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Re: Tombe des fréres Bachelier Florent et Gaston
Publié : sam. nov. 14, 2009 10:22 pm
par bruno17
Bonsoir,
Au cimetière de St Brieuc,
les trois frères LE GOFF.
Elie Le Goff, leur père, (décédé en 1938) sculpteur bien connu à qui l’on doit de nombreuses œuvres à Saint-Brieuc et dans la région, notamment des monuments aux morts, érigea la tombe de ses trois fils, Elie, Paul et Henri, tués pendant la Première Guerre mondiale (eux même étaient sculpteurs). La tombe est ornée d’un médaillon en bronze reproduisant leurs trois visages ainsi qu’une étonnante sculpture taillée dans le granit par Paul Le Goff intitulée Funérailles en Bretagne. Elle représente cinq processionnaires.
Paul et Élie appartenaient tous deux au 74ème régiment d’infanterie territoriale. Paul était sous-lieutenant, Élie adjudant. Le plus étonnant est qu’ils furent tués tous deux le même jour, le 22 avril 1915 à Boesinghe en Belgique. Henri Le Goff était lui, sergent au 7ème d’infanterie. Il décéda de blessures de guerre à l’ambulance 9/10 à Petit-Monthairons dans la Meuse.

Dans ce même cimetière, le père d’Albert Camus,
Lucien Camus, soldat au 1er régiment de zouaves, né à Ouled-Fayet à Alger, mort en 1914 à l’hôpital auxiliaire 302 de St Brieuc des suites de blessures de guerre.. L’écrivain relate dans son roman inachevé,
"Le premier homme", l’émotion qu’il eut à découvrir la tombe de son père lors de son voyage à Saint-Brieuc.

(Photos et extraits de textes de Philippe Landru. Voir son excellent site : « Cimetières de France et d’ailleurs »)
Re: Tombe des fréres Bachelier Florent et Gaston
Publié : dim. déc. 27, 2009 7:10 pm
par bruno17
Bonsoir,
Les frères
FABIEN:
Marcel, soldat au 101ème RI, tué le 15 juillet 1918 au secteur de Prosnes dans la Marne.
Joseph, soldat au 123ème RI, tué le 2 novembre 1914 à Moussy au Moulin Brulé dans l'Aisne.

Re: Tombe des fréres Bachelier Florent et Gaston
Publié : mer. févr. 03, 2010 7:11 pm
par bruno17
Bonsoir,
Au cimetière de St Brieuc,
les trois frères LE GOFF.
Elie Le Goff, leur père, (décédé en 1938) sculpteur bien connu à qui l’on doit de nombreuses œuvres à Saint-Brieuc et dans la région, notamment des monuments aux morts, érigea la tombe de ses trois fils, Elie, Paul et Henri, tués pendant la Première Guerre mondiale (eux même étaient sculpteurs). La tombe est ornée d’un médaillon en bronze reproduisant leurs trois visages ainsi qu’une étonnante sculpture taillée dans le granit par Paul Le Goff intitulée Funérailles en Bretagne. Elle représente cinq processionnaires.
Paul et Élie appartenaient tous deux au 74ème régiment d’infanterie territoriale. Paul était sous-lieutenant, Élie adjudant. Le plus étonnant est qu’ils furent tués tous deux le même jour, le 22 avril 1915 à Boesinghe en Belgique. Henri Le Goff était lui, sergent au 7ème d’infanterie. Il décéda de blessures de guerre à l’ambulance 9/10 à Petit-Monthairons dans la Meuse.
mesimages/1757/legoff.jpgmesimages/1757/legoff3.jpg
Dans ce même cimetière, le père d’Albert Camus,
Lucien Camus, soldat au 1er régiment de zouaves, né à Ouled-Fayet à Alger, mort en 1914 à l’hôpital auxiliaire 302 de St Brieuc des suites de blessures de guerre.. L’écrivain relate dans son roman inachevé,
"Le premier homme", l’émotion qu’il eut à découvrir la tombe de son père lors de son voyage à Saint-Brieuc.
