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Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mar. sept. 14, 2010 11:15 pm
par LABARBE Bernard
Bonsoir,
Concernant les permissions: Un traitement particulier pour les corses me parait peu probable. Imagine-t-on dans un régiment des continentaux demandant à un corse pourquoi il ne part pas comme eux et s'entendant répondre "perchè so corsu !". Allons donc ! Il y a cependant du vrai dans cette réponse, c'est l'insularité... Les délais de route aller-retour (ce temps faisant partie de la durée de permission jusqu'en juin ou juillet 17 je crois, "réforme Pétain" entre autres suites mutineries), les liaisons maritimes que l'on devine, bref tout pour décourager de partir. Il serait intéressant de lire des récits de ces voyages que certains ont du effectuer (carnet de route) avant 1917...
On pourrait étendre le sujet "éloignement" aux combattants des DOM-TOM, quant à ceux des colonies alors là !... Des compensations étaient-elles données, et sous quelle forme ? A la fin de la guerre jours de permissions non pris, pour ceux qui arrivaient à la fin ? Ou permissions à l'arrière du front mais dans quelles conditions de vie ?
Cette histoire de permission une fois par an, ne serait-ce pas un cumul accordé de manière à ce que, compte tenu du voyage, elle puisse être vraiment une permission, une bonne semaine passé en famille ?
Bonasera,
Bernard

Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mer. sept. 15, 2010 12:55 am
par Stephan @gosto
Bonsoir,

Un peu de texte officiel, histoire de discuter à partir de quelque chose de concret :

Extraits de la circulaire ministérielle n° 3056 k du 15 mars 1915 :

[...]

II. Permissions

A. Zone des Armées.

Aucune permission de peut être accordée dans la zone des armées, sauf dans des cas très exceptionnels, sur lesquels le Général commandant en chef se réserve de statuer.

B. Zone de l'Intérieur.

a. Permissions de 24 heures [...].
b. Permissions exceptionnelles [...]
c. Permissions d'une semaine accordées aux militaires évacués du front pour blessure ou maladie à leur sortie des hôpitaux-dépôts de convalescents [...] avant qu'ils ne rejoignent le dépôt de leur corps. [...].

III. Localités où peuvent être passés les congés de convalescence et les permissions

[...] C. Les permissions d'une semaine après blessure ou maladie et les congés de convalescence peuvent être accordés à destination de la Corse et de l'Algérie-Tunisie (1).

[...] La présente circulaire devra être portée à la connaissance de tous les commandants d'armées, de tous les commandants de dépôts et de tous les médecins-chefs des formations sanitaires.

A. MILLERAND

(1) Pour les militaires qui vont passer leur permission en Corse ou en Algérie-Tunisie, la semaine comptera du jour exclu du débarquement en Corse ou Afrique du Nord au jour exclu du rembarquement.


Bonne soirée.

Stéphan

Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mer. sept. 15, 2010 9:53 am
par bebooz
je me permet de preciser les dates de perm mentionnées dans le carnet(uniquement parce que si le chtimiste met le carnet en ligne en coupant dans le texte,ma position pourrait etre peu credible si je vous dit qu'il part en perm justement pendant ces coupes)
j'en ai trouvé deux,il me semblait qu'il y en avait plus mais les autres moments de "detente"mentionnés ne sont pas expressemment cités comme "permission" et donc non retenus....cela ne contredit pas mon argumentation c'est toujours plus que une.

du 30janvier 1918 pour 15 jours
du 13 septembre au...26 novembre(celle ci est tres longue c'en est meme surprenant meme si la guerre est finie ,mon GP n'a pas de pb en rentrant , la perm est donc "reguliere".)

d'autre part il est mentionné:"je songe a demander une permission,je pourrait l'avoir sous peu"...visiblement cela n'est pas fait dans la periode proche de l'ecriture du texte,est ce qu'il change d'avis? ce n'est pas precisé.en tout cas cela tend a confirmer que cela n'est pas impossible d'en avoir une,et que vu que c'est situé apres la 1ere perm ,cela refute la theorie selon laquelle les corses n'aurait qu'une perm par an sur la fin de la guerre.

je reviens un peu sur les sources qui ont permis d'echafauder cette these,et j'aimerai savoir si l'affirmation est basée uniquement sur des temoignages ou sur un ou plusieurs documents type:relevé des perm ou carnet de guerre de soldat "corse".est ce que la generalisation de l'affirmation qui semble avoir eté un peu rapide est reellement prouvée dans un ou plusieurs cas precis,peut etre au sein du 173eme? car mon gp en 1918 n'est plus au 173eme.
@+

Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mer. sept. 15, 2010 10:12 am
par LABARBE Bernard
Bonjour tout le monde,

Merci Stephan pour ce texte !
Les délais de route sont donc exclus pour la Corse, et ce dès 1915. Mais permissions tout court ou suites blessures - maladie seulement comme indiqué en III. C. ?

Cordialement,
Bernard

Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mer. sept. 15, 2010 10:42 am
par Stephan @gosto
Bonjour Bernard,

Il faut bien séparer, sur cette question, la zone des armées et la zone de l'intérieur. Avant l'été 15 (et cette circulaire date de mars 1915), aucune permission (tout court) signée dans la zone des armées, à l'exception... des exceptions, comme précisé plus haut. Les seules permes autorisées - et dont la nature est rappelée dans mon précédent message - sont signées dans la zone de l'intérieur.

