Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : mar. nov. 17, 2009 10:14 pm
Et voici celui du service de santé de la 21ème DI. En tout cas, chapeau pour le service médical qui a sacrifié sa liberté pour les blessés.
JMO du service de santé de la 21ème DI, 22 août 1914
A 2 heures du matin, la 21ème Division quitte ses cantonnements, en partant sur Paliseul et Maissin et s'arrête pendant 2 heures à la station de Paliseul. Les formations sanitaires restent jusqu'à nouvel ordre à Bouillon. A 7 heures, le groupe de brancardiers et les 2 ambulances recoivent l'ordre par téléphone de quitter Bouillon, de venir à la station de Paliseul et de s'y arrêter en attenadant des ordres.
La division quitte ce point à 9 heures et se porte sur Maissin par la route Paliseul, moulin de Bergimont, Opont, Our où elle arrive vers midi, Maissin est fortement occupé par l'ennemi. Il devient certain qu'un combat va se livrer autour de ce village.
En cours de route, le médecin-chef à reconnu entre Opont et Our, à Beth, un grand couvent de religieuses et un château voisin dont les bâtiments présentent toutes les conditions requises pour l'installation d'une ambulance.
A 13 heures, par un cycliste, ordre est envoyé aux formations sanitaires de rejoindre la division en suivant le même itinéraire et de venir à Our. A la même heure, le médecin-chef prescrit aux médecins chefs des corps de troupe de diriger tous leurs blessés sur Our et au médecin-chef du 93ème RI (médecin-major de 1ère classe Mataspina) d'y préparer l'installation d'un poste de secours. De son côté, le médecin major du 137ème (médecin major de 1ère classe Raygnaud) organise un poste de secours dans une briqueterie à 800 mètres du nord de Our, en arrière d'un massif boisé traversé par un chemin vicinal reliant Our à Maissin.
Vers 5 heures, les premiers blessés commencent d'arriver à ces 2 postes de secours, peu nombreux d'abord.
Dès l'arrivée des formations sanitaires à Our (vers 18 heures), l'ambulance n°1 (médecin major de 2ème classe Clot) se met en devoir de concourir au pansement des blessés, à la mairie du village et l'ambulance n°2 (médecin major de 2ème classe Mérel) se rend à Beth pour s'y installer en utilisant les bâtiments du couvent et du château. Le groupe de brancardiers divisionnaires (médecin major de 1ère classe Martin Deschamps) utilise tous ses moyens de transport pour relever et transporter les blessés à Beth. De son côté, le bourgmestre du village met 2 ou 3 voitures garnies de paille, les seules dont il peut disposer à la disposition du médecin-chef.
Le combat dont les résultats ne sont pas encore connus ayant cessé vers 18h30, le médecin-chef quitte le général de division pour diriger le service et rentre à Our où la route et les ruelles du village sont déjà encombrées de blessés qui y affluent en grand nombre. Pour déblayer les postes de secours, il organise immédiatement des convois de blessés pouvant marcher pendant quelques kilomètres, les place sous les ordres d'un officier ou d'un sous-officier blessé et, par groupe de 2 ou 30, les dirige sur l'ambulance de Beth pour être ensuite conduits vers l'arrière. Deux médecins de l'ambulance n°1 sont envoyés provisoirement à Beth avec quelques infirmiers pour concourir au service de l'ambulance n°2 dont la tâche sera très rude. En même temps, on transporte à Beth avec les voitures d'ambulances et les voitures fournies par le bourmestre, les blessés couchés et assis.
A 21h30, les postes de secours d'Our sont en grande partie dégagés. Plus de 500 blessés sont déjà rendus à l'ambulance n°2 à Beth et les brancardiers divisionnaires secondés par les brancardiers et médecins de Régiment se mettent en devoir de relever tous les blessés qui ont été groupés dans différents postes de secours, à l'ouest et au nord-ouest de Maissin. Mais plusieurs groupes de médecins et brancardiers sont arrêtés par les coups de feu des patrouilles de cavalerie allemande et ne parviennent à s'échapper qu'en se cachant dans les bois voisins. Ils sont mis ainsi dans l'impossibilité de remplir leur mission.
A 22 heures, le médecin divisionnaire se dispose à quitter Our pour se rendre à Beth afin de se rendre compte des conditions d'installation et de fonctionnement de l'ambulance.
A ce moment, il rencontre dans le village le général de division qui le prévient de se repleir immédiatement. Il y a 500 blessés à Beth et 150 au moins à Our. L'évacuation des blessés devient très difficile. Des troupes de l'artillerie, des convois sillonnent les rues du village dans tous les sens et y rendent la circulation très difficile.
