agit de vols. Adam n'excuse pas ces pillages qui l'indignent mais il constate le changement de mentalité des hommes. S'il s'interpose et arrête plusieurs de ces poilus, il entend leurs explications : « Plusieurs m'ont déclaré qu'ils estimaient avoir bien mérité la satisfaction de boire une bonne bouteille après les souffrances qu'ils ont endurées ». Quelques-uns font preuve d'humour et assurent qu'il faut mieux profiter de ces breuvages avant que les caves soient pulvérisés par les obus lourds de l'ennemi. Adam atténue leur faute et est formel : « Pour rien au monde, je n'aurais fait passer un soldat en conseil de guerre pour avoir pris une bouteille dans une cave particulière ». L'officier s'en prend à l'attitude de certains Rémois qui cherchent à faire de l'argent sur le dos des poilus : « Ce qui me révoltait c'était de voir des habitants venir vendre à nos soldats trois et quatre francs des bouteilles qu'ils avaient certainement volées aussi ! ».
Le nombre d'obus incendiaires envoyés dans le quartier de l'hôtel de ville et de la gare inquiète les officiers du 403. Adam fait son commentaire : « On dirait que les boches trouvent que le bombardement n'anéantit pas assez vite la malheureuse ville. Ils ont décidé d'y mettre le feu ». Le temps est propice au développement des incendies. Le vent souffle en tempête si bien que ce sont de vrais feux d'îlots qui se développent et recouvrent la ville d'un épais nuage noir.
Hervé Chabaud
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