Re: 415e d'infanterie à l'ÉTÉ et à l'AUTOMNE 1918
Publié : sam. nov. 30, 2024 2:47 pm
415e d'infanterie à l'ÉTÉ et à l'AUTOMNE 1918
Voici un texte bien connu paru dans de nombreux journaux de l'époque.
Celui-ci est tiré des colonnes de l'Echo du Tarn (Castres) dans son édition du 13 novembre 1938 N° 15771
SOUVENIR DU 11 NOVEMBRE
La Division du dernier communiqué
Si l'on demandait aux survivants de la Grande Guerre en quelle situation les a trouvés l'Armistice, le plus grand nombre répondrait : « Aux premières lignes, en attendant de repartir en avant, si les pourparlers d'armistice n'avaient pas abouti. » On savait, en effet, que des négociations étaient engagées à Rethondes. Toute l'armée vivait dans l'espérance d'une paix imminente. Sur plusieurs points, cependant, on continua de se battre et notamment sur le front de la 163e D. I., où les combats durèrent jusqu'à la dernière minute. Le 9 novembre, le général Boichut, qui commandait cette division, avait reçu l'ordre de forcer, « coûte que coûte », le passage de la Meuse entre Vrigne et Flize. A la vérité, étant donné les circonstances, cette opération ne présentait pas un bien grand intérêt stratégique. Aussi, l'ordre fut-il accueilli sans enthousiasme. Tomber quelques jours, quelques heures peut-être avant la paix définitive, cette perspective était dure, d'autant plus dure que les risques étaient plus grands. Les Allemands avaient fait sauter tous les ponts. La Meuse s'étalait sur un lit de soixante-dix mètres, et, enflée par les pluies récentes, coulait à pleins bords. Un canal la doublait, doublant la difficulté. Cependant, dès que l'on sut que cette attaque avait été décidée par le haut commandement que le Maréchal Foch y attachait une importance décisive pour le succès des pourparlers en cours, la grogne se tut, le mécontentement fit place à la fierté. En quelques heures, dans la soirée et dans la nuit du 9 novembre, les 4/12 et 4/62 du 1er Génie, jetaient des planches sur les débris du barrage de Dom-le-Mesnil, suspendaient des passerelles aux ruines du pont de Flize, établissant des radeaux de sacs. Le 10 à 6 h. 30 du matin, le 3e bataillon du 415e R. I. a franchi la Meuse et s'est emparé de la Fabrique de phosphates. Les deux autres bataillons du régiment franchissent les passerelles à leur tour. Un épais brouillard a protégé les assaillants, les grondements de la Meuse ont étouffé les coups de marteau des sapeurs et le cliquetis des armes. Le 415e prend ses dispositions pour s'emparer de Vrigne-Meuse, quand, à 11 h., le brouillard se déchire. Sous la grande lumière du jour, des troupes allemandes apparaissent en plusieurs points, les faisceaux formés. En quelques instants, les faisceaux sont rompus, les Allemands sautent dans leurs tranchées ou derrière des replis de terrain. De violents combats s'engagent entre le 415e, acculé à la Meuse, et les deux régiments de la garde, armés d'une centaine de mitrailleuses, qu'il a comme adversaires. Ce serait trop long de raconter ces combats en détail. Qu'il suffise de dire qu'à plusieurs reprises des infiltrations s'étant produites entre les unités du 415e, le chef de bataillon de Menditte, qui commandait le régiment, put craindre de se voir jeté dans la Meuse avec ses hommes. La ténacité de nos hommes eut raison des Grenadiers de la Garde. Un peu avant 19 heures, la dernière contre-attaque allemande venait mourir à quelques mètres de la voie ferrée. Cette même nuit, deux communiqués français enregistraient le passage de la Meuse et l'échec final des contre-attaques allemandes : la 163e D. I. avait l'honneur des deux derniers communiqués. Le 11 Novembre au matin, les hommes du 415e se préparaient à de nouveaux combats, quand, à 8 heures du matin, la nouvelle courut tout le long des lignes : « L'armistice est signée (sic) ! A 11 heures tout est fini ! »
Nous n'essaierons pas de décrire la joie de la division. C'est la joie que connurent ce jour-là des millions d'hommes. Quelques sceptiques demeuraient cependant. Depuis si longtemps que la guerre durait, il leur semblaient impossible qu'elle put jamais cesser. « C'est encore un coup des Boches, disaient-ils. Vous verrez ça. Et à 11 heures, au lieu d'armistice, c'est une attaque générale qu'ils vont nous servir. »
De fait, une salve de 150 qui s'abattait sur Dom-le-Mesnil à 10 h. 45 semblaient leur donner raison. A 10 h. 57, les mitrailleuses allemandes ouvraient le feu aussitôt imitées par les mitrailleuses françaises. Déjà les poilus en ligne se regardaient avec un drôle d'air, quand, à 11 h. on entend .. tout près... plus loin..., les clairons sonner : « Cessez le feu ! » De toutes parts, la « Marseillaise » éclate, Français et Allemands montent sur le talus et se saluent de la main. La guerre est morte !
Louis Masset.