On tente cependant encore d'enlever les blessés qui sont à Our et le médecin-chef se rend à Beth pour faire diriger immédiatement sur l'arrière les blessés pouvant marcher et utiliser tous les moyens de transport dont il dispose pour emmener les blessés le moins gravement atteints.
Il trouve les médecins de l'ambulance n°2 débordés par l'affluence rapide et incessante des blessés, donne des instructions pour rassembler ceux qu'on pourra emmener avec les voitures, faire atteler les voitures de l'ambulance n°2 en laissant au médecin-chef un certain nombre d'objets de pansements, instruments et vivres pour parer aux premiers besoins des blessés, lui ordonne de détruire immédiatement ses archives et se prépare à faire un nouveau voyage à Our pour se rendre compte de la situation et tâcher d'enlever encore des blessés.
Il rencontre alors le médecin-chef des brancardiers (médecin major Martin Deschamps) qui ramène ses voitures et lui rend compte que Our est évacuée par les troupes, que l'ambulance n°1 (médecin major de 2ème classe Cléot) qui s'y trouvait a reçu l'ordre de suivre les troupes en retraite et a laissé un médecin major de 2ème classe (M, Bourguignon) avec les blessés rassemblés à Our et dont le nombre s'est encore augmenté, et que lui-même a dû partir de cette localité.
En présence de cette situation, il faut se résoudre à laisser à Beth l'ambulance n°2 sous la protection de la Convention de Genève. Le médecin-chef de cette ambulance demande instamment à conserver son personnel déjà insuffisant pour donner les premiers soins à plus de 500 blessés dont beaucoup sont très gravement atteints et qui aura, entre autres, la lourde tâche de réunir à ces blessés tous ceux qui sont à Our ou qui restent dans le voisinage sur le terrain de la lutte. C'est au moins 1000 blessés français auxquels il va avoir la lourde tâche de donner les soins.
Après avoir beaucoup hésité, en présence de la somme énorme de travail qui va incomber au médecin-chef de l'ambulance n°2, et du grand nombre de malheureux blessés qu'on ne peut laisser sans secours, le médecin divisionnaire se résoud à lui laisser son personnel mais lui reprend les 2 médecins de l'ambulance n°2 et les infirmiers qu'il avait momentanément mis à sa disposition.
La voiture de chirurgie, à la suite d'un accident qui ne peut être immédiatement réparé et être attelé, doit être laissée sur place. On emmène les attelages. On groupe les blessés pouvant marcher, on fait monter dans les voitures, on place dans les brancards roulants le plus de blessés possible et on arrive ainsi à former un convoi de 220 blessés.
Il est à ce moment 1 heure 30 du matin, toutes les troupes sont parties et la situation est d'autant plus sérieuse que la ligne de retraite de la division n'a pas été indiquée au médecin-chef et que les environs sont déjà parcourus par des patrouilles de cavalerie ennemie. Après avoir fait éteindre toutes les lanternes, interdit de fumer et recommandé de ne faire aucun bruit, le médecin-chef de la division qui a été séparé à Our de ses chevaux et de son ordonnance, se met à pied à la tête du convoi et prend le parti de se porter sur Paliseul et Bouillon en suivant la route qui passe par Opont.
La route qui passe près du village de Porcheresse est devenue impraticable par suite de la prise et de l'incendie de cette localité par les Allemands. On se met en route à 2 heures du matin. Le convoi se compose du groupe des brancardiers divisionnaires des voitures et attelages de l'ambulance n°2 (moins la voiture de chirurgie laissée à Beth) et de 224 blessés.
Nous pouvons arriver sans incident à Paliseul vers 4h30 du matin par la grand'route de Bouillon au moment où passent les dernières voitures de la 22ème Division, De là, le convoi poursuit sa marche sur Bouillon en toute sécurité.
De son côté, l'ambulance n°1 qui était à Our, a quitté cette localité vers 24 heures, emmenant 23 blessés sur les fourgons et a suivi les troupes de la 21ème division se retirant par une autre route.
Tout le personnel des formations sanitaires a fait preuve dans ces circonstances du plus grand dévouement. Nos brancardiers qui ont marché pendant toute la journée du 22 et relevé les blessés jusqu'à 24 heures, ont accompli, sans avoir pris le moindre repas, une nouvelle marche de 20 kilomètres en poussant pendant tout ce long trajet des brancards roulants chargés de blessés.
