Forum PAGES 14-18

Bonjour,

Il faut au moins réviser vos connaissances sur l'absence de combats sur le Signal du Xon où les pertes de l'Armée française sont de 1350 hommes (dont au moins 200 tués) entre le 13 et le 16 février 1915 avec 43 tués pour deux seules compagnies au Signal du Xon.
Il y a 8 cénotaphes dans le seul secteur du Signal du Xon.
Certes, ce n'est pas Verdun ou la Somme mais tout de même!
Un "détail" de l'histoire?
Un peu de lecture conseillée Ch. Rolin "La défense du Couronné de la Seille-Nomény-Sainte-Geneviève-Le Xon 1914-1915"-Préface du général de Castelnau. Paris-Berger-Levrault-1934.
Cordialement,
Guy François.

Bonjour,

Je n'avais pas précisé : au-dessus du canif - trouvé dans un labour non loin de ce dernier - une pièce de deux sous (10 cts Napoléon III).
Et au-dessous, deux manches de brosse à dents en os, comme ce modèle du catalogue de la Manufacture de Saint-Etienne de 1914 :

Au prix de 80 cts (16 sous), cela représente plus de 3 jours de solde pour qu'un poilu puisse s'en offrir une !

@Sylvain, pour les pièces métalliques que vous présentez, il me semble qu'il y avait déjà eu des tentatives d'identification. Le cercle de métal de Château-Thierry sert à fixer un poteau, je crois que c'est du matériel de télégraphie.

Cordialement,

Régis R.

Bonjour,
Sans avoir la notion de l'épaisseur, j'avais pensé à un manche de passe-lacet, voire de porte-plume.
Cordialement
Alain

Bonjour,

Ces restes de brosse à dents ne doivent pas faire illusion, les dentitions étaient en mauvais état, comme cela a été étudié lors de découverte d'Alain Fournier et de la vingtaine de corps qui l'accompagnait. Le plus âgé, 48 ans, n'avait plus une seule dent à la mâchoire supérieur et portait un dentier. Les autres, de moins de 30 ans, avaient pour certains les molaires prisent dans une gangue de tartre, et la plupart avaient des caries non soignées (j'écris cela de mémoire, je n'ai pas le livre de Frédéric Adam sous la main).

Avant 1914, l'espérance de vie était autour de 49 ans, mais le calcul comprend la très forte mortalité infantile.


Pour la pièce de métal avec une tige carrée, la cassure nette fait penser à de la fonte, ce qui exclu un usage sous fortes contraintes. il ne peut s'agir d'une mine anti-personnel, qui n'existaient pas. Les "mines" destinées à détruire les véhicules étaient un réemploi d'obus, ou des caisses chargées de pains d'explosifs.
Un nettoyage de la pièce pourrait permettre de mieux la lire, et confirmer si elle est bien en fonte (aspect noir et luisant, avec peu de perforation par la corrosion).

Cordialement,

Régis R.

Bonjour,

Lors des randonnées sur les traces de la grande Guerre et ses résidus – ce terme convient bien – je distingue ce qui se retrouve :

1 - A la surface du sol, essentiellement dans les zones boisées,
2 - A fleur de sol dans les zones labourées,
3 - Sous la surface du sol, en pleine terre et donc invisible sauf travaux de terrassement ou prospection,
4 - Sous la surface du sol, dans des cavités : abris, galeries.

J’ouvre ici une mini-étude illustrée des états de conservation des objets, en commençant par les lieux souterrains.
Une forte hygrométrie et une température basse, autour de 12° C. conditionnent la conservation – ou la dégradation – des objets selon leur matériau.

Les matériaux rencontrés sont les suivants.

La céramique

Ce matériau impérissable est représenté par de nombreux restes de vaisselle, des bouchons de bouteille, des boutons et des isolants électriques. Ci-dessous, les deux gros boutons avec deux trous sont ceux de la toile de tente française. L’isolateur rond est nommé à l’époque « poulie ».


Le verre
Un des matériau qui se conservent le mieux, même s’il a tendance à se voiler ou s’iriser : ici des flacons, un encrier, une plaque de verre banc épais. Sur le flacon orange est inscrit « teinture d’iode », et sur le flacon à sa droite « H. Schölte, Königsee ».

Les métaux


L’étain, qui sert aux soudures des conserves, comme sur celle-ci dont il ne reste bientôt plus que la soudure :

Ce tube de pommade est un bon exemple de la conservation de l’étain.


L’aluminium, dont l’oxydation se limite à une fine pellicule, est très représenté par les viseurs de masques à gaz français, ou les boutons d’effets militaires. Celui-ci n’a pas le marquage habituel « équipement militaire ».

Le cuivre

Il s’oxyde en vert-de-gris mais reste ensuite stable. Il est représenté ici par une pelote de câble de campagne, à 7 brins, tel que décrit dans le matériel de liaison français.

Le laiton

Alliage zinc-cuivre, il peut être en très bon état, mais aussi fortement dézingué – terme désignant la décomposition du zinc au profit du cuivre, rendant le métal poreux et de couleur rouge-rosé. Ici, une pièce du masque ARS, un mécanisme de montre, une attache du havresac allemand, le couvercle d’un flacon, et différents états de dégradation d’étuis de 8 mm Lebel.

Zoom sur le dézincage, qui produit des plaques rosées et des petits nodules de cuivre en relief.

Les métaux ferreux sont fortement dégradés, souvent boursouflés, et très friables.

Ici, au centre, difficile de reconnaitre le chien en acier d’une culasse de Mauser. A gauche, une boucle de havresac français, à droite un crochet de sac allemand et une modeste clef de boite de conserve.

En fer ou en fer-blanc, ces boîtes de conserves en fer ont gardé leur forme, mais il suffit d’une légère pression pour les pulvériser.

Le zinc se dégrade fortement. Le matériel allemand l’emploie largement pour cause de pénuries de métaux : bouchon de grenade, œillet de toile de tente, boutons-cuvette, pièce de monnaie.

Les matériaux d’origine végétale


Le carton
Le papier épais cartonné se retrouve également, comme cet élément de boîte.

Le papier se conserve difficilement, il peut de gorger d’humidité jusqu’à ne plus faire qu’une pâte, comme ici sur du bois.

Ci-dessous, un morceau de page, adhérent à la couverture d’un carnet.

Le tissu

Plus rare encore que le papier, le tissu est présent sous forme de petits morceaux qui ont échappés à l’action des bactéries.

Ici, un fragment de masque M2, constitué de huit épaisseurs de gaze. La conservation de ces tissus peut provenir de leur imprégnation de néociane et de ricin-ricinate.

Un tissu de toile, peut-être de chemise. Pourquoi seul ce morceau s’est conservé, mystère !...

Un morceau de toile forte, imprégné d’une substance grasse.

la ficelle
Autre matériau à base de fibre végétale, la ficelle, qui servait notamment pour porter la boîte à masque M2.