Bonjour à tous,
■ Historique (complément).
― 27 août 1904 : Ordre de mise en chantier.
― 6 novembre 1905 : Mise en chantier.
― 3 août 1906 : Conclusion du marché des chaudières.
― 16 juillet 1907 : Conclusion du marché des tourelles de 194,7 mm.
― 21 septembre 1907 : Lancement à l'Arsenal de Brest, en présence du vice-amiral Jacques Théophile PÉPHAU. La date du 21 septembre avait été choisie par le ministre de la Marine parce que date-anniver-saire de la proclamation de la Première République (21 septembre 1792).
Le lancement mouvementé du croiseur cuirassé Amiral-Quinet,
le 21 septembre 1907 à l'Arsenal de Brest
• Le Temps, n° 16.891, Dimanche 22 septembre 1907,
p. 2, en rubrique « Affaires militaires ~ Marine ».
« LE LANCEMENT DE L’EDGAR-QUINET. ― C’est aujourd’hui qu’est mis à l’eau à Brest le croiseur cuirassé Edgar-Quinet. Les caractéristiques de ce croiseur, dont l’ordre de mise en chantier date du 27 août 1904, ont été modifiées après cet ordre, en vue de l’uniformité avec un autre croiseur, le Waldeck-Rousseau, dont la construction était prévue. Ces deux croiseurs seront donc identiques comme dimensions, artillerie et protection.
L’Edgar-Quinet a un déplacement de 14.000 tonnes avec 157 mètres de longueur, 21 m. 50 de largeur et 8 m. 23 de tirant d’eau. Ses machines, qui actionneront trois hélices, auront une puissance de 36.000 chevaux, correspondant à une vitesse de 23 nœuds. L’approvisionnement normal de charbon sera de 1.242 tonnes et pourra être porté à 2.300 tonnes avec 1.058 tonnes en surcharge en soute. La distance franchissable à la vitesse de 10 nœuds sera de 6.000 milles avec l’approvisionnement normal et de 11.000 milles surcharge comprise.
L’artillerie comprendra quatorze canons de 194 millimètres, dont quatre montés par paire dans deux tourelles axiales, une à l’avant et l’autre à l’arrière ; seize canons de 65 milli-mètres à tir rapide ; huit de 47 et deux de 37 ; le navire sera en outre armé de deux tubes lance-torpilles sous-marins. La protection est constituée par une ceinture cuirassée allant de bout en bout, d’une épaisseur maximum de 150 millimètres au centre.
L’effectif sera de 30 officiers et de 708 hommes d’équipage.
Le devis total des dépenses pour la construction de ce croiseur s’élève à 32.688.412 francs. »
• Le Temps, n° 16.892, Lundi 23 septembre 1907,
p. 2, en rubrique « Affaires militaires ~ Marine ».
« LE LANCEMENT DE L’EDGAR-QUINET. ― Comme nous l’avons annoncé, le lancement de l’Edgar-Quinet a eu lieu hier à Brest, à 3 heures et ½ de l’après-midi.
Le vice-amiral Péphau, préfet maritime, entouré de toutes les autorités civiles, militaires et maritimes, assistait à la cérémonie ainsi qu’une grande partie de la population.
Au moment où le vice-amiral venait d’arriver et où la musique de la flotte jouait la Marseillaise, écoutée debout par le public des tribunes, l’Internationale a éclaté, chantée une dizaine de voix, en même temps que des coups de sifflets partaient de l’atelier des bâtiments en fer à l’adresse du commandant en chef. Il s’est produit un commencement d’effarement, toutes les têtes se tournant vers le toit où étaient juchés les révolutionnaires. Des gendarmes se sont précipités pour aller déloger les révolutionnaires, mais ceux-ci avaient jugé prudent de disparaître.
D’autre part, il s’est produit des faits assez graves.
Une compagnie d’ouvriers dont font partie plusieurs militants du syndicat rouge devait participer aux dernières opérations du lancement. L’ingénieur ne voulut à aucun prix que ces ouvriers approchassent de l’Edgar-Quinet, redoutant un acte de sabotage de leur part, et pendant toute la journée ces ou-vriers ont travaillé dans un endroit écarté de l’arsenal.
Pour la première fois aussi cette année, le navire a été gardé, pendant ces dernières nuits, par une compagnie de soldats en armes, dans la crainte d’un sabotage.
Ces faits permettent d’apprécier la confiance qui règne chez les chefs et l’état d’esprit qui prédomine chez certains membres du personnel de notre arsenal.
Le soir, le préfet maritime a offert un dîner officiel à la préfecture ; y assistaient notamment MM. Louis, directeur des constructions navales, et les ingénieurs ; le général Hermitte ; les contre-amiraux Thomas et Le Pord, etc. »