Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : ven. déc. 05, 2008 10:36 pm
Bonsoir à Toutes & Tous,
Bonsoir Marie-Thérèse, Sophie, Jean-Louis, Barth, Jean-Yves et à tous les amis (bretons ou non) de Maissin,
A la veille de la Saint-Nicolas ..., je vous signale que la traduction des pages de l'historique du 118e IR allemand -relatives au combat de Maissin - est enfin achevée (ouf, merci Aspro ...!). Notre ami Barth la tient à votre disposition. Voici encore un témoignage du commandant de la compagnie de mitrailleuses du régiment,qui soutient l'attaque du I/118e IR sur Maissin le 22/08/1914:
7) Le commandant de la compagnie des mitrailleuses (M.G.K.), le capitaine von GOESSEL, décrit son expérience à Maissin comme suit : (traduction assez difficile et encore incomplète !)
« J’ai appris mon avancement comme major, résultant d’un A.K.D du 18 août 1914, seulement le 26 août 1914, par suite du plus haut intérêt de l’Etat-Major envers le front que pour de telles bagatelles. J’ai à remercier cette circonstance qui m’a permis d’amener personnellement ma chère compagnie de mitrailleuses à l’ennemi et de recevoir uni le baptême du feu. Après une nuit bien agitée dans le petit village de Libin, la progression s’est poursuivie dans la matinée du 22 août en direction ouest, pendant que les rapports du 6e Dragons signalaient la présence, à proximité, de l’ennemi de plus en plus nombreux sans donner une image exhaustive de leurs positions. Probablement pour résoudre ces doutes, la brigade émit vers 11h, lorsque le petit village de Villance fut atteint, l’ordre suivant : « I/118e IR avec la compagnie de mitrailleuses prend Maissin ». Le bataillon (I/118e IR) mené par le major Lotz se déploya immédiatement – comme il a été mis en pratique modestement dans le « Jardin des Roses » (?) – et progressa vers le village précité. La compagnie de mitrailleuses (M.G.K.) suivit en arrière, au milieu, avec leurs armes prêtes à fonctionner pendant que la voiture retournait en couverture à la sortie de Villance avec le commando du sergent-major HÖLN. Déjà pendant cette progression, il devint clair pour nous que nous nous enfoncions désespérément dans un sac car nous recevions non seulement de face le feu de l’infanterie, mais aussi des forêts à gauche et des tirs isolés de droite. C’était au début un sentiment singulier de servir de cible sans pouvoir voir l’adversaire. On écoutait le chant des oiseaux d’acier et on les voyait s’enfoncer dans le gazon peu abondant, mais bientôt on s’y habituait et on ne leur prêtait plus d’attention. La pensée « sus à l’ennemi ! » et le désir d’action canalisaient graduellement nos sens.
A la sortie occidentale de l’endroit, la compagnie de mitrailleuses mit en batterie ses six engins et une grêle d’acier s’abattit sur l’adversaire, les pantalons rouges et manteaux bleus étant une excellente cible. Peu à peu le Français devenait plus fort, favorisé par le terrain de plus en plus proche de Maissin, et tirait abondamment sur nous au fusil et à la mitrailleuse. Les balles ricochaient sans cesse contre les murs des maisons derrière nous et il y avait déjà des pertes considérables. J’avais moi-même reçu un coup de feu dans la manche de ma veste.
Après un certain temps, mon brave sergent-major HÖLN se faufila en avant pour s’assurer si l’approvisionnement en munition fonctionnait aussi bien sur cet espace extraordinairement long. Par suite de la puissante progression des Français, le I/118e IR se vit bien contraint de reculer de telle sorte que ma position ne fut plus protégée de rien. Dès que le capitaine FREIENSEHNER ramena en arrière sa compagnie, en dernier, il passa par hasard près de moi et me dit « je suis cerné à droite » : je décidai alors, après une certaine hésitation, à démonter les pièces et ordonnai le changement de position vers une hauteur sise au nord du village.
