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Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : mer. nov. 26, 2014 3:56 pm
par jmn02
Bonjour,

Ne parle-t-on pas du "roman national" (dont les "taxis de la Marne" qui ont sauvé à eux tout seuls l'armée française de la défaite en septembre 1914 restent aujourd'hui encore, en cette période de centenaire de la Grande Guerre, une des plus belles illustrations - elle est très loin d'être la seule !) ?

L'un des buts de l'Histoire n'est-il pas de fédérer un peuple, une nation autour d'un passé et d'un héritage communs (et si possible pas trop polémiques, mais plutôt consensuels et dans lesquels chacun pourra se retrouver)... D'où d'ailleurs la réécriture actuelle sur non seulement le Premier conflit mondial mais sur les conflits du XXe siècle en général. Il faut que chaque composante de la société actuelle puisse s'identifier à travers ce passé... On est loin aujourd'hui de "nos ancêtres les Gaulois" ou encore de l'origine du monde expliquée grâce à Dieu (si, si : relisez certains manuels scolaires d'avant la Grande Guerre et de la séparation de l'Eglise et de l'Etat !). Pour ne citer qu'un seul exemple concernant notre période, combien de productions (écrites et audiovisuelles) existe-t-il aujourd'hui sur le rôle et l'apport des troupes coloniales pendant la Première Guerre mondiale (ou même la seconde) ?

Cela étant dit, sans historiens, plus d'histoire et plus de mémoire... Donc plus de commémorations officielles, et plus de centenaire de la Grande Guerre (pour prendre des gros raccourcis et tenter de recentrer le sujet)...

Cordialement,

Jean-Michel

Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : mer. nov. 26, 2014 4:09 pm
par Eric Mansuy
Re,

"Cela étant dit, sans historiens, plus d'histoire et plus de mémoire..." : ah ? J'aurais pensé à "sans Histoire, plus d'historiens", plutôt. Quant à voir des historiens organiser la politique mémorielle, au nom de la sacro-sainte tarte à la crème du "devoir de mémoire", je préfère ne pas épiloguer.

Pour finir... Sérieusement, combien de Français achètent et lisent des livres d'histoire, quelle que soit la période concernée, écrits par des universitaires ? Je peux me tromper, mais je crois m'être aperçu que sur les étalages des "C...", ou "V...", ou "F..." (ces lieux où se vendent des livres, mais aussi des DVD, des CD, de l'informatique, etc.), les ouvrages d'histoire écrits par des auteurs "non-universitaires" étaient en nombre croissant, pour ne pas dire majoritaires. Il doit y avoir une raison.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : mer. nov. 26, 2014 6:07 pm
par solcarlus
Re.

Se rassembler en évoquant le Maréchal, le Général, l'Indochine, l'Algérie bref toute (ou partie de) notre histoire, avec le politiquement correct, le courant actuel de la pensée unique, cela risque d'être un vœux pieux.
Merci Eric pour cette définition du devoir de mémoire.

Cdlt solcarlus.




Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : mer. nov. 26, 2014 6:21 pm
par Eric Mansuy
Re,

"Merci Eric pour cette définition du devoir de mémoire." : je ne suis pas sûr d'avoir voulu en donner une définition (ou l'ai-je fait par inadvertance ?), et je préfère renvoyer vers la source que je citais ici : pages1418/Pages-d-aujourd-hui-actualite ... 2726_1.htm

Pour ma part, j'aime le souvenir, et plutôt que le "devoir de mémoire", prône le "droit à l'histoire". C'est un autre débat.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : mer. nov. 26, 2014 6:22 pm
par Alain Dubois-Choulik
évidemment! mais si vous voyez une autre manière de faire?
Bonsoir
Pourquoi changer ? Simplement la question initiale est "pourquoi une confiance aveugle ?" (déjà nécessaire avec le "vu à la télé", mais justement, ces discours-là ne sont-ils pas une resucée de ce que les mêmes ont écrit ?)
Il n'y aurait que les lecteurs de livres scientifiques (ardus ?) qui devraient avoir un crayon et un papier à une seule colonne : "il faut que je vérifie" ? ( quoique ça se raréfie :sarcastic: ).
C'est d'autant plus curieux ( enfin JE trouve) qu'on est à une époque de multi-accès et pas [strike]seulement[/strike] la toile : et les bibliothèques ?
Évidemment si on ne lit que des livres d'histoires ... (Beaucoup) plus jeune, je croyais que Buck Danny existait car je n'imaginais pas qu'on puisse déplacer (dans la BD) le (vrai) porte-avion Forrestal sans que ce soit....vrai :ange:
Cordialement
Alain

Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : mer. nov. 26, 2014 7:15 pm
par jmn02
Bonsoir Eric,

Pour l'Histoire, nous n'avons pas de souci à avoir, elle continue de s'écrire tous les jours... Encore une fois, mon propos est de dire que les historiens universitaires sont les seuls qui ont une vraie "visibilité" pour nos politiques et nos médias, c'est-à-dire ceux qui constituent des commissions et des missions, ceux qui valident les travaux et réalisations des historiens locaux et des passionnés (ou les invalident), ceux à qui les grands médias nationaux donnent prioritairement la parole à l'occasion de grandes commémorations nationales...

Dieu merci, il existe aussi - et je crois l'avoir écrit d'ailleurs - d'autres historiens qui ont peut-être moins la côte auprès de ces grands dirigeants (qui président aux orientations de la mémoire et de la pensée), mais qui comptent tout autant, voire plus auprès du public, dont nous faisons tous ici partie...

Pour ma part, je m'intéresse davantage à ce que l'historien ou l'érudit local, qui n'a pas forcément de qualifications universitaires, mais qui est animé par une indiscutable passion et qui connaît par coeur son sujet et le terrain, écrivent et nous apprennent sur les combats ou la guerre du point de vue local, qu'à ce que les généralistes ou spécialistes peuvent publier à des millions d'exemplaires, relayés par une publicité tapageuse...

Dans les grandes surfaces, on trouve surtout des livres "grand public", c'est-à-dire ceux qui se vendent bien. Ce peut être le travail d'auteurs qui n'ont pas forcément de formation d'historien (journalistes, romanciers, écrivains) comme des travaux d'universitaires. Pour ne jamais manquer d'y passer lorsque je suis contraint de me rendre dans une de ces grandes surfaces, c'est surtout dans le rayon "régionalisme" qu'on trouve des ouvrages d'historiens locaux (lorsqu'on en trouve) traitant de sujets qui nous touchent davantage parce qu'ils évoquent "notre coin à nous"... Et c'est souvent là qu'on déniche en effet les meilleures surprises...

Je dirais en revanche que dans les librairies (pas nécessairement spécialisées) les ouvrages d'historiens locaux, amateurs, d'auteurs n'ayant pas forcément de formation d'historiens et d'universitaires font plus ou moins part égale...

Comme le dit Chanteloube, il faut brasser large et tout lire, en commençant bien sûr tout d'abord parce ce qui nous intéresse vraiment et ce qui nous plaît, et confronter, lorsque la bibliographie le permet, plusieurs ouvrages afin de se forger soi-même non pas une conviction (il ne s'agit de faire de politique, ni de polémique), mais une certaine idée des événements du passé (même si je conviens qu'il est plus facile par exemple de se documenter et de se faire une idée des combats de Verdun, où la liste de publications est particulièrement dense et presque inépuisable - c'est un doux euphémisme - que de se procurer des ouvrages imprimés - pour rester sur un secteur sur lequel je travaille - relatifs, par exemple toujours, à l'occupation allemande dans l'est noyonnais ou dans la région de Lassigny, ou encore sur la présence de la Garde impériale dans la région de Roye ou Lassigny en 1915 et 1916, où là, les ouvrages récents ou plus anciens ne se bousculent pas ou sont purement et simplement inexistants)...

Quoiqu'il en soit, il est certain que le travail des historiens locaux a une importance toute aussi considérable, sur le plan local, que le travail des universitaires qui fixent les grands axes de la recherche historique et dont le seul avis est pris en compte dans les décisions des pouvoirs publics en matière de politique mémorielle (ces mêmes historiens distribuant les "bons" ou les "mauvais tickets" aux associations qui présentent actuellement leurs projets historiques dans le cadre du centenaire)...

