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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : mar. nov. 17, 2009 10:14 pm
par glauc85
Et voici celui du service de santé de la 21ème DI. En tout cas, chapeau pour le service médical qui a sacrifié sa liberté pour les blessés.

JMO du service de santé de la 21ème DI, 22 août 1914

A 2 heures du matin, la 21ème Division quitte ses cantonnements, en partant sur Paliseul et Maissin et s'arrête pendant 2 heures à la station de Paliseul. Les formations sanitaires restent jusqu'à nouvel ordre à Bouillon. A 7 heures, le groupe de brancardiers et les 2 ambulances recoivent l'ordre par téléphone de quitter Bouillon, de venir à la station de Paliseul et de s'y arrêter en attenadant des ordres.
La division quitte ce point à 9 heures et se porte sur Maissin par la route Paliseul, moulin de Bergimont, Opont, Our où elle arrive vers midi, Maissin est fortement occupé par l'ennemi. Il devient certain qu'un combat va se livrer autour de ce village.
En cours de route, le médecin-chef à reconnu entre Opont et Our, à Beth, un grand couvent de religieuses et un château voisin dont les bâtiments présentent toutes les conditions requises pour l'installation d'une ambulance.
A 13 heures, par un cycliste, ordre est envoyé aux formations sanitaires de rejoindre la division en suivant le même itinéraire et de venir à Our. A la même heure, le médecin-chef prescrit aux médecins chefs des corps de troupe de diriger tous leurs blessés sur Our et au médecin-chef du 93ème RI (médecin-major de 1ère classe Mataspina) d'y préparer l'installation d'un poste de secours. De son côté, le médecin major du 137ème (médecin major de 1ère classe Raygnaud) organise un poste de secours dans une briqueterie à 800 mètres du nord de Our, en arrière d'un massif boisé traversé par un chemin vicinal reliant Our à Maissin.
Vers 5 heures, les premiers blessés commencent d'arriver à ces 2 postes de secours, peu nombreux d'abord.
Dès l'arrivée des formations sanitaires à Our (vers 18 heures), l'ambulance n°1 (médecin major de 2ème classe Clot) se met en devoir de concourir au pansement des blessés, à la mairie du village et l'ambulance n°2 (médecin major de 2ème classe Mérel) se rend à Beth pour s'y installer en utilisant les bâtiments du couvent et du château. Le groupe de brancardiers divisionnaires (médecin major de 1ère classe Martin Deschamps) utilise tous ses moyens de transport pour relever et transporter les blessés à Beth. De son côté, le bourgmestre du village met 2 ou 3 voitures garnies de paille, les seules dont il peut disposer à la disposition du médecin-chef.
Le combat dont les résultats ne sont pas encore connus ayant cessé vers 18h30, le médecin-chef quitte le général de division pour diriger le service et rentre à Our où la route et les ruelles du village sont déjà encombrées de blessés qui y affluent en grand nombre. Pour déblayer les postes de secours, il organise immédiatement des convois de blessés pouvant marcher pendant quelques kilomètres, les place sous les ordres d'un officier ou d'un sous-officier blessé et, par groupe de 2 ou 30, les dirige sur l'ambulance de Beth pour être ensuite conduits vers l'arrière. Deux médecins de l'ambulance n°1 sont envoyés provisoirement à Beth avec quelques infirmiers pour concourir au service de l'ambulance n°2 dont la tâche sera très rude. En même temps, on transporte à Beth avec les voitures d'ambulances et les voitures fournies par le bourmestre, les blessés couchés et assis.
A 21h30, les postes de secours d'Our sont en grande partie dégagés. Plus de 500 blessés sont déjà rendus à l'ambulance n°2 à Beth et les brancardiers divisionnaires secondés par les brancardiers et médecins de Régiment se mettent en devoir de relever tous les blessés qui ont été groupés dans différents postes de secours, à l'ouest et au nord-ouest de Maissin. Mais plusieurs groupes de médecins et brancardiers sont arrêtés par les coups de feu des patrouilles de cavalerie allemande et ne parviennent à s'échapper qu'en se cachant dans les bois voisins. Ils sont mis ainsi dans l'impossibilité de remplir leur mission.
A 22 heures, le médecin divisionnaire se dispose à quitter Our pour se rendre à Beth afin de se rendre compte des conditions d'installation et de fonctionnement de l'ambulance.
A ce moment, il rencontre dans le village le général de division qui le prévient de se repleir immédiatement. Il y a 500 blessés à Beth et 150 au moins à Our. L'évacuation des blessés devient très difficile. Des troupes de l'artillerie, des convois sillonnent les rues du village dans tous les sens et y rendent la circulation très difficile.