Aucun d'eux n'est resté en arrière.
JMO du service de santé de la 21ème DI, 22 août 1914
A 2 heures du matin, la 21ème Division quitte ses cantonnements, en partant sur Paliseul et Maissin et s'arrête pendant 2 heures à la station de Paliseul. Les formations sanitaires restent jusqu'à nouvel ordre à Bouillon. A 7 heures, le groupe de brancardiers et les 2 ambulances recoivent l'ordre par téléphone de quitter Bouillon, de venir à la station de Paliseul et de s'y arrêter en attenadant des ordres.
La division quitte ce point à 9 heures et se porte sur Maissin par la route Paliseul, moulin de Bergimont, Opont, Our où elle arrive vers midi, Maissin est fortement occupé par l'ennemi. Il devient certain qu'un combat va se livrer autour de ce village.
En cours de route, le médecin-chef à reconnu entre Opont et Our, à Beth, un grand couvent de religieuses et un château voisin dont les bâtiments présentent toutes les conditions requises pour l'installation d'une ambulance.
A 13 heures, par un cycliste, ordre est envoyé aux formations sanitaires de rejoindre la division en suivant le même itinéraire et de venir à Our. A la même heure, le médecin-chef prescrit aux médecins chefs des corps de troupe de diriger tous leurs blessés sur Our et au médecin-chef du 93ème RI (médecin-major de 1ère classe Mataspina) d'y préparer l'installation d'un poste de secours. De son côté, le médecin major du 137ème (médecin major de 1ère classe Raygnaud) organise un poste de secours dans une briqueterie à 800 mètres du nord de Our, en arrière d'un massif boisé traversé par un chemin vicinal reliant Our à Maissin.
Vers 5 heures, les premiers blessés commencent d'arriver à ces 2 postes de secours, peu nombreux d'abord.
Dès l'arrivée des formations sanitaires à Our (vers 18 heures), l'ambulance n°1 (médecin major de 2ème classe Clot) se met en devoir de concourir au pansement des blessés, à la mairie du village et l'ambulance n°2 (médecin major de 2ème classe Mérel) se rend à Beth pour s'y installer en utilisant les bâtiments du couvent et du château. Le groupe de brancardiers divisionnaires (médecin major de 1ère classe Martin Deschamps) utilise tous ses moyens de transport pour relever et transporter les blessés à Beth. De son côté, le bourgmestre du village met 2 ou 3 voitures garnies de paille, les seules dont il peut disposer à la disposition du médecin-chef.
Le combat dont les résultats ne sont pas encore connus ayant cessé vers 18h30, le médecin-chef quitte le général de division pour diriger le service et rentre à Our où la route et les ruelles du village sont déjà encombrées de blessés qui y affluent en grand nombre. Pour déblayer les postes de secours, il organise immédiatement des convois de blessés pouvant marcher pendant quelques kilomètres, les place sous les ordres d'un officier ou d'un sous-officier blessé et, par groupe de 2 ou 30, les dirige sur l'ambulance de Beth pour être ensuite conduits vers l'arrière. Deux médecins de l'ambulance n°1 sont envoyés provisoirement à Beth avec quelques infirmiers pour concourir au service de l'ambulance n°2 dont la tâche sera très rude. En même temps, on transporte à Beth avec les voitures d'ambulances et les voitures fournies par le bourmestre, les blessés couchés et assis.
A 21h30, les postes de secours d'Our sont en grande partie dégagés. Plus de 500 blessés sont déjà rendus à l'ambulance n°2 à Beth et les brancardiers divisionnaires secondés par les brancardiers et médecins de Régiment se mettent en devoir de relever tous les blessés qui ont été groupés dans différents postes de secours, à l'ouest et au nord-ouest de Maissin. Mais plusieurs groupes de médecins et brancardiers sont arrêtés par les coups de feu des patrouilles de cavalerie allemande et ne parviennent à s'échapper qu'en se cachant dans les bois voisins. Ils sont mis ainsi dans l'impossibilité de remplir leur mission.
A 22 heures, le médecin divisionnaire se dispose à quitter Our pour se rendre à Beth afin de se rendre compte des conditions d'installation et de fonctionnement de l'ambulance.
A ce moment, il rencontre dans le village le général de division qui le prévient de se repleir immédiatement. Il y a 500 blessés à Beth et 150 au moins à Our. L'évacuation des blessés devient très difficile. Des troupes de l'artillerie, des convois sillonnent les rues du village dans tous les sens et y rendent la circulation très difficile.