Il en résulta ici, dans cet avoine à mi-hauteur d’homme, de ne plus penser à un tir car, nous servions uniquement de cible pour l’adversaire dans ce champ plus éloigné : si bien que je regardai déjà en arrière vers une petite place plus convenable, lorsque le major STEHBERGER vint de l’arrière avec le message que les II et III/118e IR s’avançaient. Je me joignis immédiatement sous la protection de la 8e compagnie et occupai avec eux un chemin de campagne à l’ouest de Maissin en direction du nord, bordé d’une haie qui nous abritait passablement de la vue mais non des balles. Le chef-mitrailleur couché à côté de moi, un sous-officier volontaire depuis un an, desservait lui-même son arme pendant que je désignais la cible et observais ; et justement un conducteur avait jeté les bras en l’air et s’était embourbé derrière le remblai, quand soudain le capitaine TEUTE se trouvant non loin de moi s’écroulait en poussant un haut cri. Une balle l’avait atteint à l’épaule, avait pris une direction plus oblique dans le corps pour se fixer finalement dans une vertèbre dorsale : ce qui avait entraîné une paralysie de toute la partie inférieure du corps. Ce géant d’homme a tout de même encore lutté deux mois entiers contre la mort avant de succomber de ses lourdes blessures à l’hôpital de Bonn.
Aussi le sous-officier volontaire précité, un homme magnifique dont le nom m’a échappé, s’affaissa peu après et l’arme fut reprise par le caporal HORN, qui reçut un coup de feu à l’épaule tandis qu’une balle s’écrasait sur le 4ème bouton de ma veste. (…). Les pertes augmentaient considérablement ; un ordre vint justement de la brigade, qui fut répercuté par la ligne de feu : « Ne tirez plus, le 117e IR se trouve en progression ! ». Naturellement je n’ai pas réagi car, comme simple soldat du front, je devais me dire : Nun erst recht ! (« Et maintenant cela va commencer ! »). Que la transmission fut cependant réellement correcte, m’assurait à moitié à cela par la ligne de feu (…) l’écriteau sanglant (?) : « La compagnie de mitrailleuses ne tire plus, le 117e IR progresse à gauche ! ».
Je ne pouvais pas être déconcerté par cet ordre direct, d’autant moins que les Français avaient commencé à tirer avec de l’artillerie et avait privé le III/118e IR se trouvant à droite de son commandant et de ses capitaines. Apparemment, ils nous tournaient à droite. Le III/118e IR commençait à s’émietter et à refluer en amas clairs. Bientôt, les éléments du II/118e IR couchés à ma droite furent également entraînés dans le mouvement de repli. Moi aussi je dus me résoudre à me retirer. Avant tout j’envoyai à l’arrière la 8e compagnie qui ne voulait pas abandonner son capitaine TEUTE blessé et ne parvenait pas à le ramener suite à la grêle de balles et du feu crépitant de l’ennemi. Alors, je sifflai la fin du feu de la compagnie de mitrailleuses (M.G.K.) et ordonnai le changement de position vers une hauteur située à l’arrière du village. A ce moment, je fus surpris par un ricochet qui atteignit mon coude droit et causa un sentiment de douleur bien désagréable et un solide juron. Dans la première maison de Maissin, où je rencontrai un certain nombre de blessés ainsi que le lieutenant STEIGER blessé au ventre et couché sur un large lit français, je me fis panser par mon ordonnance de combat – le sergent-major BREHM - et me fis donner par l’habitant une tasse de café. Puisqu’il était 19h et que je n’avais rien mangé depuis le matin, j’étais épuisé par la forte perte de sang. Selon les dires, l’abord du village était encore solidement aux mains du I/118e IR d’autant plus que j’avais encore vu le major LOTZ, ainsi que les capitaines STAUBESAND et COLLMANN, en position : je n’avais pas fait attention dehors aux événements. Alors BREHM me cria soudain : « Les Français sont dans le village, nous ne pouvons plus retourner ! ». C’était désagréable, car il était clair que les Français seraient certainement réjouis de la capture d’un officier allemand et qu’ils m’exhiberaient triomphalement. Que faire ? Me faufiler avec la disposition dans laquelle je me trouvais, était impossible. Après une brève décision, je me couchai à côté de STEIGER dans le large lit et (…)
Au cours de la guerre, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de goûter à des situations bien inconfortables, elles étaient toujours remplacées par d’autres événements : mais cette nuit restera toujours pour moi inoubliable ! La maisonnette se remplit de Français qui se montraient mutuellement le « capitaine allemand ». Le village fut fortement occupé et une attaque de nuit les repoussa comme je l’entendis distinctement. En plus cette pensée lancinante : comment pouvait-on s’en sortir de cette gifle maudite ?
