Re: GŒBEN — Croiseur de bataille allemand.
Publié : mar. oct. 29, 2013 9:27 am
Bonjour,
Un point important, rarement évoqué: les allemands savaient très bien que les batteries de côte de Bône et Philippeville n'étaient plus occupées par des batteries actives du 6e Groupe d'Artillerie à Pied d'Afrique.
En effet, en exécution des lois de 1913 et des décrets du 18 mars 1913 et du 4 février 1914 portant réorganisation de l'artillerie afin de permettre de créer des disponibilités pour former des batterie d'artillerie lourde de campagne, des batteries d'artillerie à pied sont dissoutes dont plusieurs batteries de côte d'Algérie.
Bien entendu, ces lois et décrets sont publiés au journal officiel et dans la presse spécialisée.Nul besoin d'espionnage pour connaître que, à compter du printemps 1914, les batteries de côte de Philippeville et de Bône sont uniquement "gardiennées" par un gardien de batterie et un piquet d'artilleurs pour surveiller les installations.Les allemands savent donc très bien que ces batteries ne seront armées qu'à la mobilisation, soit, au mieux, 3 ou 4 jours après la déclaration de guerre.
L'amiral Souchon croit donc faire une simple "promenade militaire" et pouvoir tirer sur des ports complètement désarmés.Bien entendu, les ouvrages allemands sont muets sur ce point.
Le hasard a voulu qu'un officier de réserve entreprenant, le lieutenant Cardot, avocat à Sétif, est venu immédiatement à son poste de mobilisation de la batterie El Kantara et fait réarmer les pièces dès l'arrivée des réservistes résidant sur place.Les pièces sont prêtes à tirer le 3 août 1914, avec des munitions sorties des soutes.Le lieutenant Cardot voulait régler son télémètre dans l'après-midi mais le major de garnison l'appelle pour une mission très secondaire et le lieutenant remet le réglage du délicat télémètre au lendemain...
Toutefois, le 4 août, avec quelques artilleurs seulement, il peut riposter à l'estime avec deux pièces seulement, les trois premiers coups de 19 cm sont courts mais le quatrième est à raser la poupe du "Goeben".
Dès le premier coup tiré, le "Goeben", embossé pour tirer tranquillement avec son artillerie secondaire sur la ville de Philippeville, appareille à grande vitesse et s'éloigne rapidement, tant les marins, depuis Nelson, connaissent le danger des tirs de l'artillerie de côte, même avec des matériels anciens.
A la distance où était le "Goeben", un tir réglé par télémètre avait de bonnes probabilités d'atteinte dès les premiers coups...et un obus "P" de 19cm, à forte capacité d'explosif et à trajectoire sous-marine, était fort capable de créer une avarie sérieuse au bâtiment et même de le ralentir de quelques noeuds..
On ne refait pas l'histoire, mais cet épisode est intéressant car quelques heures plus tard c'est par sa seule vitesse que le "Goeben" échappera aux croiseurs de bataille anglais et réussira à se réfugier à Constantinople avec les conséquences dramatiques que l'on connaît.
Cordialement,
Guy François.
Un point important, rarement évoqué: les allemands savaient très bien que les batteries de côte de Bône et Philippeville n'étaient plus occupées par des batteries actives du 6e Groupe d'Artillerie à Pied d'Afrique.
En effet, en exécution des lois de 1913 et des décrets du 18 mars 1913 et du 4 février 1914 portant réorganisation de l'artillerie afin de permettre de créer des disponibilités pour former des batterie d'artillerie lourde de campagne, des batteries d'artillerie à pied sont dissoutes dont plusieurs batteries de côte d'Algérie.
Bien entendu, ces lois et décrets sont publiés au journal officiel et dans la presse spécialisée.Nul besoin d'espionnage pour connaître que, à compter du printemps 1914, les batteries de côte de Philippeville et de Bône sont uniquement "gardiennées" par un gardien de batterie et un piquet d'artilleurs pour surveiller les installations.Les allemands savent donc très bien que ces batteries ne seront armées qu'à la mobilisation, soit, au mieux, 3 ou 4 jours après la déclaration de guerre.
L'amiral Souchon croit donc faire une simple "promenade militaire" et pouvoir tirer sur des ports complètement désarmés.Bien entendu, les ouvrages allemands sont muets sur ce point.
Le hasard a voulu qu'un officier de réserve entreprenant, le lieutenant Cardot, avocat à Sétif, est venu immédiatement à son poste de mobilisation de la batterie El Kantara et fait réarmer les pièces dès l'arrivée des réservistes résidant sur place.Les pièces sont prêtes à tirer le 3 août 1914, avec des munitions sorties des soutes.Le lieutenant Cardot voulait régler son télémètre dans l'après-midi mais le major de garnison l'appelle pour une mission très secondaire et le lieutenant remet le réglage du délicat télémètre au lendemain...
Toutefois, le 4 août, avec quelques artilleurs seulement, il peut riposter à l'estime avec deux pièces seulement, les trois premiers coups de 19 cm sont courts mais le quatrième est à raser la poupe du "Goeben".
Dès le premier coup tiré, le "Goeben", embossé pour tirer tranquillement avec son artillerie secondaire sur la ville de Philippeville, appareille à grande vitesse et s'éloigne rapidement, tant les marins, depuis Nelson, connaissent le danger des tirs de l'artillerie de côte, même avec des matériels anciens.
A la distance où était le "Goeben", un tir réglé par télémètre avait de bonnes probabilités d'atteinte dès les premiers coups...et un obus "P" de 19cm, à forte capacité d'explosif et à trajectoire sous-marine, était fort capable de créer une avarie sérieuse au bâtiment et même de le ralentir de quelques noeuds..
On ne refait pas l'histoire, mais cet épisode est intéressant car quelques heures plus tard c'est par sa seule vitesse que le "Goeben" échappera aux croiseurs de bataille anglais et réussira à se réfugier à Constantinople avec les conséquences dramatiques que l'on connaît.
Cordialement,
Guy François.