Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : lun. mai 05, 2008 12:32 pm
Bonjour à tous.
Quelques éléments en plus sur les conditions météo des 21 au 23 :
Le 21, jour du passage de la frontière, les régiments en marche ont subi, dès le milieu de la matinée, un épouvantable orage après une journée commencée sous une grosse chaleur :
Quelques extraits inédits de mon GP (le JMO cite de même):
Dès la mise en route du 116e (vers 9h00) : « ….Il fait une chaleur torride, nous avons fait à peine une lieue que déjà la sueur coule sur notre front et tout le long de notre corps. Nous traversons un grand bois qui nous procure un grand bien-être. A la sortie du bois la chaleur redouble d’intensité, un homme de mon escouade tombe évanoui. …. »
Puis une heure plus tard, après être entré en Belgique :
« …le ciel s’est tout à coup obscurci, de gros nuages noirs s’amoncellent à l’horizon, bientôt de grosses gouttes de pluie se mettent à tomber…un éclair suivi d’un violent coup de tonnerre prélude à la danse. … »
Après être passé sans s‘arrêter dans un village où ils auraient pu trouver abri : « …. nous faisons environ 500 m. pour aller faire la pause sur une hauteur où pendant une bonne heure nous restons exposés aux coups de foudre (à coté de nous se trouvent des poteaux télégraphiques). Maintenant la pluie tombe à torrents, nous sommes trempés comme des canards car il nous faut demeurer accroupis dans le fossé qui borde la route. Les éclairs et les coups de tonnerre se succèdent sans interruption….. »
Après encore des kilomètres de marche toujours sous la pluie, le 116e va s’installer en cantonnement en forêt de Bertrix où le premier soucis des soldats sera d’y faire de grands feux pour se faire à manger (je connais même son plat du soir !) et sécher leurs effets ainsi que construire des cabanes pour qu‘une partie d‘entre eux puissent au moins dormir à l‘abri tandis que les autres feront cercle autour des brasiers. A l‘inverse du matin, la nuit sera très froide et mon GP aura toutes les peines à s’endormir (d’où son étonnant écrit du lendemain).
Le 22, c’est par une très belle journée d’été que se sont déroulés les combats .
Concernant le point du jour, pour faire écho au document cité par Sophie on lit dans le tome VII - 6e partie , page 173 , de l’ouvrage SCHMITZ-NIEUWLAND :
« ….Lorsqu’au matin du 22 août, par un brouillard intense qui, parfois, permettait à peine aux servants des caissons (d’artillerie) d’apercevoir la tête des attelages, les Français allèrent de l’avant …. » .
Mon GP ne fait toutefois pas mention de ce phénomène météorologique écrivant, a contrario :
« ….A l’orage de la veille a succédé une journée qui s’annonce comme devant être très belle. Au lever du soleil souffle une brise assez fraîche qui nous fouette le visage. Dès 5 h tout le monde est sur pieds, nos effets sont maintenant complètement desséchés. Aussi c’est avec entrain que nous nous mettons en marche, ….. ». Considérant la position du 116e sous bois et la fraîcheur du lieu, cette absence de brouillard peut s’expliquer, de même que par l’altimétrie, le brouillard restant « plaqué » en fond des vallées.
Pour faire par ailleurs pendant au témoignage du soldat du 19e
(Sophie, tu m'avais caché cela !! Il s'appelle comment ton fantassin ? Et tu en as d'autres comme cela ?) , il écrit de même :
« ….Nous atteignons bientôt la grand route qui va de NEUFCHATEAU à BOUILLON. Les fils télégraphiques sont coupés, les poteaux arrachés, les bornes kilométriques renversées….. »
Pour en revenir à la météo du jour , il va aussi écrire, pour le début d’après-midi :
« ….Désormais le régiment est engagé. La journée est très belle, la chaleur torride ; nos paupières s’alourdissent, nos yeux se ferment malgré tous nos efforts, le sommeil nous gagne. Jamais je n’avais pensé que l’on pu dormir sur un champ de bataille au son des canons, les balles vous sifflant aux oreilles, et cela est pourtant vrai. …. ».
Incroyable non ?
Le 23 août, c’est ce même brouillard du petit jour , enveloppant Maissin et la vallée de la Lesse, qui va permettre à ses défenseurs de s’en extirper sans trop de mal, tout au moins pour les premiers ; le Colonel CHAPES avait préalablement envoyé des éclaireurs vers ses « arrières », ce qui tend à attester de même qu’il n’avait aucune vue sur ceux-ci ; avec la chaleur naissance du matin, le brouillard se dissipera et le retrait des fantassins Bretons s’avérera à la suite beaucoup plus périlleux.
Concernant l'éclipse partielle du 21, pas étonnant qu'il n'en soit pas fait mention dans les JMO et autres puisqu'elle fut occultée par les nuages d'orage. Il parait donc intéressant de retrouver le témoignage du soldat de même que son régiment qui aurait pu observer ce phénomène !
Merci Popol pour le rappel de ces témoignages concernant les premiers tirs de l'artillerie allemande de Villance sur Maissin ; pour ma part, avec tous mes recoupements, j'en suis bien aux alentours de 9h15-9h30 (heure française).