On tente cependant encore d'enlever les blessés qui sont à Our et le médecin-chef se rend à Beth pour faire diriger immédiatement sur l'arrière les blessés pouvant marcher et utiliser tous les moyens de transport dont il dispose pour emmener les blessés le moins gravement atteints.
Il trouve les médecins de l'ambulance n°2 débordés par l'affluence rapide et incessante des blessés, donne des instructions pour rassembler ceux qu'on pourra emmener avec les voitures, faire atteler les voitures de l'ambulance n°2 en laissant au médecin-chef un certain nombre d'objets de pansements, instruments et vivres pour parer aux premiers besoins des blessés, lui ordonne de détruire immédiatement ses archives et se prépare à faire un nouveau voyage à Our pour se rendre compte de la situation et tâcher d'enlever encore des blessés.
Il rencontre alors le médecin-chef des brancardiers (médecin major Martin Deschamps) qui ramène ses voitures et lui rend compte que Our est évacuée par les troupes, que l'ambulance n°1 (médecin major de 2ème classe Cléot) qui s'y trouvait a reçu l'ordre de suivre les troupes en retraite et a laissé un médecin major de 2ème classe (M, Bourguignon) avec les blessés rassemblés à Our et dont le nombre s'est encore augmenté, et que lui-même a dû partir de cette localité.
En présence de cette situation, il faut se résoudre à laisser à Beth l'ambulance n°2 sous la protection de la Convention de Genève. Le médecin-chef de cette ambulance demande instamment à conserver son personnel déjà insuffisant pour donner les premiers soins à plus de 500 blessés dont beaucoup sont très gravement atteints et qui aura, entre autres, la lourde tâche de réunir à ces blessés tous ceux qui sont à Our ou qui restent dans le voisinage sur le terrain de la lutte. C'est au moins 1000 blessés français auxquels il va avoir la lourde tâche de donner les soins.
Après avoir beaucoup hésité, en présence de la somme énorme de travail qui va incomber au médecin-chef de l'ambulance n°2, et du grand nombre de malheureux blessés qu'on ne peut laisser sans secours, le médecin divisionnaire se résoud à lui laisser son personnel mais lui reprend les 2 médecins de l'ambulance n°2 et les infirmiers qu'il avait momentanément mis à sa disposition.
La voiture de chirurgie, à la suite d'un accident qui ne peut être immédiatement réparé et être attelé, doit être laissée sur place. On emmène les attelages. On groupe les blessés pouvant marcher, on fait monter dans les voitures, on place dans les brancards roulants le plus de blessés possible et on arrive ainsi à former un convoi de 220 blessés.
Il est à ce moment 1 heure 30 du matin, toutes les troupes sont parties et la situation est d'autant plus sérieuse que la ligne de retraite de la division n'a pas été indiquée au médecin-chef et que les environs sont déjà parcourus par des patrouilles de cavalerie ennemie. Après avoir fait éteindre toutes les lanternes, interdit de fumer et recommandé de ne faire aucun bruit, le médecin-chef de la division qui a été séparé à Our de ses chevaux et de son ordonnance, se met à pied à la tête du convoi et prend le parti de se porter sur Paliseul et Bouillon en suivant la route qui passe par Opont.
La route qui passe près du village de Porcheresse est devenue impraticable par suite de la prise et de l'incendie de cette localité par les Allemands. On se met en route à 2 heures du matin. Le convoi se compose du groupe des brancardiers divisionnaires des voitures et attelages de l'ambulance n°2 (moins la voiture de chirurgie laissée à Beth) et de 224 blessés.
Nous pouvons arriver sans incident à Paliseul vers 4h30 du matin par la grand'route de Bouillon au moment où passent les dernières voitures de la 22ème Division, De là, le convoi poursuit sa marche sur Bouillon en toute sécurité.
De son côté, l'ambulance n°1 qui était à Our, a quitté cette localité vers 24 heures, emmenant 23 blessés sur les fourgons et a suivi les troupes de la 21ème division se retirant par une autre route.
Tout le personnel des formations sanitaires a fait preuve dans ces circonstances du plus grand dévouement. Nos brancardiers qui ont marché pendant toute la journée du 22 et relevé les blessés jusqu'à 24 heures, ont accompli, sans avoir pris le moindre repas, une nouvelle marche de 20 kilomètres en poussant pendant tout ce long trajet des brancards roulants chargés de blessés.
Aucun d'eux n'est resté en arrière.