La3 !
hé bien je ne savais pas que Lénine avait été envoyé GRACE aux allemands qui ont réussi là un coup de maître !
y a t il un post sur ce sujet ?
malgré tout les voilà affamés et touchés par la grippe espagnole un allié de plus en quelque sorte.
la rentrée plus rapide que prévue de la force américaine due à une attaque allemande "évitable". Foch et Pershing qui s'engueulent!
Puis la question centrale du traité de Versailles que tous et meme l'Histoire avec un grand H a trouvé déséqulibré: Aurait on pu charger moins les allemands et eviter ainsi une vengeance tardive et effroyable?
quelle est le poids des USA dans ce desequikibre?
l'after fut déconcertant : Marie Drucker n'avait pas l'emploi du genre et l'historien était bien disert.Bons points aux autres à la belle Manon Pignot ( un nom de poilu!), toute à son affaire. A Malavoy en simple citoyen nous racontant simplement l'agonie de son grand pere. Bon point aussi au collectionneur , mal à l'aise avec une Marie un peu trop... Rosalie...
A Bientôt
Bonjour,
Il est connu que si les Allemands ne sont pas forcément les instigateurs de la révolution russe, ils ont tout au moins permis le retour de Lénine en Russie en lui permettant de traverser l'Allemagne dans un "wagon plombé" (comme chantait Michel Sardou dans son fameux "Vladimir Illitch") et de débarquer en Russie pour y faire de l'agitation et finalement pour faire tomber le gouvernement Kerensky, favorable à la poursuite de la guerre aux côtés des Alliés... Tous les coups, même les plus bas, étaient permis pour tenter de gagner une victoire qui tardait sur le terrain militaire ! Dans la 4e partie d'Apocalypse, il est d'ailleurs également fait référence à la fameuse affaire du "Télégramme Zimmermann" qui est explicité, mais dont le nom n'est jamais prononcé dans le commentaire historique et qui avait pour but d'inciter les Mexicains à attaquer les états du sud des Etats-Unis, ou tout au moins d'y créer le désordre et l'insécurité...
La grippe espagnole démarre certes vers le printemps, mais localement, elle va faire des ravages jusqu'à la fin de l'été 1918 et même au-delà de cette période... Il existe des témoignages de combattants, attestant que l'épidémie est déjà répandue dans les rangs des soldats en mai-juin 1918, mais des régiments sont encore évacués à la fin d'août pour cette même raison, en particulier au sein de la 58e DI, qui participe aux combats de Noyon, dans l'Oise...
Les Alliés, et en particulier la France, ont en effet chargé les Allemands au traité de Versailles. Clemenceau aurait voulu être plus sévère encore et d'ailleurs l'envoi de troupes françaises dans la Ruhr avait clairement pour but de contraindre l'Allemagne à payer sa dette de guerre jusqu'au dernier centime, au besoin par la force des armes !... Américains et Anglais en particulier ont souvent joué le rôle de "modérateurs"... Il faut dire que leur territoire, leurs villes, leurs villages, leurs usines, leurs outils de production, leurs populations n'ont pas connu l'occupation de l'armée ennemie, qu'ils n'ont pas subi les privations, les vexations, voire les exactions des troupes d'occupation, ni les confiscations, les amendes et les destructions qu'ont connu les dix départements du Nord et de l'Est, pendant près de 4 ans. Il ne faut jamais perdre de vue que toute la guerre sur le front occidental s'est principalement déroulée en France et en Belgique, deux pays qui ont été profondément meurtris par les combats et l'occupation militaire de leurs territoires. En 1919, l'heure n'était pas encore à l'apaisement ni à la conciliation, et moins encore à la compréhension d'un ennemi abhorré, haï, rendu responsable du déclenchement de la guerre et des 10 millions de morts qui en ont résulté... Le sentiment pacifique n'est né qu'au début des années Vingt dans l'opinion française, et même ainsi, le sentiment de défiance vis à vis de l'ennemi qu'était encore les Allemands restait très fort... Qui n'a pas connu un grand père ou un arrière-grand-père, voire un arrière-arrière-grand-père parlant des "boches", terme né de la Grande Guerre et longtemps usité, bien après la Seconde Guerre mondiale (cf les fameuses expressions de "tête de boche" ou de "sale boche") ? On ne mesure sans doute plus assez aujourd'hui le poids de ce traité effectivement mal équilibré, mais qui dans le contexte de l'époque ne pouvait pas l'être, et qui portait en germes la montée des extrémismes et finalement la Seconde Guerre mondiale, en ruinant l'Allemagne, en l'humiliant, en ne tenant pas les promesses faites à certains pays belligérants passés de la neutralité ou du camp ennemi au camp ami (comme en particulier l'Italie), en créant des nations sur les ruines de l'empire austro-hongrois qui ne pouvaient que se haïr et s'affronter, en effectuant des découpages territoriaux qui ne pouvaient que provoquer des ressentiments (comme le fameux corridor de Dantzig, donné à la Pologne en coupant l'Allemagne et la Prusse en deux), etc... En sus, la SDN, créée dans le prolongement du traité de Versailles, se montra tout à fait incapable de gérer les crises successives qui éclatèrent à la suite de ce traité de paix, qui au fond ne réglait en rien les conflits existant avant 1914... En fait, ce traité réunissait quasiment tous les ferments d'une nouvelle guerre, ce qui permit d'ailleurs à Charles de Gaulle de parler, bien des années après, d'une guerre de trente ans (l'entre deux guerres n'étant qu'une interlude entre les deux phases d'affrontements armés - théorie que les historiens actuels tendent à vouloir détruire ou tout au moins nuancer)...
