Bonsoir à tous
RV a écrit, dans son message n° 26336 :
--- Prix des denrées : xxx (ex p. 87 de Raoul Bouchet, lettres de guerre d’un artilleur, bouteille de vin de 75 cl = 3 à 4 frs) type d’info que l’on pourrait envoyer au spécialiste pour qu’il rassemble le tout et fasse une base de données par-exemple…
A titre indicatif, pour le "spécialiste" qui serait désigné, voici quelques phrases tirées de la correspondance de mon grand-père :
Arles-sur-Rhône, le 17 novembre 1914
--- On a promis à Angéla
l'allocation des mobilisés, soit 4f.50 par jour et même un rappel depuis le 1° août. Ce serait une somme de 400f. qui tomberait dans son escarcelle ; elle n'en aurait jamais vu autant ! Je n'ai pas voulu la désillusionner, mais je crois que les secours ne sont accordés qu'à la date de la demande.
Villemoustaussou(1), 24 janvier 1915
--- J'ai bien retrouvé ici mon ami P. qui a dégotté un lit d'une place chez l'habitant. Nos prédécesseurs ont gâté les indigènes. N'ayant pas comme à Pennautier de billet de logement, ils ont loué des
chambres à 1f. la nuit. Moi, je ne marche pas. J'engueule ces braves méridionaux qui veulent vivre sur notre dos jusqu'au bout.
Villemoustaussou, 25 février 1915
--- situation d'un
lieutenant : 1200f. d'entrée en campagne, 250f. d'appointements mensuels, une délégation de solde de moitié pour la femme et, en cas de malheur, qu'il ne faut pas envisager, une pension assez forte pour la femme et les enfants.
Villemoustaussou, 12 mars 1915-
-- nous avons posé devant l'appareil d'un photographe de passage. Il vient de nous apporter
12 épreuves, pour 2f. 50.
Villemoustaussou, 9 mai 15
---
Le pinard, comme ils disent, est bon marché : quatre sous le litre ; avec le prêt de 0, 50 on peut se payer une muflie ; et comme ils l'ont touché avant leur départ, dame !
Dimanche 6 juin 1915 (selon le système codé de Gaston, cela donne : "Ivergniprèsdeneuvillearras (2), nous sommes au repos")
--- Je te demanderai de m'envoyer chaque semaine une paire de chaussettes de coton; avec
une boite de cigarettes Maryland à 0f. 65 ; mes favorites les Levant sont trop chères : 0, 80.
Mardi 8 juin 1915
--- Nous sommes toujours à l'arrière, ce qui ne signifie pas au repos, car depuis quatre heures du matin nous pivotons dans les bois comme aux plus beaux jours de l'active. Il fait une chaleur terrible et une ...soif intolérable. Et
le vin est si cher, 18 et 20 sous ; pas de bière ; aussi le mess des sous/off. fait-il entendre un concert de récriminations à l'adresse des bistros.
Vendredi 11 juin 1915
--- Tu voudras bien m'envoyer par la poste six
tubes de chocolat instantané à 2 sous, pour les jours où je désirerai me confectionner quelque chose de chaud.
Villers sir Simon(3) , P.d.C., 27 juin 15
--- Ici on gagne de l'argent quand on est
aux tranchées : 17f 50 tous les dix jours. C'est dans trois jours le prêt, et comme on ne vient pas toujours au repos, on fait des économies." ....
1. Villemoustaussou, Aude (11600)
2. Probablement Ivergny, Pas-de-Calais (62810)
3. Villers Sir Simon, Pas-de-Calais (62127)
Cordiales salutations.
Mounette.