J’articulai à mi-voix à STEIGER : « Si ces gens pouvaient nous laisser reposer !». Là se leva devant moi une forme maigre et barbue qui écoutait attentivement ma parole. C’était un médecin français qui s’occupait d’un Chasseur blessé, couché sur le sol à côté de moi, que je n’avais pas remarqué. Mon effusion de cœur passa immédiatement dans un gémissement très naturel que les délires de la fièvre devaient stimuler. (…). Au cours de la nuit, notre chambre se vida graduellement et le vainqueur se calma. De nouveaux plans de fuite harcelèrent mon cerveau mais durent être toujours rejetés car la maison était fortement gardée. Et même en surmontant cet obstacle, la traversée des lignes françaises restait hypothétique…
Là, quand le matin se leva, BREHM – coiffé comme un infirmier - s’enquerra auprès de moi : ainsi, il avait également échappé au transport vers la captivité française. Les Français s’en retournaient. En même temps, on entendit de violents pas lourds et toujours de plus en plus pressés. Maintenant un feu d’artillerie débuta aussi sur le village et un tir atteignit le grenier à foin de notre maisonnette en l’incendiant : si bien que nous devions quitter immédiatement notre refuge. Je sauvai STEIGER et TEUTE, qui avaient été amenés pendant la nuit par les derniers Français dans une pièce attenante, en les plaçant derrière la partie maçonnée d’une grange et en leur promettant de les faire rechercher si ma fuite réussissait. Je fichai alors le camp avec BREHM vers la lisière nord du village par les clôtures des jardins et les murs des maisons « toujours en longeant les murs !»
Bientôt nous reconnûmes devant nous les positions allemandes, agitâmes le mouchoir. Après nous nous retrouvâmes derrière les lignes d’attaque du VIIIe RK (corps de réserve).
Une joie particulière m’était encore réservée quand ma compagnie (M.G.K.) de mitrailleuses nous salua avec des hourras en partant en avant-garde : elle avait supposé que nous étions déjà en route, de manière involontaire, vers Paris …»
A bientôt et une bonne soirée de Bruxelles !
Bonsoir Marie-Thérèse, Sophie, Jean-Louis, Barth, Jean-Yves et à tous les amis (bretons ou non) de Maissin,
A la veille de la Saint-Nicolas ..., je vous signale que la traduction des pages de l'historique du 118e IR allemand -relatives au combat de Maissin - est enfin achevée (ouf, merci Aspro ...!). Notre ami Barth la tient à votre disposition. Voici encore un témoignage du commandant de la compagnie de mitrailleuses du régiment,qui soutient l'attaque du I/118e IR sur Maissin le 22/08/1914:
7) Le commandant de la compagnie des mitrailleuses (M.G.K.), le capitaine von GOESSEL, décrit son expérience à Maissin comme suit : (traduction assez difficile et encore incomplète !)
« J’ai appris mon avancement comme major, résultant d’un A.K.D du 18 août 1914, seulement le 26 août 1914, par suite du plus haut intérêt de l’Etat-Major envers le front que pour de telles bagatelles. J’ai à remercier cette circonstance qui m’a permis d’amener personnellement ma chère compagnie de mitrailleuses à l’ennemi et de recevoir uni le baptême du feu. Après une nuit bien agitée dans le petit village de Libin, la progression s’est poursuivie dans la matinée du 22 août en direction ouest, pendant que les rapports du 6e Dragons signalaient la présence, à proximité, de l’ennemi de plus en plus nombreux sans donner une image exhaustive de leurs positions. Probablement pour résoudre ces doutes, la brigade émit vers 11h, lorsque le petit village de Villance fut atteint, l’ordre suivant : « I/118e IR avec la compagnie de mitrailleuses prend Maissin ». Le bataillon (I/118e IR) mené par le major Lotz se déploya immédiatement – comme il a été mis en pratique modestement dans le « Jardin des Roses » (?) – et progressa vers le village précité. La compagnie de mitrailleuses (M.G.K.) suivit en arrière, au milieu, avec leurs armes prêtes à fonctionner pendant que la voiture retournait en couverture à la sortie de Villance avec le commando du sergent-major HÖLN. Déjà pendant cette progression, il devint clair pour nous que nous nous enfoncions désespérément dans un sac car nous recevions non seulement de face le feu de l’infanterie, mais aussi des forêts à gauche et des tirs isolés de droite. C’était au début un sentiment singulier de servir de cible sans pouvoir voir l’adversaire. On écoutait le chant des oiseaux d’acier et on les voyait s’enfoncer dans le gazon peu abondant, mais bientôt on s’y habituait et on ne leur prêtait plus d’attention. La pensée « sus à l’ennemi ! » et le désir d’action canalisaient graduellement nos sens.
