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Re: Chemin du cantonnement de Verdrel au Bois en Hache ?

Publié : sam. déc. 04, 2010 1:25 pm
par gobelins

Pour Violette – Un ancien né à Verdrel en 1923. De 1914 à 1918, il serait impossible de donner le nombre exact de régiments ayant transité dans notre village. Le camp de toile des Tirailleurs se trouvait après la dernière maison Opigez, côté Nord. Les Goumiers étaient parqués dans la cour de ferme et la pâture Daguin. Devant, il y avait un abreuvoir. L’infanterie était logée chez l’habitant, étable, grange. Concernant le parcours des unités pour les relèves sur Lorette et environs, en principe, par compagnie, elles empruntaient le sentier des Grenadiers, en face du Temple, ensuite elles longeaient le bois de Coupigny jusqu’à la maison du garde forestier sur la route d’Hersin. A partir de là, elles prenaient le « chemin des loups » qui va jusqu’à l’entrée du bois de mont et du chalet forestier. Il arrivait que le 237ème parte de Verdrel, musique en tête et arrivé au café Facon, continuait vers le « chemin des loups » C’est une jeune fille qui habitait le café qui m’a narré ses souvenirs.

Re: Chemin du cantonnement de Verdrel au Bois en Hache ?

Publié : sam. déc. 04, 2010 1:42 pm
par violette
Bonjour à tous,
Bonjour gobelins,
Merci beaucoup, et les mots sont faibles, pour cette réponse extrêmement précise et que j'exploiterai lors de ma prochaine visite dans le secteur.
J'en suis toute émue, ainsi que de l'évocation de l'infanterie logée chez l'habitant. Celà me rend les choses très concrètes. Je n'ai plus l'impression d'être face à un bataillon du 158 cantonné anonymement parmi d'autres anonymes, mais bien face à des personnes en chair et en os.
Cordialement,
Violette

Re: Chemin du cantonnement de Verdrel au Bois en Hache ?

Publié : sam. déc. 04, 2010 4:25 pm
par gobelins

pour Violette - Gobelins.
Le Grand Eperon d’Ablain-St-Nazaire

Première attaque française du 15 mars 1915 - Le 158ème R.I

Le 15 mars 1915, à 10 heures du matin, les Français ouvrent un très fort feu d'artillerie qui allait s'accentuer jusqu'à 13h45 ; côté allemand, les positions sont bouleversées, pulvérisées, une quinzaine d'hommes sont ensevelis dans une tranchée. L'artillerie ennemie réagit difficilement, ses tirs sont surtout dirigés sur l'éperon Mathis. Les Français continuent leur bombardement avec pièces lourdes et à partir de 14 heures, d'autres batteries enchaînent par des tirs ininterrompus ; jamais un pilonnage n'a été aussi dévastateur.
C'est un feu d'enfer, la" Kanzel " n'a jamais subi un bombardement d'une telle violence. Les tranchées allemandes sont nivelées et deviennent presque invisibles.
Dès que les batteries allongent leurs tirs, il est 14h20, sous le feu ennemi extrêmement violent, les unités du 158ème R.I donnent l'assaut et enlèvent de haute lutte toutes les positions allemandes de ce secteur. L'attaque continue pour une partie de fantassins français ; ceux-ci poursuivent leur avancée jusqu'aux dernières positions, en lisière d'Ablain où ils prennent pied mais devant la résistance des réserves allemandes, ils décrochent. Dans la nuit du 15 au 16, une contre-attaque de l'ennemi se déclenche dans l'obscurité complète, un dur corps à corps a lieu, après deux heures de lutte, il se rend compte de l'impossibilité de reprendre ses positions perdues. Au cours de cette journée, les Allemands avaient perdu environ 220 hommes, tués et blessés ; de notre côté, nous avons fait 110 prisonniers mais nos pertes sont également sévères, 40 tués, 85 blessés, 50 disparus, le commandant Dupont et plusieurs de ses officiers laissent leur vie au cours de cette offensive.
Sous les tirs des mitrailleuses ennemies, nos troupes essaient du mieux possible d'évacuer leurs blessés et de consolider les tranchées se trouvant dans un piteux état.
A cette époque, cette unité appelée par la suite » le régiment de Lorette » combattait à Lorette et a participé à de nombreuses attaques dans les secteurs de cette colline. En 1915, ses bataillons allaient régulièrement en repos à Verdrel où les soldats étaient très connus de la population. Leurs pertes furent énormes.









