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Re: 20° R Infanterie

Publié : jeu. mai 29, 2008 11:30 pm
par Popol
Bonjour à Toutes & Tous
Bonjour Pierre, Jean-Claude et les Amis de la 33e DI

- Pierre: toujours un grand merci pour la communication d'extraits des annexes de l'ouvrage AFGG précité qui nous livrent les prémices des combats du 22 août 1914 ;

- Voici un extrait de l'historique du 18e RAC publié dans "Le livre d'Or des Enfants du Département de Lot-et-Garonne morts pour la Patrie 1914/1918" (p.269 et s.) :

(...)

" Le 22 août 1914 dans la matinée, le régiment franchit la frontière franco-belge. Le cri de "Vive la France" retentit tout le long de la colonne... La gaieté, l'entrain, toute l'ardeur d'une exubérante jeunesse se manifeste bruyamment: la forêt qui encadre la route, la forêt silencieuse et froide poussée dans les brumes du Nord ne doit point reconnaître ces hommes à l'enthousiasme si chaud... C'est que leur pays natal est déjà bien loin! Ce sont ceux des bords de la Garonne et de la Dordogne, ceux de Toulouse, d'Agen, de Bordeaux, de Bergerac, tous ceux de l'Aquitaine et de la Gascogne, et ils emportent toujours du soleil dans le coeur!

Hélas! quelques heures plus tard, de ceux qui avaient dit à la France un au revoir si joyeux, beaucoup tombaient sur la terre étrangère et ne devaient plus revenir.

Vers 14h30, par un chemin étroit, le régiment pénètre dans la forêt de Luchy. Les dispositions de combat sont prises, mais la forêt est calme et paraît déserte. L'ombre est bienfaisante par cette chaude journée d'août: les hommes chantent; la colonne avance paisiblement... Tout à coup une violente fusillade éclate vers l'arrière du groupe de queue et gagne vite la tête. Des chevaux tombent, d'autres s'affolent et s'emballent: c'est l'embuscade, c'est le piège. Dissimulé dans les taillis, l'ennemi attaque traîteusement le régiment qu'il a laissé s'engager dans le bois. L'infanterie essaie d'arrêter la progression allemande, mais elle cède peu à peu sous le nombre.

Le 1er groupe du 18e réussit à se mettre en batterie. Il ouvre le feu à 300m et le continue contre l'ennemi qui progresse devant ses pièces, jusqu'à l'épuisement complet de ses munitions. Des rafales de balles passent sur les batteries, les officiers, les camarades tombent: qu'importe la mort! Il faut arrêter les Allemands, il faut sauver les pièces! Les survivants se battent avec un entrain endiablé. Plus de munitions!... Eh bien! à la baïonnette! et les canonniers du 18e sont d'admirables escrimeurs!

Tandis que se livre ce furieux corps à corps, les deux autres groupes qui avaient aussi ouvert le feu, pouvaient, grâce au dévouement sans limite du premier, exécuter, en partie tout au moins, l'ordre de tenter de sortir de la forêt. Pris sous le feu de l'arillerie allemande au passage des clairières, ils se dégagent au prix de pertes cruelles.

Dans cette terrible journée du 22 août, les canonniers et gradés du 18e montrèrent leurs qualités habituelles d'entrain, de discipline et de courage; on ne saurait citer tous les actes héroïques dont la forêt de Luchy fut le théâtre.

Le sous-lieutenant DARBELEY (2e batterie) est tué en arrosant de pétrole ses canons dans le but d'y mettre le feu. Les canonniers BOUE et DAGASSAN (8e batterie) dont la pièce embourbée a dû être abandonnée, déclavettent leur canon, de leur propre initiative et enlèvent la culasse qu'ils portent pendant plus d'une heure. Une pièce de la 5e batterie ayant deux de ses attelages tués, la canonnier SAINT-GENES, qui reste seul, coupe sous un feu violent les traits des chevaux tombés et avec son attelage tente de dégager le canon; celui-ci légèrement embourbé ne bouge pas; le servant LACAPERE, doué d'une force exceptionnelle, s'applique aux roues et parvient à faire avancer le canon qui est ainsi sauvé. Le maréchal-des-logis ERHARDT, agent de liaison au 3e groupe, voyant une pièce inutilisée, le personnel ayant été mis hors de combat, sert seul la pièce et y trouve une mort glorieuse.

Le lieutenant CARRE (2e batterie), s'armant d'un mousqueton muni d'un sabre-baïonnette, dégage le colonel du 11e RI serré de près par l'ennemi.

Les pertes du seul premier groupe (8 officiers, 250 hommes, 250 chevaux), suffisent à montrer toute l'âpreté du combat de Luchy. Des unités entières se sont sacrifiées pour le salut de leurs camarades, pour le salut de leurs pièces et de l'honneur: la fortune n'a pas souri, mais elle ne put empêcher que le jour de son premier combat, le 18e écrivît sa première page de gloire.

Ebranlé par ce choc terrible, mais non abattu, le régiment se reforme. Le 3e groupe est reconstitué. Il franchit à nouveau la Meuse le 24 août. Pendant 36h il soutient de ses feux une attaque française sur Carignan; puis se conforme au mouvement de retraite général vers l'ouest. (...) " ;

Une agréable soirée de Bruxelles!






Re: 20° R Infanterie

Publié : ven. mai 30, 2008 11:25 am
par pierre C31
Bonjour à tous
Bonjour Popol
Merci pour cet extrait de l'historique de 18 RA où servait un autre de mes grands oncles, qui fera toute la guerre mais décèdera de maladie contractée en service en 1921.
Le JMO du 18e RA est sans doute le plus complet de celui des unités engagées ce jour-là sur Ochamp et Anloy, il est un peu long mais il done des informations interressantes sur l'engament dans la foret de Luchy
JMO 18e REGIMENT d’ARTILLERIE,
(26 N 935)
Commandement du régiment
Commandant Colonel PALOQUE
Commandant-adjoint Lieutenant-colonel PICHERAL
Commandant du 1er groupe Capitaine LAPERCHE
Commandant du 2e groupe Commandant MAES
Commandant du 3e groupe Commandant BERGON

Troupe :
1er groupe 544
2e groupe 532
3e groupe 531 au total 1607 hommes et 1563 chevaux


Journée du 21 août
L’avant-garde (7e RI, deux batteries du 1er groupe et le 9e Chasseur) arrive à Herbeumont à 0h15. Entre 6 h et 9 h reconnaissance d’emplacement de batteries par le colonel vers Cugnon pour battre la route de Saint-Médard à Cugnon et les ponts de la Semoy.
La 1ere batterie cesse d’être sous les ordres de la 4e DC et rejoint son groupe à Herbeumont, avec le 9e RI à 9 h 30.
Le 2e groupe se rend à Sainte-Cécile avec la 66e brigade.
Le 3e groupe se rend de Mouzon à Sainte-Cécile, départ 4h arrivée à 7h.
Cantonnement d’alerte.