L'historien auquel vous faites allusion est Stéphane Audouin-Rouzeau, ancien professeur à la faculté d'histoire de Nanterre, puis d'Amiens (où je fus son "élève"), aujourd'hui directeur de l'EHESS et du centre international de recherches de l'Historial de la Grande Guerre de PERONNE (Somme), auteur de très nombreux ouvrages sur la Grande Guerre, consultant intervenant désormais assez régulièrement sur France 2 pour commenter les manifestations officielles liées à la Grande Guerre ou les grands événements militaires (il n'est d'ailleurs pas improbable que nous le retrouvions dans le retransmission des commémorations du centenaire que France Télévisions nous fera à l'approche de l'été et de l'automne de cette année). Je n'ai pas toujours été d'accord avec sa lecture du conflit, ni sur ses approches "nouvelles", largement empruntées pour certains aspects notamment à Gabriel Perreux et à Jacques Meyer (et en ce sens, pas du tout nouvelles !), mais c'est un grand spécialiste, davantage de l'histoire culturelle de la Grande Guerre que de l'histoire militaire à proprement parler (au sens "histoire-bataille", va sans dire)... Je me souviens d'une émission "La Marche du Siècle" qui remonte aux années 90, où il s'était assez sérieusement "accroché" avec Pierre Miquel, qu'il nous présentait en cour comme l'anti-historien de la Grande Guerre par excellence, tout au mieux comme un vague journaliste qui racontait des histoires n'apportant pas grand chose à la connaissance de la Grande Guerre, ce qui avait le don de m'agacer, car même si Pierre Miquel, que j'ai eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises avant son décès en 2007, ne disait certes pas toujours que des choses vérifiées sur la Grande Guerre et sombrait parfois dans la caricature, sur certains aspects, on ne peut pas non plus lui contester ses apports sur la guerre de 14-18, ni le fait d'avoir vulgarisé l'histoire de la Grande Guerre, qu'il a mise à la portée de tous. Je suis en ce sens un "enfant" de Pierre Miquel et j'écoutais avec passion l'émission diffusée sur France Inter, "Les oubliés du Siècle", diffusée à la fin des années 80 (1987-1988), racontant des anecdotes et des histoires singulières de soldats pendant la Grande Guerre. C'est en grande partie grâce à lui que je me suis passionné au fil du temps pour la Grande Guerre et je pense qu'il y en a probablement beaucoup d'autres parmi les passionnés que nous sommes qui sont venus vers la Grande Guerre grâce à cet historien, qui a rendu cette histoire accessible à tous, même à ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un amphithéâtre ou une salle de cour universitaire... Il est cependant vrai que depuis l'ouverture de l'Historial de la Grande Guerre, les historiens, dont certains de renom, ont, en quelque sorte, accaparé le discours historique et scientifique sur la Grande Guerre et qu'ils continuent aujourd'hui encore d'influencer notre vision et notre perception du conflit, en nous détournant définitivement de l'histoire bataille pour nous orienter vers des terrains beaucoup plus conceptuels, ayant trait à l'histoire des mentalités, des cultures, des sociétés en guerre...
Le collectionneur enfin auquel vous faites également référence s'appelle Jean-Pierre Verney : outre le fait d'être un très gros collectionneur, il est aussi consultant pour de nombreux documentaires et films relatifs à la guerre de 14-18, il a contribué à de nombreuses publications sur le sujet et sa collection a été rachetée à prix d'or et est aujourd'hui visible au musée de la Grande Guerre de Meaux, qui a acquis ces collections et qui a pu voir le jour, grâce à ces dernières...
Voilà pour apporter quelques éclairages à la dernière intervention...
Les intervenants de ce forum corrigeront ou complèteront ce post, s'ils viennent à y découvrir des imprécisions ou des erreurs de ma part.
Cordialement,
Jean-Michel