Cordialement,

Jean-Michel

Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : mer. nov. 26, 2014 8:17 pm
par solcarlus
...
Pour ma part, j'aime le souvenir, et plutôt que le "devoir de mémoire", prône le "droit à l'histoire". C'est un autre débat...
Nous sommes bien d'accord :) Je voulais juste souligner le: "au nom de la sacro-sainte tarte à la crème du "devoir de mémoire" :)



Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : mer. nov. 26, 2014 8:25 pm
par jmn02
Vous noterez que dans notre Etat de droit (c'est-à-dire fondé sur le Droit et la Loi), où beaucoup trop de monde ne songe plus qu'à ses "droits" (déformation de la notion du Droit ramenée à l'échelle de l'individu), en omettant bien volontairement d'honorer d'abord tous ses "devoirs", il semble qu'il n'y ait plus qu'en matière de "mémoire" et "d'histoire" que cette notion de "devoir" doive encore s'appliquer (du moins dans les jolis discours officiels)...

Cordialement,

Jean-Michel

Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : mer. nov. 26, 2014 11:19 pm
par chanteloube
Bonsoir Eric,

[#7F007F]Pour finir... Sérieusement, combien de Français achètent et lisent des livres d'histoire, quelle que soit la période concernée, écrits par des universitaires ? Je peux me tromper, mais je crois m'être aperçu que sur les étalages des "C...", ou "V...", ou "F..." (ces lieux où se vendent des livres, mais aussi des DVD, des CD, de l'informatique, etc.), les ouvrages d'histoire écrits par des auteurs "non-universitaires" étaient en nombre croissant, pour ne pas dire majoritaires. Il doit y avoir une raison. [/#7F007F]
Un constat bien amer.....et un peu injuste...
je crains Eric que vous n'intégriez pas vraiment la dimension commerciale du sujet dans votre propos......

effectivement on vend beaucoup de livres sur "les celtes" ou "les gaulois" écrit par des farceurs ou Bernadac ou des mages....ou des auteurs qui écrivent un livre par an, sur le secret des Templiers, sur la fortune des Francs-maçons, sur les dernières heures de Hitler, sur les nazis-Américains, sur les figures des plateaux nazcas péruviens, les statues de l'île de Paques, les derniers jours de Pompeï....... On a aussi vendu beaucoup de P Miquel et le Naour, je le sais, ne se plaint pas, Bach non plus.....Offensdat se vend bien, Rolland aussi Barthas a toujours autant de succés (même s'il dérange), j'ai du attendre deux mois pour avoir le Jay- Winter de Péronne, Nous étions des hommes est épuisé...etc

"La pièce La légende noire du soldat O" a été vue par 15000 personnes et on a vendu 5000 livres

Ce n'est pas aussi simple....il doit bien y avoir une raison ???
La curiosité se cultive....s'apprend aussi à l'Ecole...... Y-a-t-il beaucoup d'histoire à la télévision?

Bien cordialement.
CC



Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite

Publié : jeu. nov. 27, 2014 2:13 am
par troyon
Bonsoir

Comme Eric Mansuy et Solcarlus je préfère parler de souvenir,le devoir de mémoire pouvant apparaître comme une contrainte alors que pour ceux qui sont attachés à la sauvegarde de cette mémoire elle est plutôt source de satisfaction

Cette satisfaction est bien ressentie en particulier chez ceux qui consacrent temps energie et argent propre à cette cause passionnément et en toute humilité

La notion de souvenir ne déplairait pas à nos anciens combattants,pour preuve la revue du front LE SOUVENIR dirigée par Jean des Vignes Rouges dés 1916

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Son but

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Des enquêtes sont déjà menées pour savoir "comment la France de demain devra immortaliser la mémoire de ses Héros"
Dans ces enquêtes sont évoqués entre autres les principes qui donneront naissances à nos monuments aux morts


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Et puis


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Cordialement