mesimages/1757/camus.jpgmesimages/1757/camus2.jpg
(Photos et extraits de textes de Philippe Landru. Voir son excellent site : « Cimetières de France et d’ailleurs »)
Bonjour,
« Le premier homme » : il s’agit de l’œuvre autobiographique à laquelle Albert camus travaillait au moment de sa mort dans un accident de voiture en 1960. Dans le premier chapitre, « Recherche du père », il évoque, à travers le personnage de son roman, Jacques Cormery, les retrouvailles avec son père, disparu pendant la Grande Guerre. Écriture magistrale d’un écrivain trop tôt disparu…
«
Un peu plus tard, le train s’arrêta, et, lentement, une petite pancarte, portant : « Saint-Brieuc », vint s’inscrire dans la portière…
Le cimetière était ceinturé de hauts murs rébarbatifs… Le voyageur demanda le carré des morts de la guerre de 1914.
_ Oui, dit l’autre, ça s’appelle le carré du Souvenir français. Quel nom cherchez-vous ?
_ Henri Cormery, répondit le voyageur.
Le gardien ouvrit un grand livre couvert de papier d’emballage et suivit de son doigt terreux une liste de noms. Son doigt s’arrêta :
_ Cormery Henri, dit-il, blessé mortellement à la bataille de la Marne, mort à Saint-Brieuc le 11 octobre 1914.
_ C’est ça, dit le voyageur.
Le gardien referma le livre.
_ Venez, dit-il.
Et il le précéda vers les premières rangées de tombes, les unes modestes, les autres prétentieuses et laides, toutes couvertes de ce bric-à-brac de marbre et de perles qui déshonoreraient n’importe quel lieu du monde.
_ C’est un parent ? demanda le gardien d’un air distrait.
_ C’est mon père.
_ C’est dur, dit l’autre.
_ Mais non, je n’avais pas un an quand il est mort. Alors vous comprenez…
_ Oui, dit le gardien, n’empêche. Il y a eu trop de morts.
Jacques Cormery ne répondit rien. Certainement, il y avait eu trop de morts, mais, son père, il ne pouvait s’inventer une piété qu’il n’avait pas. Depuis des années qu’il vivait en France, il se promettait de faire ce que sa mère, restée en Algérie, ce qu’elle lui demandait depuis si longtemps : aller voir la tombe de son père qu’elle-même n’avait jamais vue. Il trouvait que cette visite n’avait aucun sens, pour lui d’abord qui n’avait pas connu son père, ignorait à peu près tout de ce qu’il avait été, et qui avait horreur des gestes et des démarches conventionnelles, pour sa mère ensuite qui ne parlait jamais du disparu et qui ne pouvait rien imaginer de ce qu’il allait voir…
…
_ C’est ici, dit le gardien.
Ils étaient arrivés devant un carré entouré de petites bornes de pierre grise réunies par une grosse chaîne peinte en noir. Les pierres, nombreuses, étaient toutes semblables, de simples rectangles gravés, placés à intervalles réguliers par rangées successives. Toutes étaient ornées d’un petit bouquet de fleurs fraîches.
_ C’est le Souvenir français qui se charge de l’entretien depuis quarante ans. Tenez, il est là.
Il montrait une pierre dans la première rangée.
Jacques Cormery s’arrêta à quelque distance de la pierre.
_ Je vous laisse, dit le gardien.
Cormery s’approcha de la pierre et la regarda distraitement. Oui, c’était bien son nom. Il leva les yeux. Dans le ciel plus pâle, des petits nuages blancs et gris passaient lentement, et du ciel tombait tour à tour une lumière légère puis obscurcie. Autour de lui, dans le vaste champ des morts, le silence régnait. Une rumeur sourde venait seule de la ville par-dessus les hauts murs. Parfois, une silhouette noire passait entre les tombes lointaines.
Jacques Cormery, le regard levé vers la lente navigation des nuages dans le ciel, tentait de saisir derrière l’odeur des fleurs mouillées la senteur salée qui venait en ce moment de la mer lointaine et immobile, quand le tintement d’un seau contre le marbre d’une tombe le tira de sa rêverie. C’est à ce moment qu’il lut sur la tombe la date de naissance de son père, dont il découvrit à cette occasion qu’il l’ignorait. Puis il lut les deux dates, « 1885-1914 » et fit un calcul machinal : vingt-neuf ans.