Journée du 22août
1er groupe
Il fait partie de l’avant-garde du 17e corps d’armée. Cette avant-garde doit remplir un rôle de flanc-garde vers Saint-Médard. Elle est en position à 5h.
Elle est commandée par le général de division qu’accompagne le colonel Paloque. Le groupe est rassemblé vers la côte 444. Reconnaissance du commandant de groupe (capitaine Laperche) vers 444 (1200m à l’Ouest de Saint-Médard). Cette reconnaissance n’est pas suivie de mise en batterie.
Sur l’ordre du général de division, à la faveur du brouillard le groupe traverse la crête et la voie ferrée en dessous.
Les batteries se rassemblent au delà de cette ligne (1er à gauche, 2e et 3e à droite du chemin), elles reçoivent alors du colonel l’ordre (8h55) d’étudier des positions en avant de leur rassemblement ;
La batterie Ducasse (1ere) étudie l’occupation de la crête en avant de nos rassemblements en vue d’appuyer la défense de l’infanterie sur le front Saint-Médard Nevremont.
La batterie Grandcolas (2e) prépare l’occupation de la crête en avant de son rassemblement en vue de soutenir la défense sur le front Nevremont-Biourges et hauteurs au Nord-Ouest.
La batterie Gares (3e) se tient prête à intervenir pour appuyer la défense sur le front Saint-Médard-Biourges.
Ne pas ouvrir le feu sans ordre.
Le brouillard s’étant dissipé et constatation faite de l’impossibilité de rester au delà de la voie ferrée, le colonel fait ramener le groupe aux environs de la position du col primitivement reconnue par le capitaine Laperche.

9 h 30
Le colonel donne l’ordre suivant : » A mesure que les avant-gardes du 12e corps arriveront à leur hauteur , les éléments du service de sûreté se replieront vers l’Ouest, le détachement de la 33e DI se reformera en colonne sur la route Gribaumont- Cugnon dans l’ordre suivant : deux bataillons du 7e RI, un groupe de l’artillerie divisionnaire, deux bataillons du 9e RI ; la tête de colonne s’arrêtera au carrefour de la route qui conduit à Bertrix.
Le bataillon qui fait face à Orgeo se repliera directement sur Bertrix lorsque l’ordre lui en sera donné.
L’escadron divisionnaire se portera à 11h sur Orgeo et établira la liaison entre le 12e CA et la colonne de la division qui se dirigent respectivement, la 33e DI par Bertrix sur Ochamps, et le 12e corps par Biourges vers Recogne.
Le général commandant la 33e division marchera entre les deux bataillons du 7e RI.
A partir de Bertrix la 65e brigade est à la disposition du général commandant le corps d’armée, le général de division reprend le commandement de tous les autres éléments »

Le groupe rallie vers 12h la 65e brigade qui se dirige vers la colonne de droite du CA (66e). La 65e devenant réserve du CA le groupe doit prendre place dans la colonne de la 66e devant le dernier bataillon du 11e RI, c’est à dire derrière le 3e groupe.

14h
Le 1er groupe suit le 2e et le 3e appelés çà la lisière Sud du bois de Luchy, il entre dans le bois à leur suite et est attaqué par l’infanterie allemande à l’Est et au Sud étant en formation de colonne de route.

14 h 15
Les commandants des batteries font mettre en batterie pour enfiler les avenues du bois, les pièces tirent avec le minimum de servants, les autres faisant feu avec leurs mousquetons, toutes les munitions sont consommées y compris les obus explosifs tirés à ricochet à 5-6m des pièces.
Ce n’est qu’après avoir épuisé complètement ses munitions que le capitaine commandant le groupe donne l’ordre aux officiers et hommes restant de se replier vers l’Ouest. Il restait à ce moment (16h) :
A la 1e batterie (Ducasse) quelques hommes, pas de voitures ;
A la 2e batterie (Grandcolas) 118 hommes, 76 chevaux, pas de voitures ;
A la 3e batterie (Gares) un avant-train de fourgon attelé à deux ;


Deuxième et troisième groupes
Les deuxième et troisième groupe, partis à 6 h 05 d’Herbeumont, suivant encadré par le 11e RI l’itinéraire de la 66e brigade, sans incident, direction Bertrix, Ochamps.