Cordialement.
Jean-Yves
(qui faisait une pause).
Quelques éléments en plus sur les conditions météo des 21 au 23 :
Le 21, jour du passage de la frontière, les régiments en marche ont subi, dès le milieu de la matinée, un épouvantable orage après une journée commencée sous une grosse chaleur :
Quelques extraits inédits de mon GP (le JMO cite de même):
Dès la mise en route du 116e (vers 9h00) : « ….Il fait une chaleur torride, nous avons fait à peine une lieue que déjà la sueur coule sur notre front et tout le long de notre corps. Nous traversons un grand bois qui nous procure un grand bien-être. A la sortie du bois la chaleur redouble d’intensité, un homme de mon escouade tombe évanoui. …. »
Puis une heure plus tard, après être entré en Belgique :
« …le ciel s’est tout à coup obscurci, de gros nuages noirs s’amoncellent à l’horizon, bientôt de grosses gouttes de pluie se mettent à tomber…un éclair suivi d’un violent coup de tonnerre prélude à la danse. … »
Après être passé sans s‘arrêter dans un village où ils auraient pu trouver abri : « …. nous faisons environ 500 m. pour aller faire la pause sur une hauteur où pendant une bonne heure nous restons exposés aux coups de foudre (à coté de nous se trouvent des poteaux télégraphiques). Maintenant la pluie tombe à torrents, nous sommes trempés comme des canards car il nous faut demeurer accroupis dans le fossé qui borde la route. Les éclairs et les coups de tonnerre se succèdent sans interruption….. »
Après encore des kilomètres de marche toujours sous la pluie, le 116e va s’installer en cantonnement en forêt de Bertrix où le premier soucis des soldats sera d’y faire de grands feux pour se faire à manger (je connais même son plat du soir !) et sécher leurs effets ainsi que construire des cabanes pour qu‘une partie d‘entre eux puissent au moins dormir à l‘abri tandis que les autres feront cercle autour des brasiers. A l‘inverse du matin, la nuit sera très froide et mon GP aura toutes les peines à s’endormir (d’où son étonnant écrit du lendemain).
Le 22, c’est par une très belle journée d’été que se sont déroulés les combats .
Concernant le point du jour, pour faire écho au document cité par Sophie on lit dans le tome VII - 6e partie , page 173 , de l’ouvrage SCHMITZ-NIEUWLAND :
« ….Lorsqu’au matin du 22 août, par un brouillard intense qui, parfois, permettait à peine aux servants des caissons (d’artillerie) d’apercevoir la tête des attelages, les Français allèrent de l’avant …. » .
Mon GP ne fait toutefois pas mention de ce phénomène météorologique écrivant, a contrario :
« ….A l’orage de la veille a succédé une journée qui s’annonce comme devant être très belle. Au lever du soleil souffle une brise assez fraîche qui nous fouette le visage. Dès 5 h tout le monde est sur pieds, nos effets sont maintenant complètement desséchés. Aussi c’est avec entrain que nous nous mettons en marche, ….. ». Considérant la position du 116e sous bois et la fraîcheur du lieu, cette absence de brouillard peut s’expliquer, de même que par l’altimétrie, le brouillard restant « plaqué » en fond des vallées.
Pour faire par ailleurs pendant au témoignage du soldat du 19e

« ….Nous atteignons bientôt la grand route qui va de NEUFCHATEAU à BOUILLON. Les fils télégraphiques sont coupés, les poteaux arrachés, les bornes kilométriques renversées….. »
Pour en revenir à la météo du jour , il va aussi écrire, pour le début d’après-midi :
« ….Désormais le régiment est engagé. La journée est très belle, la chaleur torride ; nos paupières s’alourdissent, nos yeux se ferment malgré tous nos efforts, le sommeil nous gagne. Jamais je n’avais pensé que l’on pu dormir sur un champ de bataille au son des canons, les balles vous sifflant aux oreilles, et cela est pourtant vrai. …. ».
Incroyable non ?
Le 23 août, c’est ce même brouillard du petit jour , enveloppant Maissin et la vallée de la Lesse, qui va permettre à ses défenseurs de s’en extirper sans trop de mal, tout au moins pour les premiers ; le Colonel CHAPES avait préalablement envoyé des éclaireurs vers ses « arrières », ce qui tend à attester de même qu’il n’avait aucune vue sur ceux-ci ; avec la chaleur naissance du matin, le brouillard se dissipera et le retrait des fantassins Bretons s’avérera à la suite beaucoup plus périlleux.
Concernant l'éclipse partielle du 21, pas étonnant qu'il n'en soit pas fait mention dans les JMO et autres puisqu'elle fut occultée par les nuages d'orage. Il parait donc intéressant de retrouver le témoignage du soldat de même que son régiment qui aurait pu observer ce phénomène !
Merci Popol pour le rappel de ces témoignages concernant les premiers tirs de l'artillerie allemande de Villance sur Maissin ; pour ma part, avec tous mes recoupements, j'en suis bien aux alentours de 9h15-9h30 (heure française).
Cordialement.
Jean-Yves
