Re: 5ème RCA
Publié : ven. déc. 04, 2020 7:54 am
Bonjour à tous,
Reprise du carnet de campagne de ROBERT, Clément, toujours MDL/Chef de la section mitrailleuse du 5e RCA.
- 13 août 1915 : Je n'ai pu dormir. A 11h n'y tenant plus je me suis levé, j'ai bouquiné jusqu'à 2h du matin puis je suis allé me coucher dans le foin. Promenade des chevaux de 6h à 8h, pansage, casernement, soupe, sieste, pansage, casernement. Voici quatre jours que l'on est sans courrier. Arriverait-il ce soir?
- 14 août : Je n'ai qu'une lettre de ma Ninette. Déception, je croyais en avoir beaucoup. Promenade délicieuse à THIBIE route de MONTMIRAIL. Chemin du château nous voyons des escargots en masse, des lapins, des lièvres. Nous en attrapons un petit. Je l'ai mangé - sauce au vin blanc.
La décision porte construction d'un polygone - réseau de fil de fer - tout porte à croire que nous resterons longtemps ici. Reçu 4 lettres, bien content.
- 15 août : Fête de ma Ninette. Je suis bien loin d'elle, hélas. Rassemblement des gradés par le Colonel. Il a présenté les Adjudants-Chefs CAZES et AVON promus sous-lieutenants et RAMEAU promu Adjudant-chef. Le reste des nominations se fait demain. Je n'ai pas d'espoir, je n'ai personne pour parler pour moi. Mardi revue par Lord KITCHENER, qu'elle barbe.
- 16 août : Ce matin répétition de la revue. Nomination de CANALE promu adjudant-Chef, de CHABRIDON et de WOIRAYHE promus adjudants. Rien pour moi. Tant pis je m'en moque, c'était leurs tours, rien à dire. Discussions et pointe de méchanceté de WEBER que l'on proposait comme sous-officier. Sales gens, ils profitent qu'il n'y a personne pour nous défendre.
Demain revue au camp de Châlons - 50 kms aller et retour - Général JOFFRE et Lord KITCHENER.
- 17 août : Réveil 2h - départ 3h. Allure exagérée - arrivons au camp de Châlons à 7h30.
Sont présent le 8 et 16 Bataillons de chasseurs à pied, 1er régiment de tirailleurs, 2ème régiment de Zouaves, 1er régiment d'Artillerie, 2e régiment de Spahis et nous.
A 8h15 garde à vous, les gradés arrivent en auto, les musiques jouent la Marseillaise, la revue commence. Suis intrigué. Je regarde à la jumelle. Lord KITCHENER et Mr MILLERAND en tête, le Général JOFFRE, viennent ensuite d'autres huiles, la revue est finie, le défilé commence. Beaucoup admiré les chasseurs à pied et leur musique, pas précipité - rien vu du reste - nous défilons - j'essaye de forcer l'allure en passant devant le Général, en vain. L'escadron qui est devant a ralenti, c'est fini, cela c'est très bien passé. Quittons le camp au grand trot, arrêt à MATAUGUES - Déjeuner, hommes et chevaux. Départ à 3 heures, arrivée au cantonnement à 5h. Total, environ 60 kms, pas fatigué, content du spectacle que j'ai vu. (La Contemporaine- revue de JOFFRE -KITCHENER et MILLERAND - près de Châlons.
- 18 août : Repos - A 2h on nous prévient que le Général BERTHELOT, Commandant notre C.A. passera dans les cantonnements à 4h30 - grand nettoyage - enfin c'est prêt, les hommes sont très propres, suis content.
Le Général arrive, présentation des Officiers. Il passe chez nous, air content - repos - détente.
NOGRET, LANSON et FURTON partent en permission.
Le soir j'autorise WEBER a aller voir son père qui est à VOUZY, 2 kms. Il rencontre le Colonel qui lui fait faire demi-tour, et, lui dit de m'annoncer qu'il me punissait.
- 19 août : Le Colonel m'a fait appeler. Me donne un blâme devant tous les officiers et a annoncé à l'Adjudant que j'avais 15 jours d'arrêt. Je suis très peiné, pas les 15 jours je m'en moque, mais du blâme.
Fais les tranchées avec le Commandant LEGENDRE.
- 20 août : J'ai fait ce matin service en campagne. Il paraît qu'il y avait travail d'ensemble. Pas prévenu, le Colonel crie. Je voyais le moment ou 15 autres jours d'arrêt allaient me tomber dessus. Soir - tranchées, toilette des chevaux pour revue de demain.
- 21 août : Revue Général Commandant le 32e C.A. - présentations, évolutions, un essieu se brise, ennuyé - anniversaire de AISEAU - triste souvenir.
- 22 août : L'officier est rentré de permission. Je suis très heureux, quel soulagement. A lui je peux dire quand j'ai cet affreux cafard.
- 23 Août : Je continue mes tranchées, une bonne lettre de ma mère qui chasse définitivement mon cafard.
