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Védrines ? Trop indirect peut être!
« Une autre fois (quelques jours avant l'attaque du plateau de Quennevières), le commandement avait besoin de renseignements précis, qu'il fallait aller prendre sur place.
« L'homme que j'étais chargé de conduire devait s'introduire dans l'aérodrome de Vouël, faubourg de Tergnier. On décida que le plus simple était de le débarq'uer à destination.
» Nous voilà partis. Au nord-est de Vouël, il y a une ferme, près de l'entrée du bois de Ham. L'endroit convenait à la mission. Y atterrir pouvait être compliqué, mais justement.
à mon avis, c'était une raison de tenter le coup, les Boches ne devant pas s'imaginer qu'on oserait venir se poser à quelques centaines de mètres d'un parc où il n'y avait pas moins de trente-deux appareils, d'un parc gardé, rempli de troupes et d'auto- canons, enfin d'un parc bien défendu.
» L'affaire va. Je laisse mon homme. Il s'éclipse très adroitement. Les messages qu'il envoie par pigeons, les jours suivants, montrent qu'il a pu remplir parfaitement sa mission. Il n'y plus qu'à le ramener.
» Me voilà sur Vouël. Je suis accueilli par la plus jolie grêle de balles que j'aie connue de toute la guerre. Je pique Mais en arrivant près du sol je ne reconnais plus le chemin. Au heu d'un endroit écarté et presque désert, je vois sur la terre des traces de pas et de pieds de chevaux, des ornières d'automobiles. Au premier voyage, on m'a repéré. Depuis cinq jours toutes sortes de gens sont venues reconnaître le lieu de mon atterrissage. On a déposé çà et là quelques réseaux de fil de fer barbelé. Enfin, ça sent mauvais.
» Mon homme m'attend. Il m'aperçoit et veut sortir du bois où il était caché. Je me dispose à le recueillir, sans trop . savoir comment je vais pouvoir me poser, mais au même instant une cinquantaine de Fritz jaillissent des lisières. Pendant que les uns me tirent dessus, les autres se précipitent vers mon malheureux camarade, qu'ils épiaient.
» Il les voit, rentre sous les arbres. Je vole au-dessus du bois, espérant qu'il va paraître à une autre issue. Mais le bois est entièrement cerné.
» Il m'a fallu repartir tout seul... Jamais je n'ai senti à la fois tant de rage et tant de peine... On me canardait ferme, mais je n'y pensais plus.
» Jamais je n'ai pu savoir ce qu'était devenu le pauvre héros que j'ai laissé dans le bois de Vouël.
» Ce que je sais bien, c'est ce qu'il avait'fait pendant les quelques jours passés au milieu de l'ennemi. Et ce que je sais aussi, c'est que le communiqué du 7 juin 1915, relatant l'attaque menée par nous sur Moulin-sous-Touvent, annonçait qu'on avait relevé 2.000 cadavres allemands et fait 8.000 prisonniers. »
Source [url]http://www.greatwardifferent.com/Great_ ... ees_01.htm[/url]
Cordialement
IM Louis Jean
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