Re: 16e section d'infirmiers militaires
Publié : jeu. nov. 13, 2008 9:51 am
Bonjour Corinne, bonjour Renaud, bonjour à tous,
Renaud avait bien raison d'annoncer que les journées qui suivent, narrées par le prêtre brancardier, allaient être tragiques. La guerre montre son vrai visage de mort, de massacres de soldats parfois inutiles.
Heureusement, la journée du 27 août se termine par une note optimiste, presque qu'un symbole 94 ans plus tard du rapprochement Franco-Allemand et européen en général. Mais attention de ne pas tomber dans l'anachronisme ; nous sommes en 1914.
Cordialement
Eric
Lundi 24 août : Villacourt – Bainville-aux-Miroirs
Le réveil a lieu à 3 h. Nous arrivons à Virecourt puis Bayon, à 6 h. ½ environ. On s’arrête à l’entrée du village et la canonnade ne discontinue pas.
Nous sommes tout à coup avertis que des soldats du 142e peu délicats avaient en passant dévalisé nos sacs en emportant même un certain nombre. Je cours à la voiture, et heureusement je retrouve le mien à peu près intact, il n’y manquait que ma boîte de cigarettes que je gardais précieusement comme souvenir d’Avricourt : petit malheur en somme.
[...]
Mardi 25 août : Bainville – Froville
Départ de Bainville à 4 h. après une nuit assez agitée. Cela n’allait pas très bien intérieurement … Nous passons à la gare de Bayon sans nous y arrêter. Nous arrivons à Froville ; de là nous allons prendre plusieurs fois des blessés au poste de secours pour les ramener sur les brouettes brancards à Froville. Le manège devient assez fatigant.
Froville a été complètement pillé par les troupes françaises (m… ?) qui se sait, hélas ! tout permis, trouvant les maisons abandonnées.
[...]
Mercredi 26 août : Froville – Moriviller
Le réveil a lieu à 4 heures, le départ à 6 heures. Nous passons à Einvaux Au-dessus du village, sur un mamelon un triste spectacle s’offre à nos yeux : celui d’un champ de bataille après le combat. Il y a là sur une ligne de nombreux cadavres formés (?) de soldats français du 53e en particulier. Ils sont tombés dans l’assaut à la baïonnette fait pour enlever cette position, tués par des balles ou des obus qui nombreux ont labouré le champ. Déjà ces cadavres dégagent une odeur désagréable. On les fouille pour prendre leur livret, leur nom, leur argent, afin de remettre le tout à qui de droit.
[...]
Cette journée fut remplie de pénibles impressions.
Jeudi 27 août : Moriviller – Franconville
On est réveillé à 5 heures. Nous partons peu après et en chemin l’odeur des cadavres en putréfaction nous suffoque presque. A Franconville, nous trouvons les granges et l’église remplies de blessés allemands que l’ennemi n’avait pas emmenés. Le clocher du village a souffert du bombardement, plusieurs maisons sont détruites, des habitants ont été tués.
[…]
Extrait du 1e carnet de guerre d’un brancardier de la 16e Section d’Infirmiers Militaires, prêtre du diocèse de Rodez
Renaud avait bien raison d'annoncer que les journées qui suivent, narrées par le prêtre brancardier, allaient être tragiques. La guerre montre son vrai visage de mort, de massacres de soldats parfois inutiles.
Heureusement, la journée du 27 août se termine par une note optimiste, presque qu'un symbole 94 ans plus tard du rapprochement Franco-Allemand et européen en général. Mais attention de ne pas tomber dans l'anachronisme ; nous sommes en 1914.
Cordialement
Eric
Lundi 24 août : Villacourt – Bainville-aux-Miroirs
Le réveil a lieu à 3 h. Nous arrivons à Virecourt puis Bayon, à 6 h. ½ environ. On s’arrête à l’entrée du village et la canonnade ne discontinue pas.
Nous sommes tout à coup avertis que des soldats du 142e peu délicats avaient en passant dévalisé nos sacs en emportant même un certain nombre. Je cours à la voiture, et heureusement je retrouve le mien à peu près intact, il n’y manquait que ma boîte de cigarettes que je gardais précieusement comme souvenir d’Avricourt : petit malheur en somme.
[...]
Mardi 25 août : Bainville – Froville
Départ de Bainville à 4 h. après une nuit assez agitée. Cela n’allait pas très bien intérieurement … Nous passons à la gare de Bayon sans nous y arrêter. Nous arrivons à Froville ; de là nous allons prendre plusieurs fois des blessés au poste de secours pour les ramener sur les brouettes brancards à Froville. Le manège devient assez fatigant.
Froville a été complètement pillé par les troupes françaises (m… ?) qui se sait, hélas ! tout permis, trouvant les maisons abandonnées.
[...]
Mercredi 26 août : Froville – Moriviller
Le réveil a lieu à 4 heures, le départ à 6 heures. Nous passons à Einvaux Au-dessus du village, sur un mamelon un triste spectacle s’offre à nos yeux : celui d’un champ de bataille après le combat. Il y a là sur une ligne de nombreux cadavres formés (?) de soldats français du 53e en particulier. Ils sont tombés dans l’assaut à la baïonnette fait pour enlever cette position, tués par des balles ou des obus qui nombreux ont labouré le champ. Déjà ces cadavres dégagent une odeur désagréable. On les fouille pour prendre leur livret, leur nom, leur argent, afin de remettre le tout à qui de droit.
[...]
Cette journée fut remplie de pénibles impressions.
Jeudi 27 août : Moriviller – Franconville
On est réveillé à 5 heures. Nous partons peu après et en chemin l’odeur des cadavres en putréfaction nous suffoque presque. A Franconville, nous trouvons les granges et l’église remplies de blessés allemands que l’ennemi n’avait pas emmenés. Le clocher du village a souffert du bombardement, plusieurs maisons sont détruites, des habitants ont été tués.
[…]
Extrait du 1e carnet de guerre d’un brancardier de la 16e Section d’Infirmiers Militaires, prêtre du diocèse de Rodez