Concernant les 4/12 et 4/62 du 1er Génie
Voir le sujet 1er régiment du Génie Cies 4/12 et 4/62
viewtopic.php?t=80672
Voici un texte bien connu paru dans de nombreux journaux de l'époque.
Celui-ci est tiré des colonnes de l'Echo du Tarn (Castres) dans son édition du 13 novembre 1938 N° 15771
SOUVENIR DU 11 NOVEMBRE
La Division du dernier communiqué
Si l'on demandait aux survivants de la Grande Guerre en quelle situation les a trouvés l'Armistice, le plus grand nombre répondrait : « Aux premières lignes, en attendant de repartir en avant, si les pourparlers d'armistice n'avaient pas abouti. » On savait, en effet, que des négociations étaient engagées à Rethondes. Toute l'armée vivait dans l'espérance d'une paix imminente. Sur plusieurs points, cependant, on continua de se battre et notamment sur le front de la 163e D. I., où les combats durèrent jusqu'à la dernière minute. Le 9 novembre, le général Boichut, qui commandait cette division, avait reçu l'ordre de forcer, « coûte que coûte », le passage de la Meuse entre Vrigne et Flize. A la vérité, étant donné les circonstances, cette opération ne présentait pas un bien grand intérêt stratégique. Aussi, l'ordre fut-il accueilli sans enthousiasme. Tomber quelques jours, quelques heures peut-être avant la paix définitive, cette perspective était dure, d'autant plus dure que les risques étaient plus grands. Les Allemands avaient fait sauter tous les ponts. La Meuse s'étalait sur un lit de soixante-dix mètres, et, enflée par les pluies récentes, coulait à pleins bords. Un canal la doublait, doublant la difficulté. Cependant, dès que l'on sut que cette attaque avait été décidée par le haut commandement que le Maréchal Foch y attachait une importance décisive pour le succès des pourparlers en cours, la grogne se tut, le mécontentement fit place à la fierté. En quelques heures, dans la soirée et dans la nuit du 9 novembre, les 4/12 et 4/62 du 1er Génie, jetaient des planches sur les débris du barrage de Dom-le-Mesnil, suspendaient des passerelles aux ruines du pont de Flize, établissant des radeaux de sacs. Le 10 à 6 h. 30 du matin, le 3e bataillon du 415e R. I. a franchi la Meuse et s'est emparé de la Fabrique de phosphates. Les deux autres bataillons du régiment franchissent les passerelles à leur tour. Un épais brouillard a protégé les assaillants, les grondements de la Meuse ont étouffé les coups de marteau des sapeurs et le cliquetis des armes. Le 415e prend ses dispositions pour s'emparer de Vrigne-Meuse, quand, à 11 h., le brouillard se déchire. Sous la grande lumière du jour, des troupes allemandes apparaissent en plusieurs points, les faisceaux formés. En quelques instants, les faisceaux sont rompus, les Allemands sautent dans leurs tranchées ou derrière des replis de terrain. De violents combats s'engagent entre le 415e, acculé à la Meuse, et les deux régiments de la garde, armés d'une centaine de mitrailleuses, qu'il a comme adversaires. Ce serait trop long de raconter ces combats en détail. Qu'il suffise de dire qu'à plusieurs reprises des infiltrations s'étant produites entre les unités du 415e, le chef de bataillon de Menditte, qui commandait le régiment, put craindre de se voir jeté dans la Meuse avec ses hommes. La ténacité de nos hommes eut raison des Grenadiers de la Garde. Un peu avant 19 heures, la dernière contre-attaque allemande venait mourir à quelques mètres de la voie ferrée. Cette même nuit, deux communiqués français enregistraient le passage de la Meuse et l'échec final des contre-attaques allemandes : la 163e D. I. avait l'honneur des deux derniers communiqués. Le 11 Novembre au matin, les hommes du 415e se préparaient à de nouveaux combats, quand, à 8 heures du matin, la nouvelle courut tout le long des lignes : « L'armistice est signée (sic) ! A 11 heures tout est fini ! »
Nous n'essaierons pas de décrire la joie de la division. C'est la joie que connurent ce jour-là des millions d'hommes. Quelques sceptiques demeuraient cependant. Depuis si longtemps que la guerre durait, il leur semblaient impossible qu'elle put jamais cesser. « C'est encore un coup des Boches, disaient-ils. Vous verrez ça. Et à 11 heures, au lieu d'armistice, c'est une attaque générale qu'ils vont nous servir. »
De fait, une salve de 150 qui s'abattait sur Dom-le-Mesnil à 10 h. 45 semblaient leur donner raison. A 10 h. 57, les mitrailleuses allemandes ouvraient le feu aussitôt imitées par les mitrailleuses françaises. Déjà les poilus en ligne se regardaient avec un drôle d'air, quand, à 11 h. on entend .. tout près... plus loin..., les clairons sonner : « Cessez le feu ! » De toutes parts, la « Marseillaise » éclate, Français et Allemands montent sur le talus et se saluent de la main. La guerre est morte !
Louis Masset.
Concernant les 4/12 et 4/62 du 1er Génie
Voir le sujet 1er régiment du Génie Cies 4/12 et 4/62
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