Re: Chemin du cantonnement de Verdrel au Bois en Hache ?

Publié : sam. déc. 04, 2010 5:21 pm
par alain chaupin
Bonjour à tous
Il y a cela aussi :
http://lorette.canalblog.com/
Bonne lecture
Amicalement
Alain

Re: Chemin du cantonnement de Verdrel au Bois en Hache ?

Publié : sam. déc. 04, 2010 5:33 pm
par violette
re,
Et bonjour Alain,
Merci à vous deux pour ces compléments.
Alain, le rapport du lieutenant colonel Mignot ne m'avait pas échappé. Ce blog est vraie une mine pour qui s'interesse aux combats de Lorette et aux soldats qui y sont tombés.
Cordialement,
Violette

Re: Chemin du cantonnement de Verdrel au Bois en Hache ?

Publié : sam. déc. 04, 2010 6:37 pm
par Charraud Jerome
Bonsoir
La 304e brigade (268 et 290e RI) occupa le bois en Hache à partir du 8 janvier 1916, en relève notamment du 3e Bataillon de Chasseurs

Voici donc une carte du secteur et de ses arrières en janvier 1916 (Sources SHD - JMO 304e Brigade)
Image

Cette carte permet de voir deux axes d'accès au secteur:
Nord=> Boyau des corons et Grand Boyau
Sud=> Boyau Bichat (Abris des carrières, abris du ravin, abris du Bois 6)

A noter la présence d'une voie de chemin de fer (0m60?) sur le parcours sud. Cette ligne permet une desserte du secteur des abris.

Cordialement
Jérôme Charraud

Re: Chemin du cantonnement de Verdrel au Bois en Hache ?

Publié : dim. déc. 05, 2010 8:28 pm
par violette
Bonsoir à tous,
Merci pour la carte, Jérôme, même si, en l'examinant de près, il me semble que c'est l'une des rares que je possède déjà.
On voit effectivement le boyau Bichat pour monter au font et le boyau Decotte pour en redescendre, c'était du moins ainsi que celà fonctionnait à la mi-octobre (cf JMO du 158 RI) précédente. En revanche, la ligne de chemin de fer avait échappé à ma perspicacité.
Cordialement,
Violette

Re: Chemin du cantonnement de Verdrel au Bois en Hache ?

Publié : dim. déc. 05, 2010 9:36 pm
par Charraud Jerome
Bonjour

Voici comment le chef de corps du 290e arriva dans le secteur du bois en H. Il y fait une description (partielle) de la montée en ligne


