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Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : dim. juil. 31, 2016 1:11 am
par regis 79
Il y a cent ans, jour pour jour, le 30 juillet 1916……....
Ce 30 juillet 1916, Joseph Depoys, mon grand-père, envoie une carte postale à sa bienaimée:
« Dimanche 30 juillet 1916,
Ma chère Marie,
je me fais toujours un
réel plaisir à t'envoyer de mes
nouvelles qui sont toujours bonnes.
J'ai commencé ma nouvelle
instruction voilà deux jours, je
crois que ça marchera, malgré
qu'il y a beaucoup de complications,
dans une invention qui tire jusqu'à
700 coups à la minute et il y en a
de plusieurs façons à apprendre.
Mais comme je n'ai pas la tête
trop dure, avec le temps, ça viendra.
Quant à vous, vous devez courir
derrière la faucheuse, cela doit vous
réchauffer, nous, on nous fait la
théorie à l'ombre, c'est moins fatigant,
mais plus compliqué.
Le temps est un peu moins chaud
qu'il y a quelques jours.
Le pays est assez plaisant, quoique
n'étant pas bien gros.
Bien le bonjour et bonne santé.
Celui qui pense toujours à toi.
Depoys Joseph 146ème d'infanterie centre annexe de Mitrailleurs
Labruguière Tarn »
Joseph Depoys est au camp du Causse à Labruguière et s'initie probablement au fonctionnement de la mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914 modifié 1916, dont les commandes par l'Armée Française sont faibles jusqu'en 1916, mais qui deviennent prioritaires à partir de cette date.
La convalescence de Joseph Depoys se poursuit, l'instruction commence, le retour au front sera effectif dans quelques semaines...........
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : lun. août 01, 2016 9:23 am
par regis 79
Il y a cent ans, jour pour jour, le 01 août 1916……....
Ce 01 août 1916, René Morin, le père de Fernand décédé voici 10 ans environ, habitant Villiers de Frontenay depuis au moins 1901, change d'affectation. Il quitte l'Annexe de Remonte de Bonnavoix dans l'Indre pour intégrer le 1er Régiment Léger de Chasseurs à Cheval basé depuis 20 ans à Châteaudun dans le Loir-et-Cher.
C'est un groupe de 670 hommes pour 700 chevaux environ.
Sa fiche matricule ne précise pas s'il est « aux Armées » durant son passage au 1er Régiment Léger de Chasseurs à Cheval, mais apparemment, il n'est pas resté au dépôt de Châteaudun, comme cela est noté pour les autres périodes.
Et l'historique de ce régiment de préciser que l'Etat-Major, en juillet 1916, prévoyant une trouée dans la Somme avec la Cavalerie entre autres, ce groupe cantonne à Beauvais (Oise) à la mi-juillet, prêt à engager le combat. Finalement, il n'intervient pas et finit par se déplacer de novembre 1916 à mars 1917 à Château-Thierry (Aisne), Soissons (Aisne) et Mailly (Marne).
Ce n'est que le 17 avril 1917 que le 1er Régiment Léger de Chasseurs à Cheval de René Morin (accompagné par d'autres régiments de fantassins et d'artillerie) engage une offensive dans la région de Craonne (Aisne) face à l'ennemi, qui, prévenu, repousse la tentative française. Fantassins, artilleurs, cavaliers sont obligés de rebrousser chemin et de monter en tranchées............
Voilà l'environnement dans lequel va vivre René Morin pendant 12 mois environ.
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : jeu. août 04, 2016 11:44 am
par regis 79
Il y a cent ans et 1 jour, le 03 août 1916……....
Ernest Couillebault, né en 1879 à Frontenay-sur-Dive, sacristain de 1927 environ à 1972, le père de Louis et d'Hélène (ne pas confondre avec Hélène, la future fille de Louis), et qui a officiellement quitté la veille le 69ème RIT, est mis à la disposition des Tréfileries du Havre.
Wikipédia nous en dit un peu plus sur cette période :
« Pendant la Première Guerre mondiale, à l'instar de Schneider, les TLH (Tréfileries et Laminoirs du Havre ) font le choix de la participation à l'effort de guerre et les ouvriers fabriquent obus, douilles, cartouches et balles.
De nouveaux ateliers sont construits en 1916. L'usine comporte des installations mécaniques nouvelles et est de grande capacité : fours, laminoirs automatiques, centrales vapeur et électrique de haute puissance, ateliers de transformation, le tout destiné à employer mille salariés et traiter au moins trente mille tonnes d'alliage par an.