On tente cependant encore d'enlever les blessés qui sont à Our et le médecin-chef se rend à Beth pour faire diriger immédiatement sur l'arrière les blessés pouvant marcher et utiliser tous les moyens de transport dont il dispose pour emmener les blessés le moins gravement atteints.
Il trouve les médecins de l'ambulance n°2 débordés par l'affluence rapide et incessante des blessés, donne des instructions pour rassembler ceux qu'on pourra emmener avec les voitures, faire atteler les voitures de l'ambulance n°2 en laissant au médecin-chef un certain nombre d'objets de pansements, instruments et vivres pour parer aux premiers besoins des blessés, lui ordonne de détruire immédiatement ses archives et se prépare à faire un nouveau voyage à Our pour se rendre compte de la situation et tâcher d'enlever encore des blessés.
Il rencontre alors le médecin-chef des brancardiers (médecin major Martin Deschamps) qui ramène ses voitures et lui rend compte que Our est évacuée par les troupes, que l'ambulance n°1 (médecin major de 2ème classe Cléot) qui s'y trouvait a reçu l'ordre de suivre les troupes en retraite et a laissé un médecin major de 2ème classe (M, Bourguignon) avec les blessés rassemblés à Our et dont le nombre s'est encore augmenté, et que lui-même a dû partir de cette localité.
En présence de cette situation, il faut se résoudre à laisser à Beth l'ambulance n°2 sous la protection de la Convention de Genève. Le médecin-chef de cette ambulance demande instamment à conserver son personnel déjà insuffisant pour donner les premiers soins à plus de 500 blessés dont beaucoup sont très gravement atteints et qui aura, entre autres, la lourde tâche de réunir à ces blessés tous ceux qui sont à Our ou qui restent dans le voisinage sur le terrain de la lutte. C'est au moins 1000 blessés français auxquels il va avoir la lourde tâche de donner les soins.
Après avoir beaucoup hésité, en présence de la somme énorme de travail qui va incomber au médecin-chef de l'ambulance n°2, et du grand nombre de malheureux blessés qu'on ne peut laisser sans secours, le médecin divisionnaire se résoud à lui laisser son personnel mais lui reprend les 2 médecins de l'ambulance n°2 et les infirmiers qu'il avait momentanément mis à sa disposition.
La voiture de chirurgie, à la suite d'un accident qui ne peut être immédiatement réparé et être attelé, doit être laissée sur place. On emmène les attelages. On groupe les blessés pouvant marcher, on fait monter dans les voitures, on place dans les brancards roulants le plus de blessés possible et on arrive ainsi à former un convoi de 220 blessés.
Il est à ce moment 1 heure 30 du matin, toutes les troupes sont parties et la situation est d'autant plus sérieuse que la ligne de retraite de la division n'a pas été indiquée au médecin-chef et que les environs sont déjà parcourus par des patrouilles de cavalerie ennemie. Après avoir fait éteindre toutes les lanternes, interdit de fumer et recommandé de ne faire aucun bruit, le médecin-chef de la division qui a été séparé à Our de ses chevaux et de son ordonnance, se met à pied à la tête du convoi et prend le parti de se porter sur Paliseul et Bouillon en suivant la route qui passe par Opont.
La route qui passe près du village de Porcheresse est devenue impraticable par suite de la prise et de l'incendie de cette localité par les Allemands. On se met en route à 2 heures du matin. Le convoi se compose du groupe des brancardiers divisionnaires des voitures et attelages de l'ambulance n°2 (moins la voiture de chirurgie laissée à Beth) et de 224 blessés.
Nous pouvons arriver sans incident à Paliseul vers 4h30 du matin par la grand'route de Bouillon au moment où passent les dernières voitures de la 22ème Division, De là, le convoi poursuit sa marche sur Bouillon en toute sécurité.
De son côté, l'ambulance n°1 qui était à Our, a quitté cette localité vers 24 heures, emmenant 23 blessés sur les fourgons et a suivi les troupes de la 21ème division se retirant par une autre route.
Tout le personnel des formations sanitaires a fait preuve dans ces circonstances du plus grand dévouement. Nos brancardiers qui ont marché pendant toute la journée du 22 et relevé les blessés jusqu'à 24 heures, ont accompli, sans avoir pris le moindre repas, une nouvelle marche de 20 kilomètres en poussant pendant tout ce long trajet des brancards roulants chargés de blessés.
Aucun d'eux n'est resté en arrière.


Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : ven. nov. 20, 2009 7:15 pm
par los
Bonjour François

Merci pour ces extraits du JMO du service de santé de la 21e DI.
J'ai quelques hommes du 19e RI qui sont décèdes à Our, surement dans l'ambulance n°1.
Amicalement
Sophie :hello:

Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : sam. nov. 21, 2009 2:28 pm
par martine A
Bonjour à tous et toutes,
- glauc85 : vos 2 messages viennent bien expliquer ce qui a dû arriver à mon GP. Bien qu' appartenant au 116ème RI (donc à la 22ème div.), mon GP, E. Jolais, caporal (8ème Cie), a été transporté par un brancardier du 93ème RI (donc de la 21ème div.), F. Michel . Mon GP a été récupéré sur le champ de bataille dans la nuit du 22 au 23 août, blessé à la jambe dans l'aprés-midi du 22 août 1914. Il a été amené dans la cour de l'école d'Our. Le 23 on a commencé à évacuer les blessés vers la France. Malheureusement, son convoi a été arrêté par les Allemands à Opont. Aprés 2,3 jours à l'école d'Opont il a ensuite été soigné à Beth, au château des Abys. Puis, à partir de la gare de Libramont, il a été envoyé en Allemagne le 11 septembre. Pour plus de détails voir mon message du 5/09/09, dans ce forum plus haut, où j'ai retranscrit les pages du carnet de mon grand-père concernant la bataille de Maissin.
Dans votre 1er message du 17/11, dans le JMO, je pense qu'il faut lire Beth à la place de "Belt" et (village d'Abys) à la place de "(village d'abris)" : au hameau de Beth il y a le château des Abys et le couvent des Visitandines qui ont reçu beaucoup de blessés. Les bâtiments existent toujours, j'y suis allée cet été.

Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : sam. nov. 21, 2009 5:03 pm
par glauc85
Bonjour Martine,
au début, j'ai eu un peu de mal à déchiffrer le JMO et j'ai rectifié le tir sur le 2ème en oubliant de le faire sur le 1er.
C'est bien BETH et Abys qu'il faut lire.
Je vais éditer le message.
Cordialement
François

Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : sam. nov. 21, 2009 5:55 pm
par martine A
Voici 2 cartes postales de 1916 du hameau de Beth. Le couvent des Visitandines (appelé aussi pensionnat des Abys) et le château des Abys. Ce sont 2 propriétés différentes.
ImageImage

Cordialement.
Martine

Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : lun. nov. 23, 2009 8:36 pm
par jean-francois
Bonjour à toutes et à tous,

Image

Image issue de "Heldengräber in süd Belgien", photo du cimetière de soldats français au pensionnat "Les Abbayes" (nom donné par les allemands) près de Beth où un hôpital de campagne avait été installé. Photo de 1915.
Pour ceux qui ont le livre c'est à la page 129 photo n°244

:hello: Bonjour de Belgique. :hello:

Jean-François

Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : sam. févr. 13, 2010 6:45 pm
par Popol
Bonsoir à Toutes & Tous,
Bonsoir aux Ami(e)s de Maissin - Anloy,

- Profitant des longues soirées d'hiver, je poursuis mon long travail de traduction!

- Voici le témoignage du lieutenant Bickel de la 4e batterie du 25e FAR (4/25e FAR). Le texte présente encore des imperfections de style et ... il y a quelques demandes de précisions pour nos "experts" ... !

L’ANNEE 1914

MARCHE A L’ENNEMI – COMBAT DE NEUFCHÂTEAU – COMBAT DE LA MEUSE:

« Le 18 août, le jour d’anniversaire de la division hessoise au Bois de la Ensse près de Gravelotte – Saint Privat 1870, la concentration de la IVe armée était terminée ; la marche vers l’ennemi débuta.

