Lycée Chevalier : commémoration de la Grande Guerre

[chevalier]

22- Le soldat André TILLIEN est né le 30 avril 1891 à Champsecret (Orne). Son père Gustave Tillien et Garraud Elise sont fabricants de chaussons à Champsecret. Quincailler dans son village, il est incorporé le 11 octobre 1912 au 94ème RI. Le 21 mars 1915, il passe au 403ème RI et est tué le 4 juin 1916 à Fleury-devant-Douaumont. Cité à l’ordre du régiment « N’a cessé de donner en toutes circonstance des preuves de bravoure » croix de guerre avec étoile de bronze. Il avait 24 ans. On ne sait pas où il repose.

Texte lu par Guillaume élève de terminale économique et social (ES)
Photo L Letendre

Sources : AD Orne cote R1211 image 831, JMO et historique du 403 RI, historique du 94 RI, le JMO commence en juillet 1915

Commentaires : André Tillien incorporé en 1912 est encore sous les drapeaux en août 1914. Pour quelle raison est-il affecté si loin de sa Normandie? Mystère.
Il participe aux combats de son régiment. Le 94ème RI qui est en garnison à Bar-le-Duc, s’est battu en août 1914 dans les environs de Longwy où il perd 1000 hommes remplacés par un renfort équivalent venu du dépôt, se bat dans les marais de Saint-Gond lors de la bataille de la Marne en septembre 1914. Il repousse les allemands jusqu’à Reims et participe, jusqu’en octobre 1914 à la défense de cette ville.
Ensuite d’octobre à décembre 1914, le régiment est envoyé en Belgique pour défendre Ypres. Les pertes sont sensibles et le régiment reçoit à nouveau des renforts.
Mis au repos bien mérité, le 94 RI est envoyé en Argonne dans le cadre de la réorganisation des secteurs des armées belges, anglaises et françaises.

Le 403 RI est constitué le 21 mars 1915 aux Andelys (Eure) et la 11ème compagnie est formé par des soldats du 94 RI.

Après l’instruction au camp de Mailly, il est envoyé dans la Somme à Bray-sur-Somme. Le 20 août 1915, le régiment part pour le front de Champagne que nous connaissons bien car de nombreux anciens y ont combattu et, pour certains, trouvé la mort, en particulier lors de l’attaque du 25 septembre (commandant Moriceau n° 16).
Le 94 RI reste sur ce front pendant l’hiver 1915 et le printemps 1916. Le 21 mai 1916 il envoyé à Verdun et le 28 prend les tranchées au bois d’Haudromont.
source http://chtimiste.com/
source : JMO
C’est lors des attaques et contre-attaques que le soldat Tillien est tué.

Ce secteur a fait l’objet de plusieurs sujets aux mêmes dates :
pages1418/qui-cherche-quoi/verdun-1916- ... 1672_1.htm
pages1418/qui-cherche-quoi/hommage-bois ... 1696_1.htm
pages1418/qui-cherche-quoi/recherche-se ... 2193_1.htm

Le 20 juin 1916, André Tillien est cité à l’ordre du régiment.

[chevalier]

23- Le soldat Henri LECOCQ est né le 28 juin 1882 à Couterne (Orne). Son père Henri Lecocq est maréchal-ferrant à Couterne et sa mère Marie Leverrier s’occupe du ménage. Comptable à Haleine (Orne) Henri est incorporé le 16 novembre 1903 au 130ème RI, il passe le 21 septembre 1904 à la 4ème section des secrétaires d’état major et de recrutement et est rendu à la vie civile le 18 septembre 1908. Mobilisé le 3 août 1914 au 304ème RI, il est versé au 341ème RI le 1 juin 1916. Il est tué 19 jours plus tard le 19 juin 1916 au Mort-Homme (Meuse), à l’âge de 34 ans. On ne sait pas où il repose.

Texte lu par Marie élève de première scientifique

Sources : AD Orne cote R1145 image 491, JMO 304 RI et 341 RI

Commentaires : Henri Lecocq m’a posé des problèmes de recherche. En effet son nom est mal orthographié (LECOQ) sur la plaque du lycée et sur le discours du président des anciens élèves. La seule chose que je savais c’est qu’il était mort au Mort-Homme. Sur le monument d’Haleine, village que je traverse pour aller au lycée, il y a un LECOQ H donc notre ancien, mais rien sur le site Mémoire des hommes. C’est grâce au site http://www.memorial-genweb.org que je découvre, à Couterne, un LECOQ Henri sur la plaque de l’église et un LECOCQ H sur le monument aux morts. J’ai trouvé notre ancien poilu. Merci donc à Alain de memorial-genweb.

