Bonjour à toutes et à tous,
Je ne sais pas s'il y a eu des passe-droits, que ce soit tant pour les sections de camouflage que pour les autres armes.
En ce qui concerne les artistes connus, un certain nombre n'a pas été affecté aux sections de camouflage
Prenons l'exemple de Fernand Léger. Y aurait-il une explication ?
Bien avant guerre, les peintres très critiqués, les "cubistes", Picasso, Juan Gris, Braque et Fernand Léger sont sous contrat d'exclusivité avec Daniel-Henry Kahnweiler, marchand d'art allemand, à Paris. Lors de la mobilisation, ce dernier refuse de combattre, il est considéré comme déserteur. Les oeuvres sont mises sous séquestre. Et re-belote, lors de la 2e GM. A ce sujet, un bon livre de Pierre Assouline, L'Homme de l'Art. D. H. Kahnweiler, 1884-1979.
Quant à Léger et Georges Braque, ils partent pour le front
Si l'Armée n'a pas mis à l'abri un certain nombre d'artistes reconnus par leurs pairs, et surtout pas les initiateurs du cubisme, néanmoins, elle a su reconnaître l'intérêt de leurs découvertes d'avant-garde et les a appliquées aux techniques du camouflage.
Je me suis intéressée au camouflage et comme j'ai regroupé quelques notes je vais vous en faire part. Voici une liste, pas très organisée, avec liens et quelques citations.
Un descriptif d'exposition très intéressant et informatif :
"Le front invisible, artistes et camoufleurs dans la Marne 1914-1918" du Conseil Général de la Marne :
http://archives.marne.fr/?id=55
CITATION :
"Le peintre Fernand Léger (1881-1955), mobilisé dés le 1er août, se bat en Argonne, puis en Champagne de janvier à juillet 1917, et demande, en vain, à être versé dans la section de camouflage, .../... "
( Un tableau de 1913, au Musée Fernand Léger :
http://www.musees-nationaux-alpesmariti ... formes.htm )
.../...
"D’autre part, une large place est consacrée aux ateliers de camouflage de Châlons-sur-Marne, Épernay et Baye. .../...
Les techniques de peinture des cubistes visant à déstructurer l’espace ou l’objet pour mieux le comprendre, sont alors très largement employées dans un but inverse : effacer les formes. Des artistes de mouvance cubiste, tels qu’André Mare et Dunoyer de Segonzac, sont donc employés dans ces ateliers –mais pas à Châlons-, avec d’autres peintres, comme les Marnais Jean-Louis Forain ou Maurice Taquoy. "
Les croquis du Carnet d'André Mare, Historial de la Grande Guerre, Péronne,
La couleur des larmes : André mare :
http://www.memorial-caen.fr/10EVENT/EXP ... 6text.html
CITATION :
"A la fin de la guerre, le camouflage est devenu un service à part entière, avec des ateliers de fabrication à Paris et à proximité du front et des sections attachées aux corps d'armées. L'effectif atteint trois mille hommes de troupe et le chiffre de la main-d'oeuvre civile employée à l'arrière - essentiellement féminine - dépasse dix mille personnes."
Il y a aussi
Derain qui part pour le front (mais je ne retrouve plus mes notes).
Un site
1er Régiment du Génie
http://www.witzgilles.com/1er%20GENIE%2 ... 0Liste.htm
CITATION :
SECTIONS CAMOUFLAGE
Atelier régional et central de Paris, Section camouflage Orient, Section camouflage D.A.N.
Atelier d'Epinal, Détachement de
Chantilly, Amiens, Metz.
SECTIONS CAMOUFLAGE - ATELIER REGIONAUX
Chantilly, Epernay, Châlons, Chartres, Auxerre, S. C. du S.P. 147.,
Il manquerait certains centres dont Toul
Un article de la revue 'l'Illustration' No. 4009 de 3 janvier 1920,
" La Section de Camouflage, 1915-1918", par Jean de Pierrefeu
http://www.greatwardifferent.com/Great_ ... age_01.htm
Article avec quelques illustrations forts intéressantes.
Par exemple, la palette de teintes selon les régions de la carte d'échantillons du camouflage
http://www.greatwardifferent.com/Great_ ... %20002.jpg
Une photo
"Celui de Chantilly, créé en 1917, employa jusqu'à un millier d'ouvrières."
http://www.greatwardifferent.com/Great_ ... %20001.jpg
Ainsi, il y avait non seulement des camoufleurs mais également des camoufleuses,
www.ccmdchantilly.com/pdf/camoufleuses.pd
Mais quel statut avaient-elles ?
Un extrait d'une thèse et sa bibliographie
Hypermobilité : L’ évolution des pratiques artistiques du temps de la Grande Guerre
Claire Maingon / Docteur en Histoire de l’Art / Université Paris X – Nanterre
http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/ge ... claire.pdf
Un article de Cairn.info
Frédéric Thiery «
La première veste de camouflage de guerre du monde » est inventée par Louis Guingot. », Guerres mondiales et conflits contemporains 3/2007 (n° 227), p. 7-21.
Doctorant, Université de Nancy 2.
http://www.cairn.info/revue-guerres-mon ... page-7.htm
CITATION :
Le premier document concernant le camouflage émane du ministère de la Guerre et est daté du 12 février 1915. Il constitue l’acte de création de la première équipe officielle de camouflage à Amiens[12]
[12] Service historique de la Défense – Terre, dossier 7N410
"en Picardie, là où le front redoublait d’activité en ce début de l’année 1915. Des peintres cubistes célèbres, tels Charles Dufresne (1876-1938) ou Roger de la Fresnaye (1885-1925), vinrent s’y installer. Le 14 août de la même année, le maréchal Joffre, convaincu de ce nouvel art militaire, donna une organisation régulière aux camoufleurs rassemblés en une unité rattachée d’abord à son Grand Quartier Général, puis en octobre 1916 au 1er Régiment du Génie, et placée sous le commandement de Guirand de Scévola. Des ateliers secondaires apparurent à Châlons-en-Champagne et à Nancy, puis à proximité des combats, à Limey, à Châlons-sur-Marne, à Noyon et à Chantilly. .../... Une équipe réduite de camoufleurs fut maintenue à Toul sous la direction du peintre Auguste Desch (1877-1924)."
Voilà donc quelques documents qui, réunies aux informations citées dans les autres messages, devraient apporter quelques pistes de recherche solides afin de développer ce sujet fort intéressant.
Cordialement
Geneviève