Bonsoir à tous,
Merci pour vos premiers commentaires à la lecture de la première journée ou du livret.
Place à la deuxième journée.
Jeudi 8 avril :
Réveil à 6h30 pour un petit déjeuner à 7h30 et une mise en route du groupe à 8h00.
La matinée a commencé par un bilan de tout ce qui a été vu la veille (visites, lecture) afin de bien remettre tout ce qui a été fait et vu dans la thématique du voyage et faire la transition avec les activités du jour. Le bilan a été fait le matin quand les idées sont fraiches et non la veille où les élèves étaient déjà bien fatigués.
Ensuite, le groupe a travaillé sur une séquence du film "La vie et rien d'autre", celle du choix du soldat inconnu (toujours dans la thématique du souvenir, de l'individu à la nation).
Une seule question ne trouva pas de réponse : où ont été inhumés les 7 non choisis, transition non dite vers la première visite.
- La nécropole nationale du Faubourg Pavé à Verdun :
Arrivés sur place vers 10h00, la visite a été divisée en trois moments : un premier autour de la grande croix autour de laquelle sont disposées les sépultures de 7 autres soldats inconnus (pendant ce temps, les collègues préparèrent la cérémonie suivante). Nous avons alors décrit une sépulture française avant d'aller rendre hommage à l'un d'entre eux.
Il faut avouer que l'organisation de cette cérémonie (et de la suivante) nous a fait nous poser de nombreuses questions. Jusqu'où aller dans l'implication émotionnelle des élèves ? Dans la mesure où ils sont accompagnés, où ils ne sont pas laissés seuls face à ce qui est tout de même une cérémonie dans un cimetière, nous avons décidé de l'organiser. Non sans avoir discuté avec l'élève concernée. En effet, Lise a rédigé un texte pour un AGO. Mais l'élaboration de son texte a pris du temps et surtout elle a accepté d'écrire "je" et "tu" au lieu du "il" habituel. Et ce n'est pas un simple habillage. L'effet est très fort : le texte crée une proximité avec la personne qui peut mettre mal à l'aise. L'objectif étant que les élèves prennent conscience par ce manière d'écrire que sous chaque sépulture il y a un homme auquel ont pourrait s'adresser de la même manière, une famille qui l'a pleuré.
Lise a donc lu son texte, déposé une gerbe et le texte devant la sépulture.
Puis nous avons fait une minute de silence. Nous nous sommes ensuite tous éloignés, dispersés dans la nécropole. Les élèves ont pu voir les autres types de tombes (pour soldats musulmans et juifs) tout en notant leurs impressions sur leur carnet violet.
- Chemin de relève à Verdun
Nous nous sommes ensuite rendus au point de rendez-vous avec Jean-Luc Kaluzko. Nous y avons mangé et, accompagné de Pascal "Silent Knight", JLK est arrivé et le groupe est parti à 12h30.
La montée est rude au départ, ce qui a scindé le groupe, tous les élèves ne marchant pas au même rythme, ce qui fut la principale difficulté tout au long de la marche. Nous avions en particuliers deux élèves qui avaient de réelles douleurs et qui n'ont rien voulu lâcher.
Quand le terrain est devenu plus plat, il est devenu boueux. Car j'ai oublié de le signaler, tant la journée de la veille avait été correcte niveau temps, tant là nous n'avions pas les 15°C espérés et annoncés, mais 10 petits degrés et une bruine tenace (un temps meusien ?).
JLK nous a guidé à MF2, Froideterre, FT1, FT2. Les arrêts furent plus long à partir de FT2 (PC118) car Simon Ragaru y passa et combattit dans le secteur en septembre 1916. Ce fut donc l'occasion de lecture : une première pour montrer le résumé laconique écrit par Simon ("Avance à la grenade et attaque") comparé à ce qu'est la réalité intense des minutes qui précédent un assaut.
Le moment qui fut pour nous le plus fort de cette randonnée se déroula au PC119 (FT3) lors de la lecture de Benoît, magnifiquement illustrée par le panoramique de JLK.
Le passage de PC119 à Thiaumont marqua la transition entre la position française occupée par Simon et la position allemande. L'arrivée à Thiaumont, après les explications de JLK permis une dernière lecture : le ressenti de combattant à la perte de leurs camarades dans un texte de Von Unruh. Le texte devant montrer aux élèves que les combattants connurent les mêmes souffrances de chaque côté et permettre de préparer à la vision du mélange des ossements de l'ossuaire de Douaumont.
- L'ossuaire de Douaumont :
Pour donner une idée du choc que peut être la découverte de ce qui est visible par les fenêtres de l'ossuaire, plusieurs élèves nous demandèrent le sens du mot "ossuaire". Pour eux, il n'était pas concevable qu'on recueille ainsi des ossements. L'an passé, certains avaient été choqués de la manière d'inhumer ces hommes. Pour eux, un mort est dans un cimetière. Le choc est donc réel, brutal. De l'importance de leur expliquer le pourquoi, le comment de cet ossuaire.
A 16h00, nous entrâmes dans le bâtiment pour faire une dépose de gerbe devant le caveau "Douaumont". Il s'agissait de rendre hommage à un combattant disparu dans ce secteur. Mallaury a très bien lu son texte, déposé son texte et la gerbe devant le caveau. Un long moment de recueillement a été fait et le glas a sonné. Puis nous sommes ressortis pour prendre l'air car c'est à nouveau un moment de grande émotion pour tous.
Le groupe est ensuite allé voir le film projeté par l'ossuaire. Très bien fait, très pédagogique, mais nous ne l'avions pas vu avant. Les premières images et les premiers commentaires finissent d'assommer et terminent de montrer aux élèves leur place dans le souvenir.
Nous ne nous sommes pas étonnés que les élèves aient été un peu plus bruyants dans le car pendant le transfert vers le dernier site. La vie reprend, il faut extérioriser après une journée où il n'y a pas réellement eu de pause. La tension morale, la tension physique doit se libérer à un moment ou un autre.
Merci en tout cas à JLK pour son soutien depuis plusieurs mois dans l'organisation de cette journée et pour nous avoir guidé sur place.
- Nécropole allemande de Dun-sur-Meuse :
Dernière étape de la journée, nous sommes arrivés vers 17h00 à Dun-sur-Meuse. Nous avons déposé une gerbe sur la tombe d'un soldat allemand qui habitait à Bückeburg, ville aujourd'hui jumelée à Sablé-sur-Sarthe. Afin de montrer symboliquement aux élèves que la page est tournée, que l'ennemi était aussi un homme.
L'écoute de la chanson "Sag mir wo die Blumen sind" n'a pas fonctionné chez beaucoup d'élèves. Fatigués, frigorifiés (6°C), un programme finalement trop chargé en moments intenses. Probablement un mélange de tout. Ce qui ne veut pas dire pour autant que la visite n'a pas abouti à des remarques pertinentes sur l'isolement de la nécropole, sa taille, les matériaux utilisés.
Retour à l'abbaye pour 19h15. Douche chaude, repas chaud et fin de journée passée à étudier le film "Fragments d'Antonin". Extinction des feux à 22h30.
Une journée chargée. Peut être un peu trop. Totalement centrée sur l'individualisation des hommes, cette manière d'aborder l'histoire les a surpris. Les visites nécessitaient beaucoup qu'ils arrivent à exprimer leur ressenti, ce qui est un travail extrêmement difficile, auquel ils ne sont pas habitués.
Le lendemain, frais et reposés, ils nous ont rassuré. Point de lassitude, toujours curieux, le travail dans la nécropole britannique de Vimy a été un autre moment fort.
(à suivre)