Des colonnes à perte de vue ; l’Allemagne est en marche. Un jet (Guss), un désir, une pensée, une envie unique : « sus à l’ennemi ».

Par Mersch, Tintange, Petite Rozières, Sainte-Marie, Libramont, dont la gare détruite nous offrit les premiers signes de la guerre.

Le 22 août dans la matinée, l’avant-garde avait atteint Libin. La pointe reçoit tout à coup le feu. Halte ! Essoufflé tout le monde prête l’oreille. La fusillade fait plus vivement tache d’huile. Quelques patrouilles de Dragons 6 (Ndlr : 6e ULR ?) reviennent et agitent sur leurs pointes de lance des képis rouges. Enfin donc ! L’ennemi est là !

L’infanterie de l’avant-garde prend les formations d’approche, les batteries furent avancées dans des positions rapidement reconnues. La marche à travers la forêt belge épaisse est pénible, souvent on doit se frayer le chemin à l’aide du couteau de service ou de la baïonnette. Le souvenir de la sensation de chevaucher dans le haut blé mûr est pour moi inoubliable.

Finalement, les batteries se trouvent à la lisière de la forêt. Le pays mûr pour la récolte s’étend à nos pieds ; au fond de la vallée, un village avec son clocher : Villance. Des pentes de l’autre côté, presque éloignées de 400m, des chaînes de tirailleurs (Schützenketten ?) montent de la vallée. La distance est trop grande pour pouvoir attaquer efficacement. Quelques groupes de schrapnells disent : « Nous sommes là ». En retenant notre souffle, nous poursuivons les premiers tirs à la jumelle. Des petits points sombres baissent en bas. Changement de position !

Le premier groupe du régiment (I/25e FAR) est déjà devant, le deuxième suit. Rapidement en bas à travers Villance. La 4ème batterie (4/25e FAR) reçoit des tirs du clocher de l’église. La balle siffle en miaulant auprès du canon 1. La gendarmerie de campagne en retira plus tard (du clocher) trois francs-tireurs (!).

En avant ! Le II/25e FAR va en position à l’est de Maissin dans un repli de terrain à l’avant d’une petite statue de la Vierge. Le I/25e FAR se trouve déjà au combat quelque peu plus loin en avant. Le creux (dépression de terrain) se trouve déjà sous le feu. Avec rapidité inquiétante, l’artillerie française arrose le terrain par des tirs imprévus. Elle cherche déjà les batteries se trouvant au combat.

Comme à l’exercice sur le Griesheimer, les batteries vont en position. Les chevaux poussent de près ; les cavaliers de perche (Stangenreiter ?) expérimentés, avec l’éperon et la cuisse, suivent leur chemin précis et retournent les caissons (avant-trains) dans un ordre impeccable. Plus d’un conducteur demande au maréchal des logis de pouvoir rester dans la position ; cela ne se peut pas ; ils sont aussi nécessaires pour la protection des avant-trains.
Chaîne de transmission, le câble téléphonique au lieu B, on peut le lâcher maintenant.
La bataille se trouve devant. Nous nous trouvons devant la porte grondante – elle nous prend.

Difficilement, mais dans un enthousiasme magnifique, nos régiments d’infanterie -excellemment soutenus par leurs batteries fraternelles - vont à la rencontre de l’ennemi dans une puissance de choc inoubliable.

Egalement, plus d’un camarade s’affaisse. L’artillerie française se trouve bien installée dans la forêt à l’ouest de Maissin et semble pouvoir détecter notre position. En mesure, leurs rafales frappent sans cesse nos batteries, hachent et bloquent la route. Quelques avant-trains montaient, des munitions explosent, une équipe entière de desservants est blessée ou tuée à côté de moi. D’autres gens les remplacent. Le sous-officier GONDER veut rester sur place, à regret il doit se rendre au poste de premier secours (Verbandsplatz).

