Forum PAGES 14-18

Bonjour,


3e et dernier volet sur les états de conservation, consacré cette fois à ce qui se trouve à fleur de sol, dans les labours.
A partir des années 1970 on a pratiqué le labour profond, avec des socs retournant la terre à plus de 30 cm, remontant donc les objets enfouis à cette profondeur. Depuis, on s’est aperçu que cela entrainait un appauvrissement des terres et on est revenu à un labour moins profond, selon les types de culture.
Les labours de reprise, au printemps, n’excèdent pas 15 cm, la culture de la betterave nécessite toujours des labours profonds, à plus de 30 cm.

Les objets rencontrés sont très majoritairement issus des projectiles d’artillerie (éclats, fusées, ceintures).


La céramique

Peu observée, les objets sont concassés par les outils agricoles. Ici, un bouchon de bouteille, deux boutons de toile de tente (voir plus haut, les mêmes dans les milieux souterrains), et des « perles » du tire-feu des grenades à manche.

Le verre

Même remarque sur la casse et l’état de conservation.


Les métaux

L’étain

Sans surprise, il résiste au temps, comme le montre cette fusée d’obus de 75 à balles, datée de 1912.

Le plomb

Cette matière apparait pour la première fois dans cette étude, avec les nombreuses balles de shrapnel retrouvées dans les champs. Elles ne sont pas en plomb pur, mais faites d’un alliage plomb – antimoine qui les durci. Ces balles présentent une oxydation blanche qui n’affecte pas leur état.
Ici, différents modèles, sur la gauche un détonateur de grenade F1 et un bouchon de V.B., en bas un morceau de câble téléphonique sous plomb pour ligne enterré, à 2m de profondeur, par exemple dans une rigole creusée au fond d’une tranchée.

L’aluminium

Voici deux pièces d’aluminium trouvées côte à côte : un quart d’achat civil et un élément de mât de tente allemand ; au milieu une cuillère de grenade P1. En bas, un œillet de toile, un bouton d’effets « équipement militaires » et deux boutons de capote d’infanterie ornés d’un grenade.

Le cuivre

Les morceaux de ceinture d’obus attestent de la bonne conservation de ce métal, qui pourtant, dans certains milieux, subit une dégradation par électrolyse.

Gros plan sur des morceaux de ceinture d’obus de 75, irrémédiablement dégradés :


Le laiton

De nombreux morceaux de fusées peuvent illustrer la présence de ce métal. Il peut faire l’objet d’un dézincage plus ou moins prononcé : issues du même champ, toutes les pièces de laiton ci-dessous sont devenues rouge-rosées, avec une surface micro-poreuse.

Ces étuis de laiton sont diversement conservés, et comme constaté dans les autres milieux, le laiton des cartouches allemande résiste mieux, bien qu’il ait la même composition de 67% de cuivre et 33% de zinc.

L’acier
C’est la matière la plus rencontrée dans les labours, un obus produisant plusieurs centaines d’éclats de toutes les dimensions. Dans ce terrain sablonneux, on peut distinguer plus de 20 petits éclats :

Cette fusée KZ16 en acier est suffisamment bien conservée pour justifier un décapage, rendant partiellement lisible son marquage :

La fonte

Déjà évoquée précédemment, cette matière se dégrade peu, comme ce morceau de bombe de 15 cm, tirée par les mortiers lisses surnommés "crapouillots".

Le zinc

Les pièces de zinc rencontrées sont des morceaux de ceinture de minenwerfer, ou des « bouchons » de grenade à manche ou des boutons. Dans le sol, ce matériau est très corrodé.

Alliage de zinc

Même forte dégradation que dans les autres lieux : ici une fusée KZ14 d’obus de 77.

Matières d’origine végétale et animales

Le bois

Seuls quelques rares morceaux ont été observés, comme cette extrémité de manche de grenade, préservée par la partie en zinc et probablement par son oxyde.

Le cuir

Cette cartouchière a résisté au temps, ainsi que le papier des paquets de cartouches. Cela s’explique par l’oxyde de cuivre dont la toxicité agit comme un anti-bactérien.

L'os

Ici, les deux brosses à dents déjà montrées en début de ce sujet, l’une est craquelée, l’autre a gardé son aspect lisse.

La corne

Pas de photo, mais quelques morceaux de tuyau de pipe ont été observés dans les labours.



Cordialement,

Régis R.

Bonjour "Mac" Sylvain,

Effectivement, il manque l'échelle, ce sera l'occasion de refaire ces photos avec une meilleure définition que celle du téléphone portable.

Pour présenter les objets avec, à côté, des exemplaires en bon état, il faut en avoir, et pour ma part je ne collectionne pas. par contre je pourrais tenter d'ajouter une illustration d'époque.

Et concernant les ossements, il n'y a malheureusement sur le terrain pas que des restes de cuisine : autour du fort de Vaux, fin 1970, il y avait encore des os éparpillés à même le sol. Plus récemment, j'en ai observé sur un sommet des Vosges, mais aussi sur une pente du Chemin des Dames...


A consulter, sur la corrosion et la conservation, les fiches à destination des collections, sur le site du gouvernement canadien :
https://www.canada.ca/fr/institut-conse ... bjets.html

Cordialement,

Régis R.