Dans le cadre de l'organisation du groupe, l'usine-mère du Havre est spécialisée dans trois secteurs : affinage et transformation des cuivres et laitons, préparations des alliages de seconde fusion, et fabrication des petits produits courants (vis, pointes, etc.) et des produits intermédiaires destinés aux autres usines du groupe et à quelques clients privilégiés (gaines de câbles, contacteurs, carters pour générateurs) ».
Ernest Couillebault va y rester un an environ, avant de revenir dans un régiment ….......d'infanterie et pas territorial, celui-là.........
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : ven. août 05, 2016 1:52 am
par regis 79
Il y a cent ans, jour pour jour, le 04 août 1916……....
Une anecdote de la vie civile en cette période de guerre parmi toutes celles de cette époque:
Ce 04 août 1916, Joseph Depoys et sa promise Marie Panier, mes futurs grands-parents, qui seraient mariés, comme tant d'autres jeunes, s'il n'y avait pas cette guerre qui n'en finit pas, ne sont pas au bout de leur peine.
Joseph Depoys n'a plus ni grands-pères, ni grands-mères depuis bien longtemps. Marie Panier, elle, caresse toujours l'espoir de voir son dernier aïeul, sa grand-mère Virginie Sergent, participer à ses noces.
Patatras, ce 04 août 1916, Virginie Sergent meurt à Frontenay à l'âge respectable de 76 ans.
Et le plus dur est à venir. La guerre n'est pas seule à apporter son lot de malheurs. La vie courante s'en charge aussi et touchera aussi Joseph Depoys bien plus durement encore en 1917........
Mes futurs grands-parents ont tout pour être heureux et pourtant, tout se dérobe devant eux. Putain de guerre....
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : mer. août 10, 2016 10:39 am
par regis 79
Il y a cent ans, jour pour jour, le 10 août 1916……....
Nous avons quitté, le 03 mars dernier, Hubert Dhérisson (père d'Edmond et René) et Hubert Marsault (père d'Edith et Yvette), tous les deux nés à Frontenay, en pleine bataille de Verdun.
Affectés d'abord à des travaux de défense, leur régiment, le 232ème RI, n'en est pas moins victime des bombardements allemands. Le régiment reste dans la zone de Verdun jusqu'à la mi-avril 1916, avant de se diriger à nouveau sur la Lorraine, à Arracourt et ses environs, à 30 km à l'est de Nancy (54).
D'après l'historique du régiment, le 232ème va y rester jusqu'en septembre 1916, avant de rejoindre les Vosges pour y passer une période d'instruction en octobre et novembre, avant de revenir fin décembre à …......Verdun.
Hubert Dhérissson et Hubert Marsault vont vraisemblablement y passer Noël, car, bien que la bataille dite de Verdun soit officiellement terminée depuis le 19 décembre précédent, il y a lieu de tenir les positions durement acquises. La menace allemande est toujours présente.
Si les villages martyrs de Bezonvaux et Louvemont, juste au Nord de Douaumont, sont repris à la mi-décembre 1916, il faut savoir que Ornes, à 2 km de Bezonvaux n'est repris qu'en août 1917 et Beaumont, à 3 km de Louvemont, libéré seulement en octobre 1918 !
Le passage en Lorraine est plutôt calme. Le retour à Verdun, même s'il n'a pas l'intensité de la bataille de février à décembre 1916, n'en est pas moins douloureux. En plus des bombardements allemands vient s'ajouter le mauvais temps.............
Ce 10 août 1916, la situation est calme à Arracourt (54) pour le 232ème RI d'Hubert Dhérisson et Hubert Marsault jusqu'à 23h15, heure à laquelle, selon le JMO, une reconnaissance française, placée en embuscade, met en fuite une troupe ennemie qui s'avançait vers les lignes françaises. Pas de victimes à déplorer ce jour-là.
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : lun. août 15, 2016 6:06 pm
par regis 79
Il y a cent ans, jour pour jour, le 15 août 1916……....
Ce 15 août 1916, le conseil municipal de Frontenay se réunit sous la présidence de Jules Corval, maire de la commune.
L'ordre du jour porte sur l'assistance obligatoire aux vieillards, infirmes et incurables privés de ressources financières ainsi que sur la distillation du vin et du marc.