10 h 30
Ordre est donné aux deux groupes de s’arrêter avant d’avoir franchi la crête située entre Bertrix et la lisière Sud du bois de Luchy (2000m environ de cette lisière). Les groupes s’arrêtent dans le village ; les chefs d’escadron vont en reconnaissance. La position, non occupée est étudiée en prévision d’une attaque de la brigade sur cette lisière.
Pendant que cette étude s’effectuait, le lieutenant-colonel recevait du général Fraisse commandant la brigade l’ordre de rejoindre la colonne avec l’artillerie, sans toutefois pénétrer dans la forêt où avançait le 20e RI.
Les groupes se sont alors remis en marche dans la formation prescrite par le général de brigade pour éviter toute surprise dans l’intérieur du bois, à savoir une demi-compagnie entre chaque batterie.
Le lieutenant-colonel, devançant à nouveau les batteries, se porte rapidement auprès du général Fraisse, c’est à dire dans le bois où se trouve déjà engagé le 20e RI ; cent mètres avant d’atteindre cet officier général, il reçoit d’un agent l’ordre suivant : « le général commandant la 2e brigade (66e) à commandant de l’artillerie – Au cas où Ochamps serait occupé et que votre appui ne soit pas nécessaire, faire reconnaître vers 471 (2km au Nord-Est de Blanche-Oreille) des positions possibles pour votre artillerie – Jehonville et Acremont déjà occupés par la colonne de gauche – n’engagez pas vos groupes dans le bois afin que ce mouvement soit possible – envoyez moi une liaison – 22. 08 . 14 à 13 h 10- signé Fraisse. »
Le lieutenant-colonel fait remarquer au général qu’il rejoint que cette position ne lui paraît pas permettre de battre la clairière d’Ochamps ; au même instant le 20e RI est accueilli à la lisière Nord des bois par des feux nourris d’infanterie et par des salves de shrapnells.
Devant cette nouvelle situation, le lieutenant-colonel propose au général de rechercher une position sur un petit mamelon situé sur la partie Ouest de la lisière Nord de la forêt, position permettant de battre la crête entre Ochamps et cette lisière elle-même ; autorisé à faire cette recherche, le lieutenant-colonel part et ayant trouvé, revient rendre compte lui même que la position est occupable.
A ce moment (un peu avant 14 h), arrivent dans la bois et rejoignent le général de brigade : le général de division et son état-major, le colonel Paloque qui avait doublé les groupes dans Bertrix et revenaient, le premier prendre le commandement de la division, le second celui de l’artillerie divisionnaire.
Pendant ce trajet, entre Bertrix et la lisière du bois, l’état-major était croisé :
1 – Par un officier de cavalerie qui a dit : »Il n’y a personne dans le bois, la lisière Nord est libre. »
2 – Par un sous-lieutenant de réserve d’artillerie (M. Portait) qui, questionné par le colonel Paloque a dit : » Je suis chargé par le lieutenant-colonel Picheral d’aller prévenir l’artillerie de venir jusqu’à la lisière du bois »
3 – Par un sous-lieutenant d’artillerie (M. Leguen) qui, questionné de même a dit »je suis chargé par le général Fraisse d’appeler les commandants de groupe en reconnaissance. »
En exécution de ces ordres et par les prescriptions même du règlement, les commandants des groupes ayant été appelés en reconnaissance, les 2e et 3e groupes, pour se rapprocher de la position à prendre se mettaient en marche en déboîtant de la colonne de demi-compagnies formée pour la traversée de la forêt. Le 1er suivait tout naturellement (la 65e brigade étant envoyé vers Blanche-Oreille en réserve de CA, le 11e étant appelé, les 2e et 3e groupes se mettaient en marche.)
Pendant ce temps, le colonel Paloque arrivé dans le bois un peu avant 14h priait le lieutenant-colonel de lui montrer la position reconnue à la lisière Nord et pour éviter toute perte de temps de faire suivre en reconnaissance le commandant Maës (commandant le 2e groupe, en tête) qui arrivait à ce moment avec son personnel de reconnaissance, conformément à l’ordre qu’il avait reçu.
Ayant vu la position, le colonel Paloque décide de n’y faire établir qu’une batterie et ordre est donné par lui au commandant Maës d’appeler la 4e batterie. Le lieutenant-colonel et le commandant Maës attendent cette batterie sur la position. Le colonel retourne au poste de commandement du général Villemejane, sur la route, dans le bois.
En y arrivant, le colonel constate que la route venant de Bertrix est, dans l’intérieur du bois, occupée par les batteries (on ne peut se rendre compte si les neuf y sont). Les batteries sont en colonne face au Sud, le général de division leur ayant donné l’ordre de faire demi-tour. L’idée de faire occuper la première position est donc forcement abandonnée, le lieutenant-colonel et le commandant Maës sont appelés au poste commandement.
C’est à ce moment (14 h 15) que le feu de mousqueterie s’étend au Sud et au Sud-Est et que se passe ce qui a été dit pour le premier groupe. La batterie du 3e groupe, la plus voisine du 1er groupe (la 9e) suit l’exemple des 1e, 2e, 3e batteries, se met en batterie et brûle toutes ses munitions.
Vers 15 h 30 pendant que ces batteries, attaquées de près se défendaient ainsi, le colonel et le lieutenant-colonel cherchaient à dégager le reste de l’artillerie (4e, 5e, 6e, 7e, 8e batteries). Une issue de dégagement vers l’Ouest ayant été trouvée et le général de division s’y étant engagé, le colonel y appela les batteries restantes.
A la sortie du bois, cette issue se partageait en deux chemins, l’un se dirigeant vers le Nord-Ouest, l’autre vers le Sud-Ouest qui était un chemin de crête. Quelques shrapnells passaient par dessus les deux chemins, semblaient venir du Sud-Est. Le colonel prescrit d’engager les groupes sur le chemin Nord-Ouest.

Le 2e groupe
Le commandant Maës, ou le capitaine Lasseure, qui était alors en tête de batterie, pour une raison encore non éclaircie, orienta le 2e groupe sur le chemin Sud-Ouest, ce qui eut pour conséquence, au lieu de les défiler comme l’eut fait le chemin Nord-Ouest, de le faire monter sur une crête où il se trouva, en colonne de route sous le feu d’une artillerie allemande, ce qui amena parmi les voitures attelées un certain mouvement désordonné.
Le colonel Paloque qui s’était rendu auprès de ce groupe put se faire suivre de ce qui restait du matériel attelé et dirigea vers le village de Fays les Veneurs trois canons et un certain nombre de caissons. Il fait, aidé du sous-lieutenant de la Ville de Montbazon et du maréchal des logis Mariotte, mettre deux pièces en batterie près de la grand route. Deux pièces de la 6e batterie, emmenées par le lieutenant Jouanin prennent un autre itinéraire.

Vers 17 h 30 le colonel reconnaît une position au Sud de Fays les Veneurs et y fait mettre en batterie les trois pièces ramenées du 2e groupe en même temps que les quatre pièces du 3e groupe. Un grand nombre de caissons des batteries de tir et des échelons rejoignent et sont parquées à 1000m au Sud de la position de batterie.

A 19 h 30 Le colonel est touché par l’ordre destiné au général de division prescrivant à l’AD/33 de se rendre à Herbeumont. C’est ordre que le colonel exécute en mettant en marche ces trois pièces et un certain nombre de caissons vers Herbeumont par Cugnon. Passage à Fays les Veneurs à 20h, itinéraire La Cornette Cugnon.

