Bonsoir,
Meuuhh non ça dégénère pas avec Jean Pierre, c'est l'ambiance ! Ca eut dégénéré ici, avec d'autres mais il y a longtemps et pour d'autres sujets...
Donc j'allais dire quoi ?
Ah oui...
La question n'est pas "est-ce que les allemands voulaient prendre Paris". La réponse est oui bien entendu. La médaille qui "anticipait" on connait.
Je disais simplement que
passé le 31 août, il n'est plus question de prendre Paris. Forcément ! Comment Von Kluck pouvait-il prendre Paris et envelopper la Vème armée en même temps ?!
Garance, je ne suis pas un fana de Georges Blond mais il se trouve que j'ai un bouquin "La bataille de la Marne" (grand format couverture rouge si ça vous dit). Il a bien entendu péché ses sources chez les pros, et c'est clair... Paris le 1er septembre c'est fini, VK veut la Vème... Et il avait une journée de marche d'avance sur VB.
Morceaux choisis (Source, le livre de Kuhl

)
« ...
Il fallait par suite la refouler (La V° armée)
vers le sud-est. Or seule la 1e armée était en état de le faire, car en admettant même qu’elle atteignît l’ennemi, la 2e armée ne pouvait le rencontrer que de front. Mais d’après l’ordre de la Direction Suprême, la 1e armée devait suivre la 2e en échelon. Pour cela il lui aurait fallu s’arrêter pendant 2 à 3 jours afin de laisser la 2e armée prendre les devants. Mais il aurait été dès lors impossible de refouler les français vers le sud-est et toute l’opération aurait été appelée à échouer.
Or le IX°CA avait déjà franchi la Marne dès le 3 de son propre mouvement et avait obligé l’aile gauche française à combattre. D’après le renseignement transmis par la 2e armée l’ennemi refluait en pleine dissolution. Est-ce que la 1e armée ne devait pas profiter de sa situation en échelon avancé ? Devions-nous négliger la dernière occasion d’atteindre l’ennemi, laisser échapper le prix de nos efforts indicibles ?
Mais en passant la Marne l’armée allait à l’encontre de la lettre de la Direction Suprême. Elle le savait parfaitement. Le flanc droit devait être couvert face à Paris par son propre échelonnement. C’était là une mesure qui pouvait être suffisante contre les forces ennemies battues sur la Somme et l’Avre. De la part des anglais il n’y avait guère à craindre d’offensive. Il restait encore néanmoins un danger dans le flanc droit. Nous en prîmes notre parti pour tendre vers un grand but qu’il nous semblait possible d’atteindre.
C’était une décision hardie que celle à laquelle le commandant de l’armée s’était décidé. Les dés étaient jetés, le Rubicon fut franchi. »
Le 4 septembre, Von Kluck, malgré ses craintes, avait décidé de pousser encore une journée vers le sud-est pour tenter une dernière fois d’intercepter la V°armée. Il devait au fur et à mesure de son avance laisser des troupes de couverture sur son flanc droit face à Paris. Le matin de ce 5 septembre, il reçoit un radio de la Direction Suprême, expédié le 4 au soir, à son Q.G. de la Ferté-Milon : La 1e armée devait rester entre Oise et Marne face au front de Paris, la 2e entre Seine et Marne.
Von Kuhl : «
La 1e armée était obligée de lâcher l’ennemi, tous ses efforts avaient été vains. Nous ne pouvions pas « rester » entre Oise et Marne, nous ne pouvions qu’y retourner... »
"
Face au front de Paris"... Cela signifie "se garder d'une attaque venant de Paris, et non pas "prendre Paris !" Mais VB ne pouvait à lui seul enrouler et battre la Vème armée. De plus, la fameuse brèche se serait encore plus élargie et ça, y faut pas le faire entre armées...
Ajoutons le caractère fonceur orgueilleux et indépendant de VK, (l'initiative, école prussienne + sa nature), en compétition avec VB [Rappelons qu'au début, VK et sa 1ère armée était subordonné à VB et sa 2ème (Belgique), ensuite Moltke a lâché le doberman qui a fait route tout seul les dents en avant.]
Ah la Marne !
Victoire de l'âne ? (Passons sur Galliéni qui l'a poussé à attaquer le jour J ! L'autre hésitait... Contrarié peut-être que son ancien supérieur à Madagascar lui donne des conseils ?) Ou retrait stratégique allemand ? Dans les combats face à Paris (là je doute faudrait que je relise) il me semble que la VIème armée était mal barrée... (excepté des faits d'armes et succès locaux, passons, l'essentiel c'est le global dans ces choses là). Les troupes de flanc garde de VK maîtrisaient la situation et plus encore ! Comment les choses auraient-elles pu être différentes d'août, alors que rien ou presque n'avait encore changé dans la tactique sur le terrain ? D'où "les boules" de VK d'avoir à retraiter sur l'ordre de Hentch, l'envoyé de Moltke.
JP, tu peux toujours comparer V Kuhl à Berthelot ok, mais sur ces grandes lignes d'infos, mouvements des CA et axes de routes, projets, situation de la 1ère armée à la veille de la Marne, fabuler à ce point là pour couvrir son ex-patron ça serait un peu Kolossal !

Et puis bon, y'a les cartes...
Passionnant la Marne !
Mais ils ne sont pas passés loin de Paris, ça c'est vrai. Juste à droite en descendant...
Bernard