Le 16 [janvier 1916] , le 5e bataillon prend les lignes au Bois en H, ou Bois en Hache, je n'ai jamais su quel était le nom exact de ce Bois.
Le 17 je me rends à mon tour à Aix-Noulette où je prends la place du Lieutenant-Colonel du 268e.
L'occupation du secteur est quelque peu bizarre. Comme troupes de secteur, je n'ai avec moi du régiment que le 5e bataillon, les autres unités sont du 268e. Par suite du jeu des relèves adopté, il arrivait qu'à certains moments, je n'avais aucune unité du régiment sous mes ordres.
Pendant que j'étais à Aix avec le 5e bataillon, le 6e est resté jusqu'à la fin dans le secteur de Bully. Il se relevait sur lui-même. Il avait alternativement 2 compagnies en ligne et 2 compagnies au demi-repos à Bully, où les hommes étaient obligés de se tenir dans les caves pendant le jour. Le secteur de Bully-Grenay était devenu de plus en plus mauvais. Les tranchées occupées par le bataillon se trouvaient au Nord de la voie ferrée de Lens. Elles étaient canonnées presque en permanence. Il y eut une période de bombardement particulièrement intense entre le 26 et le 29 janvier.
Le sous-secteur du Bois en H, occupé par le 5e bataillon, avait un front d'environ 1100 mètres. Il se trouvait dans l'ensemble au sud-ouest d'Angres. La gauche se trouvait au chemin d'Angres venant de la route nationale n°37. La droite aboutissait à un système de tranchées appelé la Redoute de Sébastopol.
Le bataillon passait successivement quatre jours en ligne, quatre jours au repos à Hersin et quatre jours au demi-repos à Sains et à Aix-Noulette.
Quand le bataillon était en ligne, il avait trois compagnies en première ligne et la quatrième en soutien, chaque moitié de celle-ci se tenant derrière chaque aile de la première ligne.
Les tranchées étaient dans un terrain plat, gazonné, de très peu de consistance en temps de pluie, ce qui était précisément notre cas, Les talus des tranchées avaient la pente naturelle des terres croulantes, ce qui rendait les tranchées elles-mêmes larges comme des rues. On y était juste à l'abri des vues. On ne pouvait circuler dans tout le secteur que de nuit. Pour remettre les tranchées en état, il eut fallu des masses de matériel de revêtement comme sacs à terre ou gabions. Malgré que les tranchées fussent mauvaises, il y avait quelques abris profonds qui rendaient service aux Commandants de Compagnie et de Bataillon pour l'installation de leurs P.C.
Nos prédécesseurs avaient organisé en première ligne et notamment à la droite du sous-secteur des circuits de tranchées qu'ils avaient baptisés « redoutes » et auxquelles ils avaient donné des noms de bataille du deuxième Empire, comme Sébastopol, Solférino, etc... Du côté des redoutes, le terrain .était accidenté et bien meilleur que dans la plaine gazonnée.
Le Général Curé, Commandant le Corps d'Armée, et le Général Néraud, Commandant la Brigade, ont chacun parcouru le secteur d'un bout à l'autre. A certains moments, ils enfonçaient dans la boue et dans la vase de toute la profondeur de leurs jambes. Ils ont certainement dû faire un gros effort pour parcourir tout le front. Il n'était pas mauvais que les grands Chefs se rendissent de temps à autre dans les mauvais secteurs. On a beau en recevoir des descriptions, si on ne les a pas vus soi-même, on ne peut s'en faire qu'une idée incomplète.
Pour se rendre en ligne, on prenait la route nationale n° 37 qui traverse Aix et Souchez. Arrivé à hauteur d'Angres, à l'endroit précis où se trouvait le P.C. du régiment à notre droite (alternativement 68e ou 90e), on tournait à gauche et on traversait un vaste terrain plat et gazonné où se trouvait tout l'ancien réseau de tranchées allemandes conquises dans les offensives précédentes. On passait ensuite près du P.C. du Chef de Bataillon en ligne, et de son dépôt de matériel. Enfin, on arrivait aux tranchées de première ligne. Bien entendu on ne pouvait circuler et remuer dans le secteur que de nuit. La circulation était alors intense entre la route nationale et les tranchées. Les hommes avaient tracé de nombreuses pistes qui, par temps humides, devenaient très glissantes. Elles s'élargissaient alors jusqu'à devenir larges comme des routes, chaque homme cherchant en s'écartant à marcher sur du terrain résistant. Toutes ces pistes se rétrécissaient à nouveau à certains points de passage obligatoires comme les passerelles qu'on avait jetées sur les anciennes tranchées allemandes. En ces points il se formait des cohues inextricables, les uns voulant aller vers l'avant, les autres vers l'arrière. Tout ce monde qui grouillait dans la plaine transportait du matériel. Ce qu'il y avait d'extraordinaire, c'est qu'il n'est jamais tombé un obus dans cette cohue. Les Allemands devaient cependant bien avoir relevé toutes les pistes sur leurs photos d'avion. Ils devaient avoir leurs raisons pour ne nous avoir pas chicanés dans ce terrain.


Cordialement
Jérôme Charraud

Re: Chemin du cantonnement de Verdrel au Bois en Hache ?

Publié : lun. déc. 06, 2010 1:36 pm
par violette
Bonjour à tous,
Merci, Jérôme, pour ce complément. Le secteur étant stable, les choses ne devaient guère avoir changé depuis la fin septembre.
Cordialement,
Violette