par rapport à l'endurance:bien sûr qu'ils étaient plus durs au mal que nous actuellement
mais était-ce parce qu'ils étaient réellement plus forts physiquement?
ou parce qu'il ne fallait pas se plaindre,que c'était la mentalité de l'époque?
pour parler de la douleur par exemple:à l'époque elle faisait partie de la vie tout simplement,on était sur terre "pour souffrir"
de nos jours,cette vision des choses est inconcevable,d'ailleurs on n'accepte plus de souffrir sans être calmé,c'est normal,la douleur,une fois son rôle d'alerte rempli,ne sert plus à rien.
Je pense de toute façon que cette guerre même a provoqué une rupture dans la perception de la souffrance, voire de l'effort, dans nos sociétés. La société de 1939, par exemple, n'est plus prête aux mêmes "efforts" que celle de 1914 (et on le lui a reproché !), mais ce sont les hommes même de 1914 qui, en 1919 ne sont plus prêts à ce qu'ils ont accompli cinq ans plus tôt, et la société avec elle.
A cause du caractère totalement inutile d'une grande partie de ces souffrances : celles infligées par les carences matérielles de l'armée, de sa doctrine; les tranchées qu'on ne devait aménager que sommairement, les Allemands qu'on laissait creuser à loisir (cf Genevoix : "Défense de tirer, Pannechon"...), les offensives perdues d'avance car mal préparées pour X raisons.
A cause de l'ampleur de ces souffrances, évidemment.
La conclusion figure dans la fin de la chanson de Craonne et ce fameux leitmotiv : "les gros ne nous auront plus".
L'homme occidental vient d'expérimenter le fait qu'on peut lui demander "plus qu'on ne peut demander à des hommes" et lui faire vivre l'enfer
souvent pour rien.
Dès lors, en France au moins, il n'aura plus confiance en ceux qui exigeront de lui d'autres efforts et d'autres souffrances pour un but nébuleux ou des moyens vaseux. Chat échaudé, n'est-ce pas...
Quand on juge les sociétés ultérieures, et jusqu'à la nôtre, dans sa capacité à accepter quelque chose de dur, on la compare parfois à ce dont les Poilus ont été capables : "on ferait plus ça de nos jours !" Mais n'est-ce pas précisément là que cette capacité va être brisée, brûlée par les deux bouts, dilapidée en quatre malheureuses années ? N'y a-t-il pas toujours au fond de notre conscience la chanson de Craonne et la peur que les gros "nous aient" encore, en quelque sorte ?
Voilà, la bascule entre "eux" et "de nos jours", à mon avis elle est précisément dans ce conflit.
Sinon, (quelle tartine ! oups) je vais plussoyer Bourguignon : tant qu'il y a des gens de ce siècle pour chercher les traces de leurs aïeux dans les tranchées, la mémoire de la PGM n'est pas près de se perdre. Les médias nous livrent de brèves interviews d'historiens qui sacrifient complaisamment à la règle : "faire simple, caricaturer pour la masse stupide et inculte". De toute façon, ce n'est pas en une minute quarante-sept secondes, ça tourne coco ! qu'ils vont avoir le loisir de faire mieux. Par contre, lorsqu'on apprend à un quidam lambda l'existence de MDH, généralement dans les vingt minutes il dégote la fiche de son arrière-grand-père ou de son grand-oncle et là, tout à coup il veut en savoir plus... et moins prompt à conclure "peuh, ces moutons en pantalon rouge qui allaient se faire tuer pour rien".