Le combat se poursuit. Autour de Maissin, devant nous, une chaude lutte s’enflamme, le Français, cramponné des deux côtés, est rejeté ; lors du reflux sur la montée vers la forêt, nos batteries trouvent de riches objectifs. Nos schrapnells balayent de larges brèches. 2400 – 2450 – 2500. Nos compagnies escaladent la lisière de la forêt, protégée par une ondulation légère du sol. L’adversaire semble se trouver sur celle-ci. Les premières vagues de tirs sont (plus) hautes, quand le tir meurtrier des mitrailleuses frappe dans ceux-ci (?). Les Français sont couchés dans une position à contre-pente, laissent arriver nos compagnies jusqu’à la distance la plus proche.

Maintenant que les roseaux tiennent, la pénétration doit réussir. La lutte est difficile, chaque pied de terre doit être conquis, cela coûte du sang, le meilleur sang allemand, le sang de Hesse. Au combat depuis tôt le matin, se trouvant en combat difficile dans le soleil incandescent d’août, notre division hessoise a rejeté une supériorité quadruple, preuve incomparable du courage accompli.

La tenue, confinant au sacrifice, de la batterie LENNE (1/25e FAR – Batterie de la garde) mérite d’être soulignée en particulier : elle protégeait le 117e IR, comme batterie la plus avancée de la division, par un tir rapide avec hausse de pointage profonde contre de fortes attaques rapprochées françaises de front et de flanc.

Maintenant vint un moment de prendre l’air, de recueillement. Le jour déclinait. Dans quelques contre-attaques locales désespérées, le Français cherchait en vain à arrêter l’attaque profondément exposée jusqu’à ses positions de batterie.

Maintenant vint un instant, qui restera inoubliable à chaque compagnon d’armes, que nous désirions toujours avec la même joie égale dans les combats suivants non moins difficiles.

Rums, rum—ms ! Notre artillerie lourde du gros était entrée au combat. Les lourds obusiers de campagne et les mortiers de 21cm achevèrent en quelques moments la victoire. La forte position française à la lisière de la forêt était ébranlée, la 25e division (25e ID) tenait fermement la victoire en ses mains.

L’adversaire cédait et ne tint jusqu’au matin suivant qu’avec des arrière-gardes.

La nuit tombait, le combat diminuait également auprès des voisins.

C’était le baptême du feu du régiment, la première victoire, le premier combat violent.

Il avait fait ses preuves brillamment, préparées durant de longues années de travail de paix.

De nombreux bons camarades avaient donné le sang de leur cœur (Herzblut).
Nous nous trouvions près de leurs tombes, les premiers tertres de soldats, dans une émotion profonde.

Dans la matinée du 23 août, la division poursuivit sa marche en avant. Le Français avait évacué sous la protection de la nuit, la bataille de Maissin – Anloy – Neufchâteau était sa première défaite complète.

La poursuite mena vers le Sud. La route de la retraite montrait dans quelle disposition la troupe battue avait reflué ici : des fourgons, des armes et des pièces d’équipement de chaque espèce, des sacs avec des vêtements civils se trouvaient dans un désordre bigarré depuis des heures sur la route. Ici et là, toutes les colonnes devaient avoir jeté son chargement pour pouvoir marcher plus vite.

La route conduisait par la cote 429 boisée au sud de Maissin. Nous trouvâmes ici de nombreuses positions de laquelle l’artillerie française avait tiré la veille ; elles offraient une observation excellente vers nos positions et étaient même cachées habilement dans des découverts isolés de la forêt. Une sablière/marnière située alors là non loin de la route faisait remarquer, d’après les piles visibles de munitions, que trois batteries doivent s’être trouvées dans cet espace le plus restreint et ont tiré avec des différents fronts ( Ndlr : quel RAC ?).

Peu après au nord de Sart, attaque soudaine sur la route menant par la futaie. La batterie von CONSBRUCH (3/25e FAR) et la première section (Zug) (BICKEL) (4/25e FAR) de la batterie von BRITZKE détellent et viennent se mettre en action dans un petit découvert de forêt (Waldblösse) contre une forte patrouille d’officiers français (RI ?), qui fut vaincue après un court combat. Un officier, un sous-officier, quelque trente hommes sont prisonniers ou tués.

Cette action indépendante nous rapporta malheureusement une réprimande du commandant de la division qui s’approcha en hâte, et qui fut seulement adoucie lorsqu’il put s’assurer après du succès.