Le 3e groupe
Tandis que le 2e groupe prenait à 15 h 30 le chemin Sud-Ouest qui ne l’avait pas suivi s’engageait sur le bon itinéraire, dans l’ordre 7e et 8e batterie.
Quelques shrapnells ayant éclaté au dessus du chemin, le capitaine commandant la 7e batterie, se retournant constate qu’il n’était suivi que d’une seule pièce, les trois autres ayant fait à droite en bataille.
De ces trois pièces, deux sont ramenées sur le première par le lieutenant Bonneval (une reste en cage).
La 8e batterie qui avait suivi le mouvement de déviation de la 7e s’empêtre dans des fils de fer et s’envase. Le lieutenant Bourru de Lamotte ramène sur la 7e un canon et six caissons.
Ces trois canons de la 7e et celui de la 8e forment une batterie que le lieutenant-colonel amène au Sud de Fays les Veneurs et que le colonel fait mettre en batterie à l’Ouest des trois canons déjà en place.
Pendant que les trois canons du 2e groupe suivent le colonel à Herbeumont, les fractions de batteries provenant du 3e groupe reçoivent du général commandant la division (séparé du colonel et non touché par l’ordre dont il est parlé plus haut) par l’intermédiaire du commandant Bergon, l’ordre de se replier sur Dohan par Pleinevaux, Noifontaine, puis Bouillon. Elles sont rejointes dans la nuit par les deux pièces de la 6e batterie conduite par le lieutenant Jouanin.
En résumé, trois pièces se dirigent sur Herbeumont avec le colonel Paloque et à l’insu du colonel six pièces se dirigent sur Bouillon avec le commandant Bergon. Un certain nombre de caissons provenant des batteries de tir ou des échelons suivaient chacune des deux colonnes, en particulier la 7e batterie, complète moins un canon.

Situation des batteries au sortir du bois.

1er groupe
1e batterie capitaine Ducasse, lieutenant Carré quelques hommes, pas de voitures ;
2e batterie capitaine Grandcolas, 118 hommes, pas de voiture ;
3e batterie 1 avant-train de fourgon attelé à deux ;
2e groupe
4e batterie complète ;
5e batterie complète ;
6e batterie complète
3e groupe
7e batterie complète
8e batterie complète ;
9e batterie capitaine Verdalle, sous-lieutenant Martigoute, sous-lieutenant Bourdin, 1caisson à 2, 2 avant-trains, 95 hommes ;

Situation des batteries après la surprise par les obus en colonne de route :
Restait :
4e batterie 2 pièces lieutenant Jouannin ;
5e batterie 1 pièce ;
6e batterie 2 pièces, 2 caissons de ravitaillement, les avant-trains de l’échelon au complet ;
7e batterie complète moins un canon, 6 caissons ;
8e batterie 1 canon, 6 caissons ;
(1e, 2e, 3e, 9e batteries sans changement)

Total des pertes en matériel : 27 canons ;
Caissons ;
Voitures de service ;

Suit un état nominatif des pertes ;

Journée du 23 août

Trois pièces et un certain nombre de caissons ont suivi le colonel Paloque et arrivent à Herbeumont à O h 30.
A Herbeumont le colonel Paloque (plus ancien des colonels présents) prend le commandement des forces de la 33e division et donne à 1 h 40 l’ordre suivant :
« Ordre du colonel Paloque au lieutenant-colonel Bories commandant le 7eRI – Défendre avec 100 hommes les ponts de Cugnon (maximum de ce que peut faire le 7e RI)- Tout le monde prêt à partir à 3 h 45. Convocation à 3 h 45 des chefs de service, colonel Helo, lieutenant-colonel Bories, commandant d’Hauterive, capitaine de gendarmerie . »
A 4 h 05 Ordre suivant ;
« Les éléments de la 33e division qui ont pu être ralliés à Herbeumont vont défendre les passages de la Semoy dans les conditions suivantes :
a)Le 7e RI tiendra la côte 414 où il couvrira la batterie réduite d’artillerie ( 3 pièces sous les ordres du lieutenant-colonel Picheral) et Herbeumont sur l’Est en tenant les passages venant de la forêt d’Herbeumont, il disposera d’un peloton du 9e Chasseurs et se fera renseigner sur tout événement survenant sur son front.
b)Le 9e RI tenant les ponts de Cugnon et de Mortehan et la route au Sud de Saint-Médard par la côte de Fallimont, laissera les éléments qui resteront à Herbeumont à la disposition du commandant de la division et aura à sa disposition un peloton du 9e chasseurs.
c)Le 11e RI fera tenir le front Herbeumont et les deux passages de la Semoy face au Sud de cette localité pour assurer le cas échéant une ligne de retraite vers Muno.
d)L’artillerie sous les ordres du lieutenant Picheral s’établira à la position reconnue de 414 prête à prendre dans son champs d’action, sous son feu tout élément ennemi qui apparaîtrait.
Tous les éléments laisseront auprès du commandant de la division – Hôtel des Ardennes- un officier monté susceptible de trouver le commandant de l’élément. » signé Paloque.

A 5 h le colonel envoie au général commandant le CA le sous-lieutenant Leguen en liaison ;
A 7 h le colonel rend compte au général commandant le CA des dispositions prises ;
A 9 h 20 le colonel envoie au général commandant le CA les renseignements parvenus à 9 h du 12e CA demandant des instructions.
A 9 h 45 le colonel envoie au commandant du 9e RI l’ordre suivant :
« En cas d’obligation absolue de repli, prévenir d’extrême urgence en double par bicyclette et cavalier le colonel Paloque –hôtel des Ardennes- dans ce cas, ligne de repli du 9e RI par Mortehan et chemin directement au Sud passant à 2000m Ouest d’Herbeumont . l’ennemi doit être retenu le plus longtemps possible à la lisière des bois. » signé Paloque ;

10 h 30 Ordre du colonel commandant provisoirement la division à colonel commandant le 9e RI : « Repliez vous suivant conditions indiquées ; à savoir route directement au Sud de Cugnon passant à 2000m d’Herbeumont pour rejoindre par le meilleur itinéraire la route de Muno à Messincourt – aucun renseignement du corps E (11e) gauche du corps R (12e) a cédé- Emmenez bataillon du 209e » signé Paloque 

10 h 30 Ordre du colonel commandant provisoirement la division à colonel commandant le 7e RI : » La gauche du corps R ayant cédé et les troupes du 7e que vous me signalez extrêmement fatiguées ne paraissent pas susceptibles d’enrayer un mouvement venu de l’Est sur Herbeumont et ligne de retraite- Repliez vous par la grand route de Muno vers Pure.
Vous disposerez pour enrayer éventuellement la poursuite ennemie de l’artillerie qui marchera en queue de colonne suivie d’une seule compagnie et encadrée de part et d’autre par quatre compagnies- l’escadron marchera en queue de colonne et apportera tout renseignement utile au colonel commandant la division qui marchera à l’arrière-garde » signé Paloque

10 h 30 Ordre du colonel commandant provisoirement la division à colonel commandant le 11e RI
« La division, en raison de l’état d’épuisement des hommes que vous me signalez, va se replier par la route de Muno-Pure couverte par une arrière-garde commandée par le colonel Helo – Tous les éléments non employés à la protection directe des ponts précèderont le 7e RI » signé Paloque
Exécution de la mise en colonne immédiate, mais mise en marche sur l’ordre du commandant provisoire de la division.