Fin pour aujourd'hui.
Bonne journée.
François
Reprise du carnet de campagne de ROBERT, Clément, toujours MDL/Chef de la section mitrailleuse du 5e RCA.
- 13 août 1915 : Je n'ai pu dormir. A 11h n'y tenant plus je me suis levé, j'ai bouquiné jusqu'à 2h du matin puis je suis allé me coucher dans le foin. Promenade des chevaux de 6h à 8h, pansage, casernement, soupe, sieste, pansage, casernement. Voici quatre jours que l'on est sans courrier. Arriverait-il ce soir?
- 14 août : Je n'ai qu'une lettre de ma Ninette. Déception, je croyais en avoir beaucoup. Promenade délicieuse à THIBIE route de MONTMIRAIL. Chemin du château nous voyons des escargots en masse, des lapins, des lièvres. Nous en attrapons un petit. Je l'ai mangé - sauce au vin blanc.
La décision porte construction d'un polygone - réseau de fil de fer - tout porte à croire que nous resterons longtemps ici. Reçu 4 lettres, bien content.
- 15 août : Fête de ma Ninette. Je suis bien loin d'elle, hélas. Rassemblement des gradés par le Colonel. Il a présenté les Adjudants-Chefs CAZES et AVON promus sous-lieutenants et RAMEAU promu Adjudant-chef. Le reste des nominations se fait demain. Je n'ai pas d'espoir, je n'ai personne pour parler pour moi. Mardi revue par Lord KITCHENER, qu'elle barbe.
- 16 août : Ce matin répétition de la revue. Nomination de CANALE promu adjudant-Chef, de CHABRIDON et de WOIRAYHE promus adjudants. Rien pour moi. Tant pis je m'en moque, c'était leurs tours, rien à dire. Discussions et pointe de méchanceté de WEBER que l'on proposait comme sous-officier. Sales gens, ils profitent qu'il n'y a personne pour nous défendre.
Demain revue au camp de Châlons - 50 kms aller et retour - Général JOFFRE et Lord KITCHENER.
- 17 août : Réveil 2h - départ 3h. Allure exagérée - arrivons au camp de Châlons à 7h30.
Sont présent le 8 et 16 Bataillons de chasseurs à pied, 1er régiment de tirailleurs, 2ème régiment de Zouaves, 1er régiment d'Artillerie, 2e régiment de Spahis et nous.
A 8h15 garde à vous, les gradés arrivent en auto, les musiques jouent la Marseillaise, la revue commence. Suis intrigué. Je regarde à la jumelle. Lord KITCHENER et Mr MILLERAND en tête, le Général JOFFRE, viennent ensuite d'autres huiles, la revue est finie, le défilé commence. Beaucoup admiré les chasseurs à pied et leur musique, pas précipité - rien vu du reste - nous défilons - j'essaye de forcer l'allure en passant devant le Général, en vain. L'escadron qui est devant a ralenti, c'est fini, cela c'est très bien passé. Quittons le camp au grand trot, arrêt à MATAUGUES - Déjeuner, hommes et chevaux. Départ à 3 heures, arrivée au cantonnement à 5h. Total, environ 60 kms, pas fatigué, content du spectacle que j'ai vu. (La Contemporaine- revue de JOFFRE -KITCHENER et MILLERAND - près de Châlons.
- 18 août : Repos - A 2h on nous prévient que le Général BERTHELOT, Commandant notre C.A. passera dans les cantonnements à 4h30 - grand nettoyage - enfin c'est prêt, les hommes sont très propres, suis content.
Le Général arrive, présentation des Officiers. Il passe chez nous, air content - repos - détente.
NOGRET, LANSON et FURTON partent en permission.
Le soir j'autorise WEBER a aller voir son père qui est à VOUZY, 2 kms. Il rencontre le Colonel qui lui fait faire demi-tour, et, lui dit de m'annoncer qu'il me punissait.
- 19 août : Le Colonel m'a fait appeler. Me donne un blâme devant tous les officiers et a annoncé à l'Adjudant que j'avais 15 jours d'arrêt. Je suis très peiné, pas les 15 jours je m'en moque, mais du blâme.
Fais les tranchées avec le Commandant LEGENDRE.
- 20 août : J'ai fait ce matin service en campagne. Il paraît qu'il y avait travail d'ensemble. Pas prévenu, le Colonel crie. Je voyais le moment ou 15 autres jours d'arrêt allaient me tomber dessus. Soir - tranchées, toilette des chevaux pour revue de demain.
- 21 août : Revue Général Commandant le 32e C.A. - présentations, évolutions, un essieu se brise, ennuyé - anniversaire de AISEAU - triste souvenir.
- 22 août : L'officier est rentré de permission. Je suis très heureux, quel soulagement. A lui je peux dire quand j'ai cet affreux cafard.
- 23 Août : Je continue mes tranchées, une bonne lettre de ma mère qui chasse définitivement mon cafard.
Fin pour aujourd'hui.
Bonne journée.
François