Lecocq a d’abord été affecté au 304 RI, dont j’ai déjà parlé. Ce régiment a été très éprouvé, à Vaux-Marie en septembre 1914 puis dans la région de Troyon (Meuse) où il reste jusqu’à sa dissolution en juin 1916. En effet, suite aux pertes subies par l’armée française, des régiments de réserve à deux bataillons, comme le 304 RI, sont dissous pour constituer le 3ème bataillon d’autres régiments.

Pour le 304 RI, le 1er bataillon part au 203ème RI et le 2ème bataillon au 341ème RI, régiment de réserve du 141 RI (Marseille), donc des normands et des provençaux.

Le 341 RI est immédiatement envoyé au Mort-Homme et est engagé le 7 puis le 17 juin pour reprendre les tranchées allemandes.


Remarque : le mois est faux mais cela correspond parfaitement à la suite du JMO
Les pertes nominatives sont données pour tous les combats sauf pour les journées du 17 au 20 juin, hélas. Il semble que la page précédente ait été rajoutée plus tard, elle est plus bistre que les autres, en juillet peut-être, ce qui expliquerait l'absence de listes nominatives.

[chevalier]

24- Le sergent Edmond COLSON est né le 14 mai 1892 à Domfront. Son père Alexandre Colson est employé au Chemin de Fer de l’Etat et sa mère Mathilde Martin s’occupe du ménage. Mécanicien ajusteur à Alençon, Edmond fait son service au 1er régiment du génie à partir du 9 octobre 1913 puis au 10ème génie compagnie 20/1, le 1 mai 1914. Parti avec la compagnie de troupes de couverture, il est nommé caporal le 20 janvier 1916 et sergent le 16 février 1917. Il est tué lors de la bataille du Chemin des Dames le 13 mai 1917 à Brayes-en-Laonnois (Aisne). Agé de 25 ans, il est cité à l’ordre du régiment le 20 octobre 1915, croix de guerre étoile de bronze. Il repose à la Nécropole Nationale de Soupir 1 (Aisne) tombe 2293.

Texte lu par Lucie élève de terminale scientifique

Sources : AD Orne cote R1216 image 37

Commentaires : du fait de sa spécialité, mécanicien ajusteur, Colson est affecté à un régiment de génie. Je ne vous expliquerai pas toutes les tâches de ces régiments avec leurs spécialités. Je vous laisse le soin de lire ces quelques sujets sur ce forum.
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-genie/ ... ujet-1.htm

Je me sens personnellement concerné : mon GP, serrurier, classe 1906, a été sapeur au 5éme génie car il travaillait aux Chemins de Fer de l’Etat. Il a été au front jusqu’en 1916 avant d’être affecté au dépôt de Rennes pour réparer les wagons qui avaient beaucoup servi !

Edmond, plus jeune n’a pas eu cette « chance ». Affecté dès sa création à la compagnie 20/1 Compagnie d’active – Compagnie divisionnaire : IIe Armée / 20e corps d'armée / 11e division d'infanterie, il participe à toutes les batailles livrées par ce 20e corps d'armée et il est mort un mois après le début de la bataille du Chemin des Dames.

le 19 mai au soir, la compagnie est mise au repos, Edmond est tué ce jour-là.

L’historique du 10ème génie est ici http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63280496/f1.image
Celui de la compagnie 20/1 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... .r=.langFR

photos Michel Chevalier, contributeur de ce forum

[chevalier]

25- Le brigadier Roger GUERRAND est né le 11 janvier 1897 à Serris (Seine-et-Marne). Son père Ernest Guérrand est manouvrier et sa mère Eugénie Cappe sans profession. Charpentier en fer, le 15 juillet 1915, à 18 ans, Roger s’engage pour la durée de la guerre au 4ème régiment d’artillerie. Brigadier le 29 mai 1916, il est muté au 55ème régiment d’artillerie. Evacué deux fois, du 14 octobre au 13 novembre 1916, puis du 16 février au 31 mars 1917, il décède de ses blessures le 22 mai 1917 à l’ambulance 12/8 Salvange (Meuse). Il avait 20 ans.

Texte lu par Titouan élève de seconde.

Sources : AD Seine-et-Marne code R1465 image 348

Commentaires : ce jeune s’engage, en 1915, à 18 ans et choisit l’artillerie. Parmi les 33 anciens du lycée, seul deux sont artilleurs. Il est vrai que le Domfrontais était et est encore une région rurale.
A-t-il combattu avec le 1er RAC, je ne sais pas mais vu la spécialité de cette arme j’en doute car il faut du temps pour former un canonnier. Je me contenterai donc d’évoquer le 55 RAC.