Lorsque l'on instaurera les permes (tout court) dans la zone des armées (donc durant l'été 15), il y a fort à parier que les modalités concernant les trajets resteront très semblables à celles énoncées par la circulaire 3056 k. A vérifier tout de même...

Néanmoins, et comme tu le soulignais, je vois mal les quelques corses du 74e R.I. regarder partir leur petits camarades d'escouade normands, bretons, parisiens, aveyronnais, etc. en perme et en être eux-mêmes "exclus"... D'ailleurs, si tel en avait été le cas, je pense que la presse locale s'en serait très largement fait l'écho, et à juste titre d'ailleurs...

Pour le coup, ceux qui ont vraiment morflés au niveau perme, ce sont les soldats originaires des territoires occupés...

Bonne journée.

Stéphan

Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mer. sept. 15, 2010 11:15 am
par Gilles ROLAND
Bonjour,
je me permet de preciser les dates de perm mentionnées dans le carnet(uniquement parce que si le chtimiste met le carnet en ligne en coupant dans le texte,ma position pourrait etre peu credible si je vous dit qu'il part en perm justement pendant ces coupes)
Vous auriez pu mettre, vous-même, le carnet en ligne sous cette rubrique

Pages vécues : récits & témoignages
Civils | Combattants


pages1418/Pagesvecuesrecitstemoignages/ ... ujet-1.htm

Cordialement

Gilles [:gilles roland]

Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mer. sept. 15, 2010 12:07 pm
par claude gian
1° (On pourrait étendre le sujet "éloignement" aux combattants des DOM-TOM, quant à ceux des colonies alors là !"
Attention aux anachronismes /En 1914 il n'y a pas de TOM DOM qui ne sont crées qu'en 1946.
En ce qui concerne les "combattants des colonies" il faut distinguer l
a)es soldats d'origine euuropéene qui sont peu nombreux car la Colonisation française n'est pas une colonie de peuplement.Les europeen qui vivent aux colonies sont souvent des cadres de l'administration dont certains ont ete mobilisés comme OR ou SOR et envoyes sur le front mais dont beaucoup restent sur place pour continuer a assurer la présence française ety pouvoir à l'effort de guerre ( production et expedition des ressources naturelles et denrées coloniales ) et a partir du moment ou elle est instaurée ,( 1917 si mes souvenirs sont exacts) assurer le succes de la conscription notament en Afrique Noire.
b) les "Indigénes" .On oublie trop souvent de rappeller que les troupes indigènes ont passé les periodes d'hiver 'au soleil du midi" ( Frejus ,devenu_ grace a Gallieni la "capiytale de la Colo) Ce ne sont pas a proprement parler des permissions mais , pendant les sejours dans les camps ou seule l'instruction militaire etait maintenue la disciplineplus lache et l'accueil de la population rendait ces sejour stres supportables, même en tenant compte de l'éloignement des familles et limitait les risque d'etre tues.

3) Seule la situation des "pieds Noirs " d'Algerie et des Français de Tunisie ( peu nombreux) me paraît comparable a celle des Corses et un participant au forum pourrait eventuellement apporter des lumières sur ce point.
les "spécialistes" des transports maritimes pourraient aussi apporter leurs lumières a cet aspect.La pénurie de bateaux assurant la continuté des liaisons avec la Corse etl'AFN et la guerre navale etant un probleme qui explique en partie le probleme du régime des permissions particulier. ' bateaux affectes aux liaisons Corse Continent dont le célébre Balkan dont le torpillage en 1917 a cause de nombreux morts dont beaucoup de permissionnaires.

Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mer. sept. 15, 2010 12:12 pm
par LABARBE Bernard
Attention aux anachronismes /En 1914 il n'y a pas de TOM DOM qui ne sont crées qu'en 1946. Merci mais je sais ça ! DOM-TOM c'était pour pour faire court...
:jap:

Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mer. sept. 15, 2010 1:02 pm
par monique B
Bonjour à tous,
Merci Stephane pour ce texte officiel (enfin !!) qui va permettre à quelques uns d'actualiser leurs connaissances sur les réalités de cette époque.
Bien cordialement
MoniqueB
A toutes fins utiles, je signale que le Balkan a été coulé en août 1918

Re: Le recrutement des Corses en 1914-1918

Publié : mer. sept. 15, 2010 1:23 pm
par claude gian
"D'ailleurs, si tel en avait été le cas, je pense que la presse locale s'en serait très largement fait l'écho, et à juste titre d'ailleurs... "
Ce n'est pas certain compte tenue de la "tricolorite" de la sociètè Corse de l'époque...
Ce n'est qu'apres la Guerre que le mouvement Corsiste se mets en place et que les premières revendications "nationalistes" se développent , largement inspirées d'ailleurs par les théories wilsonniennes et trouvant une partie de leur fondement dans le sacrifice consenti par les Corses au regard de l'etat d'abandon de la corse par la III République.
Avec la montée de l'irredentisme , pour ne pas fournir d'arguments a la propagnade italienne, les Corses feront une rechute de "tricolorite" dont l(apotheose est marquee par l'inauguratiin en 1938 du monument du Casone a Ajaccio et la visite de Daladier en janvier 39