Soudain une idée le frappa qui l’ébranla jusque dans son corps. Il avait quarante ans. L’homme enterré sous cette dalle, et qui avait été son père, était plus jeune que lui.
Et le flot de tendresse et de pitié qui d’un coup vint lui emplir le cœur n’était pas le mouvement d’âme qui porte le fils vers le souvenir du père disparu, mais la compassion bouleversée qu’un homme fait ressent devant l’enfant injustement assassiné. Quelque chose ici n’était pas dans l’ordre naturel, et, à vrai dire, il n’y avait pas d’ordre mais seulement folie et chaos là où le fils était plus âgé que le père.
La suite du temps lui-même se fracassait autour de lui immobile, entre ces tombes qu’il ne voyait plus, et les années cessaient de s’ordonner suivant ce grand fleuve qui coule vers sa fin. Elles n’étaient plus que fracas, ressac et remous où Jacques Cormery se débattait maintenant aux prises avec l’angoisse et la pitié. Il regardait les autres plaques du carré et reconnaissait aux dates que ce sol était jonché d’enfants qui avaient été les pères d’hommes grisonnants qui croyaient vivre en ce moment. Car lui-même croyait vivre, il s’était édifié seul, il connaissait sa force, son énergie, il faisait face et se tenait en mains. Mais, dans le vertige étrange où il était en ce moment, cette statue que tout homme finit par ériger et durcir au feu des années pour s’y couler et y attendre l’effritement dernier se fendillait rapidement, s’écroulait déjà. Il n’était plus que ce cœur angoissé, avide de vivre, révolté contre l’ordre mortel du monde qui l’avait accompagné durant quarante années et qui battait toujours avec la même force contre le mur qui le séparait du secret de toute vie, voulant aller plus loin, au-delà et savoir, savoir avant de mourir, savoir enfin pour être, une seule fois, une seule seconde, mais à jamais.
Il revoyait sa vie folle, courageuse, lâche, obstinée et toujours tendue vers ce but dont il ignorait tout, et en vérité elle s’était tout entière passée sans qu’il ait essayé d’imaginer ce que pouvait être un homme qui lui avait donné justement cette vie pour aller mourir aussitôt sur une terre inconnue de l’autre côté des mers. À vingt-neuf ans, lui-même n’était-il pas fragile, souffrant, tendu, volontaire, sensuel, rêveur, cynique et courageux. Oui, il était tout cela et bien d’autres choses encore, il avait été vivant, un homme enfin, et pourtant il n’avait jamais pensé à l’homme qui dormait là comme à un être vivant, mais comme à un inconnu qui était autrefois sur la terre où il était né, dont sa mère lui disait qu’il lui ressemblait et qui était mort au champ d’honneur. Pourtant ce qu’il avait cherché avidement à savoir à travers les livres et les êtres, il lui semblait maintenant que ce secret avait partie liée avec ce mort, ce père cadet, avec ce qu’il avait été et ce qu’il était devenu et que lui-même avait cherché bien loin ce qui était près de lui dans le temps et dans le sang. À vrai dire, il n’avait pas été aidé. Une famille où l’on parlait peu, où on ne lisait ni n’écrivait, une mère malheureuse et distraite, qui l’aurait renseigné sur ce jeune et pitoyable père ? Personne ne l’avait connu que sa mère qui l’avait oublié. Il en était sûr. Et il était mort inconnu sur cette terre où il était passé fugitivement, comme un inconnu. C’était à lui à se renseigner sans doute, à demander. Mais celui qui, comme lui, n’a rien et veut le monde entier, il n’a pas assez de toute son énergie pour s’édifier et conquérir ou comprendre le monde. Après tout, il n’était pas trop tard, il pouvait encore chercher, savoir qui était cet homme qui lui semblait plus proche maintenant qu’aucun être au monde. Il pouvait…
L’après-midi s’achevait maintenant. Le bruit d’une jupe près de lui, une ombre noire, le ramena au paysage de tombes et de ciel qui l’entourait. Il fallait partir, il n’y avait plus rien à faire ici. Mais il ne pouvait se détacher de ce nom, de ces dates. Il n’y avait plus sous cette dalle que cendres et poussières. Mais, pour lui, son père était de nouveau vivant, d’une étrange vie taciturne, et il lui semblait qu’il allait le délaisser de nouveau, le laisser poursuivre cette nuit encore l’interminable solitude où on l’avait jeté puis abandonné. Le ciel désert résonna d’une brusque et forte détonation. Un avion invisible venait de dépasser le mur du son.
Tournant le dos à la tombe, Jacques Cormery abandonna son père. »
Re: Tombe des fréres Bachelier Florent et Gaston
Publié : jeu. oct. 14, 2010 11:33 am
par bruno17
Bonjour,
Les frères
Goulard, tous deux nés en Nouvelle-Calédonie.
Albert Henri, né à l'île Nou, matelot sur le sous-marin
Monge, mort le 28 décembre 1915 lorsque son bâtiment coula en Adriatique.
forum2.php?config=pages1418.inc&cat=10& ... w=0&nojs=0
Louis René, "Georges" sur sa stèle, né à Pouembout, soldat au 118ème régiment d'artillerie lourde, disparu au combat au ravin de Fruty près Laffaux dans l'Aisne, le 27 mai 1918.
Re: Tombe des fréres Bachelier Florent et Gaston
Publié : mer. sept. 14, 2011 11:44 pm
par violette
Bonsoir à tous,
Il me semblait bien que sommeillait quelquepart dans les méandres du forum un fil consacré aux fratries... Voici quelques nouveaux exemples, pas exceptionnels en eux-mêmes mais qui, mis bout à bout, donnent une bonne idée de l'ampleur du drame.
Le 18 octobre 1915, 7 soldats de la 5ème compagnie du 158 RI sont morts pour la France. 4 de ces 7 hommes, soit plus de la moitié, avaient déjà perdu un frère au front ou en perdrait un ultérieurement :
- les frères DIDIER, déjà cités, de Pierrelatte, dans la Drôme
Rémy, 158 RI MPF le 18 octobre 1915 devant Angres (Pas de Calais)
Henri, 266 RAC MPF le 6 juin 1918 à Pourcy (Marne)
- les frères AOUT de Lascelle, dans le Cantal
Jean, 158 RI MPF le 18 octobre 1915 devant Angres (Pas de Calais)
Jacques, 139 RI MPF le 25 août 1914 au Menil ( Vosges)
- les frères BEROUD, de Saint Bonnet le Troncy, dans le Rhône
François, 158 RI MPF le 18 octobre 1915 devant Angres (Pas de Calais)
Claude, 133 RI MPF le 2 septembre 1914 à Saucy (Vosges)
- les frères CRESSENT de Blanzac, en Haute Loire
Urbain, 158 RI MPF le 18 octobre 1915 devant Angres ( Pas de Calais)
André 10 RG cie 26/53 disparu le 4 septembre 1916 à Tavannes (Meuse)
Une seule journée, somme toute peu meutrière à cet endroit-là -c'est terrible à écrire- dans une seule compagnie... Ca fait froid dans le dos quand on pense au nombre d'unités engagées, à la longueur du conflit, ...
Cordialement,
Violette
Re: Tombe des fréres Bachelier Florent et Gaston
Publié : ven. sept. 14, 2012 1:55 pm
par sandra1401
Bonjour à tous,
Pour ma part, mon arrière-grand-père JEHEL Jean-Baptiste né le 14.09.1886 est mort près de Manheulles(Meuse) le 28.02.1916. Il faisait parti de la 1ère compagnie du 25ème régiment d'infanterie de Landwehr. Il fut enterré près de ce village puis exhumé après guerre pour être réinhumé à Hautecourt, Azannes ou Ville-devant-Chaumont (pas moyen de retrouver exactement sa trace).
Son frère JEHEL Auguste né le 25.01.1889 est mort de la fièvre typhoïde le 16.11.1914. Il faisait parti de la 10éme compagnie du 254ème régiment d'infanterie. Il est enterré à la nécropole de Bar-le-Duc (Meuse) dans la tombe n° 105.
L'un était dans l'armée allemande et l'autre dans l'armée française !!!
En tous les cas je suis sûre d'une chose, c'est qu'ils ne sont pas morts sous leurs propres tirs ...
Cordialement,
Sandra.