A la sortie occidentale de l’endroit, la compagnie de mitrailleuses mit en batterie ses six engins et une grêle d’acier s’abattit sur l’adversaire, les pantalons rouges et manteaux bleus étant une excellente cible. Peu à peu le Français devenait plus fort, favorisé par le terrain de plus en plus proche de Maissin, et tirait abondamment sur nous au fusil et à la mitrailleuse. Les balles ricochaient sans cesse contre les murs des maisons derrière nous et il y avait déjà des pertes considérables. J’avais moi-même reçu un coup de feu dans la manche de ma veste.
Après un certain temps, mon brave sergent-major HÖLN se faufila en avant pour s’assurer si l’approvisionnement en munition fonctionnait aussi bien sur cet espace extraordinairement long. Par suite de la puissante progression des Français, le I/118e IR se vit bien contraint de reculer de telle sorte que ma position ne fut plus protégée de rien. Dès que le capitaine FREIENSEHNER ramena en arrière sa compagnie, en dernier, il passa par hasard près de moi et me dit « je suis cerné à droite » : je décidai alors, après une certaine hésitation, à démonter les pièces et ordonnai le changement de position vers une hauteur sise au nord du village.
Il en résulta ici, dans cet avoine à mi-hauteur d’homme, de ne plus penser à un tir car, nous servions uniquement de cible pour l’adversaire dans ce champ plus éloigné : si bien que je regardai déjà en arrière vers une petite place plus convenable, lorsque le major STEHBERGER vint de l’arrière avec le message que les II et III/118e IR s’avançaient. Je me joignis immédiatement sous la protection de la 8e compagnie et occupai avec eux un chemin de campagne à l’ouest de Maissin en direction du nord, bordé d’une haie qui nous abritait passablement de la vue mais non des balles. Le chef-mitrailleur couché à côté de moi, un sous-officier volontaire depuis un an, desservait lui-même son arme pendant que je désignais la cible et observais ; et justement un conducteur avait jeté les bras en l’air et s’était embourbé derrière le remblai, quand soudain le capitaine TEUTE se trouvant non loin de moi s’écroulait en poussant un haut cri. Une balle l’avait atteint à l’épaule, avait pris une direction plus oblique dans le corps pour se fixer finalement dans une vertèbre dorsale : ce qui avait entraîné une paralysie de toute la partie inférieure du corps. Ce géant d’homme a tout de même encore lutté deux mois entiers contre la mort avant de succomber de ses lourdes blessures à l’hôpital de Bonn.
Aussi le sous-officier volontaire précité, un homme magnifique dont le nom m’a échappé, s’affaissa peu après et l’arme fut reprise par le caporal HORN, qui reçut un coup de feu à l’épaule tandis qu’une balle s’écrasait sur le 4ème bouton de ma veste. (…). Les pertes augmentaient considérablement ; un ordre vint justement de la brigade, qui fut répercuté par la ligne de feu : « Ne tirez plus, le 117e IR se trouve en progression ! ». Naturellement je n’ai pas réagi car, comme simple soldat du front, je devais me dire : Nun erst recht ! (« Et maintenant cela va commencer ! »). Que la transmission fut cependant réellement correcte, m’assurait à moitié à cela par la ligne de feu (…) l’écriteau sanglant (?) : « La compagnie de mitrailleuses ne tire plus, le 117e IR progresse à gauche ! ».