10 h 30 Ordre du colonel commandant provisoirement la division à lieutenant-colonel Picheral : » Amenez les avant-trains et par l’itinéraire indiqué par le lieutenant Carré, mettez vous en mesure de prendre place dans l’arrière-garde en avant de la dernière compagnie du 7e RI »

10 h 40 Ordre du colonel commandant provisoirement la division à commandant de l’escadron du 9e Chasseurs : » La division se replie sur Muno Pure, Marchez en arrière du dispositif de l’arrière-garde » signé Paloque

10 h 45
Le colonel reçoit l’ordre de stationnement du CA
QG à Amblimont ;
AD/33 Villers devant Mouzon ;
Deux groupes de l’AC passent AD/33 à Villers devant Mouzon ;
Reste de l’AC Remilly sur Meuse.

10 h 45 le colonel rend compte au général commandant le corps P
« Des fuyards de la brigade de gauche du corps R signalent que cette gauche bat en retraite. En outre, l’officier de liaison avec le corps R signale le corps en retraite vers Florenville.
D’accord avec les chefs de corps, je prescrit mouvement de repli sur le front Pure Escombres avec arrière garde dotée de toute l’artillerie dont je dispose » signé Paloque

Le colonel se met en marche à 11 h 30 suivant l’ordre reçu, deux pièces sous le commandement du lieutenant Jouard sont à l’arrière-garde prêtes à mettre en batterie sur la route.
Pendant le trajet, le sous-lieutenant Leguen rapporte l’ordre du corps d’armée : » le corps d’armée s’écoule par Messincourt Pure et Matton. Vous constituez l’arrière-garde du corps d’armée »
La marche continue sans incident par Muno et Pure .
Pendant ce temps le 1er groupe (éléments restants) rejoint dans la journée Villers devant Mouzon.
Le 3e groupe(commandant Bergon) comprend :
3 pièces de la 7e batterie ;
1 pièce de la 8e battetie ;
2 pièces de la 6e batterie ;
et un certain nombre de caissons ;
repart de Bouillon à 3(15) heures se dirigeant sur Douzy, puis Villers devant Mouzon. A Douzy le groupe est rejoint par les TR et l’échelon de la 7e batterie.
Le groupe arrive à Villers devant Mouzon et bivouaque sur la rive gauche de la Meuse, à 17h le capitaine Verdalle (9e batterie) rejoint le groupe avec un certain nombre d’hommes à pied de sa batterie et les caissons de l’échelon du groupe.
Tout le 18e RA a donc rejoint Villers devant Mouzon suivant l’ordre de stationnement reçu à 10 h 45.
Le colonel arrive à 17 h 30 à Amblimont QG du 17e CA et de la 33e division.
A 18 h 30 le lieutenant-colonel est chargé de reconstituer le groupe Bergon, le 18e RA ne formera plus qu’un seul groupe sous les ordres du commandant Bergon formé de trois batteries à trois pièces, chaque batterie retrouvant autant que possible son personnel et complétée si besoin par les batteries jumelées des 1er et 2e groupes.
Le 3e groupe est constitué comme suit :
3 batteries à 3 canons et 10 caissons chacune (quelques caissons proviennent d’une section de munitions d’artillerie)
2 fourgons de TR
2 groupes du 57e RA sont mis à la disposition de l’AD/33.

Re: 20° R Infanterie

Publié : sam. mai 31, 2008 5:26 pm
par Popol
Bonjour à Toutes & Tous
Bonjour Pierre, Jean-Claude et les Amis de la 33e DI

- Pierre: un grand merci pour votre travail de retranscription du JMO du 18e RAC. Quel contraste entre les données fort laconiques de l'Historique et celles, fort détaillées, du JMO!

Je ne puis vous offrir que ces photographies anonymes prises après le combat, extraites de l'ouvrage de J.-Cl. DELHEZ "La bataille des frontières racontée par les combattants":


Image


- Pour les amateurs, il y a également des extraits de l'AFGG (annexes sur la 4e armée) dans la rubrique du forum consacrée aux combats de Maissin, le 22/08/1914 :

pages1418/qui-cherche-quoi/maissin-anlo ... 5623_1.htm

Bonne lecture et un bon après-midi de Belgique!

Re: 20° R Infanterie

Publié : mar. juin 03, 2008 7:47 pm
par pierre C31
Bonjour à tous et à ceux que le sort de la 33e division passionne
Pour éclairer l'affaire du 22 août voici la transcription du JMO de la 66e brigade
JMO de la 66e Brigade d’infanterie
(26 N 514)


Journée du 21 août 1914

Nouveau resserrement de la brigade prescrit pa un ordre particulier n°19 du corps d’armée parvenu à Sachy à 1h15, dans la matinée du 21 les cantonnements occupés sont les suivants :
E-M de la brigade à Sachy
11e RI , E-M et 2 bataillon à Messincourt, 1 cie à Messempré gardant l’artillerie divisionnaire (AD/33, soit le 18e RA);
20 e RI , E-M et 2 bataillons à Sachy, 1 bataillon à Tétaigne ;
AD/33, 1groupe à Messempré, 1groupe à Sachy ;
Sureté assurée par le 3e bataillon du 11e RI dans la zone de Messincourt - Calvaire belge (exclu), et Pourru aux Bois - château des Amerois (exclu) ;
La zone est organisée en deux secteurs organisés comme suit :
Un gros à Watrinsart et le Chesnois avec surveillance de tous les chemins, patrouilles lancées jusqu’à la route Calvaire belge, Bouillon.

7h 30
La brigade reçoit du 17e corps l’ordre de se porter sur Sainte-Cécile et de s’y établir en position d’attente.