L'allocation mensuelle reste à 12 francs pour le premier sujet (4 personnes concernées) et le terrain de l'ancien cimetière sera le seul endroit autorisé pour les distillateurs.
Le conseil municipal a bien d'autres soucis, mais ils ne font pas l'objet de délibérations et selon la secrétaire de mairie actuelle, les comptes rendus des réunions du conseil à cette époque n'existent pas.
En effet, 112 hommes, parmi les plus valides bien sûr, habitant Frontenay-sur-Dive, sont partis à la guerre depuis 1914, 6 y ont déjà laissé la vie, plusieurs autres y ont été gravement blessés et rien ne présage d'une fin rapide du conflit. Cela doit poser un problème bien plus important que l'emplacement des distillateurs, mais comme le préfet demande au conseil de se positionner......
Ce même jour, Joseph Depoys, mon grand-père, envoie une nouvelle carte à Marie Panier, sa promise. Il lui écrit:
« Labruguière 15 août 1916,
Ma chère Marie,
Je viens de recevoir ta jolie
carte à l'instant, laquelle m'a
fait bien plaisir surtout en
lisant les paroles charmantes écrites
en bas de la gravure. J'espère toujours
que nos idées se réaliseront un jour.
Tu m'annonces plusieurs
permissionnaires à Frontenay en ce
moment. J'espère que tu me les
nommeras la prochaine fois.
Parmi eux doit se trouver mon
cousin Hubert*, car il m'a écrit
dernièrement que son tour était proche.
Quant à moi, rien de changer sur
ma situation, nous quittons le pays
cette semaine, vendredi au plus
tard, pour aller passer quelques
jours au bord de la mer.
Je t'adresse une fois de plus
mes amitiés les plus sincères.
Celui qui t'aime de tout cœur
Depoys Joseph »
* Hubert, c'est Hubert Bironneau, frère de Hyacinthe, futur marchand de poissons et légumes de la commune, d'Henriette et Madeleine, futures épouses des frères Amauger.
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : mar. août 16, 2016 10:17 am
par regis 79
Il y a cent ans, jour pour jour, le 16 août 1916……....
Ce 16 août 1916, Fernand Auriau (le père d'Albert, mécanicien à la Grimaudière), né à Frontenay en 1885, change de régiment. Il quitte en effet le 325ème RI en poste près de Erbevillers, à 25 km à l'est de Nancy (54) où la situation est relativement calme depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le compte-rendu de nombreuses journées est souvent: « journée calme, rien à signaler ».
Selon le JMO du régiment, Fernand Auriau intègre donc ce 16 août 1916 le 299ème RI qui vient de quitter Nomény (54), à 10 km de Pont-à-Mousson (54), pour aller cantonner à Manoncourt, à 20 km au sud-est de Nancy, où il va suivre une période d'instruction de 15 jours.
Puis, après un déplacement en train, le 229ème RI est acheminé le 12 septembre suivant à Belrupt, à 2 km de …....Verdun, pour y tenir un front dit de « stabilisation », position « moins risquée » que le front dit de « combat » des autres secteurs de la zone.
Consolidation des tranchées, aménagement d'abris sont au programme jusqu'à la fin septembre 1916. Mais qui dit stabilisation n'empêche pas la préparation et la réalisation d'attaques des tranchées ennemies. Une compagnie entraînée pour cela est obligée de reporter son opération à cause des pluies diluviennes et d'une vague de froid. Pire même, plusieurs soldats sont évacués pour podopathie des tranchées (pieds qui restent trop longtemps en milieux humides et froids dans des bottes sans aération) provoquant des infections, des arrêts circulatoires avec pour conséquence une possible amputation.
Ainsi, en 15 jours fin septembre 1916, pour une zone normalement moins risquée, les pertes vont s'élever à 10 tués, 35 blessés et 8 soldats morts suite à blessures ou maladie.
Le changement est brutal pour Fernand Auriau, ce n'est rien par rapport à l'hécatombe qui attend le régiment au mois d'octobre suivant.........
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : sam. août 20, 2016 10:29 am
par regis 79
Il y a cent ans, jour pour jour, le 20 août 1916……....
Dure journée ce 20 août 1916 pour Elie Recouppé, né à Frontenay en 1879 et habitant Villiers de cette même commune en 1914.