Le 55 RAC est l’artillerie de la 29ème DI et a combattu à Verdun en 1916 et en Argonne en 1917. Je n’ai pas d’autres renseignements car les JMO sont laconiques ou inexistants. Dommage.

Le château de Salvange est à Rarecourt au sud de Clermont-en Argonne et a servi d’ambulance pendant toute la guerre. Si j’ai bien compris les divers sujets et les explications de Michel Pineau, l’ambulance 12/8 était, en 1914, la 12ème du 8 CA mais comme la 29ème DI est du 15 CA elle a changé d’affectation ou est en activité dans le même secteur.
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-servic ... _112_1.htm

[chevalier]

26- Le soldat Octave PERRET est né le 3 avril 1897 à Mayenne(Mayenne). Son père Henri Perret et sa mère Marie Jamelin sont directeurs de la ferme-école de Domfront. Il est incorporé le 7 janvier 1916 au 5ème RI où il fait ses classes. Affecté le 11 novembre 1916 au 36ème RI, il est muté au 233ème RI le 17 août 1917. Blessé le 27 octobre 1917 dans le secteur de Het-Sas (Belgique) il meurt 2 jours plus tard le 29 octobre 1917 à l’hôpital de Roesbrugge (Belgique). Il repose à la Nécropole Nationale Notre-Dame-de-Lorette à Ablain-Saint-Nazaire carré 23 rang 5 tombe 4529.
Texte lu par Marie-Charlotte élève de seconde.

Sources : AD Orne cote R1271 image 63, JMO 36 RI, 5 DI, 233 RI

Commentaires : cette ferme école existe toujours au Sault Gautier en bordure de la forêt domaniale des Andaines.

Le 5ème RI est en garnison à Falaise (Calvados) qui n’est pas très éloigné de Domfront. Le 36ème RI est lui en garnison à Caen et fait partie de la même division 5 DI, que le 5 RI ce qui explique sa mutation.

Si on admet que Perret part au front avec le 36 RI, ce qui correspond à 10 mois au dépôt, il arrive aux Eparges où, d’après le JMO, le secteur est « calme ». En janvier, le régiment est envoyé au repos et fin février deux renforts (140 puis 150 hommes) arrivent au régiment.
Fin mars, début avril le régiment est enlevé par chemin de fer et dirigé vers l’Aisne, sans doute en prévision de l’offensive du Chemin-des-Dames. Le mois d’avril et le début de mai sont consacrés aux manœuvres et à divers travaux sur les routes et agricoles. A la mi-mai, le régiment part, à pied, au sud de Château-Thierry et le 27 mai est enlevé en camions pour Soisson.

C’est ces jours-là, les 28 et 29 mai que se situent les mutineries massives du 36ème RI, tentatives de marcher sur Paris en volant un train en gare de Soisson : Le JMO du régiment est muet mais pas celui de la division. La carte,ci-dessus, des cantonnements montre bien que le 36 RI est proche des lignes de chemin de fer.

Le CRID écrit : «Régiment qui, fin mai, n’était plus monté aux tranchées depuis 6 mois selon un rapport de Maistre (cit. Pedroncini, p. 78) 36 mises en accusations à la suite de la mutinerie du 29-30 mai (13 condamnations à mort, toutes commuées) (Pedroncini, p. 122). Rolland (157-170) : répression beaucoup plus lourde qu’au 129e, pour la troupe comme pour les officiers. Les pistes conduisant vers la population civile ne sont pas crédibles et les officiers ne peuvent pas non plus être tenus responsables (9 sont pourtant rétrogradés). 300 soldats versés dans les troupes coloniales et envoyés dans les colonies. Rolland remarque que toutes les peines sont suspendues dès le mois d’août 1917. »
Sources : http://crid1418.org/doc/bdd_cdd/unites/DI5.html

Notre ancien a-t-il été parmi les mutins actifs, je ne sais pas mais il est muté au 233ème RI en août. Cela est donc probable. Suite à cette mutinerie, le régiment est envoyé dans la région de Roye, jusqu’en août 1917, date à laquelle Perret est muté au 233ème RI.
Le 19 août, le 233 RI reçoit un renfort de 275 hommes (JMO du 233 RI)
Le 233 RI est en Belgique dans la région d’Ypres. Le 19 août, il arrive au corps et le 26 octobre il participe à une offensive et est blessé le lendemain.