8h 15
Le général de brigade (gal Fraisse) donne l’ordre n°10 et la colonne se met en marche comme il suit. Passent successivement au point initial (carrefour de Messempré) 600m au Sud Est de Messincourt. :
Avant-garde : 1 bataillon du 11e RI 9h
1 bataillon du 11e RI 9h 22
Gros 2 bataillons du 20e RI 9h 30
AD/33 (2 groupes) 9h 46
1 bataillon du 20e RI 10h 10
Arrière-garde 1bataillon du 20e RI 10h 25
TR groupés en fin de colonne
1 bataillon du 11e RI précédemment aux avant-postes est fland-garde Nord par Muno et Sainte-Cécile.

11h 30
La brigade s’établit en position d’attente à Sainte-Cécile, couverte par 3 compagnies de l’avant-garde qui s’établissent respectivement route d’Herbeumont à 2,5km au Nord de Sainte-Cécile ; route de Bouillon au Nord-Ouest de l’embranchement d’Herbeumont ; bois de Meusin au Nord de la Semoy (vers la côte290) 3km Est de Sainte-Cécile.
Les corps sont rassemblés :
11e RI à l’Est de la route Fontenoille - Sainte-Cécile ;
L’AD au parc Ferry ( entré Sud de Sainte-Cécile)
PC de la brigade place de l’Eglise en liaison avec le PC du commandant du corps d’armée à l’entrée Sud de Sainte Cécile.



16h
Le général prescrit aux deux colonels de faire connaître dans l’éventualité d’une marche de la brigade au secours de l’avant-garde :
1)Les conditions du débouché au Nord vers 338 et moulin des Nawes (Sud de Cugnon), mission confiée au 2Oe RI
2)Vers 285 (Sud d’Herbeumont) ainsi que les passages de la Semoy de Chassepierre à Bas ; mission confiée au 11e RI.

16h 45
En exécution de l’ordre n°17 du corps d’armée le gros de la division (66e BrI + 2gr AD/33) s’installe en cantonnement bivouac à Sainte-Cécile.
Le 11e RI assure la couverture du stationnement en occupant :
Carrefour 427 (3,5km Nord-Ouest de Sainte-Cécile) ;
Bifurcation des deux chemins d’Herbeumont (2,5 km Nord de Sainte-Cécile)
Croisée des routes 429 ( 3,5km Nord-Est de Sainte-Cécile)
Liaison avec le 12e corps à Chassepierre.


Journée du 22 août
L’armée prend l’offensive vers le Nord, le 17e corps marchant en trois colonnes ;

4h 30
La brigade formant la colonne de droite avec le génie divisionnaire et 2 groupes de l’artillerie divisionnaire se met en marche sur l’itinéraire Herbeumont, Cugnon, côte 320, Bertrix.

10h
Au moment où l’avant-garde pénètre dans Bertrix, sur demande des chefs de corps et en raison de la fatigue de la colonne un repos de vingt minutes est prescrit par le général.

10h 10
Le lieutenant Taupiac de liaison avec le 17e CA apporte les renseignements suivants :
La forêt de Luchy serait tenue par des cavaliers, Ochamps serait tenu.
Au même moment le capitaine Tramond, envoyé en liaison avec le général commandant la 43e brigade à Bertrix rapporte des renseignements similaires quant’à l’occupation de la forêt de Luchy par des cavaliers.
Le général commandant la 43e brigade annonce pour 10h 30 le replié de ses avant-postes qui occupaient le croisement de la Fleche et les côtes 463, 459,448 au Nord et Nord-Est de Bertrix

11h 10
La marche est reprise (incident de l’aéroplane)
L’avant-garde, au sortir de Bertrix commence à s’étaler, une compagnie est envoyée par Burhaimont et côte 459, l’autre compagnie (tête) suivant l’axe de marche.

11h45
Le général envoie l’ordre de terrain n°1 prescrivant à l’AD de ne quitter les crêtes entre Bertrix et 463 qu’après l’occupation de la forêt de Luchy. Trois compagnies du gros garderont cette artillerie qui ne sera appelée que par la suite et traverser alors le bois en convoi avec ½ compagnie entre chaque batterie.

12h
L’avant-garde détache une compagnie par la gauche en direction de Munifel (Munifaï ?°) corne Sud-Ouest de la forêt de Luchy.

13h
Le 20e RI, n’ayant rien trouvé à la lisière Sud de la forêt de Luchy traverse le bois dans toute sa profondeur et parvient au bois le différend.
Le général fait dire à l’AD : « rejoignez la colonne et arrêtez vous à l’entrée Sud de la forêt de Luchy. »
A ce moment en effet le plan de manœuvre du général consistait à prononcer éventuellement , en cas d’occupation d’Ochamps, son attaque en contournant à l’Ouest la forêt de Luchy et en progressant ensuite par 430, la lisière Nord de la forêt étant tenue par le 20e RI. Un chemin existant à la lisière Sud eût permis dans ce but à l’AD de se porter vers l’Ouest sans entrer dans le bois.

13h10
Le général envoie l’ordre suivant au commandant de l’artillerie :
« Au cas où Ochamps serait occupé et que votre appui serait nécessaire, faites reconnaître vers 471 (2km au Nord-Est de Blanche-Oreille) des positions possibles pour votre artillerie ; Jehonville et Acremont est déjà occupé par la colonne de gauche, n’engagez pas votre groupe dans le bois afin que tout mouvement soit possible, envoyez moi une liaison. »

13h 15
A peine arrivé à la lisière Nord du bois de Luchy, le 20e RI ( les six compagnies d’avant-garde) est accueilli par l’artillerie ennemie dont les lueurs se révèlent vers 455 (Nord-Est d’Ochamps) deux compagnies essayent de déboucher et de gagner les crêtes.
Envoyé en reconnaissance le capitaine Tramond rapporte ce renseignement et estime qu’on ne peut déboucher sans appui de l’artillerie, celle-ci opérant au Nord-Ouest du bois de Luchy.

13h 45
Le général commandant la brigade ordonne au bataillon Grégory de déboîter par le chemin 472-475 et de préparer l’entrée en action de l’artillerie vers le Nord-Ouest de la forêt tout en étayant les six compagnies de l’avant-garde et le restant du bataillon Dizot poussé déjà sur le front.
A ce moment L’artillerie divisionnaire a pénétré dans le bois et encombre la route Nord-Sud sans qu’aucun ordre ne lui ait été donné en ce sens.
Sur l’ordre écrit du général le LtCl Picheral esquisse une reconnaissance vers la gauche des premières fractions engagées de l’avant-garde sur la lisière Nord de la forêt.