Je ne pouvais pas être déconcerté par cet ordre direct, d’autant moins que les Français avaient commencé à tirer avec de l’artillerie et avait privé le III/118e IR se trouvant à droite de son commandant et de ses capitaines. Apparemment, ils nous tournaient à droite. Le III/118e IR commençait à s’émietter et à refluer en amas clairs. Bientôt, les éléments du II/118e IR couchés à ma droite furent également entraînés dans le mouvement de repli. Moi aussi je dus me résoudre à me retirer. Avant tout j’envoyai à l’arrière la 8e compagnie qui ne voulait pas abandonner son capitaine TEUTE blessé et ne parvenait pas à le ramener suite à la grêle de balles et du feu crépitant de l’ennemi. Alors, je sifflai la fin du feu de la compagnie de mitrailleuses (M.G.K.) et ordonnai le changement de position vers une hauteur située à l’arrière du village. A ce moment, je fus surpris par un ricochet qui atteignit mon coude droit et causa un sentiment de douleur bien désagréable et un solide juron. Dans la première maison de Maissin, où je rencontrai un certain nombre de blessés ainsi que le lieutenant STEIGER blessé au ventre et couché sur un large lit français, je me fis panser par mon ordonnance de combat – le sergent-major BREHM - et me fis donner par l’habitant une tasse de café. Puisqu’il était 19h et que je n’avais rien mangé depuis le matin, j’étais épuisé par la forte perte de sang. Selon les dires, l’abord du village était encore solidement aux mains du I/118e IR d’autant plus que j’avais encore vu le major LOTZ, ainsi que les capitaines STAUBESAND et COLLMANN, en position : je n’avais pas fait attention dehors aux événements. Alors BREHM me cria soudain : « Les Français sont dans le village, nous ne pouvons plus retourner ! ». C’était désagréable, car il était clair que les Français seraient certainement réjouis de la capture d’un officier allemand et qu’ils m’exhiberaient triomphalement. Que faire ? Me faufiler avec la disposition dans laquelle je me trouvais, était impossible. Après une brève décision, je me couchai à côté de STEIGER dans le large lit et (…)
Au cours de la guerre, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de goûter à des situations bien inconfortables, elles étaient toujours remplacées par d’autres événements : mais cette nuit restera toujours pour moi inoubliable ! La maisonnette se remplit de Français qui se montraient mutuellement le « capitaine allemand ». Le village fut fortement occupé et une attaque de nuit les repoussa comme je l’entendis distinctement. En plus cette pensée lancinante : comment pouvait-on s’en sortir de cette gifle maudite ?
J’articulai à mi-voix à STEIGER : « Si ces gens pouvaient nous laisser reposer !». Là se leva devant moi une forme maigre et barbue qui écoutait attentivement ma parole. C’était un médecin français qui s’occupait d’un Chasseur blessé, couché sur le sol à côté de moi, que je n’avais pas remarqué. Mon effusion de cœur passa immédiatement dans un gémissement très naturel que les délires de la fièvre devaient stimuler. (…). Au cours de la nuit, notre chambre se vida graduellement et le vainqueur se calma. De nouveaux plans de fuite harcelèrent mon cerveau mais durent être toujours rejetés car la maison était fortement gardée. Et même en surmontant cet obstacle, la traversée des lignes françaises restait hypothétique…
Là, quand le matin se leva, BREHM – coiffé comme un infirmier - s’enquerra auprès de moi : ainsi, il avait également échappé au transport vers la captivité française. Les Français s’en retournaient. En même temps, on entendit de violents pas lourds et toujours de plus en plus pressés. Maintenant un feu d’artillerie débuta aussi sur le village et un tir atteignit le grenier à foin de notre maisonnette en l’incendiant : si bien que nous devions quitter immédiatement notre refuge. Je sauvai STEIGER et TEUTE, qui avaient été amenés pendant la nuit par les derniers Français dans une pièce attenante, en les plaçant derrière la partie maçonnée d’une grange et en leur promettant de les faire rechercher si ma fuite réussissait. Je fichai alors le camp avec BREHM vers la lisière nord du village par les clôtures des jardins et les murs des maisons « toujours en longeant les murs !»
Bientôt nous reconnûmes devant nous les positions allemandes, agitâmes le mouchoir. Après nous nous retrouvâmes derrière les lignes d’attaque du VIIIe RK (corps de réserve).
Une joie particulière m’était encore réservée quand ma compagnie (M.G.K.) de mitrailleuses nous salua avec des hourras en partant en avant-garde : elle avait supposé que nous étions déjà en route, de manière involontaire, vers Paris …»
A bientôt et une bonne soirée de Bruxelles !