[pierreth1]

Bonsoir,
Le travail fait par ces élèves et leurs enseignants est remarquable,
Faire "revivre" ces "anonymes" les replacer dans leur environnement est un travail de mémoire (comme on dit actuellement) formidable et vraiment très interessant à lire
Cordialement
Pierre

[chevalier]

Bonsoir,
je vous remercie pour vos encouragements.

Je tiens à préciser que seule la première partie -jusqu'à Texte lu par - correspond au travail des élèves à partir des fiches MPF, des fiches matricules et de quelques JMO, 104 RI, 304 RI, 32 RIT, 130 RI et 124 RI plus particulièrement car ce sont les régiments d'affectation du Domfrontais. Ces documents ont été mis à leur disposition.
Les commentaires sont un prolongement personnel, car nos heures sont comptées hélas. J'ai été agréablement surpris par l'investissement des lycéens et leur participation le 10 novembre. Cela prouve qu'on peut leur faire confiance pour perpétuer le souvenir des anciens combattants. A nouveau je les en remercie ainsi que le personnel et les collègues qui se sont investis pour la réussite de notre hommage.

Bien cordialement.

Serge RIDARD

[chevalier]

Bonjour,

Grâce au secrétaire actuel de l'Amicale des Anciens Elèves, j'ai pu entrer en contact avec l'un des descendants directs de nos anciens.

Les deux frères Auguste (n° 19) et Georges (n° 7) CHAUVIN sont mariés en 1914.

Auguste a eu un fils Charles et c'est son fils Jean CHAUVIN que nous avons retrouvé. Petit fils et petit neveu des deux frères Morts Pour la France, il nous a communiqué quelques documents que voici :
Auguste Chauvin avant 1914
Céline VIVIEN épouse Chauvin
la médaille militaire étoile de bronze, document signé par le colonel commandant le 104 RI (régiment d'active dont dépend le 32 RIT d'Auguste). Sans doute à titre posthume, je ne l'ai pas trouvé dans le JMO, peut-être après 1918, comme pour DELAUNAY (n°2)
le diplôme attestant sa mort pour la France et donc le fait que son fils, Charles, soit pupille de la Nation.
une locomotive, vraisemblablement à la gare de Domfront avec une charrette tirée par des chevaux. Auguste travaillait pour la compagnie des chemins de fer de l’État qui exploite la ligne qui passe à Domfront.

Photos collection Jean Chauvin

Jean Chauvin précise : "Concernant mon grand-oncle Georges , il a eu 2 enfants : Marguerite et Raymond (attaché scientifique chez " Roche " et qui résidait à Caen). Ce dernier a eu 2 enfants : Catherine (pharmacienne , je crois me souvenir) et Benoist . Mais je n' ai pas leurs coordonnées."

Si par le plus grand des hasards, l'un de vous connaîtrait ces personnes, n'hésitez à nous mettre en relation.

Enfin, le président des Anciens Élèves, lors de son discours de 1919, précise ceci.

La fin du discours, sans commentaires !

D'après les listes de recensement de 1911 que j'ai pu consulter, 5 autres anciens ont des enfants : le commandant Moriceau avait une fille (sa nièce nous a communiqué des documents), Henri Lorel deux filles, Maurice Midy une fille, Louis Thomas un garçon et Alfred Maffret un garçon (nous en reparlerons). Je n'ai pas de certitude pour Albert Moreau (il change souvent de résidence) et pour Maurice Pierre qui travaille à Paris.
Les autres sont soit célibataires soit trop jeunes.

Voilà ce que je peux rajouter. Il reste encore 7 anciens dont je vous narrerai le parcours en 2015, car il me manque quelques documents, en particulier une archive médicale et comme vous le savez c'est long à obtenir.

Je souhaite à toutes et à tous de bonnes fêtes de fin d'année.

Serge RIDARD

[POUDRIERE]

Bonjour Monsieur Ridard.

Euh... Je me demande s'il n'y a pas comme une erreur concernant la photo de la décoration que vous présentez ci-dessus. Sur le document auquel elle est épinglée il est effectivement mentionné "Médaille Militaire", terme que vous reprenez (logiquement) par la suite.

Peut-être mes lunettes sont à changer... car, personnellement, ce n'est pas une Médaille Militaire que je vois mais une croix de guerre. Ai-je tort ?

Bien à vous.

[marcus]

Bonjour,

Peut-être mes lunettes sont à changer... car, personnellement, ce n'est pas une Médaille Militaire que je vois mais une croix de guerre. Ai-je tort ?

Non Poudrière, vous pouvez garder vos lunettes actuelles. Il s'agit bien d'une croix de guerre avec étoile de bronze.
Voici une médaille militaire:


Cordialement,
Marc