14h 30
Le général de division arrive et prend la direction du combat. Ce dernier devient à la fois très confus et très meurtrier. Tous les efforts du 20e , pris à parti deux armes contre une, pour déboucher du bois, restent vains et échouent. Il demande un renfort.

15h15
Au moment où le général fait envoyer un second bataillon du gros (11e RI) en renfort du 20e , les premiers coups de feu éclatent venant du Sud-Est, de l’Est, et du Sud, l’artillerie s’en mêle, la brigade est attaquée en queue et en flanc.


15h 30 – 16h 30
Combat confus, artillerie impuissante, pertes nombreuses, impossibilité de se faire jour au Nord, à l’Est et au Sud.

16h 45
le général de division tente de dégager l’artillerie par le chemin sortant du bois vers l’Ouest (472-475). Les débris (une centaine d’hommes) du bataillon Dizot ouvrent la marche précédant les batteries.

17h 10
On arrive ainsi au carrefour 475, là on tombe dans la zone d’éclatement des des projectiles allemands très probablement des crêtes sud de la forêt de Luchy sur 471, Acremont et Jehonville (zone d’action de la 67e brigade)
Un groupe s’engage avec le bataillon Dizot et les E-M sur le chemin 473 – Acremont.
L’autre groupe (Bergon) ayant pris le chemin 473 – 471 est chargé à la baïonnette dans le bois et perd une partie de ses pièces.

17h 30 – 22h 45
La retraite s’effectue tant bien que mal par Offagne, Fays les Veneurs, Bellevaux, Vaux et Bouillon où se replient les débris du 20e RI (cdt Dizot) ; l’artillerie de corps et le restant du 18e RA (AD/33).


Journée du 23 août

5h
Départ pour Douzy

8h – 9h
Grand’halte à Villers-Cernay, le 20e reconstitue une partie de ses éléments (un milier d’hommes)

12h – 15h
repos à Douzy
Les ordres pour l’installationde la brigade sont alors donnés et les troupes reprennent leur marche vers leurs cantonnements à 15h.
Dans la soirée du 23 août la brigade occupe :
E-M Amblimont ;
11e RI Euilly;
20e RI E-M et 1 bataillon à Amblimont;
1 bataillon à Lombut ;
1 bataillon à Villers devant Mouzon.

Re: 20° R Infanterie

Publié : mer. juin 04, 2008 2:04 am
par Ex 18 Dragons
Bonjour Popol, Pierre et tous les Amis de la 33° D.I

Aprés la retranscription de ces JMO et tous les renseignements ainsi fournis, il nous faut remercier leurs auteurs pour le trés bon travail effectué.
Je pense que les JMO, bien qu' écrits aprés les événements, sont fidèles aux faits, cependant, aprés la lecture de tous ces compte-rendus, il me reste comme une impréssion de flou dans la prise en compte de la situation par les Etats Majors.
En 2008, presqu'un siècle plus tard, il est difficile de se mettre à leur place. Toutefois, des renseignements exacts ( les faits le confirmeront ) arrivent et on semble ne pas en tenir compte ! les décisions sont prises de manière curieuse : la forêt de Luchy est dite occupée ainsi qu'Ochamps et on y engage sans précaution, un régiment d'Infanterie et l'artillerie de la division sur une seule voie d'accés ! Qui dirigeait la manoeuvre ? la Division, la Brigade, les Chefs de Corps ou bien un peu tout le monde ? On connait le résultat final.

Cordialement à tous.
Jean Pierre

Re: 20° R Infanterie

Publié : mer. juin 04, 2008 3:58 pm
par pierre C31
Bonjour à tous, bonjour Popol, Jean-Pierre et tous ceux qui sont intéressés par la 33e Division;
Merci Jean-Pierre pour vos propos bien sympathiques, mais la tâche est aisée quand on y prend plaisir...
Ces JMO sont particulièrement intéressants mais ils méritent une analyse critique poussée que je n'ai pas encore eu le temps de faire (peut-être cet été...)
Il ne faut pas oublier qu'ils ont été écrits dans les jours qui ont suivi et la tentation est grande d'y faire un plaidoyer "pro domo" ça me parait évident pour le JMO de la 66e brigade où l'on affirme que le 18e RA s'est engagé dans la forêt sans ordre en ce sens tandis que le JMO du 18e RA évoque au moins trois ordres divers qui l'y ont amené.
Faut-il y voir l'écho d'une explication de figure entre le général Fraisse et le colonel Paloque? et les JMO ne servent alors, sans tordre forcement la vérité, à justifier l'action des uns et des autres.
Il faut recouper avec les JMO des régiments d'infanterie et éventuellement d'autres tépoignages.
Bien cordialement à tous
Pierre



Il faut examiner tout cela de plus près et recouper avec les JMO de linfanterie

Re: 20° R Infanterie

Publié : mer. juin 04, 2008 11:17 pm
par Popol
Bonjour à Toutes & Tous
Bonjour Pierre, Jean-Pierre et les Amis de la 33e DI

- Pierre: vraiment nous sommes comblés! Un grand merci pour la retranscription du JMO de la 66e brigade qui nous livre de précieux renseignements comme les pièces d'un puzzle...! Ainsi, il évoque le 22/08/1914 à 11h10, alors que la marche est reprise, un incident de l'aéroplane. De quoi s'agit-il?

Selon l'historique du 20e RI (repris dans le "Livre d'Or des Enfants du Département de Lot-et-Garonne morts pour la Patrie / 1914-1918" p.140):
(...)
" A Cugnon, la colonne quitte la Semoy, franchit la lisière nord de la forêt des Ardennes et pénètre dans la plaine belge qui s'étend à l'ouest de Neufchâteau, par la route de Bertrix.
Son arrivée aux postes de cette localité est marquée par un incident d'un caractère nouveau, qui restera gravé dans toutes les mémoires parce qu'il marqua le début de tous ces drames de l'air, de tous ces combats aériens, toujours profondément émouvants.
Survolant la colonne à faible altitude, un avion allemand se trouve soumis au feu de mousqiueterie soudainement déclanché tout le long de la colonne. Tout à coup, il semble désemparé et tandis qu'il pique vers le sol, des milliers de poitrines poussent des acclamations.
Quelques instants après, en passant sur la route de Bouillon à Recogne, les tireurs peuvent voir, dans un champ et brisé,le taube qu'ils ont abattu.
Tandis que le régiment poursuit sa marche, une émotion presque joyeuse parcourt toute la colonne. On vient de percevoir des coups de fusil dans la direction de la forêt de Luchy, située sur l'axe de marche et où la présence de patrouilles de cavalerie ennemie était déjà signalée." (...) ;