Lui qui n'a pas fait de service militaire et s'est retrouvé mobilisé le 15 janvier 1915 à la 9ème SCOA (Section territoriale de Commis et Ouvriers d'Administration) de Tours durant 9 mois, puis en sursis agricole pendant 10 mois, se voit rappelé au 66ème RI basé lui aussi à Tours.
Comme il est classé, selon sa fiche matricule, « à l'intérieur » jusqu'à la mi-novembre 1916, je suppose que c'est pour y effectuer une préparation militaire, avant de rejoindre le front.
Très dur en effet pour Elie Recouppé, gêné par une cicatrice adhérente à une jambe, de voir arriver la perspective du baptême du feu à grande vitesse et qui va ainsi connaître le choc avec l'ennemi au Chemin des Dames (Aisne), avec un autre régiment, le 327ème RI.........
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : mar. août 23, 2016 9:55 am
par regis 79
Il y a cent ans, jour pour jour, le 23 août 1916……....
Ce 23 août 1916, André Valançon, né à Frontenay en 1896 et neveu de mon arrière-grand-mère Constance Valançon, épouse de Léon Panier, quitte le 94ème RI pour le 319ème RI.
D'après le JMO, le 94ème RI, en poste en Meurthe-et-Moselle depuis plusieurs mois, près de Bénaménil, à 50 km au sud-est de Nancy, tient les positions acquises en assurant la relève dans les tranchées et en les réparant. L'ennemi n'est pas en reste et quasiment chaque jour, il y a 4 ou 5 victimes (tués ou blessés).
Ce 23 août 1916 donc, changement de régiment. Le 319ème RI cantonne ce jour-là à Fresnoy-la-Rivière (Oise), à 20 km au sud de Compiègne, juste en dessous de la forêt éponyme.
Périodes d'instruction, reconstitution des équipes avec des spécialistes pour chacune, entraînements se succèdent pendant quelques jours.
Puis c'est le départ, fin août 1916, vers Attichy toujours dans l'Oise, à égale distance de Compiègne (Oise) et Soissons (Aisne). Aménagement de tranchées, construction d'abris sont au programme pour le mois de septembre.
Peu d'activités de l'ennemi à signaler. Tellement peu que les 10 et 26 septembre 1916, le rapporteur du JMO note : « Comme hier, rien à signaler » - « mêmes positions ». Pourtant suit à chaque fois un tableau avec les 4 et 7 victimes du jour. La routine s'est installée, on ne précise même plus les circonstances des décès.
Les pertes du 319ème RI seront « faibles » jusqu'en août 1917. A partir de cette date, les combats du Chemin des Dames et du plateau de Californie feront de nombreuses victimes, puis la bataille de la Somme en 1918 sera une véritable hécatombe......
André Valançon pourra-t-il passer au travers de tous ces combats sans encombres ?...........
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Publié : mer. août 24, 2016 9:09 pm
par regis 79
Il y a cent ans, jour pour jour, le 24 août 1916……....
Ce 24 août 1916, Amand Guillot, né en 1878 à Frontenay, change de régiment. Du 69ème RIT, il passe au 255ème RI. Pas mal pour un soldat qui n'a pas fait de service militaire .
Mobilisé le 24 novembre 1914, il se retrouve logiquement « à l'intérieur », entre autres pour au moins suivre une formation militaire qu'il n'a pas eue. Puis vient le temps du front du 21 juin 1915 au 04 mars 1916 avec le 69ème RIT, avant de se retrouver de nouveau « à l'intérieur » du 05 mars 1916 jusqu'au 23 août 1916.
Mais la guerre a fait sa mauvaise œuvre et il faut encore des bras et des fusils.
Amand Guillot fait donc partie de ces anciens, rappelés de nouveau au front, et cette fois-ci, avec un régiment d'active, le 255ème RI, cantonné en ce 24 août 1916, d'après l'historique de cette unité, à Avocourt (Meuse). Le 255ème y restera jusqu'en novembre 1916, faisant partie intégrante du système de défense de …......Verdun depuis plusieurs mois déjà.
Le JMO du régiment n'existe pas, mais l'historique du 255ème RI et la fiche matricule d'Amand Guillot suffisent pour connaître le parcours principal de notre compatriote.
Le 255ème RI est un régiment à l'héroïsme reconnu. Amand Guillot , le frêle marchand d'œufs de Frontenay, ne va tarder à le savoir.........et à en subir les conséquences............