Une halte de marche à Sart ; faire bouillir (l’eau : abkochen) pendant que l’infanterie avait déjà mangé depuis longtemps grâce à ses cuisines roulantes et se reposait (Ndlr : la cavalerie allemande se plaint également de l’absence de cuisines roulantes dans leur régiment).

21h15 : marche de nuit vers Bertrix, là repos. En fin d’après-midi, un court tir de surprise par des Français dispersés, auquel participaient également des personnes civiles ou des soldats français portant des habits civils. (Beaucoup de soldats français portaient alors dans leur sac des habits civils) (Ndlr : est-ce vrai et pourquoi ?).

Le 24 août au soir : marche de nuit à travers les Ardennes.
Cette marche devint l’un des plus grand accomplissement de marche pour l’homme et le cheval qu’exigeait l’offensive. Depuis le début du combat de Maissin sans repos de nuit, seulement avec de courtes grand-haltes essoufflées derrière l’adversaire, l’aptitude à l’action de la troupe était tendue à l’extrême. On apprit à dormir sur les chevaux. Pendant les fréquents arrêts de la marche, hommes et chevaux se couchaient dans la poussière à même sur la route, pour se reposer quelques minutes.

La forêt s’étire sans fin dans l’obscurité profonde de la nuit, de temps en temps de petites patrouilles de cavalerie, un village ardennais en feu : Herbeumont. Justement ici un combat de rue avait eu lieu. Le chemin menait à travers des files de maisons en feu. Des munitions françaises de fusil brûlent en pétaradant, qui doivent se trouver dans les maisons (?). La frontière française fut franchie à Muno dans les premières lueurs de l’aube.

25 août : combat de Bure qui offre le jour suivant le passage sur la Chiers à Pouru, Saint-Rémy-Brevilly ».

(…)

BICKEL, capitaine a. D., alors lieutenant à la 4/25e FAR.

- Bonne lecture et une bonne soirée (fort froide ...) de Bruxelles !





Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : sam. févr. 13, 2010 8:57 pm
par terrasson
Bonsoir a tous bonsoir Paul
merci pour votre message et la suite de ces combats vus du coté allemand
cordialement
christian terrasson
adischats

Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : dim. févr. 14, 2010 8:47 pm
par los
Bonjour à toutes et tous
Bonjour Paul

Grand merci pour ce nouveau témoignage que je vais lire et étudier à tête reposée.
Et merci aussi pour le phénoménal travail de traduction que vous effectuez.

Amicalement
Sophie :hello:

Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Publié : dim. févr. 14, 2010 9:53 pm
par RIO Jean-Yves
Bonsoir Paul

Merci pour cette nouvelle traduction même si ce n'est pas parfois une sinécure. Quel courage !

Quelques rapides commentaires :
"L’artillerie française se trouve bien installée dans la forêt à l’ouest de Maissin et semble pouvoir détecter notre position" : il pourrait s'agir du 51e RAC dont l'une de batterie fut particulièrement efficace.

"La route conduisait par la cote 429 boisée au sud de Maissin. Nous trouvâmes ici de nombreuses positions de laquelle l’artillerie française avait tiré la veille ; elles offraient une observation excellente vers nos positions et étaient même cachées habilement dans des découverts isolés de la forêt. Une sablière/marnière située alors là non loin de la route faisait remarquer, d’après les piles visibles de munitions, que trois batteries doivent s’être trouvées dans cet espace le plus restreint et ont tiré avec des différents fronts"

Ndlr : quel RAC ? : sans hésiter le 35e RAC.

La Sablière/Marnière pourrait être le "Trou du Sable" situé au sortir de MAISSIN sur la route de PALISEUL et en bas de Bellevue ; les 3 batteries les plus proches étant celles du Groupe LHOSTE (7e GALLOTI ; 8e DE LAGARDE DE MONTLEZUN et 9e) . C'est aussi dans ce secteur que fut retrouvé il y a "quelques" années tout un stock d'obus Français par un agriculteur .
Par contre le "découvert" dans la foret évoque plus l'emplacement de la Batterie PARMENTIER (la 6e) effectivement isolé dans le Bois sous Haumont .

Quant à sa conclusion que ce fut une défaite Française : Humm !!! je ne suis pas tout à fait du même avis.
Bien amicalement :hello:
Jean-Yves