- J. SCHMITZ et N. NIEUWLAND, dans leur ouvrage précité, donne le témoignage n° 662 du curé-doyen de bertrix (p. 135) :

(...)
"Le 22 août, un avion allemand (1) passa dans les airs se dirigeant vers le sud et fut abattu par les colonnes françaises qui gagnaient la forêt de Luchy. Vers midi, le canon commença à se faire entendre. A 15 heures, c'était la débandade (...) ;

(1) Sur cet incident, voir Karl QUENZEL ("Vom Kriegs Schauplatz", Leipzig, Hesse Verlag, I p. 197) et Kurt MÜSHAM ("Unsere Flieger über Feindesland", Berlin, Borngraeber): ils racontent comment un officier français a sauvé la vie à l'aviateur. Soigné dans une ambulance des Français, il a pu fuir au moment du recul de leur armée";

Qui en sait plus: nos amis aviateurs? Peut-être dans le JMO du 20e RI ... ?

- Jean-Pierre: vos remarques sont pertinentes. Cette situation s'est répétée le 22/08/1914 également à Rossignol, Virton, Ethe, Signeulx-Gorcy ...!

Poursuivons donc patiemment les travaux de recoupements et à bientôt.
Une bonne soirée de Bruxelles




Re: 20° R Infanterie

Publié : jeu. juin 05, 2008 6:52 pm
par pierre C31
Bonjour à tous;bonjour Popol et Jean-Pierre
Hélas, JMO du 20e RI est totalement muet sur cet événement( on peut comprendre que le rédacteur ait été quelque "peu sonné"par les événements. La seule trace que j'en ai trouvé est dans le JMO du 11e RI, en voici le bref extrait:
"10h halte gardée de 30 minutes au moment où l’avant-garde atteint Bertrix. A la reprise de la marche, un biplan allemand survolant Bertrix est abattu par la fusillade de la colonne et détruit à 200m au Nord-Est du carrefour 463, 2,5km au Nord de Bertrix."
Rien de plus sinon la confirmation de l'incident
Bien cordialement à tous
Pierre

Re: 20° R Infanterie

Publié : ven. juin 06, 2008 7:17 pm
par pierre C31
Bonjour à tous;
L'aéroplane abattu à proximité de Bertrix n'est pas le seul appareil allemand à avoir fait connaissance avec le sol belge ( rien n'est plus dangereux pour un avion que la proximité du sol....).
Le 20 août un autre appareil allemand s'est abattu dans la région de Pin et Issel en pays gaumais en présence du 4e escadron du 9e chasseurs à cheval - régiment du 17e corps d'armée.
Extrait du JMO du 9e chasseurs:
"Escarmouche de Pin Issel (escadron de Boissieu)
Vers 11h un peloton placé à Issel et des vedettes préviennent le capitaine de Boissieu que des cavaliers ennemis occupent la lisière des bois près de Jamoigne. Le gros de l’escadron est posté en arrière à 1km de la route de Pin à Jamoigne entre la Semoy et cette route, mais le mouvement est éventé par l’ennemi qui ouvre sur les chasseurs un feu à 1000m et arrête le mouvement.
A 15h le capitaine de Boissieu (qui a ses quatre pelotons) est avisé qu’un avion allemand est tombé depuis quelques minutes à peine dans un champs voisin. Suivi de l’adjudant Siron et de six chasseurs, le capitaine court sus aux deux aviateurs. Ceux-ci en atterrissant ont déchiré leurs papiers et lancé des fusées de détresse ; ils essaient de se défendre avec leurs révolvers. Ils sont pris, malgré leur résistance et conduits à Pin puis à Florenville.
Un peloton de uhlans qui a aperçu les signaux de détresse arrive à la rescousse. Le capitaine de Boissieu appelle à lui le 1er peloton, met le feu à l’avion qu’il craint de ne pouvoir garder et court sus aux uhlans.
Ceux-ci se retirent à toute bride derrière leurs tirailleurs qui semblent se retirer aussi. L’escadron se porte sur eux malgré une marche difficile à travers les clôtures de fil de fer
Le commandant Rolland qui vient de rejoindre, charge avec le peloton d’extrême droite (peloton Dajean) qui vient de rejoindre sur la crête au Sud du village de Val en Saart. Il est arrêté par un chemin creux très profond d’où le peloton reçoit une centaine de coups de fusil. Un cheval est tué, un autre blessé.
Le capitaine de Boissieu essaie de tourner l’ennemi avec les trois autres pelotons, mais profitant de l’arrêt causé par le chemin creux, les cavaliers ennemis remontent à cheval et disparaissent dans le bois rendant toute poursuite impossible."

Bien cordialement à tous
Pierre

Re: 20° R Infanterie

Publié : ven. juin 06, 2008 11:49 pm
par Popol
Bonjour à Toutes & Tous
Bonjour Pierre, Jean-Pierre et les Amis de la 33e DI

- Merci à Pierre pour ces dernières informations. Cette digression aérienne en Gaume, dans la région de Pin et Izel, est fort intéressante.

- Voici également un extrait des AFGG (Tome I - vol 1 - annexes - p. 634):

Annexe n° 748:

Off. de Stenay, 21/8, à 10h05

Commandant A. Stenay à commandant armée Vitry (télégramme adressé par la IVe armée au GQG)

" Carnets officiers aviateurs prisonniers indiquent reconnaissances du 18e corps orientées généralement de Luxembourg, Ettelbrück, vers le nord-ouest, 25e division était à Mersch 11 août, marchait le 19 sur Hollange. Route Attert, Usseldange encombrée même jour par bagages et boulangeries vers midi. Etat-major 21e division réserve était le 16 à Wincheringen, nord de Remich. Uhlans 27e brigade rencontrés à Cosnes près de Longwy semblent indiquer présence éléments 13e corps.
(Reçu 11h10) ".

S'agit-il d'un autre incident aérien dans la zone d'action de la IVe armée...? Quoi qu'il en soit, ces faits démontrent déjà le rôle prépondérant de la reconnaissance aérienne dès le début du conflit: tous les mouvements de troupes peuvent être suivis ...

Une bonne soirée (fort pluvieuse) de Belgique!