Bonjour à tous,
Jean Joseph JULIAN, aumônier temporaire de la flotte,
disparu le 27 avril 1915 avec le cuirassé Léon-Gambetta
Né le 20 septembre 1861 à Saint-Georges-de-Lévéjac (Lozère), disparu dans la nuit du 26 au 27 avril 1915 avec le cuirassé Léon-Gambetta, torpillé par le sous-marin austro-hongrois k.u.k. U-5 (Linen-schiffleutnant Georg RITTER von TRAPP) au large d’Otrante, à 15 milles de Santa Maria di Leuca (Pouilles, Italie), par 39° 30’ N. et 18° 15’ E.
• Fils de Jean-Pierre Basile JULIAN, né le 3 avril 1820 à Saint-Georges-de-Lévéjac, cultivateur, et de Rose Émilie FOULQUIER, née le 7 octobre 1828 aux Vignes (Lozère), sans profession ; époux ayant con-tracté mariage aux Vignes, le 7 février 1852 (Registre des actes d’état civil de la commune des Vignes, Année 1852, f° 3, acte n° 3 ~ Registre des actes de naissance de la commune de Saint-Georges-de-Lévéjac, Année 1861, acte n° 50).
• « La preuve du Sang. Livre d’or du clergé et des congrégations. »,
T. I., éd. Bonne Presse, Paris, 1925, p. 1.082.

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Entré au service le 1er juin 1894 ; port de Cherbourg.
Au 1er juin 1894, embarqué sur le cuirassé d’escadre Suffren, dans l’Escadre du Nord (Annuaire de la Marine 1895, p. 653).
Au 1er janvier 1896, à terre à l’hôpital de Saint-Mandrier (Annuaire de la Marine 1896, p. 663).
Au 1er janvier 1899, embarqué sur le vaisseau Bretagne, École des mousses (Annuaire de la Marine 1899, p. 596).
En Juillet 1900, désigné pour continuer ses services au Corps expéditionnaire de Chine (J.O. 25 juill. 1900, p. 4.875).
Au 1er janvier 1903, à terre à Brest (Annuaire de la Marine 1903, p. 386). Même situation au 1er janvier 1906 (Annuaire de la Marine 1906, p. 386).
A la suite de la publication du décret du 6 février 1907 ayant supprimé le corps des aumôniers de la Marine (J.O. 15 févr. 1907, p. 1.231), placé en position de non-activité par suppression d’emploi, en at-tendant de réunir les 21 années de services effectifs exigées pour avoir droit à pension.
Après la publication du décret du 7 août 1914 créant des aumôneries militaires de la flotte pour le temps de guerre (J.O. 9 août 1914, p. 7.293), agréé en qualité d’aumônier temporaire de la flotte et destiné au croiseur cuirassé Léon-Gambetta (La Croix, n° 9.655, Vendredi 4 sept. 1914, p. 4).
Distinction honorifique
□ Par décret du Président de la République en date du 2 avril 1927 (J.O. 7 avr. 1927, p. 3.924), nommé au grade de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur dans les termes suivants : « M. l’abbé Julian (Jean-Joseph), aumônier temporaire de la flotte ; 13 ans de services, dont 5 ans à la mer ; 3 campa-gnes. Embarqué pendant la guerre sur le Léon-Gambetta ; disparu avec ce bâtiment, torpillé par un sous-marin le 27 avril 1915. A été cité. »
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• La Croix, n° 9.508, Mercredi 19 mai 1915, p. 1.
« L'aumônier du Léon-Gambetta
M. l'abbé Lacroix, aumônier de la marine en retraite, nous adresse sur l'abbé Julian la touchante lettre suivante :
La Croix citait, il y a peu de jours, parmi les nombreuses victimes du Léon-Gambetta, l'aumônier de la 2e division légère, M. l'abbé Julian, ancien aumônier de marine, embarqué sur ce vaisseau-amiral.
Elle nous le montrait, dans ces instants suprêmes où, tout autour de lui, des centaines de vies étaient comme suspendues au-dessus de l'abîme par un mince fil de quelques secondes de temps, faisant le geste de l'absolution, et prononçant, au nom de la religion, sur tous ces braves marins, qui allaient mourir... pour revivre, là haut, les paroles du pardon et de la miséricorde de Dieu.
J'ai eu l'avantage de connaître M. l'abbé Julian, je crois même me rappeler que ce fût moi, comme plus ancien aumônier, alors présent à Brest, qui le présentai à l'amiral, dont il venait d'être nommé l'aumô-nier à bord du Suffren, où moi-même, peu auparavant, j'avais été embarqué.
Notre confrère était d'un naturel très doux, un peu timide peut-être, du moins à ses débuts dans la marine, mais tout entier à son ministère. Que ce fût en escadre, sur les côtes de France, en Chine, dans la guerre des Boxers, dans les hôpitaux de la marine, où la présence journalière du prêtre était aimée de tous et faisait du bien, ou encore à l'École des pupilles de la marine, à Brest, où il séjourna d'assez longs mois, l'abbé Julian avait laissé dans ces divers postes le souvenir d'un prêtre excellent, très sympathique à tous et d'une piété douce, sereine, aimable.
Quand, en août dernier, des aumôniers ― en trop petit nombre ― furent nommés, M. l'abbé Julian sol-licita sa rentrée dans la marine. Il fut peu après embarqué sur le Léon-Gambetta.
Les derniers actes de son ministère avaient été je le sais, comme ceux de ses collègues, la préparation des équipages de la division aux devoirs religieux de la fête de Pâques.
C'est peu de jours après cette fête qu'il disait à l'un de ses collègues, comme dans un pressentiment : " J'envie la mort qui nous guette et peut nous frapper pendant cette guerre ; je ne vois pas comment je pourrais mieux terminer ma vie ! " Quelle sérénité, quelle grandeur aussi dans cette fin de phrase.
Dieu a exaucé, ce semble, le vœu de cette victime prête au sacrifice, le vœu de son fidèle serviteur ; il est mort dans l'exercice de ses fonctions sacerdotales.
Oui, c'est une grande consolation pour les cœurs endeuillés par cette nouvelle catastrophe maritime et une pensée réconfortante que celle qui leur montre les chers disparus recevant sur leurs âmes, au mo-ment de paraître devant Dieu, le pardon, l'oubli des fautes et l'amitié de Celui qui donne en échange la vie éternelle.
Et nous les confrères actuels de l'aumônier du Léon-Gambetta, ceux aussi qui le connurent, mais que l'âge, à leur grand regret, a retenus au rivage, il nous est bien permis de saluer cette belle mort d'un con-frère en sacerdoce. Il nous est bien permis de tressaillir de fierté et aussi d'espérance, puisqu'il fut des nôtres.
Le rayonnement de gloire qui s'échappe de sa mort s'étendra, nous en avons l'espoir, à la durée, à la survi-vance du corps des aumôniers de la marine dont il fit partie, et qu'il bénira du ciel.
Abbé LACROIX. » (*)
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(*) LACROIX Eugène Emmanuel, né le 10 mars 1843 à Paris (XIe Arr. ancien), décédé le 29 juillet 1929 à Levallois-Perret (Seine — aujourd’hui Hauts-de-Seine) (Registre des actes de décès de la commune de Levallois-Perret, Année 1924, suppl. f° 20,acte n° 691). Entré au service en 1874. En 1893, affecté à Toulon au vaisseau-école la Couronne (École de canonnage).
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• « Guerre 1914-1918. Tableau d’honneur. Morts pour la France. »,
Publications de La Fare